Le Songe d’Ulysse, exposition à la Villa Carmignac, île de Porquerolles

Le Songe d’Ulysse à la Villa Carmignac

 Nous sommes déjà dans la beauté : la mer, les criques, les îles, dont la sauvage Port -Cros, la douce campagne du parc naturel de l’île de Porquerolles. L’œuvre qui englobe la Villa, son jardin et son environnement se précise ensuite. Oublions que ce fut une ferme. Vous déposerez vos sacs à une consigne au milieu des bois, sous la protection de charmants gardiens, puis une allée triomphale vous conduira à la première approche de la Villa.

©x

©x

Il faut se représenter une oliveraie entretenue à la pince à épiler, stylisée -on se croirait déjà dans un tableau de Camoin- et une cour en U présidée par le monstre Alycastre sculpté pour l’occasion par Miquel Barcelo. Vous visiterez cette Villa pieds nus, pour « multiplier et affiner vos perceptions sensorielles», vous goûterez d’un calcaire à peine grenu, comme le sable d’une plage, puis d’un autre, avec plus de relief : on vous le dit, vous marcherez comme un milliardaire en sa Villa. Et c’est le cas.
Un villa parfaite, au demeurant, avec des fenêtres horizontales découpant le paysage lui-même travaillé en sublimes tableaux, piscine ou plutôt miroir d’eau, à peine effleurée par le bec d’un oiseau. Vous circulez entre les pages glacées d’un magazine de luxe.

Puis vous entrez dans un labyrinthe d’angles droits et de blancheur qui devrait évoquer les errances d’Ulysse. Le commissaire invité par la fondation Carmignac, Francesco Stocchi et la scénographe Margherita Palli ont imaginé ce cheminement unique. De chef-d‘œuvre en chef-d’œuvre, entre Martial Raysse et son «faire et défaire Pénélope », Keith Haring et une peinture sur bâche qui pourrait être une tapisserie, Yves Klein avec une empreinte de corps, la «femme-couteau» de Louise Bourgeois, un monstre d’Odilon Redon, une photo très contemporaine de Man Ray, vous ne vous égarerez pas forcément. Mais un peu: vous reviendrez sur vos pas, vous vous étonnerez des miroirs et des escaliers en trompe-l’œil (le myope ordinaire est assez facile à tromper! )… Parmi cinquante œuvres évoquant Ulysse dont ce détail, pur prétexte : dans ses errances, il aurait pris pied à Porquerolles. Telle est la force de réalité que les lieux donnent à la légende.

Donc, réunis ici, dans une scénographie parfaite, les tableaux et quelques sculptures répondant à tel ou tel moment de L’Odyssée (même le skieur de  Jean-Michel Basquiat?). En fait, vu leur qualité, cela n’a guère d’importance et l’on s’attarde devant chacune. Vous pourrez vous installer sur des coussins devant l’immense et inépuisable panorama sous-marin proposé par Miquel Barcelo mais sa disposition invite plutôt à admirer la coupole de ce qui a pu être autrefois une grandiose salle à manger.

©x

©x

Vous rencontrerez un fouillis de voiles naufragées et la vibration de la lumière met le ciel sur la terre, et l’eau dans l’air, et des passages étroits avec des œuvres « qui peuvent heurter les esprits sensibles ». Beaucoup de pop-art, mais du meilleur et pas toujours le plus connu d’un artist : ainsi une réjouissante et inquiétante Vénus de Milo taguée au fusil par Nicki de Saint Phalle.

Une exposition parfaite. Et les jeunes gardiens ou médiateurs culturels, tous passionnés par les œuvres sur lesquelles ils veillent, répondent à vos questions, vous en apprennent beaucoup sans forcer la main.
Ajoutez le jardin, une œuvre lui aussi, avec des sculptures qui y trouvent leur juste place. Et Nuage, une installation de Leandro Erlich au Fort Sainte-Agathe (à quelque pas de la Villa). Mais la seule visite de la Villa prenant elle-même deux bonnes heures., il nous faudra revenir.

Et nous persuader que, pour deux heures ou une journée la Villa est à nous, avec tout le respect et l’admiration qu’elle inspire. Le touriste de passage comme le citoyen, peuvent aussi être mécènes: il y a de solides avantages fiscaux. Nous sommes donc ici chez nous, le temps de la visite, à la rencontre de ces œuvres si bien exposées. La beauté de cette maison et l’intérêt de l’exposition rendent acceptable le prix d’entrée : 15 € et il y a des tarifs réduits.

Christine Friedel

Le Songe d’Ulysse, Villa Carmignac, île de Porquerolles (Var) jusqu’au 16 octobre, de 10h à 18 h. Nocturnes les jeudis jusqu’à 21 h. Ateliers pour enfants et autres activités.
Réservations et informations : villacarmignac.com

Liaisons maritimes : WWW.hyeres-tourisme.com


Archive pour juillet, 2022

Anima, conception et réalisation de Noémie Goudal et de Maëlle Poésy, à partir de Post Atlantica de Noémie Goudal, création musicale de Chloé Thévenin,

Anima, conception et réalisation de Noémie Goudal et de Maëlle Poésy, à partir de Post Atlantica de Noémie Goudal, création musicale de Chloé Thévenin,

Une artiste et une metteuse en scène ont créé une sorte d’ovni avec lequel, disent-elles d’objet veut concerner et toucher le public au plus près. « En s’inspirant de recherches en paléoclimatologie et d’études sur nos perceptions en milieux clos, elles veulent essayer, disent-elles, d’interroger nos sensations et nos besoins de repères spatio-temporels. « Quels vertiges nous saisissent quand la ligne d’horizon disparaît ou devant les aspérités du sol ? Que passe-t-il quand nous ne savons plus séparer le jour de la nuit ? »

©x

©x

Dans un angle la belle cour d’un hôtel particulier, un triptyque d’écrans géants où s’inscrivent trois films. D’abord, la nuit, une palmeraie à la photo imprimée sur de grandes bandes de papier que des techniciens déplacent pour le restructurer. Illusion totale et magnifique à la limite de la magie. Quelque minutes après le début, le public s’aperçoit qu’il s’agit d’un dispositif vidéo très élaboré. Il y a un peu de vent, puis la palmeraie en proie en flammes légères s’embrase de plus en plus vite. Un trucage sans aucun doute mais impressionnant…

Ce film très bien réalisé est issu de Phoenix une œuvre de Noémie Goudal. Puis l’écran de droite, apparaît un paysage de rochers, toujours avec un même système de bandelettes qui se décrochent (en images) mais là aussi l’illusion est tenace et nous avons envie d’y croire… Puis celui de gauche , cette fois avec un vrai technicien aux commandes de robinets hydrauliques sur le côté gauche, l’image de grotte ( mais peu visible par les spectateurs qui comme nous sont sur ce côté, se défait, un mince rideau d’eau coule et anéantit un papier hydro-soluble. Et apparaît alors un autre paysage de rochers imprimé sur un tissu vinyl.
Et dans cette dernière partie une acrobate- équilibriste Chloé Moglia que nous avions vu récemment à Dijon (voir Le Théâtre du Blog) se suspend aux barres mais sans aucun filet et se confronte à un vide de plusieurs mètres avec une remarquable fluidité comme en apesanteur et jouant avec le vertige qu’elle nous impose…
Toute cette performance se déroulant sur une musique électronique et des enregistrements de bruits d’eau et jungle, de Chloé Thévenin aux basses insupportables quand on est près des baffles…

