Séquence Danse Paris: Simple, chorégraphie d’Ayelen Parolin
Séquence Danse Paris
Simple, chorégraphie d’Ayelen Parolin
La chorégraphe argentine, artiste associée au Théâtre National Wallonie-Bruxelles, aime les ambiances colorées. Sur un fond de scène arc-en-ciel, le sol blanc fortement éclairé fait ressortir les juste-au-corps bariolés des trois interprètes. Sympathiques idiots, ils cherchent leurs phrases dansées, comme on cherche ses mots. Un langage bégayant d’abord où chacun propose son petit geste, isolément, puis découvre celui de l’autre et essaye de s’y associer ou de le contredire..
La scène devient un terrain de jeu où ces trois bonshommes un peu simplets s’amusent et montrent à leurs copains de nouvelles bêtises à faire. Ils singent souvent la grammaire de la danse classique ou contemporaine mais avec une maladresse calculée. Pour le plus grand plaisir d’une assistance rieuse. «Si je désire aujourd’hui aller vers une forme de simplicité, dit Ayelin Parolin, c’est pour chercher à agir sans prétention, sans calcul et me débarrasser de la notion de sérieux, en touchant à quelque chose de l’ordre de l’enfance, une naïveté absolue… »
Elle a confié cette recherche à Baptiste Cazaux, Piet Defrancq, Daan Jaartsveld, qui avaient déjà dansé dans WEG (2019), une pièce fondée aussi sur des jeux enfantins et récemment présentée au Théâtre National de Chaillot. Pas de pianiste ici pour les accompagner, comme dans WEG ou Autoctnos ll créé à June Events 2018 (voir Le Théâtre du Blog). Les interprètes tirent les sons de leurs corps: martèlement de pieds dans un concours de rythmes, petits cris, chantonnements, coups de bâtons et de planches ramassés en bordure de plateau. Après avoir expérimenté leurs ressources de bruitages, ils vont, dans la dernière partie, former un orchestre de tambours et cymbales…Trois imbéciles heureux de leurs trouvailles et semant une belle pagaille.
Jouant avec les couleurs des costumes et le décor de Marie Szersnovicz, Laurence Halloy a créé des balances de lumière franches : blanche, rouge, jaune, parfois jusqu’à l’ultra-violet… Cette pièce, fondée sur des ressorts comiques: répétitions, maladresses, gags faciles, reste drôle pendant cinquante minutes et déclenche même des crises de fou rire dans le public venu nombreux à ce festival. «
Ayelin Parolin, en travaillant à partir de la naïveté, de l’idiotie, a su créer une gestuelle libre et spontanée. «Une nouvelle approche que je voudrais ici approfondir, dit-elle, comme impulsion d’écriture d’une danse à la fois pleine de frictions, métissages inappropriés, piratages incessants et d’une légèreté inoffensive.» De quoi séduire les programmateurs…
Mireille Davidovici
Spectacle vu le 20 avril au CENTQUATRE, 5 rue Curial, Paris (XIX ème). T. : 01 53 35 50 00.