Danse macabre, un spectacle de Vlad Troitskyi avec les Dakh Daughters

Danse macabre, un spectacle de Vlad Troitskyi avec les Dakh Daughters

 Cette soirée aux Ateliers Berthier a été un cri de douleur, alors que se poursuit après déjà quatre mois,  la guerre contre l’Ukraine menée par Vladimir Poutine, dictateur de la pire espèce. Et devant lequel la plupart des dirigeants se sont longtemps couché pour des raisons économiques. Les troupes russes piétinent ce pays souverain, comme Hitler l’avait fait en d’autres temps en Pologne et ailleurs.

©Oleksandr-Kosmach

©Oleksandr-Kosmach

Dakh Daughters (les Filles du Dakh) est un groupe théâtral et musical formé en 2012 avec contrebasse, violoncelle, piano, maracas, guitares, maracas, batterie, xylophone… Ces musiciennes chanteuses et actrices appartiennent au théâtre Dakh à Kiev, d’où leur nom et disent des textes d’auteurs comme Taras Tchouvensko, Charles Bukowski ou… William Shakespeare avec un de ses sonnets dans une chanson : Rozy / Donbass. À travers leurs témoignages et ceux d’autres Ukrainiennes, elles racontent la douleur intime de vivre le conflit au quotidien et comment il a transformé leur rapport à la vie et à leur famille.
Avec de nouvelles compositions musicales, elles disent aujourd’hui toute l’horreur et la violence du conflit qui détruit leur pays.
Depuis quelque dix ans, Natacha Charpe, Natalia Halanevych, Ruslana Khazipova, Solomia Melnyk, Anna Nikitina et Tetiana Troitska ont beaucoup joué en Ukraine à Kiev, Odessa, etc. En Pologne, Russie et en France aux Vieilles Charrues, ou aux Bouffes du Nord en 2014, puis au Monfort à Paris (Voir Le Théâtre du blog). Elles ont aussi participé à l’Antigone d’après Sophocle et Brecht, un spectacle créé en dans leur pays en 2015 dans le cadre du printemps français à Kiev, mise en scène de Lucie Berelowitsch, maintenant directrice du C.D.N. de Vire. Il a ensuite été joué chez nous, notamment à Hérouville ( Calvados). (voir Le Théâtre du Blog).  Bien entendu, elles continuent partout où elles sont accueillies, à soutenir leur pays envahi par l’armée russe et Ruslana Khazipova a lancé un appel à la mobilisation internationale…

 Le 18 juin 1940, Charles de Gaulle disait à la Radio de Londres « Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui. Mais le dernier mot est-il dit? L’espérance doit-elle disparaître? La défaite est-elle définitive? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. »

© J. Couturier

© J. Couturier

L’histoire peut-elle se répéter? Des artistes, comédiennes et chanteuses comme les Dakh Daughters résistent à leur manière avec ce spectacle en citant les paroles des victimes ukrainiennes, en décrivant les viols et massacres aujourd’hui en  Europe.
Sur le plateau, instruments de musique et valises à roulettes  deviennent successivement des maisons en feu, chars, barricades ou des tombes. Et elles vivent au plus profond de leur chair ce qu’elles nous disent.
Parmi les récits, retentit une sirène. Les artistes chutent, se relèvent et repartent, comme chaque Ukrainien aujourd’hui. «Je suis en sécurité»: ces mots,  sincères et douloureux, résonneront encore longtemps dans nos mémoires. Réfugiée au Centre Dramatique National de Vire depuis mars, toute l’équipe artistique a conçu Danse Macabre comme un acte de résistance absolu.

 Jean Couturier.

Spectacle vu le 16 juin à l’Odéon-Théâtre de l’Europe,Ateliers Berthier, rue André Suarès, Paris (XVII ème). La recette de cette soirée a été reversée à l’association France‑Ukraine.

Le 25 juin, Espace Malraux, Chambéry (Savoie)  et le 29 juin, Théâtre de l’Octogone avec le Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse).

Le 4 juillet, Théâtre National de Strasbourg (Bas-Rhin)  et le 5 juillet, Théâtres de la Ville de Luxembourg (Luxembourg) ; le 21 juillet, aux Soirées Nomades de la Fondation Cartier, Paris (XlV ème)


Les 26 et 27 septembre, festival International de Théâtre, Tbilissi (Géorgie).

