Spécial Ukraine Au Bonheur des lettres, une soirée au bénéfice de Bibliothèques Sans Frontières et de ses actions pour l’Ukraine|

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Spécial UKRAINE

« La guerre s’installe dans la vie des Ukrainiens et chacun commence à composer avec cet état de fait a récemment, dit Vanessa Descouraux, envoyée spéciale de France-Inter. Pour les artistes ukrainiens, la situation est particulièrement compliquée. Dans le milieu du théâtre et de la danse, il y a ceux comme le Kiyv City Ballet et le Grand Ballet de Kiev qui ont pu trouver refuge en France, au théâtre du Châtelet et au Théâtre des Champs-Elysées, car ils étaient en tournée au moment de l’invasion russe. Et puis il y a ceux dont les troupes se trouvent toujours en Ukraine. Ces derniers n’ont d’autre choix que d’aller au combat (pour les hommes entre dix-huit et soixante ans) ou vivre à l’abri, sans possibilité de se produire dans les théâtres puisque la vie est à l’arrêt forcé. »

Nos amis ukrainiens dont Oleg Spripka, auteur-compositeur de folk, variétés et rock (cinquante-sept ans) qui est à Kiev avec toute sa famille, nous demandent une aide à la fois matérielle et morale. « Il est  important… de montrer ici que les Européens nous soutiennent…cela donnera une grande motivation aux gens. De petites sommes suffisent:  5, 10 euros. »

https://bank.gov.ua/en/news/all/natsionalniy-bank-vidkriv-spetsrahunok-dlya-zboru-koshtiv-na-potrebi-armiyi  Et envoyer le reçu de votre soutien à OlegSkripka ckpinka@ukr.net
Faites vite circuler cette annonce.

Au Bonheur des lettres, une soirée au bénéfice de Bibliothèques Sans Frontières et de ses actions pour l’Ukraine

Dans un des plus anciens théâtre parisiens (1781), sera bientôt donnée une lecture-spectacle avec Virginie Ledoyen, Charles Berling, Frédéric Beigbeder, Dani, Zabou Breitman, Olivia Ruiz, Vincent Dedienne, Dorothée Gilbert, Antoine Leiris, Bertrand Belin…
A
utour de correspondances mythiques de la littérature. Comme Simone de Beauvoir et Virginia Woolf, Albert Camus et Frida Kahlo, Mozart et Leonard Cohen, Marcel Proust et Nick Cave, auteurs de lettres originales ou farfelues, émouvantes ou drôles, pleines de fantaisie ou de colère.

Lundi 28 mars, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 18 Boulevard Saint-Martin, Paris ( X ème). T. : 01 42 08 00 32.


Archive pour 11 mars, 2022

Les Irresponsables, d’après Die Schuldlosen d’Hermann Broch, traduction d’Irène Bonnaud, adaptation et mise en scène d’Aurélia Guillet

THEATRE - LES IRRESPONSABLES

Pierric Plathier et Marie Piemontese © Juliette Parisot

Les Irresponsables, d’après Die Schuldlosen d’Hermann Broch, traduction d’Irène Bonnaud, adaptation et mise en scène d’Aurélia Guillet

 Pour replacer dans son contexte romanesque, le fameux récit de la servante Zerline, la metteuse en scène a réalisé un montage d’après la version française des Irresponsables dont ce monologue est extrait. Puis elle a demandé à Irène Bonnaud de traduire quarante pages de cette œuvre monumentale et composite qui retrace l’itinéraire de A. (Andreas), le narrateur, dans une bourgade allemande de l’entre-deux-guerres où se profile le nazisme.

Un douloureux chemin pour le héros qui va le mener d’une apathie irresponsable où, grâce à un «destin» favorable, la fortune lui sourit, à la prise de conscience aigüe, après un drame amoureux, de la responsabilité de chacun dans les événements traumatiques, qu’ils soient personnels ou collectifs. Dont l’apocalypse qui se prépare en 1923, date où se situe le roman, mais qui a eu lieu  quand, en 1949, Hermann Broch écrit Die Schuldlosen, littéralement : les « sans faute », ceux qui s’en lavent les mains… « Mille neuf cent vingt trois, pourquoi il faut que t’écrives ça ? Pour rendre compte de tout ce que nous n’avons pas fait », dit une voix off, dans un prologue tandis que sont projetés, sur le rideau d’avant-scène, des films d’archives de guerres, déroutes et rassemblements populaires drapeaux de croix gammés au vent… La montée du nazisme, un thème qui parcourt toute l’œuvre de l’auteur autrichien depuis sa trilogie Les Somnanbules, à Théorie de la folie, un essai où il étudie ce qui a mené plusieurs milliers d’individus à adhérer à un régime totalitaire et où il parle de «somnolence animale, presque végétative». La scénographie, avec des projections sur plusieurs écrans, dans un décor épuré où trônent quelques meubles houssés de blanc, nimbe la représentation d’une atmosphère fantomatique et nous plonge au coeur de  cette fiction labyrinthique. 

