Gretel, Hansel et les autres, d’après les frères Grimm, texte et mise en scène d’Igor Mendjisky

Gretel, Hansel et les autres, d’après les frères Grimm, texte et mise en scène d’Igor Mendjisky

Les frères Jacob et Wilhelm Grimm, tous deux linguistes allemands ont collecté de légendes populaires, les ont étudiées puis en 1812, en ont fait publier un recueil de quatre-vingt-six contes dont les très fameux Blanche-Neige, Hansel et Gretel, Tom Pouce, La petite gardeuse d’oies, Le Joueur de flûte de Hamelin, Tanhäuser… aujourd’hui connus dans le monde entier.

Chez les frères Grimm, un pauvre bûcheron, son épouse ont deux enfants Hansel et Gretel. Ils avaient très peu pour les nourrir, quand les prix s’envolèrent dans le pays. Et ils décident alors de les abandonner dans la forêt où une méchante sorcière...

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Dans la relecture faite par Igor Mendjisky, ce soir-là, après l’école, l’étude et la garderie, Gretel et Hansen ne sont pas rentrés et, depuis, tout le monde les cherche… Les parent sont très inquiets, la police mène une enquête, la nounou pleure. Eux, marchent dans la forêt. La première fois ensemble, ils vont se retrouver face à la solitude, à une nature mystérieuse mais aussi à la peur. Mais ils s’aiment et vont rencontrer des personnages réels et imaginaires comme Pierre le policier, Madame Guillard, l’écureuil, le marchand de larmes, la sorcière… Nous sommes dans un monde où les saveurs ont disparu…et nous allons, enfants et adultes réunis, découvrir les aventures de ces enfants dans la forêt, à la rencontre d’un arbre mystérieux, de l’écureuil, de la sorcière, et de la fameuse maison en pain d’épices…

Pour Gretel, Hansel et les autres, Igor Mendjisky a imaginé un plateau qui ressemble à une chambre d’enfant vec plein de jouets, maquettes avec des écrans pour relater certaines scènes où apparaissent des personnages réels ou rêvés. C’est un peu compliqué et chargé mais cela fonctionne admirablement
« Mon adaptation, dit-il, contera à travers cette histoire la fuite, la manière dont on abandonne les enfants aujourd’hui, la peur de certains de trouver le bon chemin, et surtout le besoin de grandir sans perdre de vu qu’il est important de continuer à se raconter des histoires. (…) Toujours sur le fil entre rêve et réalité, la matière qu’offrira celle-ci se prêtera à mes formes ; elle permettra à cette maquette et ces petits personnages mis en images, en son, en bruitage, en musique de faire voyager le spectateur, de l’engouffrer dans son imaginaire et l’imaginaire d’Hansel et Gretel, l’imaginaire de l’enfance, de la nature, du rêve et de la nuit. (…)
Il y a à la fois du premier degré avec le jeu d’Igor Mendjisky, Esther Van Den Driessche et Sylvain Debry, interprétant à la fois les différents personnages de ce conte mais aussi du récit qu’ils portent subtilement. Cela tient d’une aventure théâtrale où la scénographie, comme la mise en scène sont de remarquables outils très bien mis au service de cette relecture du conte des frères Grimm. Le spectacle ne s’est joué ici que quatre fois… Dommage. Mais s’il passe près de chez vous, n’hésitez pas.

Philippe du Vignal

Le spectacle a été joué du 8 au 11 juillet, à la Chapelle des Pénitents blancs, Place de la Principale, Avignon.

L’Azimut, Châtenay-Malabry ( Hauts-de-Seine) du 8 au 11 octobre,Théâtre Romain Rolland, Villejuif du 18 au 23 octobre.

La Colline-Théâtre National du 1 au17 décembre, Paris (XX ème) et Les Célestins- Théâtre de Lyon du 20 au 31 décembre.

Le Grand T, Nantes (Loire-Atlantique), du 28 Février au 3 mars. CDN Nice Côte d’Azur du 15 au 18 mars.Théâtre de l’Olivier -Scènes et Cinés, Istres, les 21 et 22 mars,Espace Marcel Carné, Saint-Michel-sur-Orge, (Essonne)  le 24 mars.

Les Gémeaux- Scène Nationale de Sceaux (Hauts-de-Seine)  les 7 et 8 avril. Le Quai -CDN Angers du 12 au 15 avril, Espace Daniel Sorano, Vincennes, le 21 avril.