Le spectacle, mis en scène par Maëlle Poésy qui avait créé cette saison un remarquable 7 minutes de Stefano Massini (voir Le Théâtre du Blog) est une merveille de réalisation servie par une équipe importante de techniciens. Mais passé l’éblouissement du premier quart d’heure, cette Anima nous a laissé sur notre faim. Que veut nous dire au juste Noémie Goudal avec cette installation-performance? La déconstruction/reconstruction , la situation précaire de l’humain sur la planète, les déséquilibres actuels de la température sur terre. Mais Noémie Goudal, et Maëlle Poésy ont-elles conscience que toute la technologie ultra-sophistiquée qu’elles s’imposent, contribue sans aucun doute à la destruction radicale de notre environnement?
Désolé, mais ici le In avec des dispositifs comme celui-ci ,ou les compagnies du Off avec ses dizaines de milliers d’affiches imprimées donc absorbant un maximum d’énergie, de papier épais et d’encres chimiques sont déjà très en retard et cela ne semble émouvoir personne… Il est plus que temps de revenir à des pratiques nettement plus écologiques… On nous répondra sûrement qu’il n’y a pas moyen de faire autrement et qu’il faut vivre avec son temps. Mais il faut aussi regarder ce qui se passe dans le temps que nous vivons… Et tant que nous, y compris dans les gestes quotidiens, nous n’aurons pas tous compris cela… il y a de quoi être inquiet.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 16 juillet à 22 h, Cour Monfaucon de la Collection Lambert, Avignon.


 

La Maman et la putain de Jean Eustache

La Maman et la putain de Jean Eustache

Grand prix du festival de Cannes en 73, ce long film (trois heure quarante) devenu culte dont la version restaurée a été projetée cette année à Cannes, ressort dans soixante salles. L’œuvre de Jean Eustache était difficile d’accès en DVD, pour des raisons de droits d’auteur mais Les Films du Losange ont entrepris de la restaurer et de la rééditer.
Les remarquables dialogues de
La Maman et la putain ont aussi été adaptés au théâtre, notamment et surtout par Jean-Louis Martinelli qui, le premier, en avait fait en 90 une remarquable mise en scène …

 1973 : il y a donc presque cinquante ans. On retrouve dans ce film, le Paris d’alors avec ses vieilles 2 CV, ses 4 L brinquebalantes et ses DS triomphantes, signe absolu de réussite pour la bourgeoisie montante. Les cafés comme Les Deux Magots et Le Flore à Saint-Germain-des-Prés, Le Rostand, rue de Médicis longeant le jardin du Luxembourg, sont toujours là. Le restaurant du Train bleu à la gare de Lyon et Le Rosebud, petit bar américain à Montparnasse, aussi. Mais qui les fréquente aujourd’hui? Certainement plus ces magnifiques jeunes gens, éblouis de jeunesse et liberté, ivres de mots et contradictions, qui nous accompagnent trois heures quarante durant…

©x

©x

Jean-Pierre Léaud (Alexandre), splendide, promène son visage énigmatique sur les jeunes femmes comme Véronika (Françoise Lebrun) Bernadette Lafont (Marie)  qui l’entourent, qu’il poursuit ou qui le poursuivent, sans interrompre un seul instant un long discours dont il ne connait pas la fin. Mais comprend-t-il lui-même ce qu’il énonce ? Croit-il un seul instant à ses déclarations d’amour et à ses demandes itératives de mariage? Chaque personnage cherche à se trouver, ou à se retrouver à travers la réponse de l’autre et ces jeux de regards avec lesquels  La Maman et la putain nous emporte.

Jean Eustache filme en effet les visages comme personne. Presque quatre heures de face à face avec leur insolente beauté. Quatre heures de discours, voix vibrantes, désarrois et délires avec tous les personnages. Quête d’amour constante et désir de séduire pour les garçons, et d’être aimées pour les femmes. La liberté des comportements amoureux ou sexuels n’exclut pas le tragique des situations. Jean Eustache a construit son film comme une aventure personnelle. Catherine Garnier, sa femme se suicidera à la sortie du film et Jean Eustache se donnera la mort en se tirant une balle dans le cœur le 5 novembre 1981 à Paris. Alexandre /Jean-Pierre Léaud, héros tragique, parle constamment de sa relation à l’amour et à la mort. Et pourtant La Maman et la Putain met en scène le triomphe du sexuel et de la liberté. On y retrouve tout le souffle de l’époque. Sous les pavés, la plage… Chaque rencontre est une expérience nouvelle et l’aventure est au coin de la rue.
Chaque personnage renvoie à la frénésie du moment : jouir sans entrave. Mais comment assumer les contradictions ? Désir de séduire et butiner pour les hommes, désir vampirique de dévorer pour les femmes. Chacun s’en sort comme il peut mais mal. Alexandre, corps flottant dans l’espace, vivant dans l’errance, ne sait ni se trouver ni se poser. Véronika  n’en peut plus de baiser et d’être baisée (le mot est prononcé cent-vingt huit fois dans le film). Cette infirmière se découvre enceinte, vomissant dans un seau, après un long et pathétique monologue frisant la décompensation psychotique, dans sa chambre sordide. Bernadette Lafont ( Marie)  dont la nudité et la beauté sculpturale traversent le film, quittera le plateau avant la fin du tournage…


Bernadette Lafont, Françoise Lebrun, Jean-Pierre Léaud : un trio magique et tragique à la fois. La liberté assumée de leurs personnages bute sur leur fragilité mais la beauté des visages à chaque fois explose le cadre. L’écran devient le lieu de leur transfiguration. Pierre Lhomme, chef-opérateur du film, résumera bien le film : «Tous ces champs et contrechamps sont le sujet même du film. L’homme et la femme peuvent-ils tenir ensemble dans la même image? » Champs et contrechamps, temps et contretemps, visage contre visage, corps contre corps, sont ici des éléments déterminants. Il faut y ajouter le flot du discours ininterrompu qui accompagne les images sur le plan sonore. Et les mots sont essentiels dans le film. Comme ces longs monologues hagards et ivres d’Alexandre cherchant à justifier l’injustifiable, à expliquer l’inexplicable. Mais ils n’épuisent jamais le sujet, comme un long mentir-vrai.

Importance du discours. De son ampleur et de sa vacuité. Les paroles emportent le sujet vers des limites nouvelles rendues possibles de par l’alcool et le LSD. Subversion du Sujet et dialectique du désir, disait-on à l’époque avec Jacques Lacan. On y retrouve la dialectique hégélienne du désir. Le désir de l’homme est le désir de l’autre, ce qui donne la véritable portée de la passion humaine.Les chemins de la liberté n’excluent ni la servitude des personnages ni le tragique de leur situation. Comment Alexandre (Jean-Pierre Léaud) pourra-t-il s’en tirer ? Comment les femmes négocient-elles leur demande et leur désir ? Toute la force tragique du film est là, avec la splendeur des images, l’éternelle beauté des visages, l’insistance des mots qui font de cette œuvre, un pur chef-d’œuvre de ces années de liberté et passions partagées.

