Paris Off Festival au Théâtre 14

 

Paris Off Festival au Théâtre 14 

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Place Paradol Paris 14e © M. Davidovici

 Une façon conviviale de rencontrer les habitants et d’annoncer sa programmation en investissant places publiques et cours d’immeubles avoisinants: les directeurs Mathieu Touzé et Edouard Chapot ont invité les artistes de la saison à y présenter de courtes formes. Pour cette rentrée festive à la porte de Vanves dans le 14e arrondissement, où il y a un grand stade, le sport est mis à l’honneur, avec les associations du quartier, sous le signe de l’Olympisme. Sont proposées des initiations au roller, au hip hop, à l’escrime, aux arts maritaux… mais aussi à la lecture à voix haute…

 Peu avare de labels, le ministère de la Culture a choisi celui d’« Olympiades culturelles » : Programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de 2021 à septembre 2024 sur tous les territoires français, à travers des projets labellisés portés par divers acteurs culturels et sportifs. «Les Jeux de Paris 2024 contribueront à la vitalité de notre création  en mettant la culture sportive au service de l’inspiration artistique.», espère Rima Abdul Malak, la nouvelle Ministre de la Culture, rue de Valois.

 Règne ici une ambiance de vacances: chaises longues disposées place Paradol, autour de buvettes et l’on redécouvre l’impeccable alignement en briques rouges des H.B.M. (habitations bon marché, ancêtres des H.L.M.) qui ceinturent Paris à partir des années 1920 et qui ont résisté au temps. Dans leurs cours ombragées baptisées cours  Lagarce,  Gary, Duras…. nous avons entendu des lecture de textes de Guy de Maupassant, Goethe, Albert Camus ou Annie Ernaux. Et nous avons pu voir des mini-spectacles avec des marionnettes aux fenêtres, par la compagnie Les Anges au Plafond, un extrait des Mille et une Nuits, extrait d’un spectacle de Guillaume Vincent, ou une performance du clown et jongleur Guillaume Martinet… Un riche programme

 L’infini moins un, poèmes d’Alicia Gallienne, mise en scène de Luna Muratti

 «Comme c’est étrange, des paroles qui frappent à mes tempes lisses comme une nappe rouge (…) Comme c’est étrange, cette vie sans lendemain (…) Qu’ai-je à vous offrir, si ce n’est une plume d’oiseau qui a envahi ma mains. » Elsa Guedj, accompagnée à la flûte par Adrian Saint-Pol, impose d’emblée, par sa présence à la fois grave et enfantine, la poésie à fleur de sensibilité d’une jeune autrice morte à vingt ans d’une maladie du sang.

Alicia Maria Claudia Gallienne a écrit des centaines de poèmes entre 1986 et 1990, brûlants de vie. « Qu’importe ce que je laisserai derrière moi, pourvu que la matière se souvienne de moi, pourvu que les mots qui m’habitent soient écrits quelque part et qu’ils me survivent .» Cette phrase, inscrite sur sa tombe, porte l’espoir d’être lue ; ce qui advint avec L’autre Moitié du songe m’appartient, un recueil publié en 2020 chez Gallimard, grâce à son cousin l’acteur Guillaume Gallienne. Bientôt ses mots seront portés sur scène par Luna Muratti.

Nous plongeons comme dans un rêve avec cette étrange écriture empreinte de mélancolie et de sérénité. Sans pathos, avec légèreté, la comédienne nous guide à travers une langue limpide, aérienne, parfois grave. Les images naissent et résonnent longtemps comme « les souvenirs que l’on pratique la gueule ouverte pour emporter le vent ». Comme un adieu aussi : « Tu pars comme un oiseau sans cage, comme un oiseau de quai de gare », de celle dont « la maison est ronde pour le tournoiement des papillons »… Une demi-heure de grâce, au son de la partition de flûte  du Syrinx de Claude Debussy ou des musiques  Jacques Ibert, Jean -Sébastien Bach, Pablo, Casals.

 Mireille Davidovici

Hymnes en jeux, direction artistique de Sylvain Cartigny, mise en scène de Mathieu Bauer par l’Orchestre de spectacle de Montreuil

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© J-L Verdier

 Constitué il y a une dizaine d’années autour du Conservatoire, à l’initiative du Nouveau Théâtre de Montreuil, cet orchestre rassemble des fidèles, certains « experts », d’autres amateurs. Mais pas toujours au complet pour interpréter tous les styles