Festival de Marseille 2022 (suite)

 

Festival de Marseille 2022  (suite)

 Le programme comporte un certain nombre d’événements en plein air. A noter : billets à dix euros pour tous les spectacles et une billetterie solidaire* cède des places à un euro, grâce une «Charte culture », mise en place via une centaine d’associations sociales, éducatives ou médicales. (Soit environ 30% des places vendues).  Il y a aussi des propositions gratuites comme un karaoké géant au MUCEM ou cette visite guidée ludique dans un Centre commercial…

 L’Age d’or, conception d’Igor Cardellini et Tomas Gonzalez

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© mireille Davidovici

Ces artistes suisses ont imaginé une déambulation théâtrale dans le Centre Bourse, situé au cœur de la ville. Une guide plus vraie que nature. Dominique Gilliot prend en charge les visiteurs, coiffés de casquettes rouges siglées Galeries Lafayette et munis d’écouteurs. En introduction, un bref historique des lieux construits dans les années soixante, à l’image du premier de ce type, le Southdale Center conçu par Victor Gruen sur le modèle d’une piazza viennoise et inauguré en 1956, à Edina ( Minnesota) Un «dôme de plaisir avec parking ». A Marseille, Jacques Henri-Labourdette, appartenant au mouvement dé-structuraliste, a imaginé un bâtiment en béton «d’expression brutaliste, viril et héroïque». Avec diagonales à quarante-cinq degrés, adoucies récemment par une nouvelle aile en arrondi.

La comédienne nous invite à décrypter l’architecture de ce supermarché, à la fois lieu de consommation et de loisirs. Puis elle nous explique les stratégies et circulations pour amener le client à entrer dans les espaces de vente, sans avoir la « phobie du seuil». Elle nous invite à une glissade sur le sol lisse, étudié pour faciliter la marche et pointe, au passage, la façon dont sont exposés les produits dans leurs vitrines. Selon une scénographie muséale  et sous des projecteurs.

 L’Âge d’or exhibe ce simulacre de la ville qu’est le « mall » américain, corne d’abondance où tout semble à portée de main, comme une promesse d’accession au bonheur. Avec humour et fantaisie, cette visite décalée nous offre les clefs de ces espaces ultra-codés, chefs-d’œuvre du marketing triomphant, construits à l’époque des Trente Glorieuses pour aiguiser nos appétits de consommateurs. Des espaces fonctionnels quasi invisibles dans les villes, qui échappent souvent à notre attention mais qui font pourtant partie des idéaux dominants actuels. Mais n’ont-ils pas fait long feu avec la vente en ligne?

 K7 Productions conçoit des formes performatives adaptées à différents lieux : banque, bureaux, etc. : « Dans chaque endroit, nous partons de l’architecture et de l’aménagement pour recomposer, puis déconstruire les univers sociaux que ces lieux accueillent, activent ou régulent. » Et la visite, en plus de tisser une narration critique, entraine le public à décoder ces espaces, tout en s’amusant…

 Sabena d’Ahamada Smis

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© Pierre-Gondard_

«Marseille, nous dit-on, est la cinquième ville de l’Archipel», remarque le chanteur d’origine comorienne. Il a réuni autour de lui quatre danseurs et un petit orchestre, pour raconter, en images, mouvements et musique, un massacre, encore inscrit dans la mémoire des Comoriens. Il eut lieu en 1976, à Majunga, à Madagascar et on a appelé les rescapés «Sabena » du nom de la compagnie aérienne qui les avait rapatriés dans leur île.
Ahamada Smis, auteur, compositeur et multi-instrumentiste, mêle le hip hop de sa ville d’adoption aux modulations lyriques et rythmiques de l’océan indien, dans un style « afro-ngoma» (l’afro-beat comorien). Jeff Kellner (guitare), Robin Vassy (percussions), Uli Wolters (saxophone, clarinette, flûte) donnent aux arrangements musicaux de riches couleurs sonores accompagnant avec sensibilité la voix chaude d’Ahamada Smis.

Sous la houlette du chorégraphe, Djo Djo Kazadi, Fakri Fahardine, Inssa Hassna, Mickael Jaume et Sinath Ouk s’insinuent dans la musique et essayent d’illustrer ce drame historique. Mais nous nous serions contentés d’une narration, sans que les danseurs miment la situation… Malgré la qualité des interprètes et la voix envoûtante d’Ahamada Smis, cette réalisation se perd dans un trop plein de signes et la création graphique pourtant cohérentede Mothi Limbu . Nous avons eu du mal à saisir le sens de ce généreux Sabena que le public marseillais venu nombreux sur la place d’Armes du fort Saint-Jean, a pourtant apprécié…

 100% Afro, chorégraphie de Qudus Onikeku

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© Mireille Davidovici

Ce chorégraphe et performeur nigérian a dirigé une cinquantaine de danseurs, repérés à Marseille et aux quatre coins du monde (en particulier sur Internet), pour créer un spectacle géant d’afro-danse. Sur la grande esplanade, à l’entrée de La Friche de la Belle de Mai, le public nombreux circule pour voir des propositions rythmées par un ensemble de musiciens (guitares, bâtons ou autres percussions). Les danseurs, professionnels et amateurs mêlés, nous livrent en une heure trente une suite de pièces, à différents endroits du site.
Qudus Onikeku a travaillé avec eux en ligne, avant qu’ils arrivent à Marseille. Une fois sur place, ces artistes ont eu un temps minimum pour mettre leurs propositions en cohérence.  Nous retiendrons pourtant quelques séquences comme le dernier tableau où, enduits de charbon puis de farine, ils se figent en une sculpture collective. Répétitions et spectacle qui ont été filmés, sont diffusés en ligne sur : afropolis.org. , un site créé pour l’occasion.

 

Mireille Davidovici

Festival de Marseille du 16 juin au 9 juillet 7 rue de la République, Marseille ( II ème) T. 04 91 99 00 20.

* Contact billetterie solidaire : rp4@festivaldemarseille.com T. : 04 91 99 02 53.

Prochaines performances de K7 Productions : Du 6 du 10 septembre,La Bâtie-Festival de Genève (Suisse) : du 6 au 8 octobre, Biennale Internationale des Arts Vivants, Toulouse (Haute-Garonne) ; du 17 au 19 novembre, NEXT Arts Festival, La Rose des Vents, Villeneuve-d’Ascq (Nord) ; du 24 au 26 novembre, NEXT Arts Festival, Kunstencentrum BUDA, Courtrai (Belgique).

En janvier, Les Subs, Lyon (Rhône). Les 18 et 19 mars, Le Maillon, et les 1 et 2 avril, Scène européenne, à Strasbourg (Bas-Rhin).

 

 

 


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