Tout mon amour, de Laurent Mauvignier, mise en scène d’Arnaud Meunier

Tout mon amour de Laurent Mauvignier, mise en scène d’Arnaud Meunier

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© Pascale Cholette

On vient d’enterrer le grand-père. Son fils et sa belle-fille de retour dans la maison familiale, vont revivre un drame qui, dix ans auparavant, a ébranlé leur vie : leur petite fille dix ans avait disparue sans laisser de traces. Mais est-elle cette jeune fille hagarde qui vient maintenant frapper à leur porte? Sa mère, dans le déni et son père, qui est prêt à y croire, s’affrontent et mêlent leur fils à leur dilemme… Un fantôme erre dans la vieille demeure aux meubles des années soixante: le grand-père, venu reprocher à son fils sa faiblesse de caractère. De son temps, dit-il, on avait plus de trempe.

 Dans ses romans, Laurent Mauvignier plonge dans le passé d’êtres traumatisés avec un grand talent. Nous avions  apprécié son art à sonder les âmes en peine dans le beau film que Lucas Delvaux a tiré de Des Hommes (2020). Ici, l’écrivain fait émerger les non-dits qui hantent la famille, du grand-père au petit-fils, avec de courtes scènes concises balisant ce drame

Anne Brochet, en mère évanescente, retourne son chagrin et ses frustrations en agressivité contre son mari et son jeu pincé contraste avec la grande sensibilité  de Philippe Torreton. Ambre Febvre, la mystérieuse inconnue de seize ans qui prétend être leur fille, joue un personnage hébété, à l’aune des traumatismes qu’elle a subis. Un jeu très physique, à la limite de la caricature. Romain Fauroux, issu comme elle de l’Ecole de la Comédie de Saint-Etienne, est plus nuancé.

Le metteur en scène a vu dans cette pièce «un polar intimiste et métaphysique, dans la mesure où Laurent Mauvignier mêle subtilement une écriture presque naturaliste, à une atmosphère de film fantastique.» Certes, les murs se déplacent et se resserrent sur le drame pour traduire la sensation d’étouffement des personnages et une ambiance de cauchemar. Mais la direction d’acteurs «carrée » ne fait pas dans l’allusif et, malgré l’écriture ciselée de Laurent Mauvignier, alourdit le spectacle. Chapitres de la chute, ou Saga des Lehman Brothers, joués dans ce même théâtre qui l’accueille régulièrement (voir Le Théâtre du blog) conviennent mieux à la palette d’Arnaud Meunier…

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 4 juin, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème).  T . : 01 44 95 98 00.

La pièce est publiée aux Editions de Minuit

 

 

 

 


Archive pour 23 mai, 2022

Hariklia Cavafy, texte et mise en scène de Koraïs Damatis

Hariklia Cavafy, texte et mise en scène de Koraïs Damatis

 Nous sommes en 1899. Dans un monologue lyrique et plein de tendresse, la mère du grand poète grec Constantin Cavafy (1863-1933) se livre à un bilan mélancolique -elle a soixante-cinq ans et c’est le dernier jour de sa vie- dans son appartement, rue Ramliou à Alexandrie (Egypte.) .

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Constantin est le dernier des neuf enfants de Petros Cavafy, un négociant en import-export de textiles et de Hariklia Photiadis, la fille d’un diamantaire. Originaires de Constantinople ils s’étaient installés à Alexandrie. Petros décède en 1870 et la famille s’installe alors en Grande-Bretagne. Cela marquera profondément Constantin et ses écrits montrent une grande familiarité avec la tradition poétique anglaise.  Comme  le dit Marguerite Yourcenar dans la préface de sa traduction de ses poèmes :« C’est aussi l’un des plus grands, le plus subtil en tout cas, le plus neuf peut-être, le plus nourri pourtant de l’inépuisable substance du passé. »

 

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Hariklia parle beaucoup de ses neuf enfants et, avec force détails, raconte les difficultés qu’elle a eues pour les élever. Cette famille ruinée reviendra vers 1879 à Alexandrie, puis, anticipant les émeutes de 1882 qui allaient précipiter la guerre anglo-égyptienne, se réfugie à Constantinople. Et plus tard,  de nouveau à Alexandrie. Hariklia parle plusieurs fois de son unique fille unique qui est morte. Elle se souvient aussi de son attitude étrange à faire porter des habits féminins au petit Constantin et parle, avec une angoisse discrète, de ses premières relations homosexuelles. Et ici, la relation mère-fils est dessinée avec une écriture poétique et de fortes images.

Dans un décor-collage de photos et poèmes, Aspassia Kralli, cette grande actrice, connue pour son «théâtre du silence» et des spectacles de mime, excelle à incarner cette mère avec une sincérité et une douceur qui nous touche profondément. Elle nous invite à penser nos nôtres et à tous les sacrifices qu’elles ont faits pour nous rendre heureux…

 Nektarios-Georgios Konstantinidis

 Théâtre Vault, 26 rue Melenikou, Athènes, T. : 00302130356472.

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