Livres et revues
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Nécromonicon : L’Atomik Family
Une aventure singulière et fascinante: celle de cette famille de saltimbanques avec son cirque de «phénomènes», héritier du Rare show du XVIII ème siècle et du Side show du XIX ème siècle). Entre prestidigitation, magie dite bizarre, monstres de foire, psychologie, théâtre, physique amusante, biologie, divination et occultisme. Et une exposition nomade «d’arts trompeurs» convoquant happening, performances et installations mais aussi entre-sorts et arts de la scène. Ces époques se parlent entres elles de façon troublante, en accord avec la devise de l’Atomik Family: préserver le passé et promouvoir le futur…
Cette compagnie travaille dans des régions poreuses entre elles et interroge nos systèmes de croyances, sans offrir de véritable réponse, nous laissant interpréter ce que nous voyons grâce à notre perception forcément subjective. La représentation est alors comparable à une expérience où on interroge nos certitudes et préjugés, fouille dans notre inconscient, pour faire apparaître le refoulé de chimères endormies. Issu d’une famille de forains, Frédéric Dautigny est animé très tôt d’une passion pour les arts du spectacle et la magie. Fin psychologue, il possède une connaissance encyclopédique en histoire des religions, iconographie chrétienne, théosophie et illusionnisme. Il s’intéresse au monde atypique des bateleurs, charlatans, illuminés, faussaires, guérisseurs et autres gourous qui influenceront durablement son travail. Ce véritable orateur et bonimenteur, toujours à la marge, s’est spécialisé dans la monstration de «phénomènes» Le travail de l’Atomik Family est enfin présenté dans un magnifique écrin à la hauteur de leur univers. Necronomicon, un nom ne doit rien au hasard et nous assistons à un voyage dans un monde fictionnel grâce à une remarquable collection d’artefacts, automates, objets étranges et mystérieux, matériels de prestidigitation…
Ce livre sur L’Atomik Family et A Spiritual Adventure se parcourt comme un catalogue d’exposition avec photos, dessins de pièces d’art uniques accompagnées d’une histoire ou d’une explication, voire même d’une réflexion philosophique… Dans la première partie, l’auteur raconte l’histoire et les origines de cette famille très spéciale à travers une exhibition de monstres, animaux fantastiques, corps déformés, créatures mythologiques et autres bestiaires. Et le clou du spectacle : Blow off avec L’Augurium du lapin et La Vierge noire.
La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée à sa collection d’objets originaux et magiques: une guillotine, des dés à jouer, cartes marquées et automates, une poupée vaudou et une autre tzigane, une corne de divination, une main spirite, un œil de pierre, une glace liquide, un miroir Hofzinser, un livre des ombres, une roulette caucasienne, etc. Ce livre d’art a un format idéal (25 cms x 25cms) et une maquette aérée et sobre, avec de grandes photographies et des textes inspirés. Le leitmotiv des chaînes est repris de page en page, faisant ainsi écho au décor principal où sont mis en scène Frédéric Dautigny et sa partenaire Valérie Schmitt.
Christophe Mourthé a bien su retranscrire l’âme de l’Atomik Family, avec différentes histoires subtilement réalisées grâce au décor, aux costumes et lumière. Et il est aussi à l’aise avec ses modèles humains qu’avec les objets auxquels il donne une force intérieure.
Frédéric Dautigny a réalisé un beau travail qui reflète à merveille l’univers étrange, marginal, érotisé de sa compagnie et décrit minutieusement le story-telling de chaque pièce ou de chaque saynète, qu’il accompagne de réflexions philosophiques et religieuses passionnantes.Ce Necronomicon est un véritable OHNI (Objet Hybride Non Identifié) dans la littérature magique, circassienne et foraine et son auteur sait développer notre imaginaire et nos fantasmes. L’ouvrage possède un incroyable pouvoir de fascination, comme ces grimoires secrets où l’on découvre des choses inavouables et secrètes. Tous les amoureux des arts visuels et des histoires fantastiques doivent se le procurer.
