On séniorise de Dominique Boivin

 

 On séniorise de Dominique Boivin

La Maison des Métallos a eu la bonne idée d’inviter le chorégraphe Dominique Boivin en ce joli mai pour y évoquer, sous plusieurs formes, les «périples d’une vie d’artiste », sous ce titre ironique et générique… A gauche en entrant dans la cour, Droit à l’image, une exposition de photos avec pêle-mêle quantité de souvenirs personnels, entremêlant les trois âges de sa vie et en attendant, c’est probable: le quatrième, celui de la sagesse. Dans le hall de la Maison des Métallos, trois écrans et des casques audio diffusent images et paroles de Ce que l’Age apporte à la danse, une série d’entretiens avec d’anciens danseurs réalisés par Cécile Proust et Jacques Hœpffner, parmi lesquels les confessions du sieur Boivin en question.
Cela permet au public de meubler son attente ou de justifier sa visite rue Jean-Pierre Timbaud. Enfin des coopératives artistiques -pour reprendre la terminologie de Stéphanie Aubin, maîtresse des lieux- des rencontres, stages, animations et spectacles permettaient d’en savoir plus sur l’œuvre de notre héros.

 

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Nous avons vu deux étapes de son Road movie, un seul en scène mariant théâtre, pantomime, danse et musique: l’une au début de la manifestation et l’autre, le dernier jour. Cet «autoportrait dansé», devenu spectacle à part entière, a évolué depuis ses prémices à Saint-Étienne-du-Rouvray, à sa première version aux Métallos lors de la soirée de gala concluant cette carte blanche. La  première fois, la scénographie était tout simple: ni micros H.F. (mais un micro tout court : la bande originale étant enregistrée) ni fumigènes ce qui aurait plu à Philippe du Vignal, notre rédac-chef… exaspéré par ce procédé qui a envahi les plateaux de théâtre.
Et dans la grande salle, un magnétophone Revox analogique mais en bon état de marche, simule la diffusion sonore… techniquement parfaite, donc numérique.  Côté jardin des rayonnages en alu bornent la scène et une table du même métal sert de paravent, podium, tableau noir…)  Et des lampes, dites d’architecte,  fournissent un éclairage d’appoint ou ponctuel. Costumes, tissus, câbles de loupiotes, mange-disques années soixante, sont choisis et rangés avec le plus grand soin, Dominique Boivin étant du genre maniaque.

 Les deux arts les plus exigeants, la poésie et surtout le rire, il connaît et les maîtrise totalement. Le public réagit à son solo, sitôt le premier gag où il compare l’étagère branlante à l’état de sa colonne vertébrale.  La deuxième version du spectacle, plus longue, fonctionne sans doute un chouia de plus sur le mode chaplinesque. Et il se souvient avec mélancolie, voire sur fond mélo, des moments vécus. Certains numéros, comme celui, très au point de la danse écrite pour la chanson chère à tout bouffon qui se respecte : Je m’voyais déjà de Charles Aznavour, sont réduits à la portée d’un tube. Et celui-ci ne porte pas atteinte à la chorégraphie ou au choix vestimentaire du protagoniste, à savoir le dérisoire : «complet bleu qu’était du dernier cri ». Curieusement, la première chanson de Barbara (dont nous aurons droit à une autre en fin de programme le deuxième soir) et un aria wagnérien n’ont pris aucune ride….

© N. Villodre

© N. Villodre

Les hôtes du dernier soir étaient au diapason avec leur amphitryon : ad hoc, justes et précis, on ne peut plus fluides gestuellement parlant.  Pascale Houbin qui sait la langue des signes, nous a offert en solo la routine immortalisée jadis avec le chorégraphe Philippe Decouflé sur Le P’tit bal perdu, une chanson de Gaby Verlor et Robert Nyel, interprétée par Bourvil. Et en partant du principe qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, Daniel Larrieu a dansé avec son double enregistré en vidéo sur Un Jour, mon prince viendra, un hymne gaîment allusif  dans la version française du film Blanche-Neige et les Sept Nains chantée en 1938 par la soprano belge Élyane Célis . 

Dominique Boivin et Yan Raballand nous ont offert un beau pas de deux sur Love me, Please Love me, un tube de Michel Polnareff (1966). Dominique Rebaud l’a accompagné sur scène pour rappeler à notre bon souvenir, l’aventure de Zoopsie Comedi, une comédie musicale présentée en 86 à la Biennale de la danse à Lyon. Chorégraphiée par Dominique Boivin et Dominique Rebaud et interprétée par les collectifs Beau Geste et Lolita qui les dirigeaient respectivement.

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Mais l
e chef d’œuvre incontestable de Dominique Boivin, une œuvre mi-futuriste, mi-Dada et jouée plus de huit cent fois, est Transports exceptionnels (2005) : une mise à jour de Roméo et Juliette, avec Philippe Priasso et une pelleteuse, sur des airs chantés par la Callas.

Ce soir-là, le même Philippe Priasso en a proposé une synthèse sur la musique de Mon cœur s’ouvre à ta voix, un air de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns.

Inutile de dire qu’au moment des saluts, tout ce beau monde a été rappelé de multiples fois…


Nicolas Villodre

Maison  des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris (XI ème). T. : 01 47 00 25 20.

 

 


Archive pour 25 mai, 2022

Une Femme sans importance d’Oscar Wilde, traduction de Suzane Houlia, mise en scène de Kostis Kapelonis

Une Femme sans importance d’Oscar Wilde, traduction de Suzanne Houlia, mise en scène de Kostis Kapelonis

 Cet écrivain irlandais né à Dublin en 1854, et mort à Paris dans la misère en 1900, incarne le mouvement esthétique décadent de la fin du XIX ème siècle. Les pièces de ce grand dramaturge tenant de l’art pour l’art, amateur de paradoxes, fasciné par le masque et l’ambiguïté, eurent un grand succès. La médisance et l’esprit le plus brillant s’y donnent libre cours. Ici, Oscar Wilde se livre à une satire de la haute société londonienne,  en suggérant discrètement à ces aristocrates au moralisme superficiel mais sévère, la valeur de l’indulgence et du pardon.

©Χρήστος Συριώτης,

©Χρήστος Συριώτης,

Dans Une Femme sans importance (1894), le charismatique et charmant gentleman Lord Illingworth a offert un poste de secrétaire à Gerald Arbuthnot dont Mrs Alburthnot, sa mère réalise que ce Lord Illingworth est le père de Gerald. Elle avait eu une aventure avec lui vingt ans auparavant, était tombée enceinte et l’a élevé seule son enfant. Elle avait en effet refusé d’épouser son amant et était donc à l’époque une femme déchue…
Le fils découvre le passé de sa mère et essayera de tuer Lord Illingworth qui avait embrassé la belle Hester Worsley dont il est amoureux. À la fin, Hester Gerald et Mrs Alburthnot quitteront l’Angleterre pour l’Amérique où ils espèrent vivre dans une société qui ne juge pas les femmes aussi sévèrement.

 Dans une réalisation simple, Kostis Kapelonis souligne le cynisme, le côté mélo mais aussi le comique et l’esprit satirique de cette pièce que les costumes accentuent encore. Les acteurs de la compagnie Synthiki mettent leur jeu au service d’une lisibilité de l’action. Nous avons clairement entendu le message d’une œuvre peu montée en Grèce, et c’est l’essentiel.

 Nektarios-Georgios Konstantinidis

 Théâtre Technis, Karolos Koun, 5 rue Pesmazoglou, Athènes. T. : 00302103228706.

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