Le texte est publié aux éditions Actes Sud.

 fait maintenant plusieurs années que flotte en moi l’idée de faire un spectacle pour enfants, un spectacle tout public où les enfants pourraient réfléchir comme des grands et les grands comme des enfants. Après avoir passé plusieurs années à travailler sur mon précédent spectacle Les couleurs de l’air, spectacle on ne peut plus personnel puisqu’il traitait du rapport au père et de l’héritage que le mien m’a laissé à sa mort, il fallait que je trouve en moi la nécessité de raconter, d’explorer, d’écrire autre chose. Étant moi-même père de deux enfants, il m’est apparu comme une évidence d’écrire d’une certaine maniè


Archive pour juillet, 2022

Festival d’Avignon,The Game of Nibelungen,mise en scène de Manu Moser

Festival d’Avignon

The Game of Nibelungen, mise en scène de Manu Moser

 

Ce spectacle de la compagnie Botte-Cul  a été programmé au Onze, dans le cadre de la sélection suisse en Avignon. Il surprend d’emblée. Pour respecter la sécurité routière, on nous demande de porter une collerette jaune réfléchissante sur le trajet qui mène à la salle. Après quelques minutes, nous sommes accueillis dans une classe du lycée Mistral par une professeur d’allemand. Au programme : «une épopée de théâtre d’objets ensanglantée, en allemand gesticulé.»

© Vincent Guignet

© Vincent Guignet

Laura Gambarini, artiste du théâtre de rue, nous interpelle, nous les élèves à qui elle fait découvrir la langue allemande, les personnages des Nibelungen et leurs combats légendaires. Une serpillière est le roi Gunther et une protection en fourrure d’i-phone, sa sœur Kriemhild. Et une bouteille Thermos est le héros Siegfried et un compas géan, la reine Brünhild.
Le bonheur est aussi dans les accessoires: d’un sachet de confipote, coule un flot de « sang ». L’actrice  apparaît en chasuble, une cigarette électronique à la bouche et notre dragon est en place pour la bataille.  Laura Gambarini, en interaction permanente avec ses élèves, veille au bon suivi de la fable. Dans le même esprit que Les Gros patinent bien, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan, avec des bouts de carton, emmenaient le public un voyage imaginaire et une épopée shakespearienne. Cette création helvétique nous emporte dans un même délire et un même humour corrosif et libérateur. A voir absolument.

Jean Couturier.

Jusqu’au 25 juillet à 11 h , Le 11 Onze, 11 boulevard Raspail, Avignon. T. : 04 90 89 82 63.

Festival d’Avignon All Over Nymphéas conception, chorégraphie et scénographie d’Emmanuel Eggermont

Festival d’Avignon

 All Over Nymphéas conception, chorégraphie et scénographie d’Emmanuel Eggermont

 Cet artiste a collaboré de plus de quinze ans avec Raimund Hoghe, décédé l’an passé. Nous avions apprécié à Avignon le 36 Avenue Georges Mandel de ce chorégraphe très à part qui fut le conseiller artistique et dramaturge de Pina Bausch ( voir Le Théâtre du blog ).  Il met ici en relation des moments esthétiques forts : Les Nymphéas de Claude Monet et des œuvres de peintres pratiquant le all-over: soit la couverture de toute la surface d’un tableau sans hiérarchie de plans. «Pour moi, dit-il, le danseur évolue au même niveau que la scénographie, la musique ou les costumes. All over Nympheas est comme un jardin fragmenté mais en évolution constante où se succèdent toutes sortes de métamorphoses. »
quelles que soient les intentions du créateur, il faut se laisser aller à l’émotion esthétique de ce spectacle un peu long et accepter le rythme lent du début. Il pourrait se résumer à un défilé de mode mis en scène avec une extrême précision, comme sous l’influence de substances illicites. Les cinq danseurs, dont le chorégraphe, réalisent de belles figures géométriques bleues que ne renierait pas un commissaire d’exposition d’art contemporain.

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Les costumes d’Emmanuel Eggermont, Jihyé Jung et Kite Vollard sont inventifs et les artistes modifient ces figures géométriques qui servent de tapis de sol, dans un mouvement continu rythmé par la musique répétitive et entraînante de Julien Lepreux.Le chorégraphe ajoute une touche d’humour à ce défilé atypique: « Cela, dit-il, a une place importante dans mon travail. Il offre un contrepoint et me permet de créer d’autres moments plus dramatiques.» Nous sommes sortis de ce spectacle d’une heure vingt, surpris, léger et heureux… sans avoir pour autant suivi l’artiste dans ses intentions.

 Jean Couturier

 Le spectacle a été présenté jusqu’au 13 juillet au lycée Saint-Joseph, Avignon.

 

Festival d’Alba-la-Romaine

Festival d’Alba-la-Romaine

Carbunica - Le Nouveau Festival d'Alba-la-Romaine, le 12 juillet 2014

© Lisa Boniface

Qui dit festival, dit aussi fête, et comme avant, il y a des centaines de personnes sur la grand-place: Le Carbonica (du nom d’un cépage local cité par Pline l’Ancien), avec ses bistrots, guinguettes et son glacier éphémères, où l’on paie en carbu: des jetons de 1,30 euros. Rien à voir avec l’an dernier (voir Le Théâtre du Blog). « Une résurrection », dit Alain Reynaud, le directeur de la Cascade, Pôle national de cirque. Les quelque cent soixante-dix bénévoles, engagés pour l’occasion parmi les quelque mille demandes qui affluent s’affairent du parking à l’accueil et la billetterie, en passant par les buvettes et l’entrée des spectacles. Une gestion compliquée pour Françoise Barcet qui organise les planning à partir du mois de février de 25 équivalent temps pleins.  » Sans eux, ce festival ne pourrait se tenir »