Sébastien Bazou
Necronomicon de l’Atomik Family de Frédéric Dautigny (2021). 130 pages. Disponible chez l’auteur : 65€. frederic.dautigny@icloud.com
Atomik Family, édition spéciale. Publication numérique gratuite chez ArteFake (28 pages, janvier 2022). https://www.calameo.com/read/006894081cc66fe1c9840
A lire: une interview de Frédéric Dautigny en mars 2021 : https://artefake.fr/frederic-dautigny/
Revue d’histoire du Théâtre n° 292 ( janvier-mars 2022)
Ce très riche et remarquable numéro coordonné par Emmanuel Wallon, est dédié à Robert Abirached, grand spécialiste du récemment disparu, et a pour thématique le service public et les intérêts privés sur la scène française qui a commencé au XVIII ème et se poursuit sous d’autres formes au XXI ème siècle. Théâtres, choix des auteurs, acteurs, jeu, metteurs en scène, nomination des directeurs, scénographies, public, prix des places, subventions et aides, rapports avec le Ministère de la Culture, affiches, programmes, critiques… Tout est différent et bien entendu, plus compliqué que cela, avec, il y a peu, des rapprochements inattendus voire de mariages incertains qui ne fonctionnent pas toujours… Les logiciels mis au point pour cibler comme on dit un public potentiel ont souvent des ratés.
Dans la présentation de cet ouvrage, Emmanuel Wallon et Fujii Shintaro saluent la mémoire du grand Robert Abirached, récemment disparu (voir Le Théâtre du Blog) dont deux beaux textes ouvrent ce numéro ont raison de préciser que : « L’intervention de l’État dans le domaine du théâtre – au sens étendu d’arts de la scène – s’inscrit dans la longue histoire française, il faut attendre l’après-guerre et les premières expériences de « décentralisation dramatique » pour que prenne corps la notion de « service public » vantée par Jean Vilar. Sous la V ème République, le pays se couvre d’un dense réseau de salles subventionnées. Par opposition aux entreprises de spectacles dont Paris demeure le bastion, ce secteur est alors envisagé comme le garant d’un bien commun sur lequel doivent veiller le ministère de la Culture et les collectivités territoriales.
Les études ici réunies retracent la formation et l’évolution de ce clivage, de la fondation de la Comédie-Française à nos jours. La réflexion s’attache aux contradictions du secteur public, qui n’est pas exempt de logiques commerciales, mais aussi au secteur privé, dont un fonds de soutien consolide l’économie. Centré sur le cas de la France, ses héritages et ses résurgences, cet ensemble s’enrichit d’entretiens pour comprendre en quoi l’actualité de la production scénique trouble la vieille querelle public / privé. Des contrepoints japonais et brésiliens le complètent afin d’esquisser des comparaisons internationales.
Il y a d’abord un formidable et solide analyse par Robert Abirached Théâtre, Service Public : Genèse d’une notion fluctuante où il remonte aux sources d’un conflit qui a laissé des traces et en quelques pages tout est clairement dit : «En 1916, le Conseil d’Etat avait refusé le statut de service public au Théâtre des Champs-Elysées, alors géré par la Ville de Paris . « En face, Jacques Copeau ne serait pas loin de confirmer le verdict. Pour lui, il ne s’agit plus de polémiquer sans fin mais bien de mettre en route une réponse complète du théâtre, à la fois intellectuelle, morale et proprement dramatique. Ce sera d’abord l’aventure du Vieux-Colombier, puis le travail implacable accompli en Bourgogne pendant de longues années, qui marquera durablement la vie du théâtre en France.
De tout cela il résulte une longue période d’incertitude, très exactement entre les deux guerres. L’arrivée au pouvoir du Front populaire fait ressortir plus clairement des contradictions devenues intenables d’année en année. Il devient nécessaire de prendre en compte l’évolution de l’art dramatique, son inscription dans la société, et de donner une suite concrète au travail effectué dans le théâtre privé par le Cartel des quatre (Gaston Baty, Charles Dullin, Louis Jouvet et Georges Pitoëff) qui reprend à son compte certaines avancées de Copeau et œuvre dans le même esprit. Le ministre de l’Éducation nationale Jean Zay essaie par de nouveaux moyens d’aider les créateurs en détournant avec habileté des crédits d’État aux institutions comme la Radiodiffusion nationale, et tente de jeter les bases d’un renouveau de la Comédie-Française en y associant ces metteurs en scène. Dans le même registre, le gouvernement demande à Dullin un rapport sur les modalités possibles d’une décentralisation théâtrale sans subventions, comme pour concilier l’inconciliable au tournant duquel, semble-t-il, on est enfin parvenu.