Jean-François Rabain

 

 

 

 

 

Je ne suis pas d’ici, je suis ici, une performance de Véronique Kanor

Je ne suis pas d’ici, je suis ici, une performance de Véronique Kanor

La Chapelle du Verbe Incarné qui accueille la 25ème édition du TOMA, est celle qui nous fait parvenir l’écriture et les mises en scène si précieuses de l’archipel France. Celui qui s’étend disent sa directrice Marie-Pierre Bousquet et son directeur Greg Germain, sur toutes les mers du monde avec toujours à l’esprit ces paroles qui portent notre lieu. «Pas de culture qui puisse se dire métropole des autres. Ici, nous affirmons que le théâtre est le lieu où la vie se donne à voir. Toutes les vies, celles que nous rêvons comme celles que nous vivons… Nous affirmons de même que la rencontre des mondes et des imaginaires, n’a jamais conduit à l’effacement ou au grand remplacement d’un peuple. Nous n’avons pas peur ! Nous aimons les incertitudes et les territoires d’ouverture. Nous fréquentons volontiers l’inattendu et le singulier. Cette année encore, les troupes du TOMA sont prêtes à vous emmener visiter les obscurs de tant d’histoires. Pot’la wouvè, kontan vwè zot! (La porte est ouverte, soyez les bienvenus). »

© Pascal Gely

© Pascal Gely

Véronique Kanor d’origine martiniquaise, dramaturge et poétesse éditée à Présence africaine, performeuse et réalisatrice de films documentaires a grandi à Orléans, vit à Fort-de-France mais aussi en Guyane et à Bordeaux. Elle a été animatrice sur des radios libres et journaliste à la télévision, avant de se consacrer à la réalisation de films sur les sociétés afro-descendante. Alain Timar, directeur du Théâtre des Halles à Avignon en 2014 a mis en scène sa pièce sur le footballeur Liliam Thuram. Oui, dit-elle, je suis une femme, oui, je suis noire mais je suis française. Alors, pourquoi me contrôle-t-on souvent mes papiers? « Bref : je suis de gauche, comme tous ceux qui ne sont pas de droite,ni de quelque part de très précis.Je suis banale. Née dans une ville du Centre où toutes les balles sont au Centre. absolument, incroyablement banale…. Je suis : Française. Femme. Noire. Comme tout le monde. Non ?On a tout fait pour interdire le crépu de ma bouche extirper le créole de mon cheveu,bannir de ma tête, de mes ancêtres, la gloire. J’ai ri aux blagues de Michel Leeb. Comme tout le monde.Alors : pourquoi moi ? Pourquoi est-ce à moi que la gardienne de la Citoyenneté demande de présenter mon identité de papier ? Ça se voit tant, tant que ça … Que je porte l’abîme ? Ça se voit tant que ça que je suis un modèle de Française à-particules-non-élémentaires? « 

En effet, combien de temps faudra-t-il encore pour que nous soyons débarrassés de ce très ancien et très nocif contrôle au faciès.  Que jurent tous les Ministres de L’Intérieur successifs, sera bientôt éliminé. Ce que dit ici  Véronique Kanor avec une virulence qui fait du bien mais aussi avec une remarquable maîtrise du verbe poétique: « Je viendrai avec vous avec une armée de pauvres, des désastres programmés, avec les valets, les sous-fifres, les ombres en tablier, les fils de pas-de-papa et les filles de pas-le-bol, avec les déshérités, les spoliés, les déplacés les possédés, dépossédés, les assignés à résistance.  »
Oui, être poète, c’est un métier qui suppose de bien connaître la langue et surtout de s’en servir au mieux et en rythme pour dire ce qu’on a sur le cœur. Et à ce grand jeu du langage, Véronique Kanor a gagné le loto. Et en un petite heure, elle sait aussi associer texte, musique et photos projetées de visages de toute couleur et de tout pays. Avec une diction et une gestuelle de tout premier ordre.
Allez la voir, vous ne serez pas déçus mais attention,  il ne reste que trois jours.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 12 juillet, à 12h 10,  Chapelle du Verbe Incarné 21 G rue des Lices, Avignon. T . : 04 90 14 07 49.

 

 

Le Moine noir, d’après Anton Tchekhov, traduction de Gabriel Arout, adaptation et mise en scène de Kiril Serebrennikov

Festival d’Avignon :

Le Moine noir, d’après Anton Tchekhov, traduction de Gabriel Arout, adaptation et mise en scène de Kiril Serebrennikov

Le metteur en scène russe a déjà été invité au festival avec Les Idiots en 2015 et l’année suivante avec Les Ames mortes  et Outside  en 2019. Sa mère était ukrainienne, comme, entre autres, le grand Nicolas Gogol,  et il est devenu une figure emblématique de la résistance au pouvoir de Vladimir Poutine. Très mal vu pour des raisons politiques par le Kremlin (Kiril Serebrennikov a signé des lettres ouvertes demandant la libération de Svetlana Bakmina, une des membres du groupe Pussy Riot).Et il a depuis quelque dix ans, a fait l’objet de perquisitions dans le cadre d’une enquête diligentée soit disant pour détournement de fonds publics de 68 millions de roubles (un million d’euros). Arrêté après deux années d’assignation à résidence, il a été condamné à trois ans de prison mais avec sursis.
Il a donc préféré s’exiler en Allemagne et a construit ce spectacle avec la troupe du Thalia Theater de Hambourg et certains de ses acteurs russes. Le grand metteur en scène Thomas Ostermeier, le directeur de la Schaubuhne à Berlin l’a beaucoup soutenu et mis en ligne
une pétition signée entre autres par l’écrivaine Elfriede Jelinek et par de nombreux artistes, exigeant du Pouvoir russe l’arrêt de ses poursuites…

Le Moine noir,une nouvelle d’Anton Tchekhov est inspirée de légendes russes et bien connue  mais peu en France. A la relire,  ce n’est pas sans doute non plus l’une de ses plus réussies. Andreï Kovrine, un jeune et brillant philosophe très abattu, va aller se refaire une santé dans la grande et belle propriété d’arbres fruitiers où vit son grand ami Pessotski avec sa fille Tania.
Mais il va vite être atteint par une hallucination, aux limites de la folie : il voit souvent un moine vêtu de noir qui lui répète que la liberté n’est peut-être qu’une illusion mais qu’il vaut mieux la vivre, et comme un jeune arbre pousser librement. Il y a dans cette nouvelle, toute une leçon sur la nécessaire taille des arbres si on veut qu’ils produisent beaucoup de bons et beaux fruits, sur l’obligation aussi de les récolter par temps sec, pour arriver à les conserver en bon état. Visiblement, une arboriculture très bien maîtrisée et depuis longtemps par Pessotski. C’est aussi une réflexion sur le bonheur et le prétendu génie des êtres d’exception et la vie des hommes soit est libre et donc forcément plus risquée comme celle des végétaux, soit très conforme mais pas très passionnante, et qu’on retrouve en filigrane entre autres, chez Tchekhov dans Les Trois Sœurs ou La Mouette.

© Ch. Raynaud de Lage

© Ch. Raynaud de Lage

Kirill Serebrennikov, à partir de cette longue nouvelle, a écrit avec les mêmes personnages une sorte de quête existentielle en quatre épisodes sur la vie de Pessotski très attaché à son domaine et qui craint de le voir disparaître après sa mort. Il rêve de voir Tania se marier avec Kovrine ou au moins avoir une liaison avec lui. Et il ne lui demande pas tellement son avis.

