La Chanson de Roland, la bataille de Roncevaux de Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Marc Goldberg

La Chanson de Roland, la bataille de Roncevaux de Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Marc Goldberg

Il faut imaginer l’arrière-garde de la grande armée de Charlemagne rattrapée et piégée par les Sarrazins. En fait des Basques, transformés en Sarrazins pour justifier la première et prochaine- croisade. Une histoire écrite par un ou plusieurs poètes anglo-normands à la gloire de leurs suzerains.
Les Pyrénées au moins n’ont pas oublié la geste de Roland et le son mourant de l’olifant appelant l’armée de Charlemagne… qui arriva trop tard. « C’est l’histoire d’une pâtée militaire qui nous est racontée comme une victoire » dit Frédéric Boyer. Mais comment raconter sur scène une telle épopée et ses contradictions? Jean Lambert-wild a une fois de plus embauché Gramblanc, son personnage de clown blanc en pyjama rayé. L’idée savante : les chansons de geste étaient réellement chantées par les jongleurs devant un public populaire. Marc Goldberg a écrit une traduction actuelle, poétique et fidèle à la simplicité de l’original. Il nous fait entendre l’élan du décasyllabe et le rythme de l’assonance de la poésie parlée, et non la rime écrite et savante.

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Côté jardin, une baraque de foire aux couleurs vives: l’abri de l’ânesse Chipie de Brocéliande (c’est son nom !) et parfois des poules :Suzon et Paulette… Côté cour, un fauteuil avachi, une table de nuit à tout faire et un vieux poste de radio : le repaire de l’ancien combattant Turold, (Jean Lambert-wild) porteur du récit.
Vincent Desprez est le servant de scène mais aussi le partenaire, l’alter ego et le dresseur de poules, fournisseur d’inventions circassiennes qui font avancer les choses. Aimée Lambert-wild mène la gracieuse ânesse à la croix de Saint-André.


Ici, les animaux apportent beaucoup plus et mieux, qu’une présence insolite. Ils évoquent l’errance du jongleur et la place de village avec élégance et servent aussi de bouche-trous, quand il s’agit d’illustrer cette bataille héroïque. Le roi ennemi est un âne ? L’ânesse couronnée se couchera ainsi doucement en un beau mouvement très maîtrisé, pour figurer la mort des guerriers.

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De certains spectacles populaires actuels, les auteurs ont cru bon garder l’usage intempestif et constant de la musique à fond et d’une voix amplifiée à l’excès. A part cette réserve, nous avons pris un grand plaisir à voir ce travail très précis, sensible et d’un humour mesuré et surprenant. Cette Chanson de Roland nous a donné envie d’aller y regarder de plus près, même du côté d’Alfred de Vigny, dont Le Cor a pourtant occulté l’original.. Faut-il opposer les recherches et commentaires qui accompagnent La Chanson de Roland, à la figure populaire du personnage  comme, entre autres celle du fameux Orlando furioso écrit de 1516 à 1521 par L’Arioste et qui est toujours la vedette des marionnettes traditionnelles siciliennes? Certainement pas. Ce spectacle est comme un petit cirque de village,d’une poésie secrète et savante et nous avons facilement cédé à sa fantaisie ordonnée.

Christine Friedel

Jusqu’au 19 juin, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie. Route du Camp de manœuvre, Vincennes.
Métro : château de Vincennes + navette. T. : 01 43 28 36 36.

Le texte de la pièce est publié aux  Solitaires Intempestifs.

 


Archive pour 6 juin, 2022

La Chanson de Roland, la bataille de Roncevaux de Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Marc Goldberg

La Chanson de Roland, la bataille de Roncevaux de Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Marc Goldberg

Il faut imaginer l’arrière-garde de la grande armée de Charlemagne rattrapée et piégée par les Sarrazins. En fait des Basques, transformés en Sarrazins pour justifier la première et prochaine- croisade. Une histoire écrite par un ou plusieurs poètes anglo-normands à la gloire de leurs suzerains.
Les Pyrénées au moins n’ont pas oublié la geste de Roland et le son mourant de l’olifant appelant l’armée de Charlemagne… qui arriva trop tard. « C’est l’histoire d’une pâtée militaire qui nous est racontée comme une victoire » dit Frédéric Boyer. Mais comment raconter sur scène une telle épopée et ses contradictions? Jean Lambert-wild a une fois de plus embauché Gramblanc, son personnage de clown blanc en pyjama rayé. L’idée savante : les chansons de geste étaient réellement chantées par les jongleurs devant un public populaire. Marc Goldberg a écrit une traduction actuelle, poétique et fidèle à la simplicité de l’original. Il nous fait entendre l’élan du décasyllabe et le rythme de l’assonance de la poésie parlée, et non la rime écrite et savante.

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Côté jardin, une baraque de foire aux couleurs vives: l’abri de l’ânesse Chipie de Brocéliande (c’est son nom !) et parfois des poules :Suzon et Paulette… Côté cour, un fauteuil avachi, une table de nuit à tout faire et un vieux poste de radio : le repaire de l’ancien combattant Turold, (Jean Lambert-wild) porteur du récit.
Vincent Desprez est le servant de scène mais aussi le partenaire, l’alter ego et le dresseur de poules, fournisseur d’inventions circassiennes qui font avancer les choses. Aimée Lambert-wild mène la gracieuse ânesse à la croix de Saint-André.


Ici, les animaux apportent beaucoup plus et mieux, qu’une présence insolite. Ils évoquent l’errance du jongleur et la place de village avec élégance et servent aussi de bouche-trous, quand il s’agit d’illustrer cette bataille héroïque. Le roi ennemi est un âne ? L’ânesse couronnée se couchera ainsi doucement en un beau mouvement très maîtrisé, pour figurer la mort des guerriers.

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De certains spectacles populaires actuels, les auteurs ont cru bon garder l’usage intempestif et constant de la musique à fond et d’une voix amplifiée à l’excès. A part cette réserve, nous avons pris un grand plaisir à voir ce travail très précis, sensible et d’un humour mesuré et surprenant. Cette Chanson de Roland nous a donné envie d’aller y regarder de plus près, même du côté d’Alfred de Vigny, dont Le Cor a pourtant occulté l’original.. Faut-il opposer les recherches et commentaires qui accompagnent La Chanson de Roland, à la figure populaire du personnage  comme, entre autres celle du fameux Orlando furioso écrit de 1516 à 1521 par L’Arioste et qui est toujours la vedette des marionnettes traditionnelles siciliennes? Certainement pas. Ce spectacle est comme un petit cirque de village,d’une poésie secrète et savante et nous avons facilement cédé à sa fantaisie ordonnée.

Christine Friedel

Jusqu’au 19 juin, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie. Route du Camp de manœuvre, Vincennes.
Métro : château de Vincennes + navette. T. : 01 43 28 36 36.

Le texte de la pièce est publié aux  Solitaires Intempestifs.

 

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