Que s’est-il passé pour justifier ce désir de transformation ? D’abord la réforme du théâtre en lui-même, avec des entreprises concordantes dans toute l’Europe : Constantin Stanislavski, Edward Gordon Craig, Adolphe Appia, et Copeau en France imposent l’idée d’un « théâtre d’art », ayant renoué avec une ambition nouvelle, par opposition au spectacle commercial. Désormais il est certain que le théâtre privé a un impérieux besoin de se fixer des objectifs moraux et artistiques. L’État, face à cette situation, peut l’aider en modifiant les conditions d’exercice de la profession, en l’arrachant à l’incompétence, en la protégeant. Est-ce à dire qu’il ira plus loin et organisera un système d’intervention de la puissance publique ? La réponse est toujours non, jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Et Robert Abirached précise même si cela a été souvent soigneusement occulté après la Libération que « l’État est conduit à modifier sa démarche dans les deux domaines du public et du privé. La réforme se met en branle sous le gouvernement de Vichy, avec l’appui des membres du Cartel des quatre pour qui une mutation radicale du théâtre parisien est un enjeu… capital. Elle se poursuit après la Libération par une série d’initiatives qui marquent l’intérêt de la puissance publique pour le renouveau du domaine qui est traditionnellement le sien, mais aussi pour une extension raisonnée de la vie théâtrale à travers le pays. Des formules nouvelles se mettent en place, sans autoritarisme, avec un pragmatisme qui donne le temps nécessaire au déploiement de l’innovation recherchée.
Avec l’ordonnance de 1945[qui reprend presque à la lettre une loi élaborée sous l’Occupation. Pour la première fois, une législation précise vient encadrer l’exercice du théâtre et régler les comportements des personnalités qui le financent et le dirigent. » Jeanne Laurent recréa le Théâtre National Populaire (TNP) qu’elle confiera à Jean Vilar avant d’être limogée ! André Malraux, ministre de la Culture sous de Gaulle mettra en place les bases d’un théâtre subventionné à grande échelle avec des hommes comme Jean Dasté à Saint-Etienne, Hubert Gignoux à Strasbourg, Roger Planchon à Villeurbanne réussirent à conquérir un vrai public i populaire. Il y a une très belle photo où on voit des habitants de Saint-Etienne visiblement pas bien riches faire la queue devant un chapiteau…
Robert Abirached qui travailla avec Jack Lang plusieurs années au Ministère de la Culture souligne aussi que de grands artistes comme Giorgio Strehler, Peter Stein, Tadeusz Kantor accompagnèrent cette évolution, » dans cet entre-deux des politiques culturelles où les collectivités territoriales interviennent de plus en plus. Et lucide, Robert Abirached voit bien qu’il serait temps de « réactiver la pensée du ministère au diapason du temps présent et en dialogue soutenu avec les artistes qui font le théâtre d’aujourd’hui. Le premier centre dramatique fut celui de Colma en en 47 Mais Roselyne Bachelot pour le moment gère les choses mais semble bien incapable d’insuffler un nouveau souffle à ces C.D.N. -indispensables mais en perte de vitesse.
Suit un autre article tout aussi brillant de Robert Abirached qui reprend et résume le contenu des sphères du public et du privé.
Dans ce même numéro, un article sur la Comédie-Française au XVIII ème siècle de Kaori Oku où il analyse avec pertinence les relations entre le pouvoir royal, véritable tutelle et cet établissement. Pascale Goetschel décortique les relations compliquées entre le public et le privé ; la rive droite et la rive gauche à Paris. Des lignes de partage, une dualité qui renvoient à des partis pris politiques et esthétiques. C’est effectivement une question mériterait une étude détaillée. Pourquoi depuis au moins quelque soixante ans la majeure partie du théâtre privé -en partie subventionné- a gardé les mêmes territoires, les mêmes types d’auteur, et surtout le même public et les mêmes tarifs élevés ? Même si des directeurs comme Jean Robert-Charrier à La Porte Saint-Martin, le théâtre rappelons-le où fut créé Cyrano de Bergerac écrit par un auteur qui n’avait pas trente ans, réussit à monter une pièce de Thomas Bernhard. Et plus récemment le ça ira Fin de Louis, de Joël Pommerat mais qui n’a pas eu le même incroyable succès que le fameux Cyrano mise en scène de Dominique Pitoiset.
