Festival d’Avignon Le Sacrifice, chorégraphie de Dada Masilo

Festival d’Avignon

Le Sacrifice, chorégraphie de Dada Masilo

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©Ch. Raynaud de Lage

Avec cette pièce en une heure pour dix interprètes, la chorégraphe sud-africaine explore le minimalisme de la danse tswana, en regard du Sacre du printemps d’Igor Stravinski. Rythme et fluidité accompagnés par une chanteuse et trois musiciens. Un joli moment … Passée par la danse classique et ensuite par Performing Arts Research and Training Studios d’Anne Teresa De Keersmaeker, Dada Masilo revisite des ballets classiques (Le Lac des Cygnes, Carmen…) à l’aune des danses contemporaines européennes et africaines «Mêler les danses de différentes cultures, dit-elle, permet de composer avec d’autres dynamiques  et m’aide surtout  à éviter l’écueil de la signature chorégraphique.»`Pourtant, nous reconnaissons sa danse serpentine, quand elle apparaît, svelte, sur un grand carré de lumière blanc. Ondulations du buste et des bras, coups de reins et frappes du pied. Torse nu, elle se désigne d’entrée comme la future sacrifiée. Puis, à la tête de sa tribu bien policée, elle va la mener avec autorité.
Les costumes de l’ensemble nous surprennent et la gestuelle douce et ample rappelle, comme la musique, le ballet interprété par Vaslav Nijinski. Tlale Makhene aux percussions, dose ses effets, Leroy Mapholo fait vibrer son violon en mêlant accents africains et mélodies du compositeur russe. Et Nathi Shongwe fait sonner le piano électrique pour accompagner la voix puissante d’Ann Masina.

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©Ch. Raynau de Lage

La compagnie a travaillé avec un professeur de danse tswana fondée sur une rythmique au contre-tempo contenu et à la gestuelle féline avec des élans soudains de prédateurs qui rappellent les échappées des ballets russes. Dada Masilo établit un parallèle entre le rite du passage du printemps et le tswana, rituel de son ethnie. L’Afrique du Sud accueille nombre de Botswanais et cette danse est très populaire à Johannesburg… Dans ce cérémonial, on invoque ensemble les ancêtres avec des offrandes. Ici,  les danseurs vont brandir des fleurs de lys après quelques prières et incantations collectives.

Puis dans une dernière séquence, le sacrifice s’accomplit et Dada Masilo portée en offrande, restera au sol. L’imposante cantatrice entonne alors devant son corps inerte et frêle, une mélopée venue du fond des âges. Le moment d’émotion qu’on attendait pendant tout ce ballet impeccablement exécuté, fluide et gracieux, mais un peu trop lisse et attendu pour nous surprendre .

 

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 25 juillet, cour du lycée Saint-Joseph, rue des Lices, Avignon.

 Du 29 septembre au 2 octobre, Kampnagel Hambourg ; le 5 octobre, Théâtre des Salins, Martigues (Bouches-du-Rhône).

Du 15 au 17 novembre, Bonlieu-Annecy (Haute-Savoie) et le 9 novembre, L’Ombre, Velizy (Yvelines).

Du 7 au 10 décembre, La Villette, Paris, (XIX ème); le 13 décembre, Théâtre Jean Vilar, Suresnes (Hauts de Seine) ; les 15 et 16 décembre, Théâtre Saint-Quentin-enYvelines (Yvelines) .
Le 16 janvier, Théâtre Equilibre, Villars-sur-Glâne (Suisse), et du 25 au 28 janvier, Théâtre de Caen (Calvados).


Archive pour juillet, 2022

Festival d’Avignon: Soudain, Chutes et envols, de Marie Dilasser, mise en scène de Laurent Vacher

Festival d’Avignon

Soudain, Chutes et envols de Marie Dilasser, mise en scène de Laurent Vacher

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 Arrivés au théâtre de La Manufacture, les spectateurs sont invités à prendre un car à destination du Château de Saint-Chamand, proche d’Avignon. Brise et ciel bleu d’azur, à l’ombre des grands arbres… Le public sur des bancs face à un espace scénique bi-frontal. Un havre de paix! Soudain, des voix et des cris joyeux.. Un jeu de cache cache?
Trois adolescentes se poursuivent et rejoignent le public. L’une d’elles se met à siffloter. Comme pour répondre discrètement au chant des oiseaux ou lancer un appel complice à ses camarades. Signe sonore qui nous invite à la représentation d’un récit théâtral et poétique sur l’état amoureux.

