Sans tambour, mise en scène de Samuel Achache, direction musicale de Florent Hubert
Sans tambour, mise en scène de Samuel Achache, direction musicale de Florent Hubert
Ce créateur n’en est pas à son coup d’essai quand il faut essayer de concilier interprétation musicale de grands compositeurs et création théâtrale. Déjà en 2013, avec Le Crocodile trompeur/Didon et Enée, une adaptation de l’opéra de Purcell q’il avait réalisé avec Jeanne Candel et pour Songs il y a trois ans ( voir Le Théâtre du Blog). Avec Sébastien Daucé, chef d’orchestre, à rendre vivante la musique de compositeurs baroques comme John Coperario, Robert Johnson, Matthew Locke, John Banister, William Lawes, Martin Peerson : « Déplacements, transformations et que nous traduirons en jeux et chants. Nous allons tenter de trouver l’écrin de ces paroles qui traversent les âmes et les siècles. »
Pour Sans tambour, à partir d’arrangements collectifs des fameux Liederkreis de Schumann, la soprano Agathe Peyrat chante et très bien, accompagnée par quelques musiciens: saxophone, flûte, clarinette, violoncelle et accordéon, qui sont aussi acteurs, voire accessoiristes quand il faut modifier ou nettoyer le plateau. Ce Sans Tambour dans un belle scénographie de Lisa Navarro, devient vite l’endroit de gags souvent vus mis efficaces ; comme la marche ratée, ou la disparition d’un personnage dans un piano droit qui chute du premier étage de ce bâtiment foutraque, très bien imaginé par Lisa Navarro.
Au premier étage, il y a aussi une douche avec un rideau glauque en plastique sorti tout droit d’un hôtel bas de gamme des années cinquante. Et les murs en placo-plâtre qui séparent la cuisine du reste du texte entre le trivial et le métaphysique sont cassé sà coup de masse. Une déconstruction en total désaccord avec la musique intimes écrites par Schumann Le metteur joue sans cesse sur un effet de contraste entre une interprétation de haute qualité et gestuel burlesque de l’action renforcé par les sons d’un piano préparé façon John Cage. Ici, les gags se succèdent : amours de Tristan et Yseult, catastrophes à la Buster Keaton, dont un remarquable équilibre sur une petite table dont Lionel Dray aux airs de Groucho Marx debout en équilibre va défoncer les plateaux.
Il y a, aux meilleurs moments, une belle poésie dans cet accord-désaccord permanent entre musique et magma scénique, lequel sera soigneusement rangé et balayé par les interprètes eux-même. Et quand Lionel Dray lance une canne à pèche télescopique vers le public, il y a de l’absurde poussé au degré maximum. Il forme avec Sarah Le Picard un drôle de couple.
Il y a sans doute des longueurs mais l’ennui, disait John Cage, fait partie des happenings dont ce Sans Tambour aux allures de douce provocation est un cousin germain. Mais avec ces courtes scènes sans vrai fil rouge, le spectacle issu d’une écriture collective (et cela se sent), gagnerait quand même beaucoup à être resserré… Enfin pour une fois qu’il y a une création comique même fondé sur l’effondrement partiel d’une maison dans le théâtre contemporain et dans le In, nous n’allons pas faire la fine bouche. Et la fin, avec un chant collectif a cappella, est de toute beauté.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 13 juillet à 22h, Cloître des Carmes, Avignon.
Les 8 et 9 mars, Théâtre de Lorient ( Finistère).
Les 16 et 17 mars aux Théâtres de la Ville de Luxembourg.
Les 28 et 29 mars au Grand R de La Roche-sur-Yon. ( Vendée).
les 12 et 13 avril au Théâtre de Caen (Calvados)