One song, Histoires du Théâtre IV, conception, texte, mise en scène et scénographie de Miet Warlop, musique de Maarten Van Cauwenberghe

One song, Histoires du Théâtre IV, conception, texte, mise en scène et scénographie de Miet Warlop, musique de Maarten Van Cauwenberghe

Cela se passe dans la cour du lycée Saint-Joseph sur un grand plateau. A l’entrée de gentilles  ouvreuses nous conseillent de nous mettre dans les oreilles des bouchons de mousse offerts par les festival car, disent-elles, le son est vraiment très violent. Effectivement, entre musique électro et batterie très amplifiée, on est vite et longuement abreuvé…

© Ch. Raynaud de Lage festivald 'Avignon

© Ch. Raynaud de Lage festival d’Avignon

Côté jardin, une longue barre de gymnastique en bois où va jouer constamment en équilibre une jeune violoniste, en fond de scène des gradins où sont assis quelques garçons et filles qui applaudissent en rythme et en chœur, tout en hurlant dans des micros HF. En haut des même gradins, une femmes en salopette rouge avec trois jambes,  hurle un texte au micro que l’on ne comprend pas.

Il y a aussi un jeune homme installé sur une plaque de bois souple sautant tapant de la main un tableau ou tapant sur une planche-levier qui va battre une caisse claire, un autre court face public sur un tapis roulant pendant presque tout le spectacle Et un danseur, majorette- pom-pom girl qui va souvent courir sur le plateau., puis se couvrir la tête d’une grosse perruque noire . Un musicien allongé joue de la contrebasse. Et de l’eau inondant le plateau y compris la batterie. Les interprètes nettoient ensuite avec de grandes serviettes-éponges pendant de longues minutes. Tout à fait passionnant…

Miet Warlop, artiste flamande, travaille à Bruxelles et nous avions beaucoup aimé son spectacle d’inspiration surréaliste à Dijon en mai dernier. (voir Le Théâtre du Blog). Pour After All Springville, elle avait conçu une maison en matériaux de récup, avec des créatures-objets fantastiques, le tout  dans un climat burlesque des plus réjouissants.
Ici, on ne rit plus! Et elle se
lance dans une performance au sens premier du mot dans une dramaturgie (sic) de Giacomo Bisordi, avec des gymnastes-acteurs-musiciens qui mouillent leur chemise, surtout quand il fait encore plus de 30° le soir: Simon Beeckaert, Kris Auman, Elisabeth Klinck, Willem Lenaerts,Milan Schudel, Melvin Slabbinck, Joppe Tanghe, Karin Tanghe, Wietse Tanghi, Imran Alam, Stanislas Bruynseels, Judith Engelen, Flora Van Canneyt. A la fin, ils s’écroulent tous et sortent de cette épreuve épuisés… Nous pensons bien sûr au fameux roman On achève bien les chevaux d’Horace Mc Coy (1935) et dont Sydney Pollack avait tiré un film.

Ce  One  Song s’apparente à une sorte de rituel prétentieux avec, pour élément principal, la répétition gestuelle sur une soupe musicale rythmée et assourdissante. Sur le plan plastique, c’est loin d’être laid… Mais les images n’ont rien de très originales! Et c’est une fois de plus la même histoire : Miet Warlop ici gère mieux l’espace que le temps! Et sa performance -sur le plan technique réalisée avec soin- mais singulièrement vide de sens, aurait quand même été plus convaincante en une vingtaine de minutes… Oui, mais alors comment un public payerait-il pour un temps aussi court? Alors, seule solution, on fait durer cette chose cacophonique.
Rien de bien nouveau ici! L’épuisement physique et/ou la blessure infligées au corps a été largement exploité dans les performances et le body-art dans les es années soixante-dix: Piero Manzoni,Yves Kein, Joseph Beuys,.Vito Acconci, Gina Pane, les actionnistes viennois comme Otto Muehl, Rudolf Schwarzkogler, etc. Bref, des artistes dont ses enseignantsont dû parler à Miet Warlop quand elle suivait les cours d’une école d’art mais elle a dû oublier…

Que veut-elle nous dire au juste? L’effondrement physique de ceux qui accomplissent les travaux les plus ingrats dans la société capitaliste? Ou simplement l’extrême fatigue du corps qui nous guette tous? Pourquoi Olivier Py est-il allé chercher cette copie poussiéreuse qui ne fait jamais sens? Pour faire contemporain? Désolé mais ce genre de performance dont les origines sous l’influence du mouvement Dada remonte à un siècle, alors stop !
Le public était partagé; des jeunes gens sans doute habitués à un maximum de décibels dans les concerts, semblaient apprécier et y trouver leur compte, les autres spectateurs beaucoup moins, et n’ont pas applaudi…Olivier Py nous dira sans doute que nous n’avons rien compris à cette grande œuvre mais il aurait pu nous épargner cette épreuve…

Philippe du Vignal

Performance vue le 13 juillet et présentée du 9 au 14 juillet dans la cour du lycée Saint-Joseph, 52 rue des Lices, Avignon.

 

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