Obsédé qu’il est par son désir de faire perdurer sa réussite en arboriculture et sa sœur aussi se méfie du jeune homme. Mais Pessotski voit vite que le génial Kovrine n’est pas le gendre idéal: il délire, injurie Katia et devient vite un personnage sans intérêt. Finalement, le jeune philosophe et chercheur orgueilleux n’aura apporté que le malheur et la souffrance ! Dure leçon…

Sur le grand plateau de la Cour d’ Honneur, un saxophoniste joue une musique d’ouverture. Il y a trois serres, ou du moins des apparences de serres, assez laides, couvertes d’un simple film plastique où il a fallu faire des incisions pour qu’elles résistent hier soir au violent  mistral peu fréquent, mais qui a ici par le passé détruit quelques  spectacles. A l’intérieur d’une des serres, un pianiste et un violoniste, et dans une autre, une bande d’ouvriers agricoles. C’est souvent la fête, il y a de la bonne musique et la vodka coule à flots. Et nous assisterons avec des images en gros plan retransmises côté jardin sur un écran rond (et tant pis pour les spectateurs des rangs éloignés ou non, du côté cour!), aux scènes d’hallucination de Kovrine et à d’autres. Mais il n’y a jamais d’émotion, les micros H.F. avec leur son écrasant et sans nuances n’y étant pas pour rien… Non, ce n’est pas, comme on a pu le dire, un spectacle magistral mais magistralement monté, ce qui n’est pas la même  chose…

Il y a pourtant de très belles images sans doute inspirées de celles que nous offrait le grand Polonais Tadeusz Kantor:  Katia en mariée avec un très long voile écharpe blanche flottant dans le mistral, ou ces ouvriers agricoles tassés dans la serre et regardant Kovrine, Katia et son père. Ou encore ce moine noir multiplié par vingt jeunes acteurs alignés sur une série de bancs face public. Et les chœurs d’hommes aux voix graves sont de toute beauté. Mais le plateau est très souvent noyé de fumigènes et de lumières rouges, des procédés bien conventionnels…

La première heure se laisse regarder mais ensuite l’auteur-metteur en scène ne semble plus très bien savoir où il va et il reste encore presque deux heures ! Avec un texte bavard, et souvent les mêmes phrases répétées comme si Kiril Serebrennikov avait peur que nous nous ne comprenions pas et des considérations sur la souffrance, la liberté ou l’absence de liberté, le sacré, la mort, la souffrance…
On s’ennuie? Oui, assez vite même s’il se passe toujours quelque chose de nouveau. Il y a eu peu de départs de spectateurs qui semblent comme anesthésiés- à la fois par le mistral et un texte bavard et répétitif qui n’a plus grand chose à voir avec la nouvelle d’Anton Tchekhov. Ils regardent souvent leur portable plutôt que la scène…
Puis dans la dernière partie, l’auteur et metteur en scène veut nous emmener vers une vision mystique avec projections de beaux cercles graphiques sur le mur du Palais des Papes mais que viennent-ils faire là. Il y a aussi d’immenses images sur le mur du visage d’Andreï Kovrine… Puis, comme si Kiril Serebrennikov 
ne savait pas trop comment finir, son spectacle qui manque déjà d’unité, vire à une sorte d’opéra, avec de très beaux chants et quelques parties dansées par un dizaine de moines habillés (ou presque pas) en noir. Et cela se termine sur une dernière danse… Comme si le temps imparti s’était écoulé, et donc le contrat rempli. Bon…

L’auteur-metteur en scène a déjà prouvé qu’il savait diriger et il le fait encore avec une grande virtuosité. Ses nombreux acteurs, à la fois russes et allemands, sont tous excellents. Mais pourquoi faire appel pour jouer Andreï à trois comédiens différents? Et désolé, c’est un spectacle brillant mais vide de sens ou presque, et finalement assez prétentieux. A l’extrême fin, s’affiche : STOP THE WAR en grandes lettres sur fond rouge sur le mur du Palais… Un peu facile?
Le public a applaudi les acteurs, l’autre non et il y a eu peu de rappels. Certains spectateurs se sont levés sans doute pour applaudir aussi ce  STOP THE WAR… Décidément, après la très contestable
Cerisaie de Tchekhov (voir Le Théâtre du Blog) mise en scène l’an dernier par Tiago Rodrigues, la grande Cour ne porte pas bonheur à Tchekhov. Vous voilà prévenus. A vous de voir….  Et les bonnes places: à 40 ou 35 €, sont par les temps qui courent, quand même chères pour un spectacle aussi peu convaincant.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 15 juillet, Cour d’honneur du Palais des papes, Avignon.

La nouvelle Le Moine noir d’Anton Tchekhov, traduction de Gabriel Arout, suivie de l’adaptation de Kiril Serebrennikov, est éditée chez Actes Sud-Papiers.

Festival de Marseille 2022 (suite)

 

Festival de Marseille 2022  (suite)

 Le programme comporte un certain nombre d’événements en plein air. A noter : billets à dix euros pour tous les spectacles et une billetterie solidaire* cède des places à un euro, grâce une «Charte culture », mise en place via une centaine d’associations sociales, éducatives ou médicales. (Soit environ 30% des places vendues).  Il y a aussi des propositions gratuites comme un karaoké géant au MUCEM ou cette visite guidée ludique dans un Centre commercial…

 L’Age d’or, conception d’Igor Cardellini et Tomas Gonzalez

IMG_6254

© mireille Davidovici

Ces artistes suisses ont imaginé une déambulation théâtrale dans le Centre Bourse, situé au cœur de la ville. Une guide plus vraie que nature. Dominique Gilliot prend en charge les visiteurs, coiffés de casquettes rouges siglées Galeries Lafayette et munis d’écouteurs. En introduction, un bref historique des lieux construits dans les années soixante, à l’image du premier de ce type, le Southdale Center conçu par Victor Gruen sur le modèle d’une piazza viennoise et inauguré en 1956, à Edina ( Minnesota) Un «dôme de plaisir avec parking ». A Marseille, Jacques Henri-Labourdette, appartenant au mouvement dé-structuraliste, a imaginé un bâtiment en béton «d’expression brutaliste, viril et héroïque». Avec diagonales à quarante-cinq degrés, adoucies récemment par une nouvelle aile en arrondi.

La comédienne nous invite à décrypter l’architecture de ce supermarché, à la fois lieu de consommation et de loisirs. Puis elle nous explique les stratégies et circulations pour amener le client à entrer dans les espaces de vente, sans avoir la « phobie du seuil». Elle nous invite à une glissade sur le sol lisse, étudié pour faciliter la marche et pointe, au passage, la façon dont sont exposés les produits dans leurs vitrines. Selon une scénographie muséale  et sous des projecteurs.

 L’Âge d’or exhibe ce simulacre de la ville qu’est le « mall » américain, corne d’abondance où tout semble à portée de main, comme une promesse d’accession au bonheur. Avec humour et fantaisie, cette visite décalée nous offre les clefs de ces espaces ultra-codés, chefs-d’œuvre du marketing triomphant, construits à l’époque des Trente Glorieuses pour aiguiser nos appétits de consommateurs. Des espaces fonctionnels quasi invisibles dans les villes, qui échappent souvent à notre attention mais qui font pourtant partie des idéaux dominants actuels. Mais n’ont-ils pas fait long feu avec la vente en ligne?