 Dans une première partie, l’adaptation se focalise sur la confession de Zerline : «l’une des plus belles histoires d’amour en langue allemande», selon Hannah Arendt. La vieille servante raconte à A. le locataire de la Baronne, comment elle s’est trouvée mêlée à un sombre crime passionnel, après avoir séduit l’amant de sa patronne, un homme à femmes et père biologique d’Hildegarde, la fille de la maison. Pas facile d’incarner cette servante machiavélique après Jeanne Moreau, dont l’interprétation sulfureuse est restée dans les annales, et qu’avait mise en scène en 1986 Klaus Michael Grüber, aux Bouffes du Nord à Paris. Le metteur en scène allemand avait braqué le projecteur sur ce personnage aux passions refoulées et plein de contradictions, laissant son interlocuteur (Hanns Zischler) l’écouter sans mot dire. Ici A. intervient, mais distraitement, tout à sa sieste. Maria Piemontese, elle, reste au ras du récit, sans que les mots ne la traversent charnellement et des images vidéo bucoliques sur un écran derrière elle se chargent de poétiser une aventure sexuelle plutôt sordide. Par cette interprétation décalée, sèche et cérébrale, l’actrice incarne avec distance cette femme pétrie à la fois de passion et de haine envers l’homme qui s’est joué d’elle et de ses patronnes, hypocrites et dévergondées « aux mains manucurées ». Araignée noire qui tisse la toile de sa revanche.

Cette haine la pousse à mettre la douce Melitta aux mains de lavandière, dans le lit d’Andreas, la fille d’un apiculteur misanthrope. Hildegarde, jalouse à l’idée qu’Andreas se marie, lui saute dessus dans un corps-à-corps torride, d’un érotisme sadomasochiste. Elle se dit animée de pulsions morbides pour le fascisme: «Un guide qui nous emmène au royaume de la mort… voilà ce qu’il nous faut à tous… Vous n’êtes pas un tel chef. »

Parmi les figures imaginées par Hermann Broch, Aurélia Guillet a choisi de mettre sur scène seulement trois personnages : Andreas, Zerline et Hildegarde. Elle présente Melitta et son père dans un film de dix minutes, projeté après l’entracte, tiré d’un chapitre des Irresponsables: « La Ballade de l’éleveur d’abeilles ». Miglen Mitchev y joue un artisan ruiné,  veuf et solitaire, devenu philosophe en observant la beauté et la pureté de la nature, et porteur d’une idéologie rousseauiste : «Quand il traversait la campagne en chantant, il n’était pas vulnérable à la vie, il n’était pas vulnérable aux abeilles, il n’était pas vulnérable à la mort.» Melitta apparaît en jeune fille innocente jetée en pâture à une société corrompue.

L’adaptation distingue deux parties contrastées : l’une construite dans la cohérence du récit de Zerline, l’autre qui répond à la nature fragmentaire des Irresponsables, oeuvre puzzle d’une grande modernité, où se mêlent narration, poésie, romanesque. La Ballade de l’éleveur d’abeilles nous entraîne loin du théâtre et nous avons du mal à entrer ensuite dans le dialogue entre une Hildegarde féroce (Adeline Guillot) et un Andreas manipulable et assez lamentable. Pierric Plathier reste habilement à distance de cet Andreas qui sortira de sa passivité en apprenant le sort funeste de sa fiancée… Et son dernier monologue est celui d’un lanceur d’alerte qui résonne étrangement aujourd’hui. 

 Comment tirer le fil de ce spectacle complexe où la metteuse en scène essaye, non de résumer ce qui ne peut l’être, mais de présenter les moments-clefs d’une fiction où le héros, à l’aune de sa tragédie personnelle, bascule d’un état crépusculaire à la conscience de la faute, intime et collective. Certains spectateurs seront déroutés par cette mise en scène mais nous ne pouvons  rester indifférents au message. Et même s’il y a déséquilibre entre la première partie -un peu trop longue- et la deuxième, plus ramassée, la traduction d’Irène Bonnaud transforme ce texte littéraire en matière théâtrale et donne envie d’aller plus loin dans la découverte de cet auteur et de ses étranges Irresponsables.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 19 mars, T.N.P. 8 place Lazare Goujon, Villeurbanne (Rhône). T.: 04 78 03 30 30.

17 mars à 18h 30 : L’Unipop Lyon et le TNP organisent une rencontre en écho à la création Les Irresponsables et en résonance à la guerre en Ukraine: La possibilité du bien en politique. Intervenants : Guillaume Carron, philosophe et dramaturge;  Maksym Teteruk, dramaturge et metteur en scène d’origine ukrainienne. Laura Foulquier, historienne de l’Art.  

 Les Irresponsables, traduction d’Andrée-R. Picard, est publiée chez Gallimard.

 

 

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