Et le 6 octobre, Le Préau,Centre Dramatique National de Vire ( Calvados).

 


Archive pour 21 juin, 2022

June Events 2022 Corps exquis, chorégraphie de Joanne Leighton

June Events 2022`

CORPS EXQUIS (Joanne Leighton 2019)

© Patrick Berger

 Corps exquis, chorégraphie de Joanne Leighton

 Ce « solo à trois corps » insolite offre un panorama contrasté de la danse contemporaine. La pièce a vu le jour en 2019 mais la pandémie a mis à mal une tournée prometteuse. L’artiste belge d’origine australienne, installée désormais en Île-de-France a initié ce « cadavre exquis par cinquante-huit chorégraphes» et pour trois interprètes, à partir d’une séquence dansée d’une minute. Elle a proposé à cinquante-sept autres créateurs, confirmés ou émergents, de lui emboîter le pas et d’enchaîner, les uns après les autres, une minute de danse. Un défi collectif, inspiré des jeux surréalistes, pour une pièce de cinquante-huit minutes d’une grande diversité de style. Marion Carriau, Yannick Hugron et Lauren Bolze se lancent les uns après les autres dans ce puzzle vivant et puisent, selon les morceaux qu’ils interprètent, dans un tas d’oripeaux multicolores, amoncelés sur le plateau et devenus, par divers assemblages, masques, couvre- chefs, tuniques ou juste-au-corps. Un patchwork qui a aussi une traduction sonore : ces petites pièces qui se suivent l’une après l’autre après un bref signal, sont dansées sur une mosaïque musicale.

 Le temps d’une chanson, d’un air d’opéra, d’un extrait de concerto ou en silence, les trois danseurs se succèdent de numéro en numéro, solistes, duettistes ou triplettes de cette revue vitaminée. Le spectateur averti reconnaîtra la signature de tel ou tel chorégraphe, mais nul besoin de se livrer au jeu des devinettes pour se laisser porter par l’énergie des interprètes aussi à l’aise avec le néo-classique qu’avec le hip hop, le krump ou le pur contemporain. Toutes tendances confondues, ce melting-pot reflète la vitalité et l’inventivité de plusieurs générations de chorégraphes réunis ici telle une grande famille. « Dans la diversité de ce meta-geste chorégraphique, dit Joanne Leighton, la pièce nous dit que la danse est aussi un fourmillement dépassant les catégories esthétiques. »

 Pour ce cadavre exquis, les créateurs ont transmis leurs courts modules via différents supports : vidéos, photos, textes, ou ont répété comme Radhouane El Meddeb, directement en studio avec les danseurs. Ces divers moyens constituent d’intéressantes archives, exposées en parallèle de la représentation. Les trois interprètes et le compositeur Peter Crosbie ont participé à la création de ce matériau hétéroclite et Corine Petitpierre a réalisé d’étranges masques bigarrés.  Reste de ce chantier vivant, un carnet de notes : Traces exquises mode d’emploi de Corps exquis, où est posée la passionnante question de la transmission de la danse, depuis la notation Laban jusqu’aux images filmées. Marianne Gourfink, par exemple, a inventé un nouveau lexique de signes, Hermann Diephius a envoyé soixante photos de tableaux d’index pointés, et Daniel Larrieu, une vidéo assortie d’explications cabalistiques en hommage à Vaslav Nijinski et son célèbre ballet L’Après-midi d’un faune.   Stefan Dreher et Michëal Phellipeau, eux, mixent images fixes et notation Laban…

Joanne Leighton aime les défis, comme cette marche performative WALK #1 entre Belfort et Freiburg, une balade dansée de cent-vingt-sept kilomètres le long des cours d’eau, qu’elle a ensuite poursuivie un peu partout… Ici, elle fait montre une fois de plus de son originalité et d’une volonté pédagogique. « Mon gout, dit-elle n’est pas de rajouter de la matière à la matière qui déjà abonde, mais de m’engager dans la séquence spatio-temporelle de traitement de matières données …Cette plasticité laisse transparaître continuités et cassures ainsi que glissements entre unités simples et structures complexes. »

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 14 juin, au Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller, Paris (III ème).

June Events a eu lieu du 30 mai au 18 juin à l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson, 2 route du Champ de Manœuvre, Cartoucherie de Vincennes. T. : 01 47 74 17 07.

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