Et il comprend, dit-il, «que les jeunes ne se retrouvent pas dans les contenus de la majorité des théâtres d’aujourd’hui , parce que, quand il y a des jeunes sur scène, ce ne sont que des jeunes blancs souvent bourgeois. » A lire aussi un entretien avec Frédéric Biessy, le directeur de la Scala, qui a adopté une nouvelle « grille tarifaire avec une moyenne quand même de 30 € , loin des 70 € de certains théâtres privés. » On veut bien mais là aussi, il y a peu de jeunes spectateurs sauf invités par leurs grands-parents… Reste aussi un réel problème impossible à faire passer sous le tapis : si les jeunes fréquentent peu le théâtre public du moins à Paris, et presque pas le théâtre privé, il suffit de regarder le prix des places. Et il oublie de signaler aussi que continuent à exister à la Porte Saint-Martin d’inconfortables banquettes en bois au poulailler où on voit le spectacle en plongée absolue. C’est aussi par là qu’il faudrait commencer, si on veut voir dans pas mal de salles du privé un public qui n’a pas les cheveux grisonnants…
A signaler aussi un entretien intéressant avec Sébastien Benedetto, le fis d’André qui fut à Avignon avec Gérard Gélas, l’initiateur du off avec le succès que l’on sait. Et une étude de Patrick de Vos sur la patrimoine national qu’est le kabuki au Japon .
Un riche numéro de cette revue dont la maquette qui mériterait d’être revue mais enrichi de nombreuses illustrations comme entre autres, celle de maquette du théâtre de Besançon concu par Claude-Nicolas Ledoux qui a été détruit en 58, ou des plans d’anciennes salles …
Philippe du Vignal
Jongler à la vie, à la mort de Françoise Rochais
En 2015, cette jongleuse écrit un livre pour poser des mots sur une vie cabossée malgré le succès artistique qu’elle a rencontré à l’échelle mondiale. Françoise Rochais se livre ici à une autobiographie sans fard ni strass et paillettes. «Jongler c’est parler, respirer, se dépasser, partager et surtout VIVRE ! » Un échappatoire salutaire après le calvaire qu’elle a subi, enfant et jeune adulte. Tout ce qu’elle ne peut exprimer par la parole ni maîtriser dans la vie, elle le fait alors magistralement grâce au jonglage , un art très exigeant…Françoise Rochais est la seule fille dans une famille de quatre enfants,. Son père quitte le foyer quand elle a cinq ans. Elle part s’installer aux Sables-d’Olonne avec sa mère et ses frères. En Vendée, elle intègre le groupe de majorettes Les Mignonnettes Sablaises et s’initie au lancer de bâton.
Elle est proche de ses grands-parents maternels mais sa vie bascule quand son grand-père la viole. Elle ne réalise pas vraiment ce qui lui arrive et à huit ans, elle rencontre un jongleur australien qui lui donne des cours particuliers et en prime, la viole aussi. Elle voit donc le sort s’acharner sur elle… Mais elle continue son apprentissage et participe avec un numéro au spectacle de fin d’année de son école. A neuf ans, Françoise Rochais voit à la télévision Anthony Gatto, un jeune jongleur américain de son âge gagner la médaille d’or au prestigieux Festival mondial du cirque de demain. Il va devenir sa référence artistique.
A dix ans, les vieux démons ne l’ont pas quitté : invitée à un séjour en Australie chez son ancien professeur et bourreau, pour un stage de perfectionnement, elle aura le droit à un passage télé sur une chaîne australienne mais aussi à d’autres attouchements… Trois ans plus tard, Françoise Rochais enregistre un nouveau record du monde avec un lancé de six bâtons de majorette, enregistré au Guinness book. Elle enchaîne alors des spectacles en Vendée mais son frère ainé quitte définitivement sa famille.
