L’Équipé.e direction artistique de Laëtitia Guédon et Julie Deliquet

L’Équipé.e, direction artistique de Laëtitia Guédon et Julie Deliquet

 «Parce que les droits de femmes et leur place dans l’art sont encore à défendre»: la directrice des Plateaux Sauvages et celle du Centre Dramatique National Gérard Philipe à Saint-Denis ont proposé pour ce mini-festival à Marie Dilasser et Leïla Anis, d’écrire sur le thème du secret au féminin, en explorant les territoires de Saint-Denis et du XX ème arrondissement de Paris.
Six équipes se sont emparées des textes pendant trois jours… Un marathon de petites formes dans ce lieu chaleureux que sont Les Plateaux Sauvages. Avec de bonnes surprises au menu. Les secrets ont besoin d’être dévoilés hors des alcôves de la honte : «Tout l’enjeu est de trouver les stratégies pour se faire entendre, écrit Marie Dilasser. L’une de ces stratégies est la prise collective de parole. On le voit avec les #Metoo, ce genre de prise de parole apporte des changement structurels. » 

J’ai une bombe dans mon téléphone de Marie Dilasser par Alix Riemer

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Alix Riemer © Pauline Le Goff

 «A la recherche d’une histoire liée à une femme, tenue secrète », Alix Riemer, la narratrice entre dans une église… Là, sur les conseils du curé qui n’a rien à révéler, elle interpelle la statue de la Vierge Marie: a-t-elle des secrets? Et combien en a-t-elle entendus? Que ferait-elle en entendant, comme notre héroïne, les paroles intolérables de cet inconnu, rencontré par hasard et qui excuse racisme et pédocriminalité ?

«Je suis comme elle, statique. Elle ne tremble pas, elle ne descend pas de son piédestal», dit la jeune femme qui se promet d’agir, pour qu’enfin les paroles tues des victimes se libèrent… Et ça va faire mal, comme une bombe qu’on dégoupille «pour que la honte change de camp ».

La comédienne se saisit avec pétulance de cette œuvre polémique, écrite sur mesure et nous entraîne dans une quête à la fois sérieuse et ludique… Un joli conte philosophique devant une fresque colorée.

 Invisibles de Marie Dilasser par Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna

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Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna © Pauline Le Goff 

 Course-poursuite sur le plateau envahi de plantes vertes… La femme de ménage et la concierge s’ébattent en riant, musardent, dansent et disent leur amour. Question d’épiderme: «Je pense avec ma peau, je parle avec ma peau. » (…) dit la femme de ménage, je vous débarbouille avec mes mots.» Et sur le parquet de danse, voilà ces anonymes de bas étage prendre corps, enlacées pour un pas de deux parlé-dansé, cadencé: «Spéléologie charnelle. Nos sexes sont des bouches qui se parlent sur le dance floor.»

Pour Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna, «ce qu’on ne peut pas dire avec les mots, on le dit avec le corps.» Marie Dilasser s’est inspirée de leurs suggestions: «Elles m’ont parlé d’immeuble, de femme de ménage, de concierge, d’Almodovar.» D’où ce texte. Elles n’ont pas froid aux yeux et nous retrouvons avec plaisir ce duo inclassable qui œuvre au croisement des langages, depuis leurs premières performances à double visage: El como quieres (1997) jusqu’à Family Machine, d’après The Making of Americans de Gertrude Stein au Théâtre National de Chaillot (voir Le Théâtre du blog).

Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna glissent du français, à l’espagnol, ou au catalan, du théâtre, à la danse, avec décalages de sens toujours joyeux. Nous aimons les secrets que nous font voir  ces Invisibles. Et leur verbe devenu chair.

Il faudrait que ces spectacles, légers et inventifs, puissent continuer leur carrière sur la lancée des  Plateaux sauvages…

Mireille Davidovici

Spectacles joués du 8 au 12 mars, aux Plateaux Sauvages, 5 rue des Plâtrières, Paris (XX ème).


Archive pour mars, 2022

Spécial Ukraine: Soirée de soutien à l’Odéon le lundi 21 mars à 20 h.

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Spécial Ukraine: Soirée de soutien à l’Odéon le lundi 21 mars à 20 h.

Avec la participation de l’Institut français, et en partenariat avec France Culture, cette soirée est préparée par Lucie Berelowitsch, directrice du Centre Dramatique National de Vire, et par Stéphane Braunschweig, directeur du Théâtre de l’Odéon, avec la participation d’artistes ukrainiens et français. La soirée sera introduite par Eva Nguyen Binh, présidente de l’Institut français et par Delphine Borione, ambassadrice pour les Droits de l’Homme.