Sur un rythme vif ou délicat, Cookie, Guido, Joey, magnifiquement interprétées  par Inès Don Nascimento, Ambre Dubrulle et Constance Guiouillier, formées à l’Ecole Supérieure de Comédiens par l’Alternance au Studio-Théâtre d’Asnières, se lancent corps et âme à la découverte de l’univers capricieux, violent ou merveilleux de l’amour qu’elles vont nous faire partager: «L’amoureux, écrivait Roland Barthes, s’arrache à son propre point de vue pour porter sur lui-même et le monde le regard d’autrui, subit l’épreuve du doute après l’enthousiasme et nourrit sa réflexion d’incertitudes. Il ne sait plus ce qu’il sait, cherche ses mots, ne sait comment définir l’être aimé et craint d’être sot. Cette hésitation essentielle l’affranchit de la présomption et de l’idiotie. L’idiot, en effet, ne connaît pas l’amour et ses dérèglements : il est partout chez lui, jamais troublé ni dérangé par personne. »

Le sexe, la recherche d’identité, la présence du corps au monde, la solitude, l’attente idéalisé de l’autre, les carcans moraux de la société, les parents et l’éducation : la Mère de Guido  « Trixie (qui n’est autre que Guido) s’est échappée par la fenêtre pour exister. ». Le Père de Guido: «Trixie s’est enfuie par la fenêtre pour devenir… » Guido: « Un étranger. Un vagabond. Un animal sauvage. Un transfuge. » La Mère de Guido: « Guido, personne ne nous avait préparé à ça, nous ne savons plus comment t’aimer, aide-nous, apprend-nous. » Guido : « Un étranger. Un vagabond. Un animal sauvage. Un transfuge. »

Tous ces thèmes traversent avec grâce cette pièce pleine d’esprit. L’autrice dresse un tableau pérenne du sentiment amoureux et de l’état physique et psychologique qu’il provoque à l’âge tendre.  Cookie :« Tu veux être encore avec moi ? Joey : «Nous avons lié nos corps, nous sommes sur la même fréquence. Mais elle peut se couper à tout moment.» Cookie : «Sans prévenir?» Joey: «Nous ne pourrons pas toujours être sur la même fréquence. Ça peut couper par moment et ça n’empêche pas qu’on puisse se retrouver.» Cookie : «Tu crois qu’on peut naviguer en dehors de ce parc ? Joey : «C’est le même principe, sauf qu’on a les pieds au sol. »

Les dialogues écrits dans une langue poétique subtile, métaphorique ou directe, avec les mots et les attitudes de la jeunesse actuelle, s’entrelacent avec les mouvements très expressifs. La force du langage par le corps! Le vocabulaire semble parfois insuffisant pour exprimer l’indicible, le doute, la joie et le trouble. Le public suit avec bonheur et émotion ces situations successives à la fois cocasses, tendres et tragiques. Et exprimées avec originalité, les trouvailles jubilatoires et effets magiques. Sur des musiques séduisantes, en parfait accord avec l’état amoureux : humour, sensualité et tristesse sont au rendez-vous ! …    

L’espace du parc renforce la légèreté profonde des liens entre les personnages, leur traversée au pays de l’amour et rend encore plus dense, cet univers habité de fantasmes, idéal, beauté et liberté recherchée. Pour ces jeunes filles, le parc, à la différence de la ville, est l’espace de tous les possibles et de leur imaginaire. Marie Dilasser n’a pas écrit seule, et en amont du spectacle, ce texte pour trois actrices,  qui lui a été commandé par Laurent Vacher. Le metteur en scène a fait appel à des comédiens et en complicité avec l’autrice,  a eu lieu un travail de  plateau à partir du célèbre Kontakthof de Pina Bausch : «Il nous a semblé que pour aborder un tel tème : l’état amoureux, il fallait passer par le corps. »
Marie Dilasser et Laurent Vacher se sont surtout inspirés de Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, mais aussi du  Banquet  de Platon, de La Logique de la sensation  de Gilles Deleuze à propos de Francis Bacon et des œuvres du peintre, mais aussi des photos de Nan Goldin. Et  un travail conséquent de terrain a eu lieu : interviews, errances, observation de couples, surtout dans l’espace public. Cette démarche met en lumière, la question du processus de création et au cours de l’élaboration du spectacle,  toute l’équipe s’est consacrée aux actions sur le vif, improvisations, pulsions éphémères, sensations ou émotions traversant le corps et l’esprit de l’artiste, du poète et des comédiennes. Pour, ensuite passer à la mise en forme et accompagner l’écriture de Marie Dilasser.

