Fantasia, chorégraphie de Ruth Childs

Festival d’Avignon 2022

 Fantasia, chorégraphie de Ruth Childs

Cw-2t-tG

© Agnès Mellon

Une performance d’une heure de cette danseuse anglo-américaine installée à Genève depuis 2013 sur des musiques classiques du film de Walt Disney, comme L’Allegro mal non troppo de la Symphonie n° 6 in F Majeur de Ludwig van Beethoven, L’Arabian Dance ou la Russian Dance. «Un plongeon, dit-elle, dans les couches intimes de mes souvenirs physiques et émotionnels, déclenchés par la musique classique que j’écoutais enfant. »

Recroquevillée au sol dans un coin du plateau, perruque et maillot couleur parme, elle laisse son corps sortir de la léthargie et s’éveiller lentement au rythme de la musique. Ses bras s’agitent comme les ailes d’un oiseau chétif pour retomber, avant qu’elle se lève enfin, portée par les notes vives de la bande-son de Fantasia. Ces tubes classiques souvent rabâchés -en anglais : fantasia- sont ses partenaires et l’amènent à changer de costume, comme on change de peau ou d’humeur. Chemises et perruques passeront ainsi par le blanc, le rouge, le vert, le noir…

Ces transformations spectaculaires s’accompagnent d’une danse minimale où Ruth Childs s’abandonne au seul plaisir de se mouvoir et d’osciller sur ces airs enjoués. Sans piocher dans la gestuelle du répertoire classique ou contemporain dont elle a été abreuvée. Une petite fille qui s’amuse à se déguiser et à bouger… tout simplement. Mais parfois, dans cette harmonie vibratoire entre corps, musique et couleur, la chorégraphe introduit des dérapages sonores, comme si quelques chose dans son corps rechignait à se laisser emporter, à lâcher prise. Des parasites sonores mettent ses mouvements à l’arrêt grâce à un micro branché sur son corps qui peut activer ou arrêter la musique…

 Puis, endiablée, elle ne s’arrêtera plus de danser sur le Molto Vivace, de la Symphonie n°9 de Ludwig van Beethoven: comme la petite fille des Chaussons rouges  un conte de Hans Christian Andersen. Mais elle arpente le plateau avec bonheur, d’un pas léger, affranchie des règles chorégraphiques qu’elle a reçues en héritage de sa tante Lucinda Childs dont elle a recréé les premières pièces. Une belle et joyeuse énergie émane du premier solo de cette artiste associée à l’Arsenic-Centre d’art scénique contemporain de Lausanne.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 16 juillet, dans le cadre de la Sélection suisse en Avignon du 8 au 25 juillet, aux Hivernales-Centre de Développement Chorégraphique National, 18 rue Guillaume Puy, Avignon T. : 04 90 82 33 12.

 

 

 

 

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