Il y aura une lecture de poèmes d’écrivains d’Ukraine et d’une pièce inédite en France, Mauvaises routes (2018) de Natalka Vorojbyt, dramaturge et scénariste de ce pays, qui sera là avec sa traductrice Iryna Dmytrychyn.  Cette auteure de quarante-sept ans a fondé avec le metteur en scène allemand Georg Zheno,  le Théâtre des Déplacés, où les réfugiés du Donbass peuvent raconter leur périple. La guerre en Ukraine est un thème récurrent dans ses pièces qui ont été jouées dans son pays, en Russie, Lituanie, Pologne, Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Mauvaises routes -six histoires de relations entre hommes et femmes, partis sur les routes déglinguées du Donbass en guerre- a été écrite partir de témoignages  réunis par l’autrice et célèbre la vie dans toutes les circonstances et vient d’obtenir le prestigieux prix Taras-Chevtchenko dans la catégorie: Art du théâtre.

Participeront aussi à cette soirée les DakhaBrakha, un groupe formé en 2004 à l’initiative du metteur en scène Vlad Troïtskyi au théâtre Dakh, à Kiev. Iryna Kovalenko, Olena Tsybulska, Nina Garenetska et Marko Halanevych réinventent les mélodies populaires d’Ukraine, nourries de polyphonies et d’instruments variés, empruntant autant à l’Orient et à l’Afrique qu’aux Balkans… Et seront aussi là les Dakh Daughters,  un groupe féminin créé il y a dix ans à Kiev qui ont joué dans les spectacles de Lucie Berelowitsch. (voir dans Le Théâtre du Blog). Ces comédiennes, musiciennes et chanteuses engagées font partie de Dakh, ce théâtre underground. D’où leur nom… Et elles interprètent mélodies traditionnelles de leur pays, freak folk, chansons de cabaret, musiques du monde et pop baroque…

Ph. du V.

Théâtre de l’Odéon, lundi 21 mars à 20h. Tarif unique : 20 € . Les recettes seront intégralement reversées à la Croix-Rouge. On peut aussi faire un don directement.

Mauvaises routes est à paraître aux éditions l’Espace d’un instant.

Acosta Danza 100% Cuban, par la compagnie Acosta Danza

Acosta Danza 100% Cuban, par la compagnie Acosta Danza

 A Chaillot -Théâtre national de la Danse, en ce moment nous pensons aux riches heures du Théâtre des Nations des années soixante qui fit connaître au public parisien des chorégraphies venant du monde entier. La pandémie a bloqué toutes les compagnies internationales pendant presque deux ans et nous nous réjouissons de voir des ballets étrangers comme en décembre, A Passage to Bollywood ( voir Le Théâtre du blog)

Et bientôt la Sydney dancewalk company australienne, le Skopje dance theater de Macédoine et la compagnie belge Ayelen Parolin.  En ce moment la  Les artistes de la compagnie cubaine Acosta Panza, avec une belle énergie enchaînent ici joyeusement en deux heures et à un rythme soutenu, cinq tableaux de styles différents, mais inégaux. Nous en avons retenu les trois derniers:  Paysages, Soudain et La nuit, chorégraphiés dans un style presque néo-classique par le Suédois Pontus Lidber. Cela se passe dans un champ de blé où les danseurs évoluent avec élégance sur une musique planante de Le Brouwer et Stefan Levin. Ils se croisent, se cherchent et nous pensons par moments au Sacre du Printemps.

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©Johan Person

Dans Impronta, chorégraphie de Maria Rovira, Zeleidy Crespo ondule dans une ample robe bleue. Sa gestuelle pendant sept minutes rappelle aux plus anciens des spectateurs, la belle meneuse de revue martiniquaise Lisette Malidor des années soixante-dix, au Casino de Paris où Roland Petit l’avait repérée, puis au Moulin- Rouge. Le tableau final, De Punta a Caba, chorégraphié par Alexis Fernand, se passe sur une promenade en bord de mer à La Havane, dont l’image est projetée en fond de scène. Les danseurs finissent, sans raison apparente, en sous-vêtements couleur chair! Sur l’écran, leurs doubles s’animent en écho à leurs mouvements, comme dans certaines pièces de Dominique Hervieu et José Montalvo qui ont été dansées ici. «Au fil de mon parcours, dit Carlos Acosta, j’ai interprété des danses folkloriques, populaires et urbaines, avant d’étudier la technique de ballet classique.» Et les danseurs servent ici un mélange des genres.

Jean Couturier

Jusqu’au 18 mars, Chaillot-Théâtre national de la Danse,1 Place du Trocadéro, Paris (XVI ème), T: 01 53 65 31 00.