 K7 Productions conçoit des formes performatives adaptées à différents lieux : banque, bureaux, etc. : « Dans chaque endroit, nous partons de l’architecture et de l’aménagement pour recomposer, puis déconstruire les univers sociaux que ces lieux accueillent, activent ou régulent. » Et la visite, en plus de tisser une narration critique, entraine le public à décoder ces espaces, tout en s’amusant…

 Sabena d’Ahamada Smis

2022-06-29_FDM_Sabena_Ahamada-Smis_Générale_Mucem_-18

© Pierre-Gondard_

«Marseille, nous dit-on, est la cinquième ville de l’Archipel», remarque le chanteur d’origine comorienne. Il a réuni autour de lui quatre danseurs et un petit orchestre, pour raconter, en images, mouvements et musique, un massacre, encore inscrit dans la mémoire des Comoriens. Il eut lieu en 1976, à Majunga, à Madagascar et on a appelé les rescapés «Sabena » du nom de la compagnie aérienne qui les avait rapatriés dans leur île.
Ahamada Smis, auteur, compositeur et multi-instrumentiste, mêle le hip hop de sa ville d’adoption aux modulations lyriques et rythmiques de l’océan indien, dans un style « afro-ngoma» (l’afro-beat comorien). Jeff Kellner (guitare), Robin Vassy (percussions), Uli Wolters (saxophone, clarinette, flûte) donnent aux arrangements musicaux de riches couleurs sonores accompagnant avec sensibilité la voix chaude d’Ahamada Smis.

Sous la houlette du chorégraphe, Djo Djo Kazadi, Fakri Fahardine, Inssa Hassna, Mickael Jaume et Sinath Ouk s’insinuent dans la musique et essayent d’illustrer ce drame historique. Mais nous nous serions contentés d’une narration, sans que les danseurs miment la situation… Malgré la qualité des interprètes et la voix envoûtante d’Ahamada Smis, cette réalisation se perd dans un trop plein de signes et la création graphique pourtant cohérentede Mothi Limbu . Nous avons eu du mal à saisir le sens de ce généreux Sabena que le public marseillais venu nombreux sur la place d’Armes du fort Saint-Jean, a pourtant apprécié…

 100% Afro, chorégraphie de Qudus Onikeku

IMG_6273

© Mireille Davidovici

Ce chorégraphe et performeur nigérian a dirigé une cinquantaine de danseurs, repérés à Marseille et aux quatre coins du monde (en particulier sur Internet), pour créer un spectacle géant d’afro-danse. Sur la grande esplanade, à l’entrée de La Friche de la Belle de Mai, le public nombreux circule pour voir des propositions rythmées par un ensemble de musiciens (guitares, bâtons ou autres percussions). Les danseurs, professionnels et amateurs mêlés, nous livrent en une heure trente une suite de pièces, à différents endroits du site.
Qudus Onikeku a travaillé avec eux en ligne, avant qu’ils arrivent à Marseille. Une fois sur place, ces artistes ont eu un temps minimum pour mettre leurs propositions en cohérence.  Nous retiendrons pourtant quelques séquences comme le dernier tableau où, enduits de charbon puis de farine, ils se figent en une sculpture collective. Répétitions et spectacle qui ont été filmés, sont diffusés en ligne sur : afropolis.org. , un site créé pour l’occasion.

 

Mireille Davidovici

Festival de Marseille du 16 juin au 9 juillet 7 rue de la République, Marseille ( II ème) T. 04 91 99 00 20.

* Contact billetterie solidaire : rp4@festivaldemarseille.com T. : 04 91 99 02 53.

Prochaines performances de K7 Productions : Du 6 du 10 septembre,La Bâtie-Festival de Genève (Suisse) : du 6 au 8 octobre, Biennale Internationale des Arts Vivants, Toulouse (Haute-Garonne) ; du 17 au 19 novembre, NEXT Arts Festival, La Rose des Vents, Villeneuve-d’Ascq (Nord) ; du 24 au 26 novembre, NEXT Arts Festival, Kunstencentrum BUDA, Courtrai (Belgique).

En janvier, Les Subs, Lyon (Rhône). Les 18 et 19 mars, Le Maillon, et les 1 et 2 avril, Scène européenne, à Strasbourg (Bas-Rhin).

 

 

Festival d’Avignon: Fin de partie de Samuel Beckett, mise en scène de Jacques Osinski

Fin de partie de Samuel Beckett, mise en scène de Jacques Osinski

Avec déjà Denis Lavant, le metteur en scène avait déjà présenté dans ce même théâtre, La Dernière Bande et Cap au Pire. C’est la deuxième pièce du célèbre auteur qui l’avait abord écrite en français. Elle  a été créée au Royal Court à Londres par Roger Blin qui avait aussi été le premier à mettre en scène En attendant Godot. Samuel Beckett l’a traduira ensuite en anglais.
Ham, aveugle et paralysé est en fauteuil roulant mais reste le maître exigeant autoritaire et insupportable. pourtant Clov, son valet et souffre-douleur lui obéit à la seconde. Cela se passe dans une sinistre maison avec deux petites fenêtres en hauteur dispensant une faible lumière… Comme les deux abats-jours en tôle rouillée. Dans le fond deux poubelles aussi rouillées où survivent les vieux Nagg et sa femme Nell qui ressassent leur jeunesse….Bref, la maison du bonheur…Et Samuel Beckett annonce tout de suite la couleur:
  »Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. Les grains s’ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c’est un tas, un petit tas, l’impossible tas. La fin est dans le commencement et cependant on continue. Rien n’est plus drôle que le malheur, je te l’accorde. »

 

©x

©x

Un univers plus que sinistre mais fascinant oùil  n’arrive rien ou presque:! Seule exception, entre temps, Nell meurt puis Nagg. Mais personne ne s’occupera de leur corps… Clov répète qu’il veut quitter Hamm mais ne le fait pas. Sauf à la eut quitter Hamm mais ne le fait jamais. A la fin, où on le voit malheureux,  avec une petite valise en carton et un imperméable sur le bras, il semble enfin prêt à partir. Pas vraiment d’action au sens classique du terme mais un dialogue entre Hamm et Clov, quelques répliques de Hamm et de ses parents et de nombreux monologues de Hamm. C’est tout. Et Samuel Beckett avait bien indiqué toutes les didascalies à observer scrupuleusement. Ici, pas non plus de logique ni de communication: les personnages parlent beaucoup mais toujours du passé comme s’ils avaient bien conscience de vivre dans un présent très fragile et de n’avoir surtout aucun avenir. Phrases répétées, nombreux silences signalés par des séries de didascalies. Hamm raconte sa vie à Clov et insiste plusieurs fois de façon obsessionnelle sur le moment où il faudrait qu’il prenne son calmant. Mais Clov l’avertira: le flacon est vide….

