FUTUR PROCHE, chorégraphie de Jan Martens avec l’Opéra Ballet Vlaanderen
Festival d’Avignon
Futur proche, chorégraphie de Jan Martens avec l’Opera Ballet Vlaanderen
Le festival accueille rarement un corps de ballet. L’Opéra d’Anvers et Gand, qui a fusionné avec Ballet Vlaanderen en 2014, s’ouvre à la danse contemporaine, avec des chorégraphes comme Anne Teresa de Keersmaeker, Crystal Pite ou Germaine Spivey. Il a obtenu l’an dernier le Prix de la meilleure coproduction européenne du Syndicat de la critique avec Der Silbersee. Jan Martens, artiste associé du Ballet, vient ici enrichir son répertoire avec une pièce composite, où il déplace la technique de la danse classique vers de nombreux styles, autour de musiques contemporaines pour clavecin.
Un instrument déjà présent dans Any attempt will end in crushed bodies and shattered bonesay, créé en Avignon l’an passé au lycée Saint-Joseph, et il occupe ici une place centrale, au milieu d’un banc de dix-huit mètres, presque toute la longueur du plateau.
Au clavier, la Polonaise Goska Isphording, « mise en scène de façon pontificale », plaque des rythmes et sonorités inattendus. Le chorégraphe belge inscrit ainsi concrètement la musique comme élément structurel de sa pièce. Les dix-sept interprètes avec deux enfants) dansent pendant une heure trente, sur des compositions peu connues de Pëteris Vasks (1946), Janco Verduin (1972), Anna Sigríður Þorvaldsdóttir , Garciane Finzi (1945) Aleksandra Gryka (1977). Nous sommes heureux de découvrir ces sonorités métalliques et vigoureuses comme les tableaux successifs, d’une grande liberté.
Les danseurs flânent d’abord, en tenue de sport, tout en se préparant à entrer en piste avec une étonnante décontraction. Ils ne changeront pas ou peu de costume et la chorégraphie garde un esprit de liberté de tableau en tableau, interrogeant aussi l’avenir de notre monde comme le suggère le titre. Jan Martens se joue des codes formels avec des effets de citation, alternant mouvements lents, postures tenues et déplacements vifs, voire courses ou cavalcades ludiques. Ses interprètes virtuoses aux postures personnelles vont ensuite se fondre dans des mouvements d’ensemble. Le créateur ménage les effets de surprise, comme ces projections géantes sur le haut mur de la Cour d’Honneur Palais des Papes où les corps semblent flotter, ou cet amusant cérémonial : une partie de baignade collective, dans une grand baquet qu’on a pris le temps de remplir en apportant des dizaines de seaux d’eau. Comme pour déjouer la canicule qui sévit…
Avec une scénographie rigoureuse, Joris van Oosterwijk souligne le format panoramique des déplacements et les éclairages d’Elke Verachtert découpent l’espace en zones d’ombre où les interprètes se replient. Le chorégraphe applique les recherches intimistes de ses petites pièces à ce grand format, en ménageant entre les vifs mouvements collectifs, des moments de silence interrogatif ou de flottement dubitatif . « Futur proche, dit-il, évoque les grands défis à relever et l’absence d’actions probantes pour y faire face. (…) Le banc a une connotation de repos, d’absence de participation. C’est aussi un endroit où les gens peuvent se rencontrer et où peut naître la révolte. »
Mireille Davidovici
Jusqu’au 24 juillet, Cour d’Honneur du Palais des Papes, Avignon.
Du 23 septembre au 1er octobre De Singel, Anvers (Belgique).
Du 18 au 26 novembre Vlaamse Opera Gent, Gand ( Belgique).
Le 21 avril, Cultuurhuis de Warande, Turnhout et du 26 au 28 avril. Théâtre de la Ville, Paris (VIII ème).
Le 10 mai, Concertgebouw, Bruges, (Belgique).