Cette année, le fondateur des Nouveaux Nez ne présente pas de spectacle et offre les nombreux lieux de représentation à ses invités : «Des compagnies historiques et des jeunes, dans tous les styles, nous ne défendons pas une mono-esthétique ». Et pour le visiteur qui voudrait suivre le rythme de ces journées, il y a matière, depuis les ateliers du matin jusqu’au grand format dans le théâtre antique au coucher du soleil. Et deux spectacles gratuits par jour, à midi et à 18 heures… Mais on peut déambuler tranquillement d’un espace à l’autre, par les chemins ombreux qui longent le ruisseau menant du Carbonica au village moyen-âgeux d’Alba-la-Romaine.

Clan Cabane par La Contrebande, création collective

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© Anabelle Fadat

Antoine Cousty, Emilien Janneteau, Johan Caussin, Pablo Manuel et Raphaël Milland ont conçu, à partir de deux grandes trampolines et de bastaings de toute taille, une pièce de cinquante minutes d’une grande intensité. De rebondissements en rebondissements, de chutes, en morceaux de bravoure, ils aménagent, sur ce sol instable, un système bien charpenté où les poutres de bois brut se font refuges ou ponts, perchoirs ou plongeoir vertigineux.
Ils construisent et déconstruisent l’espace pour se lancer des défis : à qui grimpera sur la plus haute planche et évoluera avec des figures impressionnantes… Puis, ensemble, avec les moyens du bord et des sangles, ils construiront leur cabane, pas si solide que cela… Entre temps, ils ont su ménager le suspense, avec de vrais-faux accidents de parcours, à un rythme resserré. Pablo Manuel, un peu gauche mais vaillant, se joindra à eux avec son attirail de créateur sonore.
Un beau moment plein d’humour.

AmalgameS ou le « cirque » sécuritaire par la Compagnie Singulière mise en scène de Christian Coumin

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© Christian Coumain

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Métaphores des dispositifs sécuritaires, les barrières métalliques, qui encadrent les débordements de foule dans l’espace public, sont ici prétexte à de fines acrobaties: on les empile sur quatre étages pour les escalader, on les franchit en cabriolant, on y enferme ses partenaires, on les renverse… en étroite connivence avec les spectateurs. Cette compagnie, basée en région Occitanie, pratique un « cirque de circonstance » et amène le public à réfléchir sur des questions d’actualité ; ici, la société de surveillance qui a connu son apogée pendant la pandémie, avec traçage stop-covid et télétravail.

Dictature des téléphones mobiles, outils multifonctions mais aussi de flicage, tout comme les caméras espionnes… Thomas Bodinier, Moussa Camara, Laurence Hillel et Michaël Vienot vont les épingler. Avec eux, Hélène Toumente, une hackeuse habile en bidouillage informatique, va faire la démonstration que nous sommes tous, avec nos appareils connectés, dans le viseur de Big Brother. Sous l’œil attentif du compositeur Daniel Masson, qui les accompagne au piano et veille à donner aux mots leur véritable sens: il rappelle que le gorille qui ouvre le spectacle sur un mini-vélo n’est pas notre parent direct mais un cousin… Gare au Gorille donc !

Faisant fi des gestes-barrières-, le cirque se passe entre artistes et spectateurs, invités à s’exprimer, comme ce gendarme à la retraite qui s’insurge contre la détestation de la police chez les Gaulois réfractaires… Cette troupe d’habiles acrobates sait manier le verbe comme les tours de passe-passe informatiques pour créer l’illusion avec des effets de réel. Et  nous embarque dans un gentil cauchemar parano qui trouve son répondant dans le public. Même s’ils enfoncent parfois un peu trop le clou.

A suivre…

Mireille Davidovici

Du 12 au 17 juillet, Festival d’Alba, Place de la Mairie, Alba-la-Romaine (Ardèche). T. : 04 75 54 40 46

Clan Cabane : 16 au 24 juillet, Festival Miramiro, Gand ; Bruges Plus, Bruges (Belgique) Du 28 au 30 juillet, Les Rencontres de Monthelon, Montréal.

AmalgameS

Les 5 et 6 août, Festival Vertical’ été (Drôme) ; du 17 au 20 août, Festival d’Aurillac (Cantal) ; du 13 au 15 septembre, Festival Merci, Bonsoir ! en partenariat avec La Bobine, Grenoble (Isère)
Et du 11 au 13 novembre, Festival En l’Air (Belgique)

 

 

Le Nid de cendres, texte et mise en scène de Simon Falguières

Le Nid de cendres, texte et mise en scène de Simon Falguières

Ce spectacle en treize heures sonne comme une éventuelle réponse à Ma jeunesse exaltée (dix heures seulement!) d’Olivier Py au Gymnase du lycée Aubanel. Nous avions vu en 95 -du moins en partie- sa Servante, en vingt-quatre heures qui l’avait lancé. Les longs spectacles, c’est un peu dans les gênes du festival d’Avignon où avait été créé le fameux Soulier de Satin de Paul Claudel dans la mise en scène-culte d’Antoine Vitez et le Mahabharata de Peter Brook à la Carrière Boulbon.

