Adieu Jean-Louis Trintignant
Adieu Jean-Louis Trintignant
Il est mort avant hier à quatre-vingt douze ans en Provence après un début de carrière au théâtre, puis surtout au cinéma. En 49, étudiant à la fac de droit d’Aix-en-Provence, il assiste à une représentation de L’Avare de Molière, mise en scène par le grand Charles Dullin puis de Jules César de Shakespeare, mise en scène de Raymond Hermantier. Et il décide alors de « monter » à Paris pour suivre les cours de Charles Dullin puis après sa mort, ceux de Tania Balachova. Il veut devenir acteur de théâtre et réalisateur de cinéma. Il entre donc à l’I.D.H.E.C. Il est aussi figurant et joue de petits rôles entre autres au T.N.P. de Jean Vilar. Puis en 1951, il a le rôle principal dans À chacun selon sa faim du poète belge Jean Mogin, dans la mise en scène de Raymond Hermantier et joue à la Comédie de Saint-Etienne, Macbeth, mise en scène de son directeur Jean Dasté.
En 56, il a seulement vingt-six ans, il créée Et Dieu créa la femme et a une liaison avec sa partenaire Brigitte Bardot et devient une une vedette. Un long service militaire le fait oublier. Mais en 58, il joue au théâtre Hamlet et dans Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim avec Gérard Philipe. mais aussi en Italie dans Eté violent de l’Italien Valerio Zurlini puis dans dans une adaptation du célèbre roman Le Désert des Tartares de Dino Buzzati (1976) avec Vittorio Gassman, Giulano Gemma, Philippe Noiret, Lauren Terzieff. Il a aussi tourné ensuite en Italie dans Le Fanfaron de de Dino Risi. Et Un Homme et une femme de Claude Lelouch, Palme d’or à Cannes en 66. Et aux États-Unis, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario original en 1967. Et il jouera aussi dans les films de Bernardo Bertolucci, Luigi Comencini et surtout Ettore Scola..
Jean-Louis Trintignant au début des années soixante joue sur la fragilité, la gentillesse, un sourire déconcertant ou… une vraie dureté coupante. Alain Cavalier lui a ainsi confié le rôle d’un militant d’extrême droite dans Combat dans l’île (1962). Avec l’âge, la fragilité s’estompe, la dureté est plus nuancée et les compositions, plus discrètes et efficaces. Il a trente-neuf ans et construit des personnages subtils comme le petit juge inflexible dans Z de Costa-Gavras, puis un ingénieur catholique dans Ma nuit chez Maud d’Eric Rohmer.
Plus tard, il jouera les antihéros tourmentés parfois sarcastiques comme un policier implacable ou un tueur froid. En 1984, à cinquante-quatre ans, il est un président de la République tout à fait crédible (premier acteur français à endosser ce rôle) dans Le Bon Plaisir de Francis Girod. Et il est passé deux fois derrière la caméra en 1973 avec Une journée bien remplie et six ans plus tard, Le Maître-nageur. Des films originaux à l’humour nonchalant mais avec aussi une une vision forte noire de l’espèce humaine. Il y a du moraliste désabusé chez le cinéaste Trintignant.
Depuis 2003, il ne s’était jamais remis de la mort de sa fille Marie tuée par son compagnon Bernard Cantat.
Nektarios-Georgios Konstantinidis