Le Grand Débat, conception et mise en scène d’Émilie Rousset et Louise Hémon

Le Grand Débat, conception et mise en scène d’Émilie Rousset et Louise Hémon

 Quatrième collaboration de ces metteuses en scène avec ce spectacle qui recrée un débat télévisé, juste avant le second tour aux élections présidentielles, à partir d’archives de 1974 à 2022. Cette épreuve obligée de la vie politique française prend une valeur de rite et s’inscrit dans leur série de Rituels inaugurée en 2015. «Avec ses règles très codifiées, le débat télévisé est un véritable rituel moderne, dit Emilie Rousset. Bien autre chose qu’une ultime séquence de la course à l’électeur: un évènement d’une exceptionnelle dramaturgie (…) Une pièce de théâtre. »

 En 1974, une grande table les isolait et trois mètres séparaient François Mitterrand, de Valéry Giscard d’Estaing… Dans un décor froid et solennel, deux caméra les filment  tour à tour et nous voyons projetées en gros plan et sur grand écran, leurs poses et mimiques. Une journaliste en voix off lance les questions. Emmanuelle Lafon et Laurent Poitrenaux se prêtent à ce jeu et endossent en alternance les personnages des candidats : les futurs présidents et ceux qui seront battus. Le public, friand de l’exercice, fouille dans sa mémoire ancienne ou pas, pour deviner qui a dit quoi et quand, parmi les sept débats qui ont eu lieu à ce jour. Mais souvent, nous ne savons plus à qui attribuer ces phrases qui, à la longue, produisent un certain ronron et l’étrange impression de déjà entendu.

Puisant dans ces paroles convenues, les réalisatrices se focalisent sur la notion de rassemblement: «Cet angle de « nation » s’est imposé à nous comme fil rouge. De l’idée de nationalisation dans la bouche de François Mitterrand en 197,,à celle d’identité nationale. Mais le mot n’est plus du tout porteur des mêmes valeurs.»Grâce à un effet de montage, les phrases des protagonistes apparaissent de plus en plus stéréotypées, dénuées de fondement idéologique presque équivalentes. Nous distinguons à peine, à la manière de parler plus ou moins littéraire, et aux petites phrases maintenant historiques, époques et candidats.

Les acteurs s’appliquent, non à singer leurs modèles, mais à réduire leurs phrases à des formules creuses qu’ils se lancent, parce qu’il leur faut bien participer au duel. Et ici, ils semblent se parodier eux-mêmes. Ces paroles langue de bois, prennent donc, entre les deux tours de ces présidentielles une autre résonance, qu’à la création de cette pièce au Festival d’automne 2018. Et nous reconnaissons, entre autres, les saillies, encore toutes fraîches, de Marine le Pen et d’Emmanuel Macron. Et après ce spectacle, tout en ayant bien ri, nous sortons aussi dépités qu’après un vrai débat. ..

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu au Centre Georges Pompidou , Place Georges-Pompidou, Paris (IV ème). T. : 01 44 78 12 33.

 


Archive pour 25 avril, 2022

Le Grand Débat, conception et mise en scène d’Émilie Rousset et Louise Hémon

Le Grand Débat, conception et mise en scène d’Émilie Rousset et Louise Hémon

 Quatrième collaboration de ces metteuses en scène avec ce spectacle qui recrée un débat télévisé, juste avant le second tour aux élections présidentielles, à partir d’archives de 1974 à 2022. Cette épreuve obligée de la vie politique française prend une valeur de rite et s’inscrit dans leur série de Rituels inaugurée en 2015. «Avec ses règles très codifiées, le débat télévisé est un véritable rituel moderne, dit Emilie Rousset. Bien autre chose qu’une ultime séquence de la course à l’électeur: un évènement d’une exceptionnelle dramaturgie (…) Une pièce de théâtre. »

 En 1974, une grande table les isolait et trois mètres séparaient François Mitterrand, de Valéry Giscard d’Estaing… Dans un décor froid et solennel, deux caméra les filment  tour à tour et nous voyons projetées en gros plan et sur grand écran, leurs poses et mimiques. Une journaliste en voix off lance les questions. Emmanuelle Lafon et Laurent Poitrenaux se prêtent à ce jeu et endossent en alternance les personnages des candidats : les futurs présidents et ceux qui seront battus. Le public, friand de l’exercice, fouille dans sa mémoire ancienne ou pas, pour deviner qui a dit quoi et quand, parmi les sept débats qui ont eu lieu à ce jour. Mais souvent, nous ne savons plus à qui attribuer ces phrases qui, à la longue, produisent un certain ronron et l’étrange impression de déjà entendu.

Puisant dans ces paroles convenues, les réalisatrices se focalisent sur la notion de rassemblement: «Cet angle de « nation » s’est imposé à nous comme fil rouge. De l’idée de nationalisation dans la bouche de François Mitterrand en 197,,à celle d’identité nationale. Mais le mot n’est plus du tout porteur des mêmes valeurs.»Grâce à un effet de montage, les phrases des protagonistes apparaissent de plus en plus stéréotypées, dénuées de fondement idéologique presque équivalentes. Nous distinguons à peine, à la manière de parler plus ou moins littéraire, et aux petites phrases maintenant historiques, époques et candidats.

Les acteurs s’appliquent, non à singer leurs modèles, mais à réduire leurs phrases à des formules creuses qu’ils se lancent, parce qu’il leur faut bien participer au duel. Et ici, ils semblent se parodier eux-mêmes. Ces paroles langue de bois, prennent donc, entre les deux tours de ces présidentielles une autre résonance, qu’à la création de cette pièce au Festival d’automne 2018. Et nous reconnaissons, entre autres, les saillies, encore toutes fraîches, de Marine le Pen et d’Emmanuel Macron. Et après ce spectacle, tout en ayant bien ri, nous sortons aussi dépités qu’après un vrai débat. ..

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu au Centre Georges Pompidou , Place Georges-Pompidou, Paris (IV ème). T. : 01 44 78 12 33.

 

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