 

Métropole de Vincent Farasse, mise en scène d’Arnaud Raboutet

Métropole de Vincent Farasse, mise en scène d’Arnaud Raboutet

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©x Joséphine Thoby Claire)

Six personnages pris dans les mouvements de la capitale et de sa banlieue. Claire, traductrice de poèmes, gagne sa vie grâce à des séances de strip-tease et à des rencontres  pseudo-érotiques frisant la prostitution. Elle est en couple avec un beau et jeune William qui, lui, est au chômage Et elle a pour client régulier Xavier, un riche homme d’affaires aux cheveux blancs dont Liane, sa fille a des rêves de grand centre pour jeunes en détresse dans la lointaine banlieue. Mais elle vit aux crochets de son père avec lequel elle refuse de travailler. Son compagnon Medhi travaille au super-marché pour continuer à faire sa quatrième année de médecine. Comme il ne peut plus payer son loyer, il sera obligé de s’installer chez sa sœur Latifa, qui élève seule ses deux enfants et qui travaille à la Défense très tôt le matin pour nettoyer les bureaux. Mais elle devra quitter son logement en très mauvais état qui va être démoli, pour aller habiter au Blanc-Mesnil en banlieue, ce qui rallongera encore son trajet. William finira lui par travailler dans l’entreprise de Xavier. La pièce se finira en pirouette sur l’image de Latifa continuant à passer l’aspirateur…

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©x Daniel Berlioux ( Xavier)

Urbaniste de métier, après avoir mis en scène Passage de la Comète de Vincent Farasse, il a semblé à Arnaud Raboutet que son approche rendait l’entreprise pertinente, puisqu’il s’agit selon lui d’une critique de notre société, plus exactement en Île-de-France avec ses millions d’habitants qui ne cessent de se croiser surtout dans le métro ou le RER. Piégés par des allers et retours entre leur travail et leur domicile. Vivant non dans des villes ou villages, mais dans des zones urbaines qui vont encore s’accroître avec la création du Grand Paris et la zone du plateau de Saclay un jour desservie par le métro.

On peut espérer qu’elles seront plus réussies que celles de Nanterre, consacrées à de grands et sinistres espaces de bureaux sans vie dès que le soir tombe et imaginées il y a une vingtaine d’années par les urbanistes de service… Tiens, métro: -même mot issu du grec ancien- que métropolisation, le mot qui fâche et qui rime forcément avec gentrification, c’est à dire grignotage accéléré de quartiers jusque là très populaires par des cadres qui ne veulent à aucun prix habiter en dehors du Paris historique. Quant aux ministres et secrétaires d’Etat, combien habitent la banlieue? Les choses ont un peu évolué depuis la crise du covid avec une gentrification qui ne veut pas dire son mot, à cent kms de Paris voire plus à Poitiers voire Bordeaux, à deux heures de TGV..  Et oui, la capitale s’est radicalement transformée. Dans le XX ème, il n’y avait pas toujours l’électricité dans certains logements vers les années soixante, entre autres, là ou Georges Perec avait habité.

L’auteur montre au début assez habilement la paupérisation et l’ubérisation, autrement dit la main-mise par le capitalisme sur les classes sociales les plus défavorisées : comme les émigrés mais aussi maintenant les étudiants issus de familles pauvres. Reste la débrouillardise, l’entraide et la solidarité pour rompre l’isolement. Vincent Frasse a habilement entrelacé les séquences et on suit bien les personnages dans leurs aventures urbaines mais bon, passé la première demi-heure, le texte fait du sur-place et pas si sûr que « ces six rôles féminins comme masculins soient si denses, subtils et originaux », comme le dit un peu vite Arnaud Raboutet. Quant à des thèmes comme « la financiarisation du temps, la liquidation de l’espace, le phénomène de métropolisation », il faudra repasser. Et le texte, côté dramaturgie, ressemble aux piécettes qu’on voit dans tous les festivals, sans autre grande originalité ici que le thème. Plus difficile à traiter sur une scène que dans un essai de sociologie. Et nous sommes bien loin du « récit sensible et d’une pensée critique qui affleurent au croisement de leurs trajectoires, de leurs peurs et de leurs espoirs. »

Sur le petit plateau, rien, même pas une chaise, juste deux petits praticables où s’appuyer ou s’asseoir deux coffres où s’appuyer et dans le fond de scène, un châssis servant de coulisse où les personnages surtout la strip-teaseuse vont mettre de nouveaux vêtements. Mise en scène du genre d’une précision d’architecte-urbaniste, avec une impeccable circulation de ces six personnages, non en quête d’auteur mais de sens. La pièce est bâtie en une série de séquences très courtes mais avec une distribution trop inégale. Daniel Berlioux, en patron âgé, fait preuve d’un solide métier et Joséphine Thoby, la traductrice-strip-teaseuse,très crédible, a une belle présence gestuelle. Comme Elisa Hartel (Latifa). Mais les autres acteurs, que l’on sent pas très à l’aise, s’en sortent moins bien.
Quant à «l’univers que nous proposons, dit le metteur en scène avec une certaine prétentio,, il se veut singulier en ce que tout relève d’une création originale: musique, vidéo, costumes et lumières. » Volontairement singulier peut-être pour lui, mais pourquoi cette forme ronde en vidéo qui surgit de temps à autre sans raison sur un écran et surtout pourquoi ces costumes tous vraiment laids et qui ne font pas sens, en particulier une immonde robe-sac dorée -vite faite-mal faite- qui «habille» Liane (Camille Gélin). Tous les créateurs ne sortent pas de la brillante section: costumes des Arts Déco mais il y a des limites ! Et là Arnaud Raboutet aurait intérêt à revoir d’urgence les choses.

