I Sing My Song de René Aubry
I Sing My Song de René Aubry
Cet auteur-compositeur et guitariste, chanteur à ses heures (voire à 17 h), même s’il se réfère à Georges Brassens, Bob Dylan, François Béranger et Léo Ferré, montre un spectre plus large dans ce vingt-cinquième opus auto-produit et fait maison. Avec un style variant d’un morceau à l’autre, les instruments passent de la musique médiévale, à l’électro. Une techno déjà un peu rétro, sonnant les années soixante dix-quatre vingt… Take off, qui inaugure l’album, fait penser à l’univers du groupe de musique électronique allemand Kraftwerk mais aussi à celui de Jean-Michel Jarre, voire de Gershon Kingsley (1922-2019).
On connaît, bien sûr, le rapport de René Aubry à la danse, depuis sa rencontre fertile en 1978 avec Carolyn Carlson, alors soliste chez Alwin Nikolais (1910-1993) et devenue une chorégraphe contemporaine majeure, avec laquelle il a écrit les thèmes musicaux de Blue Lady (1983), Steppe (1990), Signes (1997), etc., et produit un fils, lui aussi musicien, Aleksi Aubry-Carlson. Pina Bausch a utilisé plusieurs compositions de René Aubry dans Ten Chi (2004), Vollmond (2006) et Sweet Mambo (2008).
Il a participé à nombre de bandes originales de films, notamment Pina (2011) de Wim Wenders, L’Uomo in Più (2012) de Paolo Sorrentino et Il Traditore (2019) de Marco Bellocchio. D’autres sources l’inspirent comme la guitare classique espagnole, le rebetiko de Mános Hadjidákis, le folk que René Aubry interprète comme il se doit sur une six-cordes de marque Martin, la country dance ici vivifiée au banjo, la valse nostalgique façon Bal chez Temporel (1957) de Guy Béart.
René Aubry, directement ou indirectement, comme Carolyn Carlson, a inspiré la danse contemporaine française. Sa musique répétitive, planante aux arrangements plaisants et aux belles plages synthétiques, ont influencé les compositeurs qui ont travaillé pour des chorégraphes,entre autres : Philippe Decouflé ou Karine Saporta. Ce disque permet aussi de découvrir son talent de chanteur dans It’s allright et I Sing My Song signés Carolyn Carlson pour les lyrics: « Depuis quarante ans, je dis qu’un jour, je ferai un disque de chansons. Je ne tiens pas particulièrement à chanter en anglais mais je n’ai pas trouvé d’auteur pour écrire en français.» Ce mélodiste et créateur prouve aussi qu’il est multi-instrumentiste et qu’il peut aussi sans aucun difficulté pousser la chansonnette. Sa diction rappelle le phrasé d’un Leonard Cohen mais avec une tessiture moins grave et moins tragique.
Les quinze morceaux de cet album paraissent, et sont très courts: excepté Another Day, Frozen Strings et la chanson-titre I Sing My Song, ils ne dépassent trois minutes. Chacun y trouvera ses deux minutes trente-cinq de bonheur, comme le chantait Sylvie Vartan en 1967. Sing My Song, un tube potentiel dès la première écoute, a fait l’objet d’un clip vidéo bourré d’effets d’animation…
Nicolas Villodre
https://www.youtube.com/watch?v=j9_L1pCkRkA
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