Samuel Beckett, avec une rare maîtrise de la langue française, dit des choses courantes dans tous les pays: le vieillissement du corps, la fatigue de vivre et de supporter les autres, l’amertume de ne plus être jeune et en bonne santé. Et la pièce soixante-cinq ans après avoir été récrite, conserve une force exceptionnelle, même si elle nous parait aujourd’hui un peu longue. Et les dialogues  renferment de nombreuses pépites du genre sur la vie, la mort, la à difficulté à supporteer les autres. Ainsi Hamm : «Quelle heure est-il ? Clov : La même que d’habitude »Hamm : «Tu me quittes quand même.. Clov : j’essaie. » Hamm (outré), je ne t’ai pas trop fait souffrir ?Clov : »Si.  » Hamm (soulagé) : « Ah ! Quand même !(Un temps froidement) Pardon. J’ai dit, Pardon. Clov: « Je t’entends. Tu as saigné? » Et ces mots très étonnants de Clov: « Si je ne tue pas ce rat, il va mourir. »
La direction d’acteurs de Jacques Osinski est tout à fait remarquable. Frédéric Leidgens (Hamm) ne bouge pas mais a une formidable présence. Denis Lavant joue lui, ce pauvre pantin de Clov, assez stupide et très handicapé. Il marche difficilement en claudicant mais réussit à monter marche par marche comme les enfants, son escabeau de bois pour regarder plusieurs fois par les petites fenêtres. Puis et à en redescendre, toujours marche par marche. Il regarde Clov avec peur, alors que Clov derrière ses lunettes noires d’aveugle ne le voit même pas. Du grand art, entre le clown et l’acteur.

Comme toujours juste et attendrissant dans sa naïveté de paumé et sa résignation mais aussi sa révolte. Mais il y faut la grande intelligence scénique et la sensibilité exceptionnelle de Denis Lavant… et un long travail pour arriver à créer un tel personnage. Chapeau. Comme l’avait bien vu notre amie Christine Friedel (voir Le Théâtre du blog) il a, du clown, l’indispensable virtuosité qui fait de chaque geste une création et il devient sa propre marionnette, (…) le geste insolite, d’une précision, d’une exactitude hallucinante. (…) La perfection d’un art énigmatique. »
Et les vieillards dans leurs poubelles. Peter Bonke et Claudine Delvaux sont aussi très bien. Seule réserve importante: le rythme est lent: pourquoi avoir ainsi rallongé inutilement la durée de la pièce? Dommage et Samuel Beckett n’aurait sans aucun doute pas fait ce choix et il faudrait rectifier d’urgence cette malformation…  Sinon cette horreur de l’humanité a quelque chose de tout à fait réjouissant. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de ce théâtre qui peut être formidable mais aussi difficile à mettre en scène.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 28 juillet, Théâtre des Halles, rue du roi René, Avignon.T. : 04 32 76 24 61.

Du 19 janvier au 26 février, Théâtre de l’Atelier, Paris (XVIII ème).

Les 12 et 13 avril, Théâtre Liberté, Toulon ( Var).

Le texte est publié aux éditions de Minuit.

Festival d’Avignon: Leurs Enfants après eux,d’après Nicolas Mathieu, mise en scène d’Hugo Roux

Festival d’Avignon

Leurs Enfants après eux,d’après Nicolas Mathieu, mise en scène d’Hugo Roux

©Yannick Perrin

© Yannick Perrin

Un beau titre -comme celui de La vie est un long fleuve tranquille, tirés de l’Ancien Testament : «Il en est dont il n’y a plus de souvenir, Ils ont péri comme s’ils n’avaient jamais existé. Ils sont devenus comme s’ils n’étaient jamais nés. Et, de même, leurs enfants après eux.» L’auteur qui a vécu près d’Epinal (Vosges) raconte la vie de ces très jeunes gens mais aussi, comme en filigrane celle de leurs parents, tous victimes de la désindustrialisation en Moselle dans les années quatre-vingt dix. Les hauts fourneaux et le métallurgie qui faisaient vivre toute une région, disparurent les uns après les autres, victimes programmées d’un manque de prévision à l’échelon de l’Etat…

Nicolas Mathieu parle aussi du désir sexuel et de la découverte du sentiment amoureux chez ces jeunes français ou enfants d’émigrés à peine issus de l’adolescence qui essaient de se construire, malgré un chômage endémique.Mais lil évoque aussi les embrouilles, l’humiliation,du sentiment de déclassement, les trafics de dop et la violence dans les trop fameuses ZUP, nouveau ghettos des grandes villes européennes. Le personnage central, sans doute d’origine autobiographique, Anthony quatorze ans, s’ennuie. Fasciné par les filles, toutes plus mûres que lui. Pas très bien dans sa peau, il rencontre tout de même Steph et pour aller avec son cousin à une fête chez des bourgeois, il emprunte la moto Yamaha de son père, sans doute une fierté et le fruit de bien des économies!
Mais il oublie l’antivol et, bien entendu, une fois la fête finie, il ne la retrouve pas… Volée par Hacine, un jeune de la ZUP. Anthony qui craint une violente colère de son père, ose quand même en parler à sa mère. Ils vont alors voir le père de Hacine pour essayer de récupérer la moto. Rendu furieux par cette histoire qu l’humilie, il frappe son fils à coup de ceinturon. Mais Hacine ira brûler l’engin devant l’appartement des parents d’Anthony qui, à son tour,  pour se venger, se bagarrera avec Hacine.

Deux ans plus tard, en 94, Anthony dont les parents ont divorcé, travaille dans un club nautique. Un soir, il retrouve Steph (dix-huit ans) qui ne semble plus si indifférente. Mais il part rejoindre la nuit sous sa tente, Vanessa. Steph, elle, a un amoureux : Simon qui l’a invitée cet été avec son amie Clem chez un cousin sur la côte basque. Mais, au dernier moment, Simon lui dit avec un certain cynisme qu’il s’en va aux Etats-Unis. Et elle rompt avec lui. Hacine lui a été prié d’aller au Maroc rejoindre sa mère pour lui éviter les tentations mais il monte un juteux trafic de hasch.

© Yannick Perrin

© Yannick Perrin

A un enterrement, il tombe sur Anthony qu’il agresse dans les toilettes d’un bar. Patrick, son père qui alors comprend tout, tabasse Hacine. Anthony part retrouve Steph qui pour se venge de Simon, fait l’amour avec cet encore adolescent. Puis il s’engage dans l’armée pour s’éloigner de sa mère déprimée et de son père alcoolo. Steph revient après être allée deux ans à Paris en classe prépa. Hacine, enfin un peu calmé, vite en couple avec Coralie et ils ont même eu un bébé

Les années ont passé. 1998 : Match de foot France/Croatie en demi-finale de la Coupe du monde. A Heillange, tout le monde regarde la retransmission. Comme Anthony, réformé de l’armée après une blessure. Hacine a juste un SMIC mais s’est offert une moto Suzuki TS 125. Colère de Coralie qui le menace de partir avec leur fille chez ses parents.
Dans un bar, Hacine et Anthony assistent à la seconde mi-temps du match. Début de réconciliation.entre les jeunes gens… Anthony réussit à lui emprunter sa Suzuki pour aller juste faire un tour ; en fait pour aller voir Steph qui le repoussera. Très déprimé, Anthony ira le lendemain avec sa mère pique-niquer au bord du lac où son père s’est noyé. Puis il remettra  la moto devant le magasin où travaille Hacine.