Un spectacle en plusieurs tableaux au titre, réaliste ou métaphorique : La Robe, Quoi, La Rencontre, L’Enlèvement, Les Plurivers, La Transformation, La Peau… Et ce parc, espace à la fois naturel et scénographique,  devient peu à peu un chemin entre les diverses situations théâtrales. Laurent Vacher et Marie Dilasser ont réussi à constituer une unité dramaturgique, reliant ces fragments de vie. Et ils ont su trouver une forme esthétique en résonance avec l’énigmatique -et pourtant universel- «état amoureux».
La pièce évoque les premiers  émois sentimentaux mais s’adresse aussi aux adultes de toute classe sociale, à tous ceux qui ont su garder leur âme d’enfant. Angoisses, désir d’absolu, jalousie, idéalisation de l’être aimé… tout cela persiste, quelque soit l’âge. Nous sommes à la fois surpris et charmés. Un réel moment de plaisir et de réflexion sur ce qui éblouit ou assombrit la chose la plus précieuse dans la vie…A ne pas manquer…

Elisabeth Naud 

 Jusqu’au 26 juillet, La Manufacture, 2 bis rue des Ecoles, Avignon. T.: 04 90 85 12 71. Navette à 10 h 40 précises. Relâche le 20 juillet.

Festival Paris l’Été: À l’abri des forêts, exposition de Johnny Lebigot

Festival Paris l’Été

À l’abri des forêts, exposition de Johnny Lebigot

 Il cherche, regarde, recueille, collectionne, glane, ramasse, classe, choisi et, il voit dans tous ces petits restes de vie une autre vie, justement, et nous la donne à voir. C’est le travail de l’artiste. Avec une précision de quincaillier, Johnny Lebigot range ses trouvailles par catégories, dans de petits tiroirs. Tout ce que pour la plupart nous ne regardons pas, dont on se détourne même avec un léger dégoût, ou que l’on jette sans y penser : gracieuses arrêtes de poissons, petits os, plumes, feuilles mortes, bouts de squelettes et d’élytres, branches tombées, simples mouches… Il les rassemble avec amour et les combine dans ses créations.

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Il faut avoir un regard d’enfant, et nous l’avons tous, même si nous ne le cultivons pas, pour voir dans l’écorce tourmentée d’un pin tombé, le fossile végétal d’un dinosaure oublié. Les arbres se revêtent de plumes, les branches battent des ailes, sous le contrepoids d’un caillou troué simplement pendu à une ficelle. Et tout ce bric-à-brac mort, venu du vivant, devient autre chose qu’un jouet poétique. Il nous parle de la continuité de la vie, dont la mort fait partie, et d’une nature dont les limites ne sont plus si fermes, ni fermées.

Il y a là de la sorcellerie, avec ce qu’elle peut avoir de très beau, comme ces coiffes et couronnes rayonnantes d’épis et de plumes que l’artiste peut poser sur votre tête. Il y a là le rêve de mondes lointains, de cultes « primitifs » qui font un peu peur et fascinent, et le sentiment confus d’une puissance cachée.  Johnny Lebigot la veut protectrice, puisqu’il a placé son travail sous le titre A l’abri des forêts.
Cette exposition continue Les Habitants du bois, des chroniques fantasques d’une e une création originale entre arts plastiques, théâtre, danse, musique, élaborée en résidence au Théâtre de l’Aquarium, au cœur du bois de Vincennes, par la Revue Éclair avec Corinne Miret, Stéphane Olry et Jean-Christophe Marti.

Un seul regret: l’exposition, avec sa sauvagerie, est cantonnée à une salle au rez-de-chaussée du lycée Jacques Decour ne déborde pas sur sa cour d’honneur, et ne vient pas taquiner ou heurter la végétation décorative. Il est vrai que la forêt est fragile, et a besoin de protéger ses secrets…

Le lycée en vacances est devenu le centre, le point fixe de Paris l’Été, avec tout un éventail de propositions artistiques originales, chant: Nuit portugaise, danse : Joseph Nadj, Fouad Boussou…, théâtre: Julien Gosselin, Pierre Guillois, Léna Paugam , marionnettes : Johany Bert, radio : Cécile Lena… Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, les directeurs artistiques du festival, reçoivent aussi des spectacles chez eux, au Monfort, 106 rue Brancion, Paris (XV ème), à la Villette et au Théâtre de l’Atelier, Paris (XVIII ème).
Mais ils ont aussi étendu leur territoire à toute l’Île de France, après avoir commencé en fanfare, si l‘on ose parler ainsi de Maurice Ravel et de son Boléro, avec le chorégraphe Angelin Preljocaj au Louvre ! À suivre, donc, dans dix-neuf lieux nous rappelant que Paris c’est  le parvis de Notre-Dame, point initial des routes nationales en France, mais aussi sa banlieue et sa campagne, Port-Royal-des-champs, Montfermeil où l’on montrait naguère la fontaine où Cosette tirait d’énorme seaux d’eau pour les Thénardier, Bercy, Pantin, la tour Montparnasse…

Christine Friedel

À l’Abri des forêts : à partir de 16 h 30, les 20, 21 et 22 juillet et à partir de 19 h, le 27  et de 18h les 28, 29 et 30, au lycée Jacques Decour, 12 avenue Trudaine, Paris (IX ème).

