Campagne de Mihalis Virvidakis, mise en scène de Georges Skevas

Campagne de Mihalis Virvidakis, mise en scène de Georges Skevas

Ce metteur en scène et auteur dramatique a suivi l’école de Pelos Katselis à Athènes et a débuté comme acteur et assistant à la mise en scène. En 1991, il crée sa compagnie Mnimi et dix ans plus tard, s’installa à La Canée en Crète, où il fonda un atelier d’art et jeu dramatiques. Avec les comédiens qui y sont formés, il mène des recherches scéniques et au Kydonia, lieu permanent de sa compagnie depuis 2002, il monte des textes de Samuel Beckett, Harold Pinter, David Mamet, Thomas Bernhard, Jon Fosse, Peter Handke, Lars Norén… Il a écrit La Lune et la Lire, primé au concours annuel 197 d’écriture dramatique des jeunes auteurs en 1987, Phares allumés sur la nationale, une pièce créée dix ans plus tard au théâtre de Lefteris Voyatzis en 1997 et qui a été élue meilleure pièce grecque à la Bonner Biennale en 1998 et De Natura.

©x

©x

Cette quatrième pièce sous-titrée Une Histoire de Noël  est une allégorie poétique en quinze tableaux et deux actes sur la notion d’identité nationale, les problèmes de corruption, les injustices, hypocrisies et mensonges des politiciens, la crédulité et les superstitions du peuple, les impasses et vérités enterrées de notre société… Dans cette histoire dite policière à la théâtralité de haut niveau, , l’écrivain nous livre ses réflexions socio-politiques et ses angoisses sur l’avenir de la Grèce. Avec sept personnages aux scènes en mosaïque-miroir dans un microcosme villageois, loin de grands centres cosmopolites luxueux. Mais cela peut aussi se passer là n’importe où victimes et bourreaux s’entrecroisent avec des les limites peu discernables entre eux…

Trois jeunes d’un village, le fils d’un député, celui d’un pope qui bégaie et un rebelle qui se déclare anarchiste, vont préparer le cambriolage d’une banque. Chacun a ses raisons, le premier veut se venger d’un père autoritaire et hypocrite, l’autre pour acquérir le respect de ses amis et le dernier pour défendre une idéologie contestataire.

L’écriture scénique de Georges Skevas est d’une clarté et d’un réalisme qui traduit bien l’esprit du texte. L’éclairage occupe ici une place-clé en définissant les changements d’espace et en reflétant les arrières-pensées des personnages. Les comédiens créent des personnages complexes au corps agile et oscillent entre le dramatique et le comique. Nous avons de bons dramaturges en Grèce et en sommes fiers ! 

 Nektarios-Georgios Konstantinidis

 Théâtre de la rue Cyclades-Lefteris Voyatzis, 11 rue Cyclades, Athènes. T. : 00302108217877


Archive pour 20 mai, 2022

Comme il vous plaira de William Skakespeare, adaptation de Pierre-Alain Leleu, mise en scène de Léna Bréban

Comme il vous plaira de William Skakespeare, adaptation de Pierre-Alain Leleu, mise en scène de Léna Bréban

 Un jeune duc, après avoir banni son grand frère, le vieux Duc, décide aussi de bannir sa nièce Rosalinde, la fille de ce dernier. Mais Célia, la fille du jeune Duc, comme la sœur de Rosalinde s’enfuie avec elle dans la forêt d’Arden à la recherche du vieux Duc. Poursuivie par le jeune Duc, Rosalinde, se déguise en homme et Célia, en bergère… Soit une feuilleton compliqué avec amours et aventures dans une forêt…
Avec, à l’acte II, le fameux monologue-culte
où le grand Will compare la vie à un jeu théâtral et répertorie les sept étapes de la vie. Dit par Jacques à l’acte III. «Le monde entier est un théâtre, Et tous les hommes et les femmes ne sont que des comédiens. /Ils ont leurs répliques pour entrer et sortir de scène,/Et un seul homme en son temps y joue bien des rôles,/Ses actes décrivant sept âges. D’abord le bébé/Piaillant et vomissant dans les bras de sa nourrice. Ensuite, l’écolier pleurnichard avec son cartable
 Et sa face luisante du matin, se traînant tel un escargot/À l’école, et à contrecœur.(…) Scène finale, Qui conclut cette étrange suite d’épisodes, Un second infantilisme menant à l’oubli pur et simple/ Sans dents, sans yeux, sans goût, sans plus rien.»

©x

©x

Cette longue pièce baroque, quatre siècles ou presque après sa création, a souvent fait l’objet d’adaptations au cinéma donc celle de Kenneth Branagh (2006) et de comédies musicales, avec de belles scènes notamment entre le bel Orlando et Rosalinde, ou avec elle et Touschstone. Et on reconnait vite la parenté entre les thèmes de l’œuvre et ceux de Peines d’amour perdues.l On y parle souvent de folie, amours et serments d’amour. Mais aussi du sens de la vie, avec humour et parfois même un certain cynisme et des mots qui renvoient aux célèbres vers de La Tempête. «Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est enveloppée dans un sommeil.» Les serments les plus solides. Ne sont que paille sur feu du sang. »
Ici c’est du genre :« 
J’aimerais mieux une folie qui me rendrait gai, qu’une expérience qui me rendrait triste. Ou le célèbre : « Les hommes sont en avril quand ils sont amoureux, et en décembre, quand ils sont mariés. »  » La beauté provoque les voleurs même plus que l’or. Mais de même que tout est mortel dans la Nature, de même toute nature atteinte par l’amour est mortellement atteinte de folie. » Et encore: « 
Le temps n’a pas la même allure pour tout le monde. » ou « L’âme de mon père grandit en moi.»