Nous avions vu Anne et Gabriel, première partie de ce Nid de cendres au Théâtre de l’Idéal- à Tourcoing, berceau du Théâtre du Nord-Centre Dramatique National à Lille. Cette œuvre- fleuve de douze pièces, écrite et mise en scène par Simon Falguières est créée au Festival cette année. « Le Nid de cendres, dit-il, est l’histoire d’une rencontre entre mon écriture et une famille de jeunes comédiens talentueux. Elle est écrite pour eux, pour leurs voix.»

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 Cette première partie avait résulté d’un long travail chaque été dans le jardin de la maison. C’est à la fois un long fleuve tranquille où se déroule une sorte de fable du présent comme un conte oral. « D’un côté, les machines qui gouvernent la finance se détraquent, dit Simon Falguières. Des hommes et des femmes se révoltent. Parmi eux, Jean, Julie et leur nourrisson, Gabriel, sont en fuite dans l’Occident en flammes. De l’autre côté, (…), une reine se meurt. Sa fille, la princesse Anne, prend la mer à la recherche d’un remède, traverse les limbes et se retrouve dans les cendres de l’Occident…”

Impossible déjà de résumer les cinq heures de ce spectacle, et encore moins ces treize heures de ce conte magnifique. Cela commence par une petite princesse Anne qui vient au monde mais aussi un enfant Gabriel qui va être abandonné par ses parents; ils fuient une Europe qui est entrée dans une guerre terrible et il  y a aussi une petite troupe de théâtreux avec leur roulotte, dirigée par Argan, un vieil acteur… Et encore la belle et jeune Etoile, tombée amoureuse de Gabriel, alors devenu le chef de troupe. Mais voilà, lui ne l’aime pas, parce qu’une voyante lui a prédit le bonheur avec une femme  qui est en haut d’une tour…

Comme dans cette première version, c’est ici un spectacle flamboyant, une sorte d’épopée, où Simon Falguières veut raconter le monde actuel mais à la façon d’un conte et où se succèdent de courtes scènes sur le plateau presque nu parfois tendu de tissu blanc et sur un formidable praticable monté sur roulettes conçu par Emmanuel Clolus, le scénographe attitré de Wouajdi Mouawad.

8D010E3C-4C1C-4B6A-8165-748FA71D8E04C’est long ? Oui et mais aussi bizarrement, pas du tout si on accepte de se laisser embarquer et même si parfois on est moins attentif mais cela fait partie du jeu.. Et il y a deux entractes et plusieurs pauses. La première partie (six heures) est à peu près la même qu’à Tourcoing. Quitte à nous répéter, c’est une aventure théâtrale comme on les aime: absolument hors-normes. Ici pas de vidéo, aucun pittoresque, rien dans le paraître et la frime. Mais une profonde exigence dans la direction d’acteurs qui ont toujours un ton juste en permanence -aucune criaillerie et tous les personnages sont absolument crédibles. alors qu’ils sont ceux d’un conte. Et il y a une fluidité exceptionnelle dans toute la mise en scène et une série d’images tout aussi exceptionnelle. Elles font parfois penser à celles que le jeune Bob Wilson, celui du célébrissime Regard du Sourd ou de La Lettre à la reine Victoria. Mais elle ne nuisent jamais à la parole et réciproquement.
Il y a sans cesse des inventions comme ce très beau moment où tous les volets d’une maison claquent en même temps. Et alors à un plein feux, succède un dialogue dans un noir absolu pendant quelques minutes. Sans doute quelques micros d’ambiance mais aucun surlignage sonore Juste un peu de fumigène comme partout mais on pardonnera…

Et la gestuelle très précise, n’a rien de roublard et reste mise au service du  texte. Simon Falguières a un sens exceptionnel de l’espace et du temps et a réussi à constituer une sacrée équipe de jeunes acteurs (aucun vedettariat), de bons créateurs de costumes: Lucie Charvet et Clotilde Lerendu, et de lumières: Léandre Gans.
John Arnold, ancien comédien du Soleil et que l’on a souvent vu chez dans les spectacles de Christophe Rauck joue là aussi et très bien ce Roi et Argan, le chef de troupe, très souvent sur le plateau. entoure avec affection ces jeunes comédiens qui ont tous plusieurs rôles. Simon Falguières et Mathias Zakhar interprètent deux simples d’esprit en chemise à carreaux et pantalon à bretelles, très drôles, à la Jérôme Deschamps…

