Bertolt Brecht, Pensées de et par Jean-Louis Hourdin, Philippe Macasdar et Karine Quintana

Bertolt Brecht, Pensées de et par Jean-Louis Hourdin, Philippe Macasdar et Karine Quintana

 

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En France, il avait secoué le théâtre dès l’apparition à Paris, au Théâtre des Nations, avec sa troupe du Berliner Ensemble. Et Bertolt Brecht s’était imposé les scènes subventionnées durant leurs années politiques avant la chute du mur. 1989 : fin du communisme et il  ne restait plus qu’un seul monde, celui du capitalisme…Pour Bertolt Brecht, l’histoire avait commencé beaucoup plus tôt… et ne finit jamais. Chassé d’Allemagne en 39 par le règne du petit barbouilleur Hitler, peintre raté, il fut un franc-tireur de l’exil, il reviendra dix ans plus tard en République Démocratique Allemande communiste (résultat du partage de l’Allemagn sous la supervision des puissances victorieuses) et fut l’auteur officiel et le directeur du fameux Berliner Ensemble. Petit rappel nécessaire, quand on observe aujourd’hui son  absence dans les programmations des théâtres et que son œuvre n’est plus intégralement disponible aux éditions de l’Arche…

Le poids de l’histoire, la réalité de la lutte des classes, puisqu’il faut l’appeler par son nom, Brecht le poète a eu le génie, avant et après guerre, de lui donner la légèreté et la puissance de la flèche. Poésie sans ornement, droit au but: Jean-Louis Hourdin, Philippe Macasdar et Karine Quintana ont baptisé leur spectacle : Bertolt Brecht, pensées. Tous les textes dits et lus ne viennent pas de poèmes mais on y reconnaît des chansons ou extraits de ses pièces. Mais tous ont la même force poétique.

On y entend la révolte contre l’injustice, la dénonciation du « récit » dominant, le malheur des pauvres et des petits, sans indignation ni attendrissement. L’émotion et le rire naissent de la vérité. Une vérité qui sonne dans l’économie des mots, le rythme bref de la phrase et les silences dynamiques ainsi créés.
Un grand coup de chapeau aux traducteurs qui ont su transmettre cette terrible vitalité. Le public reçoit une rafale de révélations et Brecht nous donne l’étincelle de ce qui devient notre pensée ! Et c’est aujourd’hui! Pas de vision plus claire que la sienne sur ce qui conduit les mal-lotis à voter pour les extrêmes. Sans expliquer, il crée l’évidence.

Une actrice chante, à l’accordéon, instrument populaire s’il en est, les autres disent. Tout le théâtre tient dans une valise,ou une 2CV : un rideau de scène où s’impriment les visages d’un public ravi, celui des photos d’Ito Josué à Saint-Etienne aux commencements bénis de la décentralisation théâtrale. Un petit bureau à astuces révélant la minuscule maquette d’un pupitre d’écolier des années 50 – on est là pour apprendre-. Des images, tout autour, qu’on verra ou non avant et après le spectacle, histoire d’emmener le public encore un peu plus loin. Et c’est tout. Avec ce décor qui est plutôt un outil transportable partout, les trois complices nous font ce cadeau, de la part du poète : la vivacité du présent. Comme toujours avec les grands textes, nous sommes saisi par leur acuité et leur actualité. N’oublions pas: ce qu’on appelle le répertoire, n’a rien d’une lassante répétition. Ce théâtre minuscule qui peut se jouer partout, plus précieux que bien des grandes machines (mais le public a droit aussi à de grandes belles machines, pensées et sensibles). Il apporte un plaisir extra-ordinaire : comprendre, voir et se laisser gagner par la vive intelligence de Brecht.

Christine Friedel

 

Spectacle vu en appartement; contact : Jean-Louis Hourdin : T. : 06 83 52 19 35.

 


Archive pour 28 juin, 2022

Bertolt Brecht, Pensées de et par Jean-Louis Hourdin, Philippe Macasdar et Karine Quintana

Bertolt Brecht, Pensées de et par Jean-Louis Hourdin, Philippe Macasdar et Karine Quintana

 

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En France, il avait secoué le théâtre dès l’apparition à Paris, au Théâtre des Nations, avec sa troupe du Berliner Ensemble. Et Bertolt Brecht s’était imposé les scènes subventionnées durant leurs années politiques avant la chute du mur. 1989 : fin du communisme et il  ne restait plus qu’un seul monde, celui du capitalisme…Pour Bertolt Brecht, l’histoire avait commencé beaucoup plus tôt… et ne finit jamais. Chassé d’Allemagne en 39 par le règne du petit barbouilleur Hitler, peintre raté, il fut un franc-tireur de l’exil, il reviendra dix ans plus tard en République Démocratique Allemande communiste (résultat du partage de l’Allemagn sous la supervision des puissances victorieuses) et fut l’auteur officiel et le directeur du fameux Berliner Ensemble. Petit rappel nécessaire, quand on observe aujourd’hui son  absence dans les programmations des théâtres et que son œuvre n’est plus intégralement disponible aux éditions de l’Arche…

Le poids de l’histoire, la réalité de la lutte des classes, puisqu’il faut l’appeler par son nom, Brecht le poète a eu le génie, avant et après guerre, de lui donner la légèreté et la puissance de la flèche. Poésie sans ornement, droit au but: Jean-Louis Hourdin, Philippe Macasdar et Karine Quintana ont baptisé leur spectacle : Bertolt Brecht, pensées. Tous les textes dits et lus ne viennent pas de poèmes mais on y reconnaît des chansons ou extraits de ses pièces. Mais tous ont la même force poétique.

On y entend la révolte contre l’injustice, la dénonciation du « récit » dominant, le malheur des pauvres et des petits, sans indignation ni attendrissement. L’émotion et le rire naissent de la vérité. Une vérité qui sonne dans l’économie des mots, le rythme bref de la phrase et les silences dynamiques ainsi créés.
Un grand coup de chapeau aux traducteurs qui ont su transmettre cette terrible vitalité. Le public reçoit une rafale de révélations et Brecht nous donne l’étincelle de ce qui devient notre pensée ! Et c’est aujourd’hui! Pas de vision plus claire que la sienne sur ce qui conduit les mal-lotis à voter pour les extrêmes. Sans expliquer, il crée l’évidence.

Une actrice chante, à l’accordéon, instrument populaire s’il en est, les autres disent. Tout le théâtre tient dans une valise,ou une 2CV : un rideau de scène où s’impriment les visages d’un public ravi, celui des photos d’Ito Josué à Saint-Etienne aux commencements bénis de la décentralisation théâtrale. Un petit bureau à astuces révélant la minuscule maquette d’un pupitre d’écolier des années 50 – on est là pour apprendre-. Des images, tout autour, qu’on verra ou non avant et après le spectacle, histoire d’emmener le public encore un peu plus loin. Et c’est tout. Avec ce décor qui est plutôt un outil transportable partout, les trois complices nous font ce cadeau, de la part du poète : la vivacité du présent. Comme toujours avec les grands textes, nous sommes saisi par leur acuité et leur actualité. N’oublions pas: ce qu’on appelle le répertoire, n’a rien d’une lassante répétition. Ce théâtre minuscule qui peut se jouer partout, plus précieux que bien des grandes machines (mais le public a droit aussi à de grandes belles machines, pensées et sensibles). Il apporte un plaisir extra-ordinaire : comprendre, voir et se laisser gagner par la vive intelligence de Brecht.

Christine Friedel

 

Spectacle vu en appartement; contact : Jean-Louis Hourdin : T. : 06 83 52 19 35.

 

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