Les mots d’un langage quotidien sonnent juste et Nicolas Mathieu n’en rajoute pas quand il fait parler des jeunes de milieu défavorisé. Et il sait aussi bien montrer à la fois la disparition progressive d’une classe ouvrière dans l’industrie française et la coupure entre deux France qui s’ignorent. Le seul moment de communion sociale semblant être un grand match de foot… D’où sans doute le succès de ce roman couronné par le Goncourt puis adapté en série télévisée. et enfin recréé et mis en scène déjà par Simon Delétang au festival de Bussang (Vosges) avec treize jeunes acteurs issus de l’ENSATT.
Puis Hugo Roux en monte une autre version cette année à Thonon-les-Bains. D’abord les fleurs : impeccable direction d’acteurs -tous et tout de suite crédibles-  Diction et gestuelle d’une rare précision, grande unité de jeu, ce qui n’est pas si fréquent. Vérité des costumes et sobriété des quelques éléments de décor, des lumières et plages musicales. Tout ici est d’une rigueur absolue et bénéficie à l’évidence d’un long et fructueux travail de préparation et la mise en scène est d’une belle fluidité. Et il y a des moments particulièrement réussis comme une scène d’amour ou la confrontation entre Hacine et son père.
Là où cela va nettement moins bien : Hugo Roux ne maîtrise visiblement pas la dramaturgie de cette fresque sociale : c’est l’éternelle histoire du passage d’un roman à la scène. Ceux qui comportent beaucoup de dialogues s’y prêtent mieux. Et ceux où le récit est important ? Il n’y a pas de règle absolue et une adaptation de L’Odyssée même pas très bien montée, fonctionne presque à tous les coups. On comprend bien que le metteur en scène ait voulu garder la substantifique moelle du roman mais à l’impossible, nul n’est tenu et ici certaines scènes auraient pu être sans dommage aucun, être supprimées. Le spectacle -coup classique- diminue d’intensité vers la fin. Sans doute faudrait-il resserrer un peu le texte et Hugo Roux, épargnez-nous ces abondants jets de fumigènes qui ne servent rigoureusement à rien et qui sont devenus la tarte à la crème du théâtre contemporain. Votre spectacle mérite beaucoup mieux que cela et votre concepteur-lumière peut arriver au même résultat .
Ces réserves mises à part, allez voir ce spectacle très soigné et auquel on ne peut rester indifférent. Il faudra absolument suivre Hugo roux et son équipe.

Philippe du Vignal

Le Onze à 22 h 10, 11 boulevard Raspail, Avignon.

Adieu Peter Brook

Adieu Peter Brook

©x

©x

Un immense homme de théâtre a disparu à quatre-vingt dix sept ans. Comment dire en quelques lignes une œuvre aussi magistrale et aussi riche? Né en en 1925 dans une famille lituanienne émigrée en Grande-Bretagne, il a commencé par faire des études de littérature comparée et a écrit des scripts pour la télévision. Mais il a aussi commencé à faire à dix-sept ans une adaptation de La Tragique histoire du docteur Faustus de Marlowe. Et il met  en scène déjà Shakespeare mais aussi assez curieusement des auteurs français contemporains comme André Roussin et Jean Anouilh (L’Alouette et Colombe) mais aussi d’un autre niveau: Jean-Paul Sartre, Jean Genet et Peter Weiss.
Influencé par des metteurs en scène, d’abord et surtout par Vsevolod Meyerhold, puis Jean Vilar, Jacques Copeau, Giorgio Strehler et Bertolt Brecht, il cherchera constamment à mettre en valeur le texte et condamnera un théâtre bourgeois où il ne se reconnaît pas. Il monte aussi des opéras au Covent Garden. Il réalise en 1953 pour la télévision américaine une belle adaptation du Roi Lear avec Orson Welles et six ans plus tard, à Blaye ( Gironde) un film Moderato Cantabile, d’après le roman de Marguerite Duras avec les jeunes Annie Girardot, Jeanne Moreau et jean-Paul Belmondo.

Il crée à Londres,  nombre de pièces de Shakespeare, comme entre autres Hamlet, Le Roi Lear , etc. avec la Royal Shakespeare Company. Ou plus tard à Paris Le Songe d’une nuit d’été dans un espace vide ce dont il fera ensuite une de ses théories. Il avait aussi monté quelques années avant Marat-Sade de Peter Weiss et Us sur une pièce sur la guerre au Viet nam  dans une mise en scène fondée sur un travail d’improvisation, ce qui était très novateur.

En 68, invité par Jean-louis Barrault alors directeur du Théâtre de l’Odéon pour participer à un atelier théâtral et fonde trois ans plus tard , le Centre International de Recherche Théâtrale où il va travailler avec des acteurs de différents pays. Ce sera comme sa marque de fabrique au cours d’une vie de travail théâtral particulièrement fécond.. Invitée par le shah en Iran, il crée Orghast, en 1971. Puis avec ses acteurs, il ira découvrir les formes traditionnelles du théâtre africain et travaillent ensuite aux Etats-Unis. Puis Peter Brook s’installe à Paris en 1970. et l’année suivante découvre un ancien théâtre devenu cinéma puis laissé à l’abandon. Le désormais fameux Théâtre des Bouffes du Nord qu’il va laisser ou presque dans son état d’origine. Mais il transforme la plus garde partie du parterre en avant-scène : il créée donc une grande proximité des acteurs avec le public. Il y créera toute une série de spectacles qui feront date dans l’histoire de la mise en scène contemporaine. Dont La Tragédie de Carmen, avec Hélène Delavault, musique de  Marius Constant adaptée de l’opéra de Georges Bizet et avec seulement quelques accessoires une magnifique Cerisaie.
Et un choc pour tous ceux qui comme nous ont ont eu le privilège en 85 de le voir neuf heures durant dans la carrière Boulbon au festival d’Avignon le majestueux 1985, création du Mahâbhârata, d’après la célèbre épopée hindoue . Il en fera aussi une adaptation au cinéma mais nettement moins réussie sans doute à cause d’une scénographie peu convaincante. Ou encore sa magistrale Conférence des Oiseaux.

Quel metteur en scène contemporain autre que lui, aura réussi au moins une dizaine d’excellents spectacles et un bon film? Il y faut une curiosité des théâtres étrangers, une énergie mais aussi une intelligence et une sensibilité scéniques exceptionnelles. Peter Brook aura aussi été un grand théoricien qui influencera plusieurs générations d’acteurs et de metteurs en scène surtout dans les années 80. Et ce que l’on sait moins,  il a généreusement prêté sa belle salle de répétitions à nombre de jeunes compagnies désargentées, entre autres le Trace Théâtre.

Dans son Espace vide, il veut montrer « que le théâtre est un art autodestructeur. Il est écrit sur le sable. Le théâtre réunit chaque soir des gens différents et il leur parle à travers le comportement des acteurs. Une mise en scène est établie et doit être reproduite – mais du jour où elle est fixée, quelque chose d’invisible commence à mourir. »  Avec lui disparaît un metteur en scène au travail exemplaire avec de dizaines de mises en scène qui a donné un sacré coup de dépoussiérage à un théâtre français bien fait mais souvent dépourvu d’imagination notamment en faisant entrer dans sa compagnie des de grands acteur étrangers comme l’Anglais Bruce Myers,le Japonais Yoshi Oïda, le Malien Sotigui Kouyaté, le Japonais Yoschi Oïda ou le Polonais Andrzej Seweryn et en revoyant les grands principes de la scénographie. ce qui à l’époque n’était pas si courant…

Nous avons vu la presque totalité de ses réalisations théâtrales Tous n’avaient pas la même intensité mais tous avaient une âme et une très haute qualité d’interprétation. Et les Bouffes du Nord resteront habités à jamais par son esprit. Impossible d’y aller sans penser à tous ses spectacles qui attiraient à chaque fois  tellement le public. Merci à Peter Brook pour tout ce ce que vous aurez apporté au théâtre français.