Nous assistons toujours attentifs et intrigués par ce qui va suivre à cette suite de scènes comme dans un rêve. Juxtaposées, elle forment cependant un tout cohérent et où il y a sans doute, aussi grâce à cette formidable bande d’acteurs et techniciens, une réelle unité. Simon Falguières est aussi un bon dramaturge et il a une écriture d’une are qualité. Parfois volontairement prosaïque ou empreinte de poésie c’est selon, comme dans une pièce de Shakespeare : «Jean: N’est-ce pas qu’on grandit vite quand on a la mort sur l’épaule. Et toi comment parleras-tu ? Que lui diras-tu demain ? «Mon fils Je n’ai pas de lit pour toi. Je n’ai pas de petite lumière à mettre à côté de toi. Je n’ai pas de bonne nourriture pour toi. Je n’ai pas de musique pour toi De petits amusements ni de jouets pour toi. Je n’ai plus de mots pour toi. Ton père est parti bien loin je vais te laisser là. Courage mon fils. » Argan : Le jour sera cure de silence Un grand dessin à l’eau sur une page blanche. Pas de trace de nos voix dans les airs Non Seulement nos yeux. Et la nuit A la pudeur de l’abri A la bougie de notre roulotte Nous réciterons Homère, Shakespeare, Sophocle… Bélise : « Et nous ferons des rondes de sommeil Pour que la parole ne s’arrête pas. »

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Simon Falguières a été fortement influencé par Homère mais aussi par le grand Will et les tragiques grecs ( il y a pire comme école de dramaturgie !) mais aussi par Maurice Maeterlinck et Arthur Rimbaud. Et cette quarantaine de personnages semblent tout droits sortis d’un conte: comme le Le Roi, Le Grand médecin, La Princesse Anne, l’accoucheuse, l’Architecte, le valet du roi… Les différentes parties qui suivent après le premier long entracte sont sans doute d’une écriture moins maîtrisée et le scénario, moins solide. Mais une infime partie du public a quitté la salle mais les autres sont restés jusqu’au bout c’est à dire minuit et la fin avec tous les acteurs réunis est d’une beauté sublime. Et le public a continué à suivre le spectacle avec attention et salué debout toute la troupe.
Nous pouvons être sûr que Simon Falguières va trouver une forme plus courte et encore plus efficace à ette épopée théâtrale qui sera jouée au Théâtre des Amandiers à Nanterre à la rentrée. La création de ce Nid de cendres aura été à l’évidence l’événement du festival, loin de la grande machine prétentieuse du Moine Noir dans la Cour d’honneur et aura prouvé que ce jeune poète dramaturge-metteur en scène sera le Valère Novarina des années qui viennent. Et qu’il ne s’inquiète pas, il est loin de provoquer l’ennui et est même tout proche du théâtre vraiment populaire dont il rêve. Allez voir si vous le pouvez au moins la première partie de ce Nid de cendres (mais c’est quand même 45 €!) : là, il y a grave erreur de stratégie du festival, ce qui explique que la salle soit loin d’être pleine. Mais prenez avec vous de quoi boire et manger un morceau : les tarifs du camion sont aussi exorbitants!

Philippe du Vignal

Jusqu’au 16 juillet de 11 h à minuit, La FabricA, Avignon.

Le Nid de Cendres est publié chez Actes Sud-Papiers. 23 €.

Festival d’Avignon What will have been par la compagnie Circa, mise en scène d’Yaron Lifschitz.

Festival d’Avignon

 

What will have been par la compagnie Circa, mise en scène d’Yaron Lifschitz

 

©Steady Jenny

© Steady Jenny

Circa a plusieurs équipes d’artistes et une administration basée à Brisbane (Australie). Ces circassiens, ovationnés chaque soir par un public debout, sont presque étonnés de cette ferveur. Oubliés ici les faux-semblants qui sévissent aujourd’hui : déferlement de la vidéo, fumigènes, sonorisation assourdissante… Alors que le public a soif a besoin d’authenticité et d’un véritable engagement.

Voir de beaux corps dessiner une poésie dans l’espace par la seule énergie physique est rare. Accompagnés d’une musique enregistrée, (Bach, Vivaldi) ou électronique et par Sylvain Rabourdin au violon, Kimberley et Daniel O’Brien, Hamish Mc Courty rivalisent de dextérité pour réaliser des figures inhabituelles dans cet espace limité, utilisant avec précision des agrès de cirque comme les sangles, les fils élastiques ou une balançoire.
Le danger qui reste bien présent, semble disparaître, tant sont fluides les figures ici réalisées. Acrobatie? Danse? Peu importe, les trois artistes créent des images d’une grande beauté, s’amusent à se lancer des défis et ont une formidable écoute de leur partenaire. Leurs corps s’enroulent l’un contre l’autre. Ils se jettent à terre, défient l’apesanteur, se rattrapent avec douceur et leurs portés acrobatiques rivalisent d’invention

Roland Barthes écrivait dans Mythologies: «J’avoue avoir une grande prédilection pour ces numéros d’antipodistes, car le corps y est objectivé en douceur: il n’est pas objet dur et catapulté comme dans la pure acrobatie, mais plutôt substance molle et dense, docile à de très courts mouvements.» Cela définit bien les performances que l’on découvre durant une heure cinq. Les trois jeunes artistes sont de belles personnes qui créent joie et l’émotion, des éléments essentiels qui manquent cruellement au spectacle actuel…

 Jean Couturier

Jusqu’au 30 juillet à 20 h 05, Théâtre des Lucioles 10 rue du Rempart Saint-Lazare, Avignon. T. : 04 90 14 05 51.

