Dialaw Project, Vol.1 conception de Germaine Acony et l’équipe du Fluide Ensemble, mise en scène de Mikaël Serre

Dialaw Project, Vol.1 conception de Germaine Acony et l’équipe du Fluide Ensemble, mise en scène de Mikaël Serre

DialawProject (2)

©Joseph Banderet

Première phase d’un ambitieux projet collectif, porté par le Fluide Ensemble: il s’agit d’une protestation contre l’extension d’un port à Ndayane (Sénégal.) Germaine Acony, la « mère de la danse contemporaine africaine », a établi depuis plusieurs années son Ecole des sables à Toubab Dialaw, un petit village de pêcheurs au Sud de Dakar. Elle qui a dansé avec les plus grands chorégraphes et formé des générations d’artistes, voit l’esprit des lieux détruit par l’extension pharaonique de ce port juste en face de son Ecole. Cet aménagement en eau profonde, conclu en 2020 par le gouvernement sénégalais avec une société des Emirats, la Dubaï Port World, va bouleverser l’écosystème du village, changer la vie de milliers de gens et effacer une mémoire : celle des Lébous qui occupent la côte sud depuis plusieurs siècles.

Toubab Dialaw est une terre marquée par la tragédie de l’esclavage et, aujourd’hui, par le départ de nombreux migrants clandestins. Emue par cette perspective, Germaine Acogny en a parlé à Mikaël Serre, metteur en scène franco-allemand, son complice pour À un endroit du début. Il est temps de réagir face à cette nouvelle menace qui pèse sur le continent africain, celle d’un capitalisme triomphant. Et Dialaw Project est ainsi né. « Je souhaite collaborer, dit le metteur en scène, avec des artistes venus des pays touchés par les questions de colonisation, diaspora ou exil: France, Sénégal et Allemagne ». Il a  réuni sur le plateau autour de Germaine Acogny, une équipe de comédiens, auteurs, danseurs, performeurs sénégalais et français, tous liés par une histoire intime de perte, exil, racines, retour ou frontières… Et ils sont allés interroger les habitants, tout en cherchant dans leurs propres récits les aliments de la pièce.Au-delà de la construction de ce port -que beaucoup sur place appellent déjà « le monstre »- cette création va faire résonner, individuellement et collectivement, le bouleversement économique et social que cela représente.  « 

Le spectacle, encore en chantier, débute par une vidéo de Germaine Acony, projetée sur grand écran en fond de scène sur lequel on verra par la suite interviews d’habitants,  images des lieux, et gros plans sur les acteurs filmés en live. «Quand nous sommes arrivés ici, il n’y avait rien, la mer, du sable et des rochers », dit la danseuse, racontant la fondation de sa bien nommée, Ecole des sables.

 Un technocrate africain en costard (Hamidou Anne) répète devant son coach (Assane Timbo) avec un « power-point » une conférence pour présenter dans son jargon d’école de commerce, un magnifique symbole, celui d’un « Sénégal Emergent » que sera ce port. Mais il fait fi de la vie des pêcheurs expulsés : «Ils seront indemnisés ». Quant aux morts du cimetière qui sera détruit : « Les morts sont morts. »« Mais les morts ne sont pas morts, ils vivent dans le vent .», lui réplique un jeune noir (Pascal Beugré-Tellier), adopté par des Français et venu se recueillir sur la tombe de son père biologique… Une Française (Anne-Elodie Sorlin) a fait, elle aussi, ce long voyage pour honorer la mémoire de l’Africain qu’elle considère comme son deuxième père. Un dialogue s’instaure entre les quatre comédiens, à partir de leur vécu et leur ressenti,  entrecoupé par les témoignages filmés des habitants de Toubab.

 Et tandis que Pascale Beugré-Tellier danse, la scénographie de John Carroll se déploie révélant le musicien (Ibaaku en alternance avec Antonin Leymarie) et offrant plus d’espaces aux chassés-croisés entre les interprètes. Les témoignages collectifs et intimes s’enchâssent dans l’histoire de la construction du port. Mais au-delà, ce sont les questions de la colonisation, du développement inéluctable et ici tragique, qui sont posées à l’échelle mondiale…

 Les convictions des uns sont ébranlées par le trouble des autres et le vent de la révolte souffle. Germaine Acony ne se fait plus d’illusions : le monstre a déjà gagné, mais son combat à elle est de sauver « Deux cents hectares de terrain avec des arbres, et des terres que les femmes cultivent… Il faut des arbres, des arbres… » Le spectacle, encore en gestation, propose déjà un environnement sonore et visuel conséquent, avec des images vidéo soignées  mais il y a encore besoin d’ajustements, entre autres, dans le texte, composé collectivement, issu des paroles de chacun, écrites ou recueillies lors d’improvisations. Dialaw Project devrait trouver son rythme quand Germaine Acony rejoindra la troupe dès le prochain chantier. A suivre…

 Mireille Davidovici

Du 21 au 25 juin, à l’occasion de la résidence de création au Montfort, 106 rue Brancion Paris (XV ème) T. : 01 58 08 33 88.

Du 15 au 31 août, nouvelle et ultime  résidence de création au Montfort

Tournée 2023 :

19-20 mai, Théâtres de la Ville du Luxembourg (Luxembourg) ; 23 mai, Théâtre et Cinéma de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne); fin mai, Scène national de Forbach (Moselle) dans le cadre du Festival Perspective de Saarbrück (Allemagne) ;

En Juin, Africologne Colgne (Allemagne) ; En septembre, Kunstfest Weimar (Allemagne)

En novembre, Festival Euroscene, Leipzig (Allemagne) ; Théâtre des Treize Vents Montpellier (Hérault).

