Entre Frères et sœur de Philippe Minyana, mise en scène de Laurent Charpentier

Entre Frères et sœur de Philippe Minyana, mise en scène de Laurent Charpentier

Le comédien-metteur en scène a demandé une pièce à Philippe Minyana qui a imaginé pour lui les retrouvailles entre deux frères Igor, Paul et Aïda, leur sœur. Cela se passe après la disparition des parents. Ils sont là dans la maison où ils ont vécu enfants,  en Franche-Comté où vécut enfant Philippe Minyana. « Mais, dit-il mais ça pourrait être au Colorado ou au Japon. On se bat tous avec nos enfances, nos souvenirs et nos rêves. »

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Et les membres de cette fratrie sont encore des enfants : «Vivement qu’on soit adultes. » (…) «L’autre jour, j’ai eu un accès de joie dit Igor, le plus âgé  Je ne me souviens plus pourquoi. Un thème récurrent presque obsessionnel dans le théâtre contemporain : quelle est notre identité une fois nous-même, nos frères et sœurs une fois devenus parents dans le théâtre moderne, issu entre autres de Tchekhov. Souvenirs, souvenirs, égrenés par ces personnages en quête d’un temps à jamais disparu, ou peut-être pas encore tout à fait… Sinon les choses seraient plus simples dans leur vie personnelle… Et moins compliquées dans les rapports entre eux. 

 Laurent Charpentier joue Igor, Pierre Moure (son frère) et Pauline Lorillard est sa sœur: tous les trois impeccables. L’auteur avec une écriture des plus ciselées, n’en finit pas de parler de la famille comme il l’avait déjà fait dans Pièces il y a quelque vingt ans : «C’est ça qui m’intéresse au théâtre, c’est de donner, d’envoyer des images comme ça, ou des situations qui vont montrer l’humain dans sa fragilité. Dans la scène des cousines, elle est très travaillée musicalement. Il y a des redites mais il y a, chaque fois, à chaque mouvement, il y a une info en plus qui arrive. Il y a tout le temps une autre note qui arrive et qui constitue le portrait de tous ces gens qui sont là. La sœur qui dit des choses nouvelles chaque fois, elle fait avancer la scène.»

Une fois de plus, Philippe Minyana s’interroge sur la réalité des fantômes qui nous entourent, ceux des grands-parents, des parents qui nous ont élevés mais aussi des enfants que nous avons été ensemble avec nos frères et sœurs, comme ici. Entre mémoire forcément teintée de nostalgie, que les familles soient pauvres ou aisées,  et le désir de vivre pleinement sa vie sans dépendre des autres.
Sur scène, un assemblage de boîtes en contre-plaqué abritant des accessoires ou vêtements, mais qui servent aussi de sièges. Au-dessus, une sorte de toit à géométrie variable -symbole un peu chargé de la maison familiale- mais dont ne perçoit pas l’utilité. La direction d’acteurs de Laurent Charpentier est solide et ses acteurs aussi. Mais le texte n’a malheureusement rien de bien passionnant et la pièce fait souvent du sur-place: nous sommes loin des pièces de cet auteur contemporain reconnu comme Inventaires, Chambres, Les Guerriers ou Volcan. Dommage...

Philippe du Vignal

Jusqu’au 18 mars, Théâtre de la Ville-Espace Cardin, 2 avenue Gabriel, Paris (VIII ème). : T. : 01 42 74 22 77.

 

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