 

Dans ce Jardin qu’on aimait, d’après le texte de Pascal Quignard, conception et mise en scène de Marie Vialle

Dans ce Jardin qu’on aimait, d’après le texte de Pascal Quignard, conception et mise en scène de Marie Vialle

Cet écrivain avait connu un extraordinaire succès auprès du grand public avec l’adaptation au cinéma de son roman Tous les Matins du monde  par Alain Corneau, il y a déjà plus de vingt ans. Un film sur fond de musique baroque, maintenant devenu culte… Ici, cela se passe dans les années 1870, Simeon Pease Cheney, un Révérend pasteur qui est aussi compositeur (Yann Boudaud) voit sa femme mourir après l’accouchement. Il reste seul, comme c’était fréquent jusqu’au XX ème siècle, avec cette petite fille nommée Rosamund. Inconsolable, il se réfugie dans le beau jardin que sa jeune épouse avait patiemment cultivé jusqu’à sa mort à vingt-huit ans. Une relation difficile pour lui comme pour elle qui revit sa mère, à travers l’amour que son père avait pour elle. D’autant qu’elle a maintenant l’âge où mère est morte…

Le pasteur note tous les chants d’oiseaux, des plus simples aux plus complexes,  et les plus légers bruits de la Nature et du monde qui l’entoure comme la pluie. Oui, mais voilà, la petit fille grandit et c’est maintenant une belle jeune femme copie parfaite de sa mère. Ce que Simeon ne supporte pas et il lui demande de quitter la maison Ce qu’elle finit par accepter. Sur le plateau mythique du cloître des Carmes avec ses deux très hauts platanes centenaires, rien ou presque que quatre châssis avec des pans de tissu volant au vent (assez laids et surtout peu utiles, comme cet arrosoir et ce seau en plastique noir). Marie Vialle qui est Rosamund, nous fait revivre ces personnages du roman de Pascal Quignard. Surtout ce pasteur qui n’arrive pas à faire le deuil de cette femme qu’il avait tant aimée et qui ne se sent ps si bien dans le présent et encore moins dans l’avenir… Elle nous fait entrer dans tout un univers sonore où les chants d’oiseaux ont dit et disent encore le monde, bien avant les hommes et souvent mieux.

Marie Vialle évoque à la fois la grande solitude de cet homme, pourtant vu sa fonction proche de la souffrance des autres, mais qui pense arriver à faire le deuil de son épouse, en préservant ce jardin mais aussi en chassant de sa vue leur fille adorée… Et il se rapproche de plus en plus des sons émis par les animaux et la Nature : « Il est possible que l’audition humaine perçoive des airs derrière la succession des sons de la même façon que l’âme humaine perçoit des narrations au fond des rêves les plus chaotiques.» Impressionnant le tonnerre qui, à la fin envahit le cloître des Carmes, avant que le spectacle ne finisse par un air joué par Marie Vialle nue (on se demande bien pourquoi…). Comme Yann Boudaud qui lui aussi s’était entièrement déshabillé pour se draper dans un grand tissu vert. Marchant dans le fond du cloître, il joue un air de cornemuse…
Un spectacle qui, loin des grosses machines prétentieuses
Moine noir à la Cour d’honneur ( voir Le Théâtre du Blog) et malgré quelques erreurs de mise en scène, a quelque chose de simple et attachant…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 16 juillet à 22 h , cloître des Célestins, Place des Corps Saints, Avignon.

Dans ce Jardin qu’on aimait de Pascal Quignard, est publié aux éditions Grasset.

Sans tambour, mise en scène de Samuel Achache, direction musicale de Florent Hubert

Sans tambour, mise en scène de Samuel Achache, direction musicale de Florent Hubert

Ce créateur n’en est pas à son coup d’essai quand il faut essayer de concilier interprétation musicale de grands compositeurs et création théâtrale. Déjà en 2013, avec Le Crocodile trompeur/Didon et Enée, une adaptation de l’opéra de Purcell q’il avait réalisé avec Jeanne Candel et pour Songs il y a trois ans ( voir Le Théâtre du Blog). Avec Sébastien Daucé, chef d’orchestre, à rendre vivante la musique de compositeurs baroques comme John Coperario, Robert Johnson, Matthew Locke, John Banister, William Lawes, Martin Peerson : « Déplacements, transformations et que nous traduirons en jeux et chants. Nous allons tenter de trouver l’écrin de ces paroles qui traversent les âmes et les siècles. »

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Pour Sans tambour, à partir d’arrangements collectifs des fameux Liederkreis de Schumann, la soprano Agathe Peyrat chante et très bien, accompagnée par quelques musiciens: saxophone, flûte, clarinette, violoncelle et accordéon, qui sont aussi acteurs, voire accessoiristes quand il faut modifier ou nettoyer le plateau. Ce Sans Tambour  dans un belle scénographie de Lisa Navarro, devient vite l’endroit de gags souvent vus mis efficaces ; comme la marche ratée, ou la disparition d’un personnage dans un piano droit qui chute du premier étage de ce bâtiment foutraque, très bien imaginé par Lisa Navarro.