 

 

 


Archive pour 22 juin, 2022

Dialaw Project, Vol.1 conception de Germaine Acony et l’équipe du Fluide Ensemble, mise en scène de Mikaël Serre

Dialaw Project, Vol.1 conception de Germaine Acony et l’équipe du Fluide Ensemble, mise en scène de Mikaël Serre

DialawProject (2)

©Joseph Banderet

Première phase d’un ambitieux projet collectif, porté par le Fluide Ensemble: il s’agit d’une protestation contre l’extension d’un port à Ndayane (Sénégal.) Germaine Acony, la « mère de la danse contemporaine africaine », a établi depuis plusieurs années son Ecole des sables à Toubab Dialaw, un petit village de pêcheurs au Sud de Dakar. Elle qui a dansé avec les plus grands chorégraphes et formé des générations d’artistes, voit l’esprit des lieux détruit par l’extension pharaonique de ce port juste en face de son Ecole. Cet aménagement en eau profonde, conclu en 2020 par le gouvernement sénégalais avec une société des Emirats, la Dubaï Port World, va bouleverser l’écosystème du village, changer la vie de milliers de gens et effacer une mémoire : celle des Lébous qui occupent la côte sud depuis plusieurs siècles.

Toubab Dialaw est une terre marquée par la tragédie de l’esclavage et, aujourd’hui, par le départ de nombreux migrants clandestins. Emue par cette perspective, Germaine Acogny en a parlé à Mikaël Serre, metteur en scène franco-allemand, son complice pour À un endroit du début. Il est temps de réagir face à cette nouvelle menace qui pèse sur le continent africain, celle d’un capitalisme triomphant. Et Dialaw Project est ainsi né. « Je souhaite collaborer, dit le metteur en scène, avec des artistes venus des pays touchés par les questions de colonisation, diaspora ou exil: France, Sénégal et Allemagne ». Il a  réuni sur le plateau autour de Germaine Acogny, une équipe de comédiens, auteurs, danseurs, performeurs sénégalais et français, tous liés par une histoire intime de perte, exil, racines, retour ou frontières… Et ils sont allés interroger les habitants, tout en cherchant dans leurs propres récits les aliments de la pièce.Au-delà de la construction de ce port -que beaucoup sur place appellent déjà « le monstre »- cette création va faire résonner, individuellement et collectivement, le bouleversement économique et social que cela représente.  « 

Le spectacle, encore en chantier, débute par une vidéo de Germaine Acony, projetée sur grand écran en fond de scène sur lequel on verra par la suite interviews d’habitants,  images des lieux, et gros plans sur les acteurs filmés en live. «Quand nous sommes arrivés ici, il n’y avait rien, la mer, du sable et des rochers », dit la danseuse, racontant la fondation de sa bien nommée, Ecole des sables.

 Un technocrate africain en costard (Hamidou Anne) répète devant son coach (Assane Timbo) avec un « power-point » une conférence pour présenter dans son jargon d’école de commerce, un magnifique symbole, celui d’un « Sénégal Emergent » que sera ce port. Mais il fait fi de la vie des pêcheurs expulsés : «Ils seront indemnisés ». Quant aux morts du cimetière qui sera détruit : « Les morts sont morts. »« Mais les morts ne sont pas morts, ils vivent dans le vent .», lui réplique un jeune noir (Pascal Beugré-Tellier), adopté par des Français et venu se recueillir sur la tombe de son père biologique… Une Française (Anne-Elodie Sorlin) a fait, elle aussi, ce long voyage pour honorer la mémoire de l’Africain qu’elle considère comme son deuxième père. Un dialogue s’instaure entre les quatre comédiens, à partir de leur vécu et leur ressenti,  entrecoupé par les témoignages filmés des habitants de Toubab.

 Et tandis que Pascale Beugré-Tellier danse, la scénographie de John Carroll se déploie révélant le musicien (Ibaaku en alternance avec Antonin Leymarie) et offrant plus d’espaces aux chassés-croisés entre les interprètes. Les témoignages collectifs et intimes s’enchâssent dans l’histoire de la construction du port. Mais au-delà, ce sont les questions de la colonisation, du développement inéluctable et ici tragique, qui sont posées à l’échelle mondiale…

 Les convictions des uns sont ébranlées par le trouble des autres et le vent de la révolte souffle. Germaine Acony ne se fait plus d’illusions : le monstre a déjà gagné, mais son combat à elle est de sauver « Deux cents hectares de terrain avec des arbres, et des terres que les femmes cultivent… Il faut des arbres, des arbres… » Le spectacle, encore en gestation, propose déjà un environnement sonore et visuel conséquent, avec des images vidéo soignées  mais il y a encore besoin d’ajustements, entre autres, dans le texte, composé collectivement, issu des paroles de chacun, écrites ou recueillies lors d’improvisations. Dialaw Project devrait trouver son rythme quand Germaine Acony rejoindra la troupe dès le prochain chantier. A suivre…

 Mireille Davidovici

Du 21 au 25 juin, à l’occasion de la résidence de création au Montfort, 106 rue Brancion Paris (XV ème) T. : 01 58 08 33 88.

Du 15 au 31 août, nouvelle et ultime  résidence de création au Montfort

Tournée 2023 :

19-20 mai, Théâtres de la Ville du Luxembourg (Luxembourg) ; 23 mai, Théâtre et Cinéma de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne); fin mai, Scène national de Forbach (Moselle) dans le cadre du Festival Perspective de Saarbrück (Allemagne) ;

En Juin, Africologne Colgne (Allemagne) ; En septembre, Kunstfest Weimar (Allemagne)

En novembre, Festival Euroscene, Leipzig (Allemagne) ; Théâtre des Treize Vents Montpellier (Hérault).

 

 

 

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