Paris l’Été continue jusqu’au 31 juillet. T. : 01 44 94 98 00.

 

 

 

 

Le Verfügbar aux Enfers, Une opérette à Ravensbrück de Germaine Tillion, mise en scène de Claudine Van Beneden

Le Verfügbar aux Enfers, Une opérette à Ravensbrück de Germaine Tillion, mise en scène de Claudine Van Beneden

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Cette membre  de la Résistance au musée de l’Homme, avait fait de sa maison de Saint-Maur, un lieu de rendez-vous clandestin. Mais elle fut dénoncée avec sa mère Émilie par Robert Alesch, vicaire de la paroisse de La Varenne devenu agent double, très bien rémunéré par les nazis. Arrêtée le 16 août 42 puis déportée à Ravensbrück en octobre 43, elle y écrit une œuvre où elle  parle ssous une forme légère de sa vie au camp, mêlant dialogues, chansons et danse pour s’octroyer une minuscule parcelle de liberté.
« J’ai écrit une opérette, une chose comique, parce que je pense que le rire, même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant. »L’art contre la barbarie prend tout son sens ici. A Terezin, il était aussi présent et les artistes qui y avaient été déportés, ont créé des pièces de toute sorte. La propagande nazie a utilisé cette créativité au moment de la visite de la Croix-Rouge, notamment en présentant un orchestre, (voir Terezin de Jacques Livchine, Le Théâtre du blog). Plus tard, Germaine Tillion assistera aux procès de Philippe Pétain et des chefs S S de Ravensbrück.

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 Le manuscrit de la pièce fut publié en 2005 et pour la célébration de son centenaire (elle vit à ce moment-là dans une maison de retraite), le théâtre du Châtelet en 2007 monte cette opérette. Et un film produit deux ans plus tard par Arte associe extraits de la pièce et documents d’archives.
Cette œuvre a, comme personnage principal, un naturaliste qui décrit dans une conférence une espèce, presque animale, de femme déportée nommée  Verfügbar qui refuse de faire les travaux du camp. Les détenues chantent et dansent pour résister.

 Claudine Van Beneden veut, dit-elle, «s’attacher à l’esprit initial de cette opérette-revue, au caractère grotesque et tragique à la fois.» Les sept artistes, dont elle-même et un musicien, sont tous très engagés pour faire revivre ce moment hors-cadre et les chansons sonnent juste. Malgré un travail est un peu trop esthétisant mais qu’importe. Il faut saluer l’initiative de monter cette pièce rarement jouée, surtout à notre époque où les extrémismes de droite se masquent derrière de fausses intentions démocratiques. A voir pour s’informer et rendre hommage aux anciens de moins en moins nombreux qui ont combattu pour que nous restions libres.

Jean Couturier

Jusqu’au 30 juillet, spectacle vu le 17 juillet, jour de commémoration de la rafle du Vél d’Hiv, au Théâtre du Chien qui fume, 72 rue des Teinturiers, Avignon..T. : 04 84 51 07 48.

 

Festival d’Avignon: Vive le sujet ! Série 1

Festival d’Avignon

 Vive le sujet ! Série 1

 

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©Ch. Raynaud de Lage

Le festival d’Avignon et la S.A.C.D. proposent depuis longtemps à des écrivains de s’associer à des partenaires pour un moment de jeu matinal créatif. Comme Ludmilla Dabo, à Blade Ali Mbaye et Ashtar Muallem. Prix de la meilleure comédienne en 2020 du Syndicat de la critique.
L’autrice, metteuse en scène et chanteuse, nous parle de sa propre instabilité. Ses paroles font penser à la belle chanson d’Anne Sylvestre : «J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer /J’aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer /J’aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger/J’aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté ».
Ashtar Muallem, d’origine palestinienne, exprime son amour de la solitude et sa fragilité à travers de belles figures réalisées avec un tissu aérien bleu. Blade Ali Mbaye, rappeur, chanteur et comédien, qui avait été remarqué dans Retour à Reims, mise en scène de Thomas Ostermeier (voir Le Théâtre du blog ) parle lui aussi de sa quête d’équilibre et rappelle que « rien ne nous oblige à être dans des matrices bien calculées ». Et le sous-titre de ce moment de partage est : Ce n’est qu’une histoire de balances

Nyst est un autre instant de grâce intime, avec la musique en direct de Patrick De Oliveira associé aux paroles de Julie Compans. Ce qui permet à la danseuse Mellina Boubetra une improvisation pleine de fluidité. Sa précision gestuelle accompagne l’audio-description du texte de Julie Compans, pour les personnes malvoyantes et aveugles. Et la description du Jardin de la Vierge prend alors une rare dimension poétique, comme un instant décalé hors du temps.