Au premier étage, il y a aussi une douche avec un rideau glauque en plastique sorti tout droit d’un hôtel bas de gamme des années cinquante. Et les murs en placo-plâtre qui séparent la cuisine du reste du texte entre le trivial et le métaphysique sont cassé sà coup de masse. Une déconstruction en total désaccord avec la musique intimes écrites par Schumann Le metteur joue sans cesse sur un effet de contraste entre une interprétation de haute qualité et  gestuel burlesque de l’action  renforcé par les sons d’un piano préparé façon John Cage. Ici, les gags se succèdent : amours de Tristan et Yseult, catastrophes à la Buster Keaton, dont un remarquable équilibre sur une petite table dont Lionel Dray aux airs de Groucho Marx debout en équilibre va défoncer les plateaux.
Il y a, aux meilleurs moments, une belle poésie dans cet accord-désaccord permanent entre musique et magma scénique, lequel sera soigneusement rangé et balayé par les interprètes eux-même. Et quand Lionel Dray lance une canne à pèche télescopique vers le public, il y a de l’absurde poussé au degré maximum. Il forme avec Sarah Le Picard un drôle de couple.

Il y a sans doute des longueurs mais l’ennui, disait John Cage, fait partie des happenings dont ce Sans Tambour aux allures de douce provocation est un cousin germain. Mais avec ces courtes scènes sans vrai fil rouge, le spectacle issu d’une écriture collective (et cela se sent), gagnerait quand même beaucoup à être resserré… Enfin pour une fois qu’il y a une création comique même fondé sur l’effondrement partiel d’une maison dans le théâtre contemporain et dans le In,  nous n’allons pas faire la fine bouche. Et la fin, avec un chant collectif a cappella, est de toute beauté.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 13 juillet à 22h, Cloître des Carmes, Avignon.

Les 8 et 9 mars, Théâtre de Lorient ( Finistère).

Les 16 et 17 mars aux Théâtres de la Ville de Luxembourg.

Les 28 et 29 mars au Grand R de La Roche-sur-Yon. ( Vendée).

les 12 et 13 avril au Théâtre de Caen (Calvados)

 

 

Festival d’Avignon: Qui a peur mise en scène d’Aurore Fattier

Festival d’Avignon

 

Qui a peur de Tom Lanoye, mise en scène d’Aurore Fattier

©Prunelle-Rulens

©Prunelle-Rulens

 Une pièce cruelle et réjouissante sur le monde du théâtre et l’envers du décor ne fait pas toujours rêver. La pièce a été créée en version néerlandaise sous le titre Wie is Bang en 2019. Aurore Fattier et Koen De Sutter, un vrai couple aussi dans la vie, l’ont traduite et adaptée sur mesure pour les interprètes d’un couple franco-flamand: Claire Bodson et Koen De Sutter, et deux jeunes gens issus de l’immigration -ou perçus comme tels- joués par Leila Chaarani, d’origine marocaine et Khadim Fall, d’origine sénégalaise.Dans un rapport scène/salle inversé, avec public sur le plateau en position de voyeur.
Cela commence par une scène de ménage, après une représentation, entre Claire Bodson et Koen De Sutter, comédiens vieillissants et sans doute encore amoureux l’un de l’autre. On pense à Liz Taylor et Richard Burton. Et les répliques acerbes fusent: « Sa femme était fertile comme un rat, pardon, c’est irrespectueux, fertile comme une truie … Ton ami flamand est assez nazi pour cela … Il a été décapité comme un pédé de plage en Arabie Saoudite.» Cet humour, parfois proche de celui de Charlie Hebdo, fait mouche sur le public…

Le couple d’acteurs âgés s’apprête à audtionner ces jeunes issus de la diversité pour qu’ils leur donnent éventuellement la réplique dans une nième reprise de leur spectacle : « Il s’agit d’un projet socio-culturel méritoire à moyen terme. » Il attend aussi des aides mais la rencontre entre générations est, bien sûr, explosive. La pièce révèle les hypocrisies d’ordre politique et culturel en Belgique et dénonce la bien-pensance : dérives applicables à la France…
Ces joutes verbales intenses sont aussi très physiques et les interprètes, tous remarquables, s’engagent à fond. Tout ça pour ça ! La passion du théâtre est dévorante pour ceux qui la pratiquent : « Après toutes ces années d’autodestruction, le corps humain est un miracle, on a foutu nos vies en l’air, on a tout donné à l’art ». Une création belge à découvrir…

Jean Couturier.

Jusqu’au 28 juillet à 19 h, Théâtre de Doms, 1 bis rue des escaliers Sainte-Anne, Avignon. T. : 04 90 14 07 99.