Alors à voir ? Le texte, faute de parti-pris, n’a rien de très enthousiasmant mais bon, si vous n’êtes pas très difficile et si vous voulez découvrir Joséphine Thoby, pourquoi pas? Mais les places sont à 26 €, ce qui fait quand même cher pour une piécette…

Philippe du Vignal

Théâtre de Belleville, 16 passage Piver, Paris (XI ème).  theatredebelleville.com

Concert pour l’Ukraine

Concert pour l’Ukraine

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Laurence De Magalhaes et Stéphane Ricordel ont accueilli depuis longtemps les DakhaBrakha au Monfort-Théâtre et cet été encore dans le cadre du festival Paris l’été. Ce groupe de musiciens a pu se réfugier en France. «Nous souhaitons célébrer nos retrouvailles et les accueillir avec vous à bras ouverts. La Culture nous permet d’aller à contre-courant et de réinventer le monde. Être ensemble, partager un moment de joie, de douceur avec ces artistes qui, malgré eux mais avec conviction, commencent une nouvelle vie à nos côtés. »

 

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Les DakhaBrakha (en russe : «donner/prendre ») : trois femmes et un homme, en costumes traditionnels et hautes coiffes noires qui interprètent des chants polyphoniques ukrainiens. Ce quatuor installé depuis 2004, au Centre d’art contemporain de Kiev, a collecté dans les villages d’Ukraine des chansons populaires  avant qu’elles ne disparaissent à tout jamais. Et à ce folklore, se sont peu à peu mêlés des rythmes empruntés à l’Orient, à l’Afrique, à l’Inde et aux Balkans.

Ph. du V.

Concert pour l’Ukraine, lundi 28 mars à 20 h 30, au Monfort, 106 rue Brancion, Paris (XV ème). T. : 01 58 08 33 88. La totalité des recettes sera reversée à la Croix-Rouge française. 

 

Phèdre ! texte d’après Jean Racine et mise en scène de François Gremaud

Phèdre ! texte d’après Jean Racine et mise en scène de François Gremaud 

 Rien absolument sur le plateau, qu’une simple table sur une moquette grise. Debout, Romain Daroles accueille avec un bon sourire le public qu’il invite à une soi-disant conférence sur Phèdre. L’auteur prend bien soin de préciser dans sa préface qu’avec ce Phèdre! (donc avec un point d’exclamation), que «mes intentions sont toutes entières contenues dans ce titre. Bien sûr, on le devine, il sera question de Phèdre, la plus fameuse et la plus jouée des tragédies de Racine. Pourtant, bien que son principal sujet, elle ne sera pas le véritable sujet de ce spectacle. (…) En fait le véritable sujet de Phèdre ! est l’admiration que son unique protagoniste Romain -façon jeune orateur- voue à la tragédie de Racine.  »
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Cette pièce conçue à l’origine pour des collégiens est une reprise d’une version présentée en 2018 au festival d’Avignon à la Collection Lambert. « Je m’appelle Romain Daroles, toutefois, ce n’est pas chez les Romains que nous allons nous rendre ensemble… mais bien chez chez leurs collègues antiques, les Grecs. » Romain Daroles joue un conférencier admiratif presque idolâtre, voire un peu naïf.  Et après ce premier jeu de mots, l’auteur n’en est pas à un près ; cela déborde même, mais ce jeune acteur le fait avec une telle généreuse «naïveté» et aussi avec une telle admiration pour son sujet que nous y prenons vite goût. Du genre : « Aricie est ici. » Et le prénom Oenone lui rappelle celui de Léone, sa grand-mère avec son accent marseillais  et un «peuchère»,  quand elle entre en scène.
« Et alors votre mère, c’était avec un taureau, alors vous, à côté, cela ne mange pas de foin. » Ou « Oenone, quand il s’agit de sauver Phèdre, elle en a a beaucoup des idées, et certaines pas piquées des vers -enfin des alexandrins.» Et Thésée s’en va par monts et par vaux -par veaux et par taureaux -puisqu’il s’en va combattre le Minotaure. Ou encore: «Médée s’enfuit vers sa Colchide natale-Colchique dans les prés, c’est la fin de Médée. » «J’enracine, enfin Jean Racine, c’est le nom de l’auteur. ( …) J’ai moi-même connu quelqu’un qui s’appelait Aude Javel, ça ne s’invente pas, ma foi, on ne choisit pas ses parents. » Potache peut-être, mais comme distancié et avec un efficace second degré. 

