La Dame à la licorne, visite dansée d’Aurélie Gandit
La Dame à la licorne, visite dansée d’Aurélie Gandit
Le musée de Cluny, comme beaucoup d’autres aujourd’hui, invite des artistes à porter un regard neuf sur les œuvres et à donner au public une grille de lecture vivante. La Dame à la licorne, joyau de cet écrin consacré au Moyen-Âge, nous est livré à travers les mots et la gestuelle d’Aurélie Gandit.
Depuis quinze ans, cette chorégraphe fait dans les lieux de patrimoine des conférences dansées qui sont une entrée en dialogue avec l’oeuvre … » Je me documente, j’écoute ce qu’elle me dit pour écrire et arriver enfin à la danse. » Tel un guide patenté, elle nous dit quelques mots du musée et de son histoire, puis nous fait entrer dans la salle où trônent les fameuses tapisseries de style mille-fleurs. Elle nous demande de faire silence et le vide en nous, avant de nous entraîner dans une découverte sensorielle de ces tentures. «Il y a ici des tapisseries/ Viens passons lentement devant elles/ Comme elles sont tranquilles », écrivait Rainer Maria Rilke dans Les Carnets de Malte Laurids Brigge à propos de la Dame qu’il admira en 1906 au musée de Cluny. Ces tapisseries ont inspiré bien des artistes et récemment : A mon seul désir, une chorégraphie de Gaëlle Bourges (voir Le Théâtre du Blog ).
Ici, le geste dansé ouvre un espace émotionnel, celui de la sensation: un des thèmes de la Dame à la Licorne dont cinq panneaux représentent les cinq sens et mènent au sixième, A mon seul désir, «le cœur philosophique qui domine tous les sens, le cœur sensible et intuitif qui ouvre à l’amour charnel et infini.» Inspirée à Jean d’Ypres par une légende allemande, cette élégante du XV ème siècle, ses lapins, son lion, sa licorne et autres bêtes à poils et à plumes ont fait couler beaucoup d’encre… Aurélie Gandit, elle, ne prétend pas délivrer une leçon d’histoire de l’art et ne cherche pas la performance spectaculaire ou le mouvement grandiloquent. Mais avec des mots simples et de petits indices corporels, à susciter notre ressenti devant cette œuvre . Un partage généreux en trente minutes pour regarder sa beauté. Dans quelques jours, avec sa compagnie La Brèche basée à Nancy, Aurélie Gandit va danser devant Le Retable d’Issenheim qui a été restauré cette année.
Mireille Davidovici
Visite dansée vue le 23 juin, au musée de Cluny, 28 rue Sommerard, Paris (V ème) T. : 01 53 73 78 16. Prochaines visites : 25 juin, les 10 et 11 septembre et le 1er octobre.
Musée Interlinden, Colmar (Haut-Rhin) : Une visite dansée pour le Retable d’Issenheim :le 2 juillet de 18 h 30 à 19 h et de 20 h à 20 h 30 et le 3 juillet de 11 h 30 à 12 h. T. : 03 89 20 15 50.
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