Jean Couturier

Spectacle présenté du 8 au 14 juillet, au Jardin de la Vierge, lycée Saint-Joseph, 52 rue des Lices, Avignon.

Festival d’Avignon : Ma Jeunesse exaltée texte et mise en scène d’Olivier Py

 

Festival d’Avignon 2022

 Ma Jeunesse exaltée, texte et mise en scène d’Olivier Py

 L’épopée d’Arlequin, un ambitieux feuilleton de dix heures et quatre parties, consacre les adieux de l’artiste à la direction du festival et sonne comme un bilan de sa carrière. Ce gymnase, il y a vingt-sept ans, accueillait La Servante, pièce fleuve en vingt-quatre heures. Le titre renvoie à cette jeunesse, figurée par le personnage d’Arlequin, symbole du théâtre populaire, convoqué par Alcandre, un poète vieillissant. Avide de transmettre sa flamme d’antan au jeune homme dont il fait son porte-flambeau; comme Pygmalion, il en tombe amoureux. C’est celui qu’il attendait, comme l’annonce la phrase messianique écrite en lettres de lumière fluo sur le fronton de la scène (le manteau d’Arlequin): «Quelque chose vient. »

Les deux compères vont, d’un épisode à l’autre, imaginer des canulars pour piéger des Pantalons, ces vieillards grincheux et libidineux de la commedia dell’arte… Ici le président d’une multinationale (ou de la République), un ministre de la Culture, un prélat (bientôt cardinal). Ces suppôts du capitalisme se liguent contre Arlequin et son maître pour déjouer leurs ruses et avoir leur peau mais, de farce en farce, le héros de cette tétralogie épique retombera sur ses pieds.

 Dans la première partie, un jeune livreur de pizza se métamorphose en héros de théâtre. Il va, avec une troupe de jeunes comédiens, et grâce à la ruse d’Alcandre (le Magicien dans L’Illusion comique de Pierre Corneille), inventer un inédit d’Arthur Rimbaud que les requins de la Finance, de l’Eglise et de la Culture se disputeront aux enchères. «Ils veulent tous le poème mais pas pour le poème.  » Ils en désirent la valeur marchande, à l’instar des collectionneurs d’art qui construisent des musées pour défiscaliser leurs profits. Cela donne lieu à des scènes comiques savoureuses où ces rapaces sont prêt à s’humilier pour arriver à leurs fins : le P.D.G., (Damien Bigourdan) défèque en public, Olivier Balazuc, en évêque libidineux, se livre à un numéro de cabaret trans en bas résille et string rouges. Plus digne, le Ministre de la culture (Flannan Obe) accepte d’être fessé. Emilien Diard-Detoeuf, (un conseiller ministériel ahuri) n’est pas de reste parmi ces comédiens de la vieille garde. Et Céline Chéenne, transfuge de La Servante,  incarne une tragédienne ringarde et une bonne sœur féministe mais revêche. Au piano, Antoni Sykopoulos, qui joue aussi un pharmacien cynique, accompagne le spectacle avec Julien Jolly aux percussions.

Dans cette longue traversée, on retrouve la scénographie mobile de La Servante, signée Pierre-Andre Weitz avec des praticables sur roulettes et déplacés à vue, formant de petites alcôves à jouer. Echelles et escaliers permettent de se déployer en hauteur et se prêtent à des changements de cadrage rapide. Sous les lumières de  Bertrand Killy, ce dispositif rythme l’espace et permet aux interprètes de dépenser toute leur énergie.

D’arlequinade en pantalonnade, cela commence fort et le texte est bien enlevé, quoiqu’un peu ampoulé mais l’auteur le revendique sans complexe et cible allègrement les grands de ce monde, face à un Bertrand de Roffignac survitaminé, à qui le costume à losanges multicolores d’Arlequin va comme un gant. Il caracole en tête de théâtreux allumés (Geert Van Herwijnen, Pauline Dessous, Eva Rami).

 La deuxième pièce où Alcandre et Arlequin  inventent le canular d’une fausse sainte, s’enlise dans un débat théologique compliqué. Et l’on perd la fraîcheur du début, malgré les cabrioles verbales et physiques du remarquable Bertrand de Roffignac qui tiendra le rythme pendant dix heures… La troisième pièce, un repas cannibale avec gags assez graveleux, métaphore de la société marchande toujours plus avide de dévorer l’humain, ne nous a pas davantage convaincus.