Et il joue avec virtuosité, de la paraphrase qui consiste à traduire une phrase sous une forme plus explicative. «Venus, avant d’être une marque de rasoir, vous le savez, c’est la déesse de l’amour (…) Elle a une dent contre Phèdre et tous ses aïeux. »(…) Lorsque Oenone a une nouvelle idée et quand il s’agit de sauver Phèdre, elle en a beaucoup, des idées : «Madame ne mourrez pas tout de suite, j’ai une nouvelle idée. Il faut prendre les devants. Il faut prétendre que c’est Hippolyte qui vous aime d’un amour incestueux. » Une pratique -efficace- que connaissent bien les enseignants des écoles de théâtre: traduire en langage « vulgaire » des répliques d’Eschyle, Racine ou Shakespeare pour « chauffer» les élèves, quand ils doivent affronter un texte parfois difficile. «Bon, c’est vrai, dit Phèdre à Hippolyte, que j’ai pas été très sympa avec vous. » 
Et François Gremaud cite et parodie Tchekhov: «Je suis une mouette, je suis une mouette. » ou Charles Trenet: « La mer qu’on voit danser le long des golfes clairs ». Mais aussi un titre de Dalida «Alexandrin, Alexandrie, Alexandra…» Et à propos, il cite Barbara: «Les amours les plus belles/Les plus belles amours/Étaient les amours incestueuses.» Ou encore, il tient à faire remarquer que cet alexandrin : «Le Roi, qu’on a cru mort, va paraître à nos yeux » est bien le 837 ème qui comporte en tout 1.654 vers. «Pour ceux qui n’auraient pas encore fait le calcul -cette annonce du retour du Roi- dans ce bijou d’horlogerie simili-suisse qu’est Phèdre de Jean Racine, arrive à l’exact milieu de la pièce. » Mais il n’hésite pas non plus à donner quelques explications étymologiques du genre : catastrophe qui signifie bouleversement, renversement. 
 
Romain Darolles avec un léger accent du Sud (gascon?) précise tout de suite pour rassurer son public que ce spectacle est une comédie et il commence par un résumé du genre Mythologie pour les nuls, de l’histoire compliquée de Phèdre, la fille de Minos et de Pasiphaé. Puis il détaillera et expliquera avec le plus grand talent mais sans aucune prétention, le contenu des cinq actes, avec toujours dans la poche un coup de persiflage pour aérer les choses : «Là-dessus, vous imaginez l’ambiance. Une nouvelle fois Phèdre veut mourir -c’est quand même la troisième fois depuis le début de la pièce. » 
 
Pour mettre en situation parodique une pièce comme celle-ci, aucun doute là-dessus, il faut la connaître dans son intégralité et François Gremaud connait très bien les rouages du mécanisme dramaturgique et la poésie sonore des admirables vers de cette Phèdre. Et quand Romain Daroles en cite quelques-uns, là on ne rigole plus et il le fait avec une maîtrise exceptionnelle de l’alexandrin.
Et il passe avec virtuosité du comique au tragique avec comme seul accessoire, le livre de la pièce qu’il se met parfois sur la tête pour indiquer la couronne de  Phèdre ou la barbe de Théramène avançant à petit pas comme un vieillard. Et une table où il se cache quand Oenone écoute en cachette. Les collégiens devant nous écoutaient fascinés cette Phèdre qui enfin leur parlait et ils riaient de bon cœur.
Des réserves? Aucune, sauf un léger passage à vide quand Romain Daroles analyse le IV ème acte mais sinon quel bonheur pendant une heure quarante de voir et d’entendre cette magnifique performance de texte, de mise en scène et d’acteur. Et croyez-nous, nous n’avons pas souvent la chance de rire dans le théâtre contemporain! Cadeau final, les ouvreurs offrent à chaque spectateur le livre de la pièce. La salle est vraiment pleine tous les soirs mais vous pouvez tenter votre chance ou ne ratez surtout pas ce solo exceptionnel, quand il passera près de chez vous.
Philippe du Vignal 
Jusqu’au 19 mars Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris (XI ème). T. : 01 43 57 42 14.

Shakespeare/Bach, avec Charlotte Rampling, mise en scène et au violoncelle, de Sonia Wieder-Atherton

Shakespeare/Bach, avec Charlotte Rampling, mise en scène et au violoncelle, Sonia Wieder-Atherton

 En 2013, ces artistes avaient créé Danses nocturnes, un spectacle mêlant poésie et littérature avec Les Suites pour violoncelle de Benjamin Britten et des poèmes de Sylvia Plath. Ici nous ne rencontrons pas le Shakespeare des Rois, des prises et pertes de pouvoir. Nous aurons leur face secrète, celle de chacun, la peau même de l’amour vieillissant et toujours renaissant. Ces sonnets parlent de la beauté de la jeunesse, de son printemps éternel, au milieu de fleurs, même fanées. Et sans aucune mièvrerie, tant il y a d’obstination à revenir sur ce thème et sur ces images, et à chercher la pointe poétique de toutes leurs vérités.

