EX-POSE(S) chorégraphie de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux

EX-POSE(S) , chorégraphie d’Héla Fattoumi et Éric Lamoureux

 

Devant l’imposant Wall Painting # 1143 de Sol Lewitt, des bandes arc-en-ciel parallèles, courant en trompe-l’œil sur les murs d’une galerie à la Collection Lambert, deux duos chacun en trente minutes. L’un au féminin, l’autre au masculin. Les chorégraphes s’aventurent souvent hors des théâtres pour des performances in-situ et le dialogue peinture-danse est ici particulièrement réussi.
Très proches du public, les corps dansants se détachent sur ce fond coloré. Ils ont une densité charnelle: l’énergie circule de l’un(e) à l’autre selon différentes rythmiques. Et mises bout à bout, ces pièces se répondent dans une intéressante asymétrie.

 EX-POSE(S) au féminin

© Laurent Philippe

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Cette pièce joue sur le noir des costumes et des longues nattes des danseuses. Quasi jumelles, elles adoptent, au son impérieux d’une clochette, des postures hiératiques longtemps tenues. D’abord loin l‘une de l’autre, elles s’essayent à donner à leur corps, et surtout à leur visage, des expressions qui rappellent des têtes grimaçantes de statues du Moyen-âge ou de certains masques africains.
Les chorégraphes se sont inspirés des sculptures d’Henri Laurens (1885-1954) :
La petite musicienne et La petite espagnole (1932), qu’ils ont découvertes à la Donation Jardot à Belfort et qui mettent en valeur les courbes du corps féminin. Mais bientôt Meriem Bouajaja et Chourouk El Mahati vont abandonner cette recherche plastique solitaire pour entremêler leurs corps, puis, partant dans des mouvements moins contraints, ils libérent leur énergie, jusqu’à folâtrer allègrement. Une douce connivence émane de cette sororité pimentée d’un brin de sensualité et d’humour.

EX-POSE(S) au masculin

© Laurent Philippe

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Torses nus, stricts shorts noirs, peau contre peau, lentement ils déroulent leurs jambes et leurs bras comme pour une lutte au ralenti. Avec des mouvements au bord de l’étirement, ils se malmènent doucement : chaque muscle de leur corps et chaque expression de leur visage se sculpte avec une extrême précision.

Nous entrons dans l’intimité d’un combat entre brutalité et tendresse fraternelle : gros plan sur un visage, sur deux pieds qui se cherchent et s’amusent à s’affronter…

Cette pièce s’inspire d’un sculpture d’Ousmane Sow (1935-2016) : Les Lutteurs corps à corps, Place de Valois à Paris. Comme dans la pièce précédent,e Mohamed Chniti et Mohamed Fouad vont s’affranchir de cette statuaire anatomique, pour des solos s libératoires. Emane de ce beau corps-à-corps, une sensuelle et mâle interaction, sans ambiguïté.
Allez voir ces pièces promises à une belle tournée.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 19 juillet à la Collection Lambert, rue Violette, Avignon.

 

 

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