Festival d’Avignon : Via Injabulo, par Via Katlehong Dance, chorégraphies de Marco Da Silva Feirrera et Amala Dianor
Festival d’Avignon
Via Injabulo, par Via Katlehong Dance, chorégraphies de Marco Da Silva Feirrera et Amala Dianor
Ces chorégraphes, qui ont travaillé en Afrique du Sud, ont eu carte blanche pour, chacun à sa façon, mettre en valeur les talents de la compagnie Via Katlehong qui a dédié ces représentations à Ousmane Sy, prématurément disparu (voir Le Théâtre du blog). Créée en 1992, la compagnie tire son nom de celui d’un township de Katlehong, près de Johannesburg. A Katlehong, moins connu que Soweto à Pretoria, il y a eu de nombreuses arrestations en 2019.
Et même si l’Afrique du Sud a aboli l’apartheid en 1991 et malgré des avancées sociales, les townships restent des enclaves de pauvreté où les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes. Grâce à des associations culturelles, l’art est un moyen de leur offrir une perspective d’avenir. A partir du pantsula, une danse urbaine de contestation, Via Katlehonga inventé un style unique en combinant la tap dance, le step et le gumboots, la danse des mineurs avec frappe des mains sur des bottes en caoutchouc. Les interprètes ont entre vingt-huit et trente-cinq ans ; trois d’entre eux viennent de Katlehong et les autres des environs de Johannesburg.
Form Informs de Marco Da Silva puis Emaphakathini d’Amala Dianor : une bombe d’énergie libératrice sur soixante-dix minutes. Les danseurs, en tenue quotidienne : survêtements et baskets, tels des félins, arrivent et sentent l’espace de cette magnifique cour minérale, avant de s’y lancer. Une jeune femme entame un solo dans le silence, puis sur la musique électro de Jonathan Uliel Saldanha, se succèdent des chorégraphies de groupe, avec une précision et une rigueur bluffantes. Les mouvements vifs et rythmés nous emportent dans une furie sonore. Et une danseuse décolle un tapis du sol, pour que son partenaire sente la résonance du bois du plateau sous ses pas,
Défis entre les artistes et battle… La partie d’Amala Dianor est plus théâtrale et les danseurs jouent avec le public et distribuent des cannettes sorties de glacières, comme c’est le cas dans leur pays quand ils improvisent une fête. Avec échanges de paroles ou sifflets : un moyen de communication dans les townships. Ce spectacle, fruit de métissages, emporte l’enthousiasme du public.En criant, en sifflant, en frappant des pieds et des mains, le public participe à la fête, symbole d’une certaine fureur de vivre. Les danseurs de la compagnie Via Katlehong invitent régulièrement des chorégraphes internationaux à travailler avec eux, comme cette année Marco da Silva Ferreira et Amala Dianor.
Jean Couturier
Jusqu’au 17 juillet à 22 h, Cour minérale, Université d’Avignon.
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