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Avec des mouvements dansants tirés de quatre Suites de Jean-Sébastien Bach : Prélude, Courante et Sarabande,  Allemande, Bourrées et Sarabande. Mais aussi de chants qu’elle arrangés pour violoncelle comme A Voce sola et Hor Ch’el Ciel et la Terra de Monteverdi, d’un extrait d’In una siepe ombrose de Lotti et avec un Chant de là-bas qu’elle a écrit elle-même, Sonia Wieder-Atherton a construit la musique de ce spectacle. Elle n’a pas hésité superposer, en ouverture, son jeu vivant et des enregistrements réalisés avec Alain Français.

La voix de Charlotte Rampling entre dans de cet univers sonore comme un nouvel instrument ? Cela rappelle que la poésie alliée à la musique -l’art des Muses- crée une harmonie et produit aussi du sens pour ceux qui sauront l’écouter et se l‘approprier. La grande comédienne britannique parle sa langue avec une clarté et une élégance parfaites, bienvenues pour nous, pauvres Français qui avons tendance à malmener l’anglais (surtout ancien). Elle dit ces poèmes dans leur juste rythmique, sans appuyer. C’est la moindre des choses mais qui d’autre, respire la poésie avec cette ampleur et cette retenue ? Parfois l’humour d’une comptine (Rabitt, rabitt…) vient se glisser entre les sonnets.

L’actrice entre et parcourt du regard une mosaïque de visages apparaissant et disparaissant, projetés en fond de scène. Nous pouvons y lire des vies et des morts, l’éternel retour du malheur et sa guérison, mais aussi que chaque visage et chaque personne, vivante ou morte, sont uniques et précieux, sans oubli.
Ensuite, après cette sorte d’hommage aux inconnus, elle s’avance à la rencontre des spectateurs, autres inconnus. De plus en plus proche, calme, elle partage un moment familier, en sachant s’effacer et tout simplement attendre, écouter et laisser la place à sa partenaire.

Charlotte Rampling cultive une féminité androgyne: cheveux courts et tunique noire. Sonia Wieder-Atherton, en haut et pantalon tout aussi noirs, porte la tenue sobre et fonctionnelle (mais non formelle) de son métier. Un choix cohérent avec la mise en scène simple et exigeante de ce spectacle-concert. Les lumières de Jean Kalman ouvrent l’espace, creusant une diagonale dans l’orchestra des Bouffes du Nord, plaquant pendant un instant la comédienne au mur patiné du théâtre ; un travail qui raconte un histoire secrète, faisant de la place aux poèmes. Et nous pouvons lire (si on a les bonnes lunettes…) la traduction de Françoise Moran et André Markowicz, écrite à la main et projetée au-dessus du manteau d‘Arlequin. Comme une lettre qu’on nous enverrait, comme une chaleureuse présence visuelle..

Voilà, c’est tout simple mais riche de visions… La musicienne et l’actrice, avec de profonds silences, emmènent le public vers une solide attention. On nous dira que c’est toujours le cas, au concert. Ici, il est également un spectacle qui rompt à peine avec le rituel bien rodé que l’on connaît. Entre ces femmes, l’écoute mutuelle intense va de soi et c’est le fondement même de la musique. Comment définir ce que chacune produit? Nous ne sommes pas critique de musique et nous dirons seulement le bonheur de retrouver à la fois la rigueur et la sensualité de Jean-Sébastien Bach sous l’archet généreux de Sonia Wider-Atherton, d’entendre la poésie shakespearienne scandée par Charlotte Rampling et d’être surpris par des images aussi vives sur le thème connu de la rose perdant ses pétales. Mais aussi par la qualité du silence que seules ces artistes peuvent créer à ce moment-là. Le bruit disgracieux mais sans doute nécessaire des applaudissements casse cette vibration. Mais c’est comme ça : difficile de faire trop durer une émotion née de la beauté, nous ne savons pas où cela pourrait nous mener.

Christine Friedel

Spectacle vu le 9 mars au Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis boulevard de la Chapelle, Paris (XIX ème). T. : 01 46 07 34 50.

Etienne A. texte et mise en scène de Florian Pâque

Etienne A. texte et mise en scène de Florian Pâque

 Cela se passe dans un entrepôt de la société Amazon à Saran près d’Orléans (Loiret) un soir de Noël en  décembre 2018. Un jeune homme Etienne A. trente-et un ans est là au milieu des cartons de toutes dimensions qu’il est chargé de contrôler, scanner ou rééorienter. Et comme il est seul, il peut se permettre de rêver aux siens et à lui. Il dit qu’il va rentrer chez lui dans sa Citroën ZX Tonic.