 Il nous faudra attendre le dernier épisode pour trouver un état de grâce, notamment avec le magnifique monologue d’Alcandre où Xavier Gallais, déplorant la mort de son Arlequin, met tout son talent à servir le lyrisme inspiré d’Olivier Py. Mais bien sûr, son jeune alter ego va renaître, car pour l’auteur, il est porteur de l’espérance, «une libération mystique» qui nous manque aujourd’hui. «Vous êtes manipulés par le deuil, laissez-vous manipuler par l’espérance»,  dit Alcandre qui, à travers la jeunesse exaltée de sa créature, veut rendre « Rimbaud à Rimbaud, Dieu à Dieu » et… le théâtre au théâtre: «Quelque chose viendra toujours, tant qu’il y aura du théâtre. »

 Malgré de nombreuses longueurs et excès verbaux, mais pour les fréquents morceaux de bravoure et la beauté de la langue, nous n’avons pas regretté d’être resté jusqu’au bout de cette ode baroque au Théâtre. Suivie avec passion par ceux qui, malgré l’heure tardive et la fatigue, ont applaudi à n’en plus finir.

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 15 juillet au Gymnase du lycée Aubanel, 14, rue Palapharnerie, Avignon (Vaucluse).

Du 11 au 19 novembre,  Théâtre Nanterre-Amandiers (Hauts-de-Seine) et les 25 et 26 novembre, T.N.P. de Villeurbanne (Rhône).

Le texte est publié aux éditions Actes Sud-Papiers.

 

Le Petit Chaperon rouge de Jacob et Wilhelm Grimm, mise en scène de Céleste (à partir de quatre ans)

Festival d’Avignon


Le Petit Chaperon rouge
de Jacob et Wilhelm Grimm, mise en scène de Céleste (à partir de quatre ans)

 Un ruisseau rafraîchissant pour cette soixante-septième édition en décalage avec deux spectacles-fleuves (voir Le Théâtre du Blog). La scénographie fait corps avec la Chapelle des Pénitents blancs. Avec un dispositif de miroirs inclinés réfléchissant les toiles peintes qui défilent au sol, et une glace sans tain permettant des illusions d’optique avec une grande profondeur de champ.
Antoine Oppenheim et Maëlys Ricordeau, porte-voix des personnages, côtoient sur le plateau des figurines grandeur nature : le Loup et le Petit Chaperon rouge. Le public découvre les acteurs derrière les miroirs, avec une dimension magique. «Chez les frères Grimm, dit la metteuse en scène, le Petit Chaperon rouge et la Grand-Mère sont sauvées par un chasseur, qui est une figure positive. Dans cette version, l’histoire ne s’arrête pas là et se répète: le Petit Chaperon rouge est de nouveau envoyé chez sa grand-mère et rencontre encore un loup. Mais l’expérience lui permet de fomenter un plan contre le loup et de le mettre en place.» Dommage ! Pour une fois, dans un récit la nature réussissait à dominer l’humain. 

Le collectif d’artistes Das Plateau créé en 2008 mêle théâtre, littérature, musique et arts visuels et travaille avec le scénographe James Brandily autour de la représentation des fantômes et des choses de l’esprit. La dimension magique de ce travail, d’une rigueur et précision remarquable, marquera la mémoire du jeune public et lui donnera le goût du théâtre.


Jean Couturier


Le spectacle a été joué du 15 au18 juillet, à la Chapelle des Pénitents blancs, Avignon.

 Du 28 au 30 septembre, théâtre de Châtillon( Hauts-de-Seine)

Du 4 au 15 octobre théâtre Nouvelle Génération, Lyon (Rhône).

Du 24 au 26 novembre La Villette Paris (XIX ème); du 30 novembre au 2 décembre, Théâtre des Halles, Sierre (Suisse).

Du 7 au 9 décembre, Théâtre de La Roche-sur-Yon, (Vendée)  et du 13 au 17 décembre, T.N.B. Rennes (Ile-et-Vilaine).

Anais Nin au miroir texte d’Agnès Desarthe, librement inspiré des Nouvelles fantastiques et des Journaux d’Anaïs Nin, mise en scène d’Élise Vigier

Anais Nin au miroir, texte d’Agnès Desarthe, librement inspiré des Nouvelles fantastiques et des Journaux d’Anaïs Nin, mise en scène d’Élise Vigier

Anais Nin au miroir texte d’Agnès Desarthe, librement inspiré des Nouvelles fantastiques et des Journaux d’Anaïs Nin, mise en scène d’Élise Vigier dans actualites

© Christophe Raynaud de Lage

 L’autrice et la metteuse en scène convoquent Anaïs Nin et, bousculant les chronologies, la mettent en dialogue avec les acteurs qui vont interpréter son œuvre et son personnage. Nous naviguons avec fluidité par effet de diffraction dans de multiples points de vue. Une plongée de deux heures dans un labyrinthe spatio-temporel, à condition de s’y laisser glisser.

