Séquence Danse Paris: Simple, chorégraphie d’Ayelen Parolin

Séquence Danse Paris

Simplechorégraphie d’Ayelen Parolin

7.SIMPLE

©François Declercq

 La chorégraphe argentine, artiste associée au Théâtre National Wallonie-Bruxelles, aime les ambiances colorées. Sur un fond de scène arc-en-ciel, le sol blanc fortement éclairé fait ressortir les juste-au-corps bariolés des trois interprètes. Sympathiques idiots, ils cherchent leurs phrases dansées, comme on cherche ses mots. Un langage bégayant d’abord où chacun propose son petit geste, isolément, puis découvre celui de l’autre et essaye de s’y associer ou de le contredire..

 La scène devient un terrain de jeu où ces trois bonshommes un peu simplets s’amusent et montrent à leurs copains de nouvelles bêtises à faire. Ils singent souvent la grammaire de la danse classique ou contemporaine mais avec une maladresse calculée. Pour le plus grand plaisir d’une assistance rieuse. «Si je désire aujourd’hui aller vers une forme de simplicité, dit Ayelin Parolin, c’est pour chercher à agir sans prétention, sans calcul et me débarrasser de la notion de sérieux, en touchant à quelque chose de l’ordre de l’enfance, une naïveté absolue… »

 Elle a confié cette recherche à Baptiste Cazaux, Piet Defrancq, Daan Jaartsveld, qui avaient déjà dansé dans WEG (2019), une pièce fondée aussi sur des jeux enfantins et récemment présentée au Théâtre National de Chaillot. Pas de pianiste ici pour les accompagner, comme dans WEG ou Autoctnos ll  créé à June Events 2018 (voir Le Théâtre du Blog). Les interprètes tirent les sons de leurs corps: martèlement de pieds dans un concours de rythmes, petits cris, chantonnements, coups de bâtons et de planches ramassés en bordure  de plateau. Après avoir expérimenté leurs ressources de bruitages, ils vont, dans la dernière partie, former un orchestre de tambours et cymbales…Trois imbéciles heureux de leurs trouvailles et semant une belle pagaille.

 Jouant avec les couleurs des costumes et le décor de Marie Szersnovicz, Laurence Halloy a créé  des balances de lumière franches : blanche, rouge, jaune, parfois jusqu’à l’ultra-violet… Cette pièce, fondée sur des ressorts comiques: répétitions, maladresses, gags faciles, reste drôle pendant cinquante minutes et déclenche même des crises de fou rire dans le public venu nombreux à ce festival. « 

 Ayelin Parolin, en travaillant à partir de la naïveté, de l’idiotie, a su créer une gestuelle libre et spontanée. «Une nouvelle approche que je voudrais ici approfondir, dit-elle, comme impulsion d’écriture d’une danse à la fois pleine de frictions, métissages inappropriés, piratages incessants et d’une légèreté inoffensive.» De quoi séduire les programmateurs…

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 20 avril au CENTQUATRE, 5 rue Curial, Paris (XIX ème). T. : 01 53 35 50 00.

 

 


Archive pour 22 avril, 2022

Flowers (we are) chorégraphie de Claire Croizé

Flowers (we are) chorégraphie de Claire Croizé

 Un projet séduisant: mêler la musique de Jean-Sébastien Bach et les Elégies de Duino de Rainer-Maria Rilke. «Avec cette pièce, j’ai d’abord voulu assumer une dimension narrative, dit Claire Croizé. Le début de la seconde Élégie emprunte à l’Ancien Testament avec l’histoire de Tobie priant l’archange Raphaël de secourir son père, rendu aveugle par une malédiction. Cette courte histoire structure la pièce en offrant de multiples variations.»

 En fond de scène, se découpe sur un drapé d’argent sur lequel les effets lumineux d’Hans Meijer, découpent un paysage de montagnes. Les trois interprètes seront tour à tour les personnages de la légende. Le père aveugle et avançant à tâtons, mains tendues et se déplaçant avec l’aide de ses partenaires, l’ange aux pas légers et Tobie, priant à genoux. La chorégraphie fonctionne par ruptures de styles: la musique se déglingue et les danseurs se lancent dans une joyeuse débandade… Mais nous perdons de vue cette fable qui semble se répéter plusieurs fois avec des modalités musicales, gestuelles différentes et changements de costumes.

 La danse est banale et les costumes peu flatteurs mais les musiques de Matteo Fargion, un compositeur de musique minimaliste qui réinterprète ici Jean-Sébastien Bach, sont le point fort du spectacle. Et sa fille Francesca chante en anglais le texte de Rainer Maria Rilke mais en gardant un style baroque à la ligne mélodique. A ces morceaux joués au piano acoustique, se mêlent des variations pour piano à quatre mains, puis le compositeur transforme au synthétiseur plusieurs Préludes du clavier bien tempéré et fait sonner un métallophone à chaque fin de morceau, pour marquer les ruptures entres les séquence dansées.

«Au fur et à mesure de la pièce, dit la chorégraphe, j’ai ressenti le besoin de moments musicaux plus longs. Le métallophone semble sonner en décalé et créer d’autres lignes de temps, puis il s’efface complètement. Danse et musique progressent à des rythmes différents, s’accordent, puis s’éloignent à nouveau.» Parfois les musiciens rejoignent les danseurs pour quelques pas complices. Mais nous avons eu vraiment du mal à trouver nos marques dans ce travail ambitieux au fil dramaturgique décousu, oscillant entre narratif et abstraction.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 19 avril, Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris (XI ème). T.: 01 43 57 42 14.

 

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