Philippe du Vignal

Les obsèques de Peter Brook auront lieu dans la stricte intimité le lundi 11 juillet. En accord avec sa famille, des hommages lui seront rendus prochainement au Théâtre des Bouffes du Nord.

 

 

Festival de Marseille 2022 Depois do Silêncio ( Après le silence) mise en scène de Christiane Jatahy , images de Pedro Faersteinen (en portugais (Brésil) surtitré)

Festival de Marseille 2022

Depoisdosilencio_CJatahy_LianGaia_GalPereira_jare2_photo_

© Christophe Raynaud De Lage

Depois do Silêncio ( Après le silence) mise en scène de Christiane Jatahy, images de Pedro Faersteinen (en portugais (Brésil) surtitré)

«Danse et corps en mouvement sont l’A.D.N. de ce festival créé en 1996 qui a déjà une longue histoire »,dit Marie Didier, sa nouvelle directrice.  Elle a conçu la programmation dans la foulée de son prédécesseur Jan Goossens (voir le Théâtre du blog), mêlant artistes locaux et internationaux, spectacles hors normes ou plus traditionnels, et présentés dans quatorze lieux partenaires. En avant-première d’une longue tournée, Dopois do Silêncio trouve naturellement sa place dans ce programme ouvert sur la diversité et les mouvements citoyens.

Sur scène, trois actrices et un musicien vont rompre le silence qui s’est abattu sur les assassinats des militants des luttes paysannes et nous replonger dans la vie à des agriculteurs brésiliens d’hier et d’aujourd’hui, autochtones ou anciens  esclaves: « Beaucoup de gens sont assassinés car ils défendent la terre. Des indigènes d’Amazonie d’aujourd’hui, aux activistes qui défendent les petits agriculteurs sur l’ensemble du territoire brésilien. Beaucoup de gens ont déjà sacrifié leur vie pour cette cause. »

Comme à son habitude, Christiane Jahaty mêle théâtre et cinéma, une forme adéquate pour ce documentaire-fiction, à partir d’un roman : Torto Arado (Sillon tordu) du géographe bahianais Itamar Vieira Junior qui raconte l’histoire des sœurs Bibiana et Belonísia dans une fazenda de l’arrière-pays de Bahia. Elles appartiennent à une communauté des Quilombolas, ces anciens esclaves devenus travailleurs ruraux sans terre et sans droits qui se battent pour leur survie. L’intrigue se passe à Água Negra, dans la Chapada Diamantina dans le nord-est du Brésil, où le romancier a longtemps travaillé et séjourné.

Cette fiction romanesque se conjugue avec l’action du film Cabra Marcado para Morrer (Un type désigné pour mourir), du célèbre documentariste brésilien Eduardo Coutinho. Il y est question de João Pedro Teixeira, leader paysan de la même région, assassiné en 1962. Le tournage, commencé en 1964, fut interrompu à cause du coup d’Etat militaire, et ne reprit que dix sept ans après, avec les témoignages des paysans qui avaient travaillé sur le premier film. Les images du documentaire sont projetées sur un triple écran en fond de scène, mêlées à celles tournées par l’équipe de Depois do Silênciotémoignent des habitants de l’arrière pays de Bahia et apparaissent les artistes qui sont en même temps présents sur scène, donnant à la fiction théâtrale un double effet de réel. En superposant des vies, des époques, des lieux et des histoires, la pièce met en tension toutes ces strates, et ramène des questions locales à des problématiques universelles. La lutte d’une communauté d’agriculteurs descendants d’esclaves pour sa terre, sa liberté et son identité n’est-elle pas notre cause commune ?

Dans cette mise en abyme vertigineuse, les actrices ont des rôles multiples : l’une incarne l’arrière-petite fille de João Pedro Teixeira. « Assassiné par des policiers. Assassiné par des exploitants agricoles. Des politiciens. Par l’État, par les propriétaires terriens. Et ces personnes demeurent impunies. » Et dans le film d’Eduardo Coutinho, apparaît Elisabeth, la veuve de João Pedro Teixeira. En parallèle, sur scène, une autre veuve prend la parole, celle de Severo dos Santos, lui aussi assassiné pour avoir défendu son peuple… Ces destins de femmes se croisent avec ceux des sœurs Bibiana et Belonisa du roman d’Itamar Vieira Junior où les humains coexistent avec les esprits : les Enchantés ( du brésilien encantados). Invisibles, ils s’emparent de certaines personnes et par un enchantement leur donnent des pouvoirs magiques. Ils sont invités chez les Quilombolas d’Água Negra lors de cérémonies, le jarê. Christiane Jahaty met en scène une transe qui, jouée en direct, sera aussi filmée…

Née à Rio de Janeiro, l’artiste connaît bien le Brésil profond et, à travers les luttes des plus démunis, nous fait pénétrer dans leurs croyances ancestrales importées d’Afrique, que la colonisation et la christianisation n’ont pas déracinés. Les actrices Gal Pereira, Juliana França et Lian Gaia s’approprient leurs rôles avec conviction, ajoutant à l’effet de réel. Mais elles savent aussi rester à distance par des adresses au public. Sur scène avec elles, Aduni Guedes, qui cosigne la musique avec Vitor Araujo, joue une partition riche en bruitages. Nous sommes happés par un tissage complexe d’éléments scéniques et textuels mais jamais perdus dans ce labyrinthe et parfaitement maîtrisé.Ce spectacle très abouti constitue le troisième volet de la Trilogie des Horreurs entamé en 2021 par Christiane Jatahy, avec Entre Chien et Loup, sur les mécanismes du fascisme à partir du film Dogville de Lars Von Trier et Before the Sky falls (Avant que le ciel tombe), d’après Macbeth , sur le machisme toxique. Cette fois-ci, elle nous livre une œuvre sensible qui touche au plus près à ses origines.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 1er juillet, au ZEF, Scène Nationale de Marseille, avenue Raimu, Marseille (XIV ème). Le Festival de Marseille se poursuit jusqu’au 9 juillet. T. : 04 91 99 00 20

Les 20 et 21 octobre De Singel, Anvers (Belgique) ; du 16 au 18 novembre, Théâtre National Wallonie, Bruxelles (Belgique) ; du 23 novembre au 14 décembre, Cent Quatre, Paris.

En 2023÷
Schauspielhaus, Zurich (Suisse), Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris;, Maison de la Culture, Grenoble (Isère) ; Madrid (Espagne); Piccolo Teatro,Milan (Italie),  Théâtre populaire roman de La Chaux-de-Fonds (Suisse), Besançon, Villeurbanne, C.D.N. Dijon Bourgogne Dijon (Côte d’Or) .

 

* Torto Arado est édité au Brésil chez Todavia

 

123456

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...