Festival d’Avignon Ça va ça va le monde ! R.F.I.
Festival d’Avignon 2022
Ça va ça va le monde ! R.F.I.
Opéra poussière de Jean D’Amérique (Haïti) mise en lecture d’Armel Roussel
Une voix d’outre-tombe se souvient du monde sensible des vivants : Sanite Bélair résistante anti-colonialiste, née en 1781 a été assassinée en en 1802 par les Français pour avoir constitué et mené un groupe de rebelles. Elle reste absente des livres d’histoire et des espaces dits de mémoire. Cette pièce est « une tentative de réveiller cette héroïne de la poussière. » Grande Brigitte et Baron Samedi qui veillent sur le Peuple des ossements, l’autorisent à revenir d’entre les morts : « Une urgence d’Histoire ».
Les quatre héros de l’Indépendance s’ennuient en statues sur le Champ de Mars quand Sanite Bélair fait irruption, alors que la télévision annonce une singulière agitation sur les réseaux sociaux : elle a lancé le mouvement #HéroïneEnColère pour réclamer sa place dans la parmi les «pères» de la patrie. Car les femmes sont systématiquement oubliées des luttes. « Je suis la dernière génération/ des cadavres en vacances/ j’ai fini mon temps de silence/ je révoque mon destin de poussière /la rue m’appelle à travailler la vie/ à bout de sueurs et de feu/ la vie m’appelle à me réveiller du tombeau de l’oubli »
Le lauréat du Prix R.FI Théâtre 2021 signe ici un poème dramatique dialogué, rythmé par le chœur des morts. Mêlant mythologie vaudou et univers numérique, la pièce emplie d’énergie et d’humour est publiée aux Editions Théâtrales, à la suite de Cathédrale des cochons, chez le même éditeur. Son premier roman, Soleil à coudre a reçu le Prix Montluc Résistance et Liberté 2022.
Fantôme de Dieudonné Niangouna (République du Congo) mise en lecture et version radiophonique de Catherine Boskowitz
Trois frères et sœurs, accompagnés de leur neveu, s’apprêtent à vendre la maison d’un père, et grand-père, qu’ils n’ont pas connu. Mais un vieillard énigmatique, venu s’abriter de la pluie, sème la zizanie. Sorte de sorcier blanc, il ravive une vieille histoire de famille, celle du père, mort à en Afrique en chassant le rhinocéros blanc. Au fil de discussions tapageuses, les personnages essayent de démêler les secrets de famille liés à la colonisation. Fantôme revêt une forme surprenante pour les habitués de l’écriture explosive deDieudonné Niangouna.
Le dramaturge, metteur en scène et comédien répondait ici à une commande du Berliner Ensemble pour des comédiens allemands: «Je leur raconte leur colonisation du Cameroun, dit-il. Une histoire racontée par les enfants des colonisateurs avec des scènes à l’européenne. Avec la psychologie et la langue du Colon. Je suis loin de mon écriture en spirale.»
Malgré cette rigueur dramaturgique, on retrouve son attitude subversive, nourrie par la langue poétique de Sony Labou Tansi. Dieudonné Niangouna vient d’obtenir pour l’ensemble de son œuvre le prix du Jeune Théâtre Béatrix Dussane-André Roussin décerné par l’Académie française et il prépare une création pour la MC93, Portrait Désir.
Mireille Davidovici
* Diffusion des lectures par R.F.I.A l’antenne et en podcast :
Opéra Poussière de Jean D’Amérique (Haïti) le 30 juillet à 17 h 10.
Course aux noces de Nathalie Hounvo Yekpe (Bénin) 6 août à 17 h 10.
Terre Ceinte de Mohamed Mbougar Sarr (Sénégal), le 13 août à 17 h10.
Celle des îles de Koulsy Lamko (Tchad) le 20 août à 17 h10.
Procès aux mémoires de Laura Sheïlla Inangoma (Burundi) le 27 août à 17 h10.
Fantôme de Dieudonné Niangouna (République du Congo) le 3 septembre 17 h 30.
A retrouver sur Facebook.
Toutes les lectures des années précédentes sont également à (ré)écouter sur rfi.fr.