 Bref, il y  a de belles pépites dans ce Comme il vous plaira et l’immense dramaturge fait la part belle à la folie des amoureux tels ceux du Songe d’une nuit d’été à «la cervelle si effervescente, la fantaisie si inventive qu’ils conçoivent beaucoup plus de choses que la froide raison n’en peut comprendre. » La patte du grand Will quatre siècles après, reste inimitable et un texte comme celui-ci a de quoi séduire une jeune mais déjà avertie metteuse en scène comme Léna Bréban Reste à savoir ce qu’on peut faire de cette comédie sans doute trop longue. Pierre-Alain Leleu en a fait une adaptation- donc forcément un peu réductrice- mais comment faire autrement? Et même si le public s’y perd de temps à autre, pas grave, cela fait aussi partie du jeu…

La mise en scène est brillante et efficace, avec des côtés déjantés et souvent pas loin des spectacles des Monthy Python des années soixante-dix à Londres. Ici éléments de décor et surtout accessoires sont volontairement approximatifs comme guitare ridicule, pour un feu de camp avec trois petites bûches dans une vieille bassine à friture, etc. Et des costumes genre: décrochez-moi ça, genre kilt voyant, pelisses en fourrure polyester, etc. Là aussi drôle et bien vu… Bref, il y a un côté second degré déglingué très réussi dans cette mise en scène menée à un excellent rythme et les acteurs sont superbement dirigés par Léna Bréban comme dans le récent Sans Famille qu’elle avait créé à la Comédie-Française cette saison (voir Le Théâtre du Blog). (Elle a reçu le Molière du metteur en scène dans un spectacle du théâtre privé)

©x

©x

Le spectacle doit aussi beaucoup aux actrices confirmées que Léna Bréban a choisi pour jouer les jeunes filles (cela peut surprendre mais c’est là aussi, bien vu): Ariane Mourier (qui a reçu le Molière de la comédienne dans un second rôle) et Barbara Schultz, elle, Molière de la comédienne dans un spectacle privé.
Nous l’avions découverte dans son premier grand rôle: elle avait vingt-cinq ans dans Dommage qu’elle soit une putain de John Ford qu’avait mise en scène le grand Jérôme Savary à Chaillot. Vingt-cinq ans plus tard, elle est toujours aussi exceptionnelle: espiègle et drôle, avec une formidable gestuelle et une impeccable diction. Et Léna Bréban a dû sentir comme nous, de la graine de grande actrice chez la très jeune Léa Lopez (merci papa, maître en impros et merci maman, elle aussi actrice). Elle apporte beaucoup au spectacle et possède déjà les même qualités exceptionnelles que son aînée.

©x

©x

Leur  jeu, absolument virtuose, écrase un peu celui leurs camarades: Adrien Dewitte,Pierre-Alain Leleu, Lionel Erdogan, Jean-Paul Bordes, Eric Bougnon et Adrien Urso, avec des rôles multiples mais moins hauts en couleur. Mais ils font aussi le boulot et bien.

Des réserves, du Vignal? Quelques petites longueurs vers la fin et Léna Bréban aurait pu nous épargner ces fumigènes que l’on voit partout et qui ne servent strictement à rien. Et ces allers et retours permanents entre scène et salle par l’escalier étroit reliant les deux: un procédé plus qu’usé. Ce travail intelligent, sensible et très soigné ne mérite pas ce défaut mais peut être facilement corrigé. Nous avons vu toutes les mises en scène de Léna Bréban qui a bénéficié d’une très bonne formation (Chaillot puis Conservatoire National). Elle a beaucoup progressé et est maintenant entrée dans la cour des grands.

Philippe du Vignal

 Théâtre de la Pépinière, rue Louis-le-Grand, Paris ( I er). T. : 01 42 61 44 16.

 


 

 

 


Adieu Vangelis Papathanassiou

Adieu Vangelis Papathanassiou

©x

©x

Comme l’a annoncé jeudi soir notre Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, ce compositeur grec, légende des musiques de films, nous a quittés à soixante-dix neuf ans ans des suites du covid à Paris où il vivait, quand il n’était pas à Londres ou à Athènes. De son vrai nom: Evangelos Odysseas Papathanassiou, il était né à Agria en Thessalie et composa dès quatre ans… sans connaître bien sûr le solfège. C’est d’abord vers le jazz et le rock progressif qu’il se tournera.Ce pionnier de la musique électronique et new age était un autodidacte qui trouvait son inspiration à la fois dans l’exploration spatiale, la Nature, l’architecture futuriste mais aussi  Le Nouveau Testament et le mouvement étudiant de mai 68. Cette même année, il s’était fait connaître avec le groupe Les Aphrodite’s Child, notamment avec Rain and Tears chanté par son ami Demis Roussos. Quatre ans plus tard, ce sera Fais que ton rêve soit plus long que la nuit un album-concept dont le titre renvoie à une phrase écrite sur les murs de Paris en 68…

Il a composé entre autres, la musique de celles du film Missing de Costa-Gavras, Lunes de fiel de Roman Polanski, Blade Runner et Alexandre d’Olivier Stone,  1492: Christophe Colomb, Les Chariots de feu  de Hugh Hudson en 1981, pour lequel il reçut la même année l’Oscar de la meilleure musique. Mais aussi en 92, celle de plusieurs documentaires de Jacques-Yves Cousteau et vingt ans plus tard, il compose l’hymne pour la Coupe du monde de football. Vangelis Papathanassiou créa aussi pour la troupe russe du Kremlin Ballet, une version symphonique d’un ballet Beauty and the Beast.  Il aura bien mérité de figurer au Panthéon des compositeurs européens du XX et XXèmes siècles pour des films, spectacles et cérémonies

Nektarios-Georgios Konstantinidis

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...