Sur le plateau encombré d’anciens éléments de décors, des châssis mobiles jouent sur la profondeur de scène. Une jeune femme en blanc, venue d’un autre temps, apparaît et disparaît entre eux et une femme de ménage balaye. Rencontre incongrue entre cette présence fantomatique aux propos énigmatiques et  un personnage d’aujourd’hui plein de bon sens populaire. Un film en noir et blanc de Nicolas Mesdom prolonge leur échange et elles voguent toutes les deux sur les eaux paisibles d’un large fleuve… Les images du cinéaste ponctueront la pièce, nous emportant vers l’enfance de l’écrivaine.

Bientôt des comédiens investissent les lieux, pour préparer une pièce où Anaïs Nin est mise en scène. Entre les séquences de répétition, s’intercalent des bribes de conversations où ils évoquent l’état du monde ou leurs préoccupations personnelles. «Nous avons cherché à tisser différents niveaux de paroles et de récits, dit Elise Vigier. » Agnès Desarthe a puisé dans les nouvelles : La Chanson dans le Jardin, Le Sentiment tzigane, Le russe qui ne croyait pas au miracle et pourquoi, Les Roses rouges, Un sol glissant … Et elle a aussi écrit les dialogues à partir d’improvisations des acteurs qui ont été libres de choisir des extraits de l’œuvre composite de l’autrice anglophone franco-cubaine.

Sur scène règne un joyeux capharnaüm : portants avec costumes, livres, accessoires de théâtre ou de magie. On  se cherche dans les coulisses, répète des morceaux de textes, en fonction de qui on a sous la main pour donner la réplique. Ici, Anaïs Nin est incarnée indifféremment par trois hommes et trois femmes d’âge- et d’origine divers. « L important pour moi, est de valoriser la diversité des corps sur le plateau, dit Elise Vigier. Ainsi les écrits de l’autrice se partagent entre Dea Liane, en fantôme élégant et des avatars plus charnels. Parmi eux, on reconnaît Ludmilla Dabo, qu’on entendra au final dans un blues tiré de Vénus erotica un livre né de sa rencontre avec Henri Miller. Une beau moment mis en musique par Manusound et le guitariste Marc Sens qui accompagne le spectacle. Mais Elise Vigier ne s’attarde pas sur la dimension sulfureuse d’Anaïs, même si la sensualité à fleur de peau infuse son écriture. Il est surtout question de faire résonner le regard qu’elle portait sur le monde, à travers la sensibilité de ses multiples interprètes.

Ceux qui cherchent ici une biographie d’Anaïs Nin seront déçus. Agnès Desarthe et Elise Vigier en proposent un portrait éclaté aux multiples facettes.  Et la metteuse en scène ne boude pas les effets spéciaux, comme ces tours de magie de Philippe Beau (Anaïs Nin, enfant, fut coupée en deux sur scène par un illusionniste). Ou un numéro de danse du ventre par Louise Hakim, qui fait aussi une démonstration de flamenco, si prisé par Anaïs Nin. Le charme de cette élégante mise en scène opère, même si on se perd quelquefois dans une recherche formelle un peu brouillonne.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 16 juillet, salle Benoit XII, rue des Teinturiers, Avignon.

Du 11 au 14 octobre, Comédie de Caen-Hérouville-Saint-Clair (Calvados); du 19 au 22 octobre,Théâtre Dijon-Bourgogne-Centre Dramatique National (Côte-d’0r) .

Du 10 novembre au 11 décembre, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes.

Et les 7 et 8 mars, La Passerelle, Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).

 

Grand Ecart ,chorégraphie et interprétation de Kiyan Khoshoie

Festival d’Avignon 2022

Grand Ecart , chorégraphie et interprétation de Kiyan Khoshoie

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© Agnès Mellan

Les artistes venus de Suisse en Avignon ont l’humour en partage. Après Fantasia de Ruth Childs (voir Le Théâtre du blog), voici un autre solo décalé entre danse et théâtre.

