Passé-je ne sais où, qui revient, texte et mise en scène de Lazare, en collaboration avec Anne Baudoux

Passé-je ne sais où, qui revient, texte et mise en scène de Lazare,  en collaboration avec Anne Baudoux

Le spectacle avait été créé en mai 2018 au Théâtre national de Strasbourg avec les élèves comédiens, scénographes-costumiers, régisseurs, créateurs du groupe 44, puis à la MC 93 de Bobigny. Lazare, aujourd’hui associé au T2G -théâtre de Gennevilliers, a remis en scène avec Anne Baudoux dix ans après sa création, cette pièce avec de jeunes comédiens sortis aussi de l’école du T.N.S. : Océane Cairaty en alternance avec Ella Benoit, Paul Fougère, Simon-Elie Galibert, Romain Gneouchev, Ferdinand Régent-Chappey, Yanis Skouta, Claire Toubin. C’est le premier volet d’une trilogie sur la mémoire refoulée, voire niée, de l’histoire de France. Ici, avec des événements tragiques arrivés sous le règne de de Gaulle, alors chef de l’Etat.

©x

©x

Un homme est allé manifester le 8 mai 1945 à Guelma dans une Algérie alors département français et fut tué. Suivit alors le plus grand massacre de la France contemporaine alors en temps de paix, avec quelque 30.000 Algériens tués par des Européens. Et dans un four à chaux, on a brûlé les corps, avec une insupportable odeur de chair brûlée.cLe grand écrivain Kateb Yacine est, alors lycéen à Sétif: «C’est en 1945 que mon humanitarisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais vingt ans. Le choc que je ressentis devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimente mon nationalisme. » Neuf ans plus tard, l’insurrection de la Toussaint Rouge en 1954 marque le début de la guerre en Algérie. François Hollande le reconnaîtra : «Pendant cent trente-deux ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. Parmi ces souffrances, il y a les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. »

Plutôt que d’une véritable pièce, il s’agit ici plutôt d’un long poème-oratorio poétique aux allures de cabaret, avec monologues mais aussi dialogues superbement dits par ces jeunes acteurs à la diction et à la gestuelle parfaites. Sur le plateau, tout un bric-à-brac imaginé par Estelle Deniaud: côté jardin, un piano droit qui servira pour quelques accompagnements, côté cour, devant un grand rideau rouge, un guitariste et un batteur. En fond de scène, deux châssis noirs, un autre vitré et monté sur roulettes, puis un troisième arrivera avec une porte à battants en bois, deux grandes tables rectangulaires noires qui serviront surtout de praticables, un lit double avec sommier recouvert de tissu imprimé qui, posé à l’envers, fera office de cloison, un vieux poste de télé carré sans autre image qu’un écran gris brouillé, une lampe de chevet vieillotte en tissu… La Mère raconte toute cette douleur qui accablé tout un peuple sans nom. Son fils Libellule, un jeune acteur, semble avoir quelques difficultés avec la vie au quotidien réel. Il appelle le metteur en scène pour lui dire qu’il ne pourra pas être à la répétition… Il rêve et assiste à son propre meurtre pendant une manifestation. Comme la direction d’acteurs est rigoureuse et le jeu des acteurs impeccable, le public, souvent jeune, se laisse prendre à ce déferlement de mots. Même si le texte de forme très libre… mais de qualité inégale, est moins convaincant que ceux des récents spectacles de Lazare…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 16 juin, T2 G, 41 avenue des Grésillons, Gennevilliers (Seine-Saint-Denis). T. : 01 41 32 26 10. .

La pièce est publiée aux éditions ESSE QUE.


Archive pour 16 juin, 2022

Passé-je ne sais où, qui revient, texte et mise en scène de Lazare, en collaboration avec Anne Baudoux

Passé-je ne sais où, qui revient, texte et mise en scène de Lazare,  en collaboration avec Anne Baudoux

Le spectacle avait été créé en mai 2018 au Théâtre national de Strasbourg avec les élèves comédiens, scénographes-costumiers, régisseurs, créateurs du groupe 44, puis à la MC 93 de Bobigny. Lazare, aujourd’hui associé au T2G -théâtre de Gennevilliers, a remis en scène avec Anne Baudoux dix ans après sa création, cette pièce avec de jeunes comédiens sortis aussi de l’école du T.N.S. : Océane Cairaty en alternance avec Ella Benoit, Paul Fougère, Simon-Elie Galibert, Romain Gneouchev, Ferdinand Régent-Chappey, Yanis Skouta, Claire Toubin. C’est le premier volet d’une trilogie sur la mémoire refoulée, voire niée, de l’histoire de France. Ici, avec des événements tragiques arrivés sous le règne de de Gaulle, alors chef de l’Etat.

©x

©x

Un homme est allé manifester le 8 mai 1945 à Guelma dans une Algérie alors département français et fut tué. Suivit alors le plus grand massacre de la France contemporaine alors en temps de paix, avec quelque 30.000 Algériens tués par des Européens. Et dans un four à chaux, on a brûlé les corps, avec une insupportable odeur de chair brûlée.cLe grand écrivain Kateb Yacine est, alors lycéen à Sétif: «C’est en 1945 que mon humanitarisme fut confronté pour la première fois au plus atroce des spectacles. J’avais vingt ans. Le choc que je ressentis devant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans, je ne l’ai jamais oublié. Là se cimente mon nationalisme. » Neuf ans plus tard, l’insurrection de la Toussaint Rouge en 1954 marque le début de la guerre en Algérie. François Hollande le reconnaîtra : «Pendant cent trente-deux ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. Parmi ces souffrances, il y a les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. »

Plutôt que d’une véritable pièce, il s’agit ici plutôt d’un long poème-oratorio poétique aux allures de cabaret, avec monologues mais aussi dialogues superbement dits par ces jeunes acteurs à la diction et à la gestuelle parfaites. Sur le plateau, tout un bric-à-brac imaginé par Estelle Deniaud: côté jardin, un piano droit qui servira pour quelques accompagnements, côté cour, devant un grand rideau rouge, un guitariste et un batteur. En fond de scène, deux châssis noirs, un autre vitré et monté sur roulettes, puis un troisième arrivera avec une porte à battants en bois, deux grandes tables rectangulaires noires qui serviront surtout de praticables, un lit double avec sommier recouvert de tissu imprimé qui, posé à l’envers, fera office de cloison, un vieux poste de télé carré sans autre image qu’un écran gris brouillé, une lampe de chevet vieillotte en tissu… La Mère raconte toute cette douleur qui accablé tout un peuple sans nom. Son fils Libellule, un jeune acteur, semble avoir quelques difficultés avec la vie au quotidien réel. Il appelle le metteur en scène pour lui dire qu’il ne pourra pas être à la répétition… Il rêve et assiste à son propre meurtre pendant une manifestation. Comme la direction d’acteurs est rigoureuse et le jeu des acteurs impeccable, le public, souvent jeune, se laisse prendre à ce déferlement de mots. Même si le texte de forme très libre… mais de qualité inégale, est moins convaincant que ceux des récents spectacles de Lazare…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 16 juin, T2 G, 41 avenue des Grésillons, Gennevilliers (Seine-Saint-Denis). T. : 01 41 32 26 10. .

La pièce est publiée aux éditions ESSE QUE.

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...