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Son père a un problème à la hanche. Son ex-femme travaille chez Patàpain. Son fils joue à cache-cache sous la voie d’essai d’un aérotrain sur coussin d’air, construit par Jean Bertin à partir de 61 qui aurait mis Orléans à vingt minutes de Paris et que nous avions vu rouler quelques minutes. L’Etat, sous dit-on, la pression de la SNCF, abandonna en 1974, quand Valéry Giscard d’Estaing était président. Cette géniale invention concurrençait aussi sans doute les sociétés qui mettaient au point le T.G.V. et proches du chef de l’Etat… Quant au train lui-même, en avance sur son temps, il disparut ensuite dans un incendie d’origine criminelle, comme si « on » avait voulu en effacer toute trace. Mais une de ses copies japonaises, elle, roule toujours à plus de 400 kms/h.

Bon, revenons à notre Étienne A. cet homme encore jeune qui accepte un travail contraignant mais qui veut rêver sa vie. A la fin, il entre dans un grand carton, s’y enferme et attend donc une commande pour être expédié ailleurs. Mais ce solo n’est pas un spectacle politique. Pourtant il y avait de quoi faire! la société Amazon qui s’était fort peu souciée des effets très négatifs sur l’environnement en voulant construire un centre de tri de colis de 39.000m2. Pas loin du pont du Gard et à une centaine de mètres du beau petit village de Fournès. Avec à la clé, une noria incessante de camions sur une route qui mène d’Avignon à l’autoroute. Il y a bien eu une enquête administrative de plus de quatre cent pages où le nom d’Amazon n’est pas cité. Mais plusieurs associations locales tenaces ont, durant le premier confinement, mené une guerre efficace contre ce projet insensé et catastrophique soutenu par des banques.  En décembre dernier, le tribunal administratif de Nîmes leur a donné raison et a annulé l’autorisation gouvernementale qui avait suivi l’accord du conseil municipal de Fournès… Ouf ! Et pan sur le bec de l’Américain Jeff Bezos qui a abandonné! Et sur ceux qui avaient voulu faire vraiment beaucoup de fric avec des ventes de terres à vigne. Avec, au départ, un projet approuvé par la maire de Fournès qui a ensuite vite démissionné de ses fonctions. Curieux, non ?

Mais de tout cela, dommage, l’auteur ne parle pas et c’est grand dommage. Il a préféré donner la parole à cet employé invisible parmi tant d’autres et sans grand avenir qui doit continuer à vivre parmi ses cartons.  ce monologue pièce flirte de loin avec un texte d’agit-prop mais il n’en a ni le format ni le style ni surtout la virulence. Et ce jeune auteur belge nous emmène dans une sorte de rêverie poétique bien longuette de plus d’une heure. Il y a heureusement Nicolas Schmitt – gestuelle et diction impeccables- qui réussit à donner une certaine consistance à ce personnage falot qui ne demande rien qu’à vivre normalement. Mais le compte n’y est pas et ce texte, qui aurait pu être à la rigueur un petit sketch, n’est en aucun cas la pièce «coup de poing» annoncée par la Scala. Et vous pouvez sans dommage vous l’épargner.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 30 avril, La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T : 01 40 03 44 30.

 

 

 

 

 

 

Entre Frères et sœur de Philippe Minyana, mise en scène de Laurent Charpentier

Entre Frères et sœur de Philippe Minyana, mise en scène de Laurent Charpentier

Le comédien-metteur en scène a demandé une pièce à Philippe Minyana qui a imaginé pour lui les retrouvailles entre deux frères Igor, Paul et Aïda, leur sœur. Cela se passe après la disparition des parents. Ils sont là dans la maison où ils ont vécu enfants,  en Franche-Comté où vécut enfant Philippe Minyana. « Mais, dit-il mais ça pourrait être au Colorado ou au Japon. On se bat tous avec nos enfances, nos souvenirs et nos rêves. »

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Et les membres de cette fratrie sont encore des enfants : «Vivement qu’on soit adultes. » (…) «L’autre jour, j’ai eu un accès de joie dit Igor, le plus âgé  Je ne me souviens plus pourquoi. Un thème récurrent presque obsessionnel dans le théâtre contemporain : quelle est notre identité une fois nous-même, nos frères et sœurs une fois devenus parents dans le théâtre moderne, issu entre autres de Tchekhov. Souvenirs, souvenirs, égrenés par ces personnages en quête d’un temps à jamais disparu, ou peut-être pas encore tout à fait… Sinon les choses seraient plus simples dans leur vie personnelle… Et moins compliquées dans les rapports entre eux. 