En 1989, sélectionnée pour participer au douzième Festival mondial du cirque de demain au Cirque d’Hiver-Bouglione dans la catégorie des moins de quinze ans, elle remporte la médaille d’argent. Encore lycéenne, elle passe une audition au Puy du Fou devant Philippe de Villiers. Il l’engage comme jongleuse et professeur dans son parc qui vient d’ouvrir. Elle y restera jusqu’en 1993, au rythme de vingt-six spectacles par semaine (soit quatre cents dix-sept représentations en quatre ans !). Elle continue à s’entraîner tous les jours et suit des stages de perfectionnement à l’étranger, cofinancés par ce parc et le Festival de demain. Elle s’inscrit dans une école de danse et de cirque à Paris, puis suit un stage dans une troupe d’acrobates de l’armée à Canton en Chine (neuf semaines à rude épreuve) et en Russie, chez le chorégraphe Valentin Gneushev.
Puis Françoise Rochais se présente au Festival mondial du cirque de demain, cette fois dans la catégorie des plus de quinze ans mais cette fois : échec cuisant… Et les contrats se font rares. Elle enseigne alors à l’Ecole du cirque d’Amiens, prend aussi des cours de danse et construit un nouveau numéro grâce à sa directrice qui deviendra son amie.Elle vit dans une caravane comme une circassienne mais en proie à la solitude et à la boulimie. Artistiquement, elle a connu la consécration mais trouve peu de travail à l’étranger et encore moins en France. Et elle enchaîne histoires toxiques et échecs sentimentaux. Psychiquement, le secret lui pèse et parle alors des viols qu’elle a subis à son frère Denis.
Enfin on lui propose de travailler deux mois au Japon, après des répétions à l’Ecole nationale de cirque de Montréal orchestrées par Guy Caron, un ancien du Cirque du Soleil. Cette escapade ne résout pas ses ennuis financiers. En 1995, elle participe aux 48 èmes championnats du monde de jonglerie à Las Vegas, organisés par l’International Juggler’s Association à l’hôtel-casino L’Hacienda. Elle y décroche le titre suprême et a la chance de rencontrer Anthony Gatto. Alors reconnue comme l’une des meilleures jongleuses au monde dans un art dominé par les hommes, elle fait preuve d’une incroyable maîtrise technique… jouant avec massues, bâtons, cerceaux, parapluies, raquettes, balles mais de poids différent et en même temps. Suit une série de festivals à travers les Etats-Unis pendant un mois et demi mais elle a toujours de gros soucis financiers.
Puis elle travaille pour le cirque Bouglione à Paris. Elle retourne au Japon en 1998 et établit un nouveau record du monde avec un lancé de sept bâtons. L’Ecole de cirque d’Amiens a fermé et son amie a disparu avec. Elle revient alors chez sa mère aux Sables-d’Olonne et travaille au Puy du Fou de façon saisonnière. Mais continue à aller au Japon et à Las Vegas, en 2000 et chez le jongleur Dick Franco. Elle rencontre les plus grandes stars de la discipline. L’année d’après, elle entame sa sixième et dernière saison au Puy du Fou et son troisième voyage à Las Vegas. La suivante se passe dans la solitude et sans contrats. Puis tout se débloque enfin… Le jongleur Martin Mall l’introduit dans les cabarets de variétés allemands et elle enchaîne alors plus de six cents spectacles en deux ans, dans trente pays ! Et elle y côtoie les plus grands artistes comme l’ Ukrainien Viktor Kee, le duo brésilien Vik et Fabrini. C’est enfin la consécration artistique! Mais le malheur la frappe à nouveau : mort de son père, de sa grand-mère et de sa nièce.
Fatiguée par le rythme incessant de dix mois de tournée! elle réduit ses déplacements, prend soin d’elle et se fait construire une maison aux Sables-d’Olonne. Et elle ne désespère pas de trouver le grand amour de sa vie. En 2015, à Gap, avec ses amis magiciens les Dressing Flash, elle rencontre Stéphane Delvaux, alias Elastic, un «gag man» visuel belge qui devient son alter ego sur scène et dans la vie. Il aura fallu une force de caractère à cette prodigieuse artiste pour entrevoir un bonheur durable et ce livre peut aider ceux qui ont vécu les mêmes traumatismes, à acquérir une paix intérieure.
S.B.
Editions Max Milo (2022).