Faut de tout pour faire un monde, conception et mise en scène de Marc Etc.

Festival d’Aurillac (suite et fin)

 

Faut de tout pour faire un monde, par la compagnie Ici Même, conception et mise en scène de Marc Etc. 

On a tendance à reprocher au théâtre de rue la faiblesse de ses dramaturgies. Mais ce spectacle est à la fois inclassable et étrange, et pour certains, irritant. Les acteurs répartissent le public en plusieurs groupes. Chaque groupe  muni d’un bracelet de couleur différent, fera un circuit particulier. Donc, à la fin, l’ensemble du public n’aura pas vu la même chose.. Toutes les salles de classe du lycée Saint- Géraud sont investies et transformées. Un travail titanesque.

© T. Moreau

© T. Moreau

En 2101, les conditions de vie sur Terre se sont considérablement dégradées. Certains s’exilent dans l’espace ou y envoient du patrimoine génétique et d’autres se réfugient dans des oasis artificielles. Avec les progrès de la physique, on sait voyager dans le temps. Des sociétés telles que REVEЯ by Dupont-White  commercialisent des «reversions» à sens unique dans des périodes historiques, perçues comme stables et hospitalières.
Un acteur nous explique le procédé spécial qui doit nous permettre d’aller dans un passé lointain pour comprendre le monde actuel. Ainsi cette déambulation en deux heures commence dans un château médiéval où une noble se fait servir par de nombreux domestiques…Nous ne savons pas trop à qui nous avons pas trop affaire, sans doute à une famille de riches possédants genre Liliane Bettencourt. Puis nous voici transportés dans une chambre à coucher où deux hommes, qui reviennent d’une partie de tennis, manifestent clairement leur homosexualité. Ils  discutent  et  nous comprenons qu’ils vendent et rachètent de grosses sociétés. Ils sont à la fois d’une grande vulgarité et d’une distinction sociale évidente. Voilà, nous sommes aujourd’hui dans le monde très fermé des dirigeants du CAC 40.

Le voyage continue et le passé alterne avec le présent. Un puzzle énigmatique mais ces dirigeants semblent incriminés dans le dérèglement climatique… Un expert fait une conférence où il explique que le seul moyen de nous en sortir, ce ne serait plus le déplacement des hommes sur la planète mais celui des territoires. On pourrait ainsi retrouver le Togo en face de l’Alsace.  Nous sommes dans les prédictions de Jules Verne, mais qui peut prétendre  que cela ne sera pas vrai un jour ?  Le spectacle se termine dans la cour du lycée par une superbe image : une photo des maîtres et de leurs domestiques.  Ce Rever a à la fois du style, du savoir-faire et de l’ambition. « C’’est la seconde fois que je viens, me dit un spectateur,  la première, je n’avais pas supporté, mais aujourd’hui, j’adore. »  Faut de tout pour faire un monde chemine à l’intérieur des esprits et nous interpelle sur la grave responsabilité des grosses boîtes exploitant des énergies fossiles…
Faudra-t-il demander à  Olivier Neveux, spécialiste de théâtre contemporain, si ce spectacle peut être tamponné politique, ou non ? Il a en tout cas le mérite de nous déstabiliser et de nous emmener loin des formes habituelles du spectacle…

Edith Rappoport 

Spectacle vu au lycée Saint-Géraud, le 20 août.

 

 

 

 

 


Archive pour 31 août, 2022

Faut de tout pour faire un monde, conception et mise en scène de Marc Etc.

Festival d’Aurillac (suite et fin)

 

Faut de tout pour faire un monde, par la compagnie Ici Même, conception et mise en scène de Marc Etc. 

On a tendance à reprocher au théâtre de rue la faiblesse de ses dramaturgies. Mais ce spectacle est à la fois inclassable et étrange, et pour certains, irritant. Les acteurs répartissent le public en plusieurs groupes. Chaque groupe  muni d’un bracelet de couleur différent, fera un circuit particulier. Donc, à la fin, l’ensemble du public n’aura pas vu la même chose.. Toutes les salles de classe du lycée Saint- Géraud sont investies et transformées. Un travail titanesque.

© T. Moreau

© T. Moreau

En 2101, les conditions de vie sur Terre se sont considérablement dégradées. Certains s’exilent dans l’espace ou y envoient du patrimoine génétique et d’autres se réfugient dans des oasis artificielles. Avec les progrès de la physique, on sait voyager dans le temps. Des sociétés telles que REVEЯ by Dupont-White  commercialisent des «reversions» à sens unique dans des périodes historiques, perçues comme stables et hospitalières.
Un acteur nous explique le procédé spécial qui doit nous permettre d’aller dans un passé lointain pour comprendre le monde actuel. Ainsi cette déambulation en deux heures commence dans un château médiéval où une noble se fait servir par de nombreux domestiques…Nous ne savons pas trop à qui nous avons pas trop affaire, sans doute à une famille de riches possédants genre Liliane Bettencourt. Puis nous voici transportés dans une chambre à coucher où deux hommes, qui reviennent d’une partie de tennis, manifestent clairement leur homosexualité. Ils  discutent  et  nous comprenons qu’ils vendent et rachètent de grosses sociétés. Ils sont à la fois d’une grande vulgarité et d’une distinction sociale évidente. Voilà, nous sommes aujourd’hui dans le monde très fermé des dirigeants du CAC 40.

Le voyage continue et le passé alterne avec le présent. Un puzzle énigmatique mais ces dirigeants semblent incriminés dans le dérèglement climatique… Un expert fait une conférence où il explique que le seul moyen de nous en sortir, ce ne serait plus le déplacement des hommes sur la planète mais celui des territoires. On pourrait ainsi retrouver le Togo en face de l’Alsace.  Nous sommes dans les prédictions de Jules Verne, mais qui peut prétendre  que cela ne sera pas vrai un jour ?  Le spectacle se termine dans la cour du lycée par une superbe image : une photo des maîtres et de leurs domestiques.  Ce Rever a à la fois du style, du savoir-faire et de l’ambition. « C’’est la seconde fois que je viens, me dit un spectateur,  la première, je n’avais pas supporté, mais aujourd’hui, j’adore. »  Faut de tout pour faire un monde chemine à l’intérieur des esprits et nous interpelle sur la grave responsabilité des grosses boîtes exploitant des énergies fossiles…
Faudra-t-il demander à  Olivier Neveux, spécialiste de théâtre contemporain, si ce spectacle peut être tamponné politique, ou non ? Il a en tout cas le mérite de nous déstabiliser et de nous emmener loin des formes habituelles du spectacle…

Edith Rappoport 

Spectacle vu au lycée Saint-Géraud, le 20 août.

 

 

 

 

 

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