 

L’Ennemi déclaré de Jean Genet, mise en scène de Roger des Prés

L’Ennemi déclaré de Jean Genet, mise en scène de Roger des Prés

Au pied des bâtiments de l’Université, à Nanterre, on pourrait presque passer sans la voir, cette Ferme du Bonheur. Vue de l’avenue, c’est juste un bouquet de verdure derrière une palissade. Mieux vaut venir à pied, de la gare RER Nanterre Université tout proche. Alors, on découvre une petite porte et on entre dans un « jardin mystérieux ». Entre les arbres et buissons, allées pavées sinueuses et enclos pour les bêtes: oies, brebis et autres…, les cabanes éphémères et un parquet de bal dûment remonté,prennent un charme tout particulier.

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Le bâtiment le plus ancien, dit la « favela », est fait d’un mur de pierres (restes d’une ruine ? ). La grande cheminée est construite avec anciens poteaux récupérés et tôles de chantier. Les autres murs ont été faits avec des plaques en plastique comme on en  trouve dans le hôpitaux. En hiver, cela coupe le vent et on arrive à y être au chaud. Et en été, il y a un bar dehors, et des tables à tous les vents. Des bancs d’église pour vingt-quatre hommes et vingt-quatre femmes (séparés) font un petit théâtre de plein air, séparé du monde mais ouvert aux bruits du monde. Comme dirait Shakespeare, cité par Peter Brook récemment disparu : honneur et paix à son âme ( voir Le Théâtre du Blog): « Le monde est aussi hors du monde ».

Jardin, enclos, bâtiments: Roger des Prés n’a rien demandé à personne, sinon aux besoins et à la nécessité au jour le jour et n’a sollicité aucun permis de construire : la Ferme du Bonheur est un manifeste du vivant . Elle se prolonge un peu plus loin, sous les piliers de l’autoroute par un terrain vague, envahi par les déchets et la pollution. Il a été peu à peu nettoyé, planté et revitalisé. Bénévoles et professionnels engagés y travaillent, urbanistes et agronomes  viennent observer très sérieusement le « champ de la garde du P.R.É. ( Parc Régional Expérimental). Rapide regard en arrière: cela fait trente ans que la Ferme du Bonheur réalise ce qui est aujourd’hui urgent : revégétaliser la ville, inventer des courts-circuits, produire local, redonner ses chances à la Nature (qui les saisit très vite) et aux citoyens qui le demandent, les joies d’un geste ayant du sens.

Et Jean Genet, là-dedans ? Il anime, il « énergise» toujours, Roger des Prés. Le spectacle, la performance, le moment -on l’appellera comme on voudra- commence par un très beau film en noir et blanc, projeté au-dessus de la cheminée où cuit un méchoui que nous mangerons à l’entracte, ou après le spectacle… Entre rêve et réalité, sous le regard d’un homme qu’on imagine forcément être Genet, de vraies-fausses images d’archives quittent peu à peu le fil chronologique et nous amènent dans le monde d’aujourd’hui: celui de l’immense quartier bétonné de la Défense: signe d’une société qui résiste à sa propre ouverture et à son propre bonheur. Rarement le passage du temps aura été représenté avec cette force.

Suit la lecture en plein air d’extraits de L’Ennemi déclaré. Les paons, au crépuscule, se déchaînent contre les voix humaines, mises en demeure de lutter… Un moment de jeu avec deux comédiens (qui, de la mère ou du fils, portera la valise des cadeaux de noce, qui aura cet honneur ? Mais est aussi projeté un autre film (dans un pays du Maghreb, qui aura la « chance» d’être sélectionné pour venir travailler à bas prix en métropole ?). La soirée se construit au fil des déambulations, et s’étire si on en a envie. Le 8 juillet, a eu lieu une re-reprise de L’Homme qui plantait des arbres de Jean Giono, mise en scène de Roger des Prés, avec les moutons Thônes et Marthod, la chienne Lolotte, Jaki-berger et Roger. Il y en aura d’autres…

Les fêtes électro sont interdites cet été à la Ferme, par un principe de sécurité poussé à l’extrême, avec fonction punitive contre ces « irréductibles gaulois », l’art de vivre et l’art tout court trouveront quand même à se faire une place ici. Mais problème : Roger des Prés et la Ferme du Bonheur sont devenus l’ennemi déclaré de la municipalité, au nom du rationnel, c’est-à-dire du calcul. Sur les terrains disponibles de la région parisienne, il faut construire. Des logements, sans doute ; des bureaux (à l’heure du télé-travail ?).  Ne serait-il pas raisonnable de laisser en paix les modestes surfaces de la Ferme et de mettre en valeur ses travaux d’ «agro-poésie », son modèle écologique et préserver,  développer dans un univers bétonné, des espaces de verdure sauvage, en toute liberté créative ? De l’oxygène ! De l’oxygène ! C’est une Parisienne qui le demande.

Christine Friedel

La Ferme du Bonheur, 220 avenue de la République, Nanterre (Hauts-de-Seine). T. : 01 47 24 51 21 – contac@lafermedubonheur.fr

 

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