Time to tell , conception et mise en scène de David Gauchard et Martin Palisse
Festival d’Avignon
Time to tell , conception et mise en scène de David Gauchard et Martin Palisse
«J’ai appris à jongler à seize ans. (…) Un nouveau départ dans ma vie», dit Martin Palisse. « L’école de cirque, ce n’était pas pour moi, vu mes capacités physiques. » Pourtant, entré au Centre National des Arts du Cirque, il est allé jusqu’au bout de son envie, dans un corps à corps pugnace contre la maladie. Entre jonglerie et confidences, il nous raconte comment il a pu, seul contre tous, grâce au cirque… et à la chimiothérapie, négocier avec la mucovicidose, une maladie génétique incurable.
«C’est un héritage. Je suis delta F 508 homozygote, déformation sur le gène numéro 7. L’altération de la protéine CFTR est à l’origine de la maladie… Il y a deux grands symptômes : pulmonaire et digestif. » Mais pas question de nous tirer des larmes, il met à distance sa maladie qui détermine toute sa vie, en jonglant sobrement, avec de petites balles blanches et noires qui, comme les dés du hasard qui l’a désigné comme malade, tombent du bon, ou du mauvais côté…
Le temps -dans le titre de la pièce- est celui que l’artiste prend à nous raconter, mais aussi celui qu’il a gagné, en faisant reculer l’échéance d’une mort annoncée dès sa naissance, grâce à une bagarre de tous les jours. Ce temps rythme son spectacle : de l’exposé calme de son histoire, à la démonstration jonglée des figures du destin, jusqu’à une course soutenue sur un tempo de plus en plus vif qu’il maîtrise, comme son souffle qu’il a appris à mesurer.
Martin Palisse, qui dirige aujourd’hui le Sirque Pôle National Cirque à Nexon (Corrèze) ne fait ni dans le pathos ni dans le spectaculaire. Proche du public grâce à un dispositif bi-frontal, il conclut sobrement: « Il faut vivre avant de mourir.» Pour lui, le temps est compté mais ne l’est-il pas aussi pour nous tous? En nous renvoyant à de futures incapacités, ce jongleur, philosophe et subtil humoriste, nous donne une belle leçon pour tenir notre propre fin à distance.
Mireille Davidovici
Jusqu’au 24 juillet, navette à 11 h 55 précises à La Manufacture, 2, rue des Ecoles, Avignon, pour aller à la Patinoire. T. : 04 90 85 12 71.