 Laurent Charpentier joue Igor, Pierre Moure (son frère) et Pauline Lorillard est sa sœur: tous les trois impeccables. L’auteur avec une écriture des plus ciselées, n’en finit pas de parler de la famille comme il l’avait déjà fait dans Pièces il y a quelque vingt ans : «C’est ça qui m’intéresse au théâtre, c’est de donner, d’envoyer des images comme ça, ou des situations qui vont montrer l’humain dans sa fragilité. Dans la scène des cousines, elle est très travaillée musicalement. Il y a des redites mais il y a, chaque fois, à chaque mouvement, il y a une info en plus qui arrive. Il y a tout le temps une autre note qui arrive et qui constitue le portrait de tous ces gens qui sont là. La sœur qui dit des choses nouvelles chaque fois, elle fait avancer la scène.»

Une fois de plus, Philippe Minyana s’interroge sur la réalité des fantômes qui nous entourent, ceux des grands-parents, des parents qui nous ont élevés mais aussi des enfants que nous avons été ensemble avec nos frères et sœurs, comme ici. Entre mémoire forcément teintée de nostalgie, que les familles soient pauvres ou aisées,  et le désir de vivre pleinement sa vie sans dépendre des autres.
Sur scène, un assemblage de boîtes en contre-plaqué abritant des accessoires ou vêtements, mais qui servent aussi de sièges. Au-dessus, une sorte de toit à géométrie variable -symbole un peu chargé de la maison familiale- mais dont ne perçoit pas l’utilité. La direction d’acteurs de Laurent Charpentier est solide et ses acteurs aussi. Mais le texte n’a malheureusement rien de bien passionnant et la pièce fait souvent du sur-place: nous sommes loin des pièces de cet auteur contemporain reconnu comme Inventaires, Chambres, Les Guerriers ou Volcan. Dommage...

Philippe du Vignal

Jusqu’au 18 mars, Théâtre de la Ville-Espace Cardin, 2 avenue Gabriel, Paris (VIII ème). : T. : 01 42 74 22 77.

ariété d’après l’émission Discorama, création de Sarah Le Picard

Variété d’après l’émission Discorama, création de Sarah Le Picard

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©marikel Lahana

 «Denise Glaser a eu la liberté d’esprit d’inviter les artistes, les plus populaires, et les plus exigeants », dit la metteuse en scène qui interprète aussi cette journaliste qui régna sur le show biz de 1959 à 1974, avec une émission-phare de l’Office de Radiodiffusion-Télévision Française (O.R.T.F.). Variété s’inspire des rencontres mythiques de l’animatrice, avec les vedettes de l’époque qu’elle a lancées.

Un studio tapissé de blanc, des projecteurs sur pied, un piano, deux cubes en bois comme sièges. Avec son fidèle pianiste-accompagnateur, Claude Léveillée (1931-2011), l’intervieweuse, chic et sobre, reçoit épisodiquement la chanteuse Veronica May, un personnage inventé par l’actrice Anne-Lise Heimburger. Un peu mièvre à ses débuts, mixte de France Gall et Mireille Mathieu jeunes, elle impose son style au fil des entretiens, avec la séduction d’une Marie Laforêt ou de Barbara… Pour la dernière émission de l’animatrice, Sarah Le Picard et la comédienne se sont inspirées d’une interview de Léo Ferré…

 Musique et paroles évoluent et Florent Hubert, le directeur musical, a composé plusieurs des morceaux sur des textes de Sarah Le Picard et Anne-Lise Heimburger: un tube yéyé censé avoir remporté le concours de l’Eurovision, un air folk puis une romance d’une grande sensualité : délicieusement parodiques, des clins d’œil aux styles de la chanson française. La pièce parle aussi de l’air du temps : la guerre d’Algérie, mai 68 ou les revendications féministes franchissent en sourdine les murs du studio. Denise Glaser brava la censure de l’Elysée et diffusa Nuit et Brouillard une chanson composée et interprétée par Jean Ferrat en 1963. Mais Valéry Giscard d’Estaing devenu président en 1975 la fit démissionner et elle paya cher ses engagements au point de n’avoir plus de travail. Vingt ans plus tard, elle finira sa vie seule et oubliée.

 Sarah Le Picard a su transcrire la langue de ces années-là et nous retrouvons chez les personnages le phrasé emprunté, le vocabulaire recherché et les expressions imagées de ces émissions. Ici, tout est soigné : texte, musique, interprétation et mise en scène. Ce trio nous offre un divertissement drôle et nostalgique d’une heure quinze, à la saveur des vinyles qui craquent sur les tourne-disques Teppaz. Il redonne ses lettres de noblesse à un art mineur, populaire, porteur de jeunesse mais commercial, donc méprisé. Et qui ne saurait exister sans des passeurs engagés comme Denise Glaser… Le spectacle vaut le détour

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 27 mars, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt,Paris (VIII ème). T.: 01 44 95 98 00.

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