Le chorégraphe suisse-iranien interpelle le public sur une question vitale pour lui: doit-il jouer avec le rideau noir en fond de scène, ouvert ou fermé? Comment qualifier ce « spectacle » dont il réfute le terme, trop enfermant- ? Une performance, un solo? «Un gros chantier, dit-il, je suis en construction.»
Les spectateurs seront ses partenaires et feront  « une équipe » comme il dit, en désignant parmi eux, un chef ! Et il ne les lâchera plus, jusqu’à établir une connivence avec une spectatrice et à l’aune de sa personnalité,  la « danser »…

Etonnant comédien, Kiyan Khoshoie est aussi excellent interprète quand il se lance dans une série de numéros où il parodie tous les styles, du classique au contemporain… Il nous fait aussi pénétrer dans le petit monde de la danse: chamailleries en répétition, maître de ballet cabot et sexiste au port caricatural…Autant de moments inspirés par son expérience dans plusieurs compagnies dont It Dansa Barcelone, Dansgroep Amsterdam, Scapino Ballet Rotterdam, Maas Theater and Dans… Avec une fausse désinvolture, il met le doigt là où ça fait mal : conditions de travail, blessures, fatigue et douleur. Les étoiles ne brillent qu’un temps et les corps sont fragiles…Mais rien de nostalgique dans ce Grand Ecart…

Kiyan Khoshoie avec son corps puissant et une élégance naturelle, attire une sympathie rigolarde dans ce face-à-face bien réglé, mis en scène par Charlotte Dumartheray dans la tradition du stand-up. On attend leur prochaine création, Kick Ball Change, en octobre, au Grütli à Genève puis en Suisse romande.

Mireille Davidovici

Jusqu’au 25 juillet, 16 h15 (jours impairs), Théâtre du Train Bleu, 40 rue Paul Saïn, dans le cadre du programme suisse en Avignon.

Entretien avec William Arribart, magicien

Entretien avec William Arribart, magicien

- Quel a été votre parcours?

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Enfant, mon rêve était de pouvoir voler dans les airs et les seules personnes qui en avaient la compétence pour moi étaient les super-héros et les magiciens. Comme je n’étais pas friand de costumes rouges et masques effrayants, je me suis tourné vers l’illusionnisme.À six ans, toujours avec l’objectif d’apprendre à voler dans les airs, je me suis inscrit à une école de magie à Lyon.
Je n’ai pas appris tout de suite la lévitation mais plutôt des tours de cartes et la manipulation de pièces ou balles en mousse…
Souvent, on me demande si je suis issu d’une famille d’artistes ou si mes parents sont magiciens. Mais non, mes parents étaient assez réticents, en tout cas au début et j’ai dû apprendre à me débrouiller tout seul et cela m’a beaucoup aidé! J’ai commencé assez tôt à créer mes spectacles, et je me suis petit à petit entouré d’une équipe professionnelle.

-Et maintenant?

-Aujourd’hui, je travaille avec une vingtaine de personnes dans une équipe artistique et de production. Nous avons de vastes locaux à Lyon, avec bureaux, ateliers pour fabriquer nos décors, et un espace pour répéter dans les mêmes conditions que sur scène. Nous créons des spectacles de magie, mais aussi des comédies musicale avec magie. Il ya sept ans déjà, j’ai ouvert mon école à Lyon avec propose cours à l’année adultes mais aussi des stages de magie pour enfants et ados ; et des « samedis magiques ». L’école accueille chaque année de nombreux nouveaux élèves. Nous travaillons le close-up, la scène et même la grande illusion, comme le théâtre et la mise en scène. Je fais quelques fois intervenir les équipes de mes spectacles sur certains ateliers.

-Vos influences ?

-J’admire beaucoup David Coperfield que j‘ai eu la chance de découvrir à Lyon en 2005 et que je suis allé le voir à Las Vegas. Dans ses numéros d’une grande qualité, chaque détail est soigneusement travaillé. Je suis attiré par la grande illusion, même si je touche au close-up, à la scène et un peu au mentalisme: je me suis même formé à l’hypnose. Lors d’une tournée à Londres, j’ai découvert les comédies musicales anglaises et suis tombé sous leur charme. Depuis, je travaille essentiellement sur des spectacles à la fois musicaxu et magiques, et je m’inspire de ceux qui sont créés à Londres et Broadway.

-Comment se former à la magie ?

-Il y a des livres ; des DVD et des exercices sur Internet. Le mieux reste les écoles, car un œil extérieur et les retours d’un professionnel sont essentiels pour progresser. Comme tout, cet art évolue, on le retrouve dans des spectacles de théâtre et il sert de prétexte à raconter des histoires. Et nombreux parmi nous ont ceux qui font de la magie numérique sur des écrans…. Tout cela apporte beaucoup de richesse et c’est aussi un moyen pour fabriquer des spectacles qui vont parler du monde actuel.
J’allie magie et comédie musicale (chant, théâtre et danse) pour créer des spectacles complets pour parler à un public familial. Par exemple, William Arribart, naufragé de l’Île des Rêves pour enfants et adultes, aborde différents thèmes de société…

Sébastien Bazou

Interview réalisée le 29 juin.

L’école de magie de William Arribart: https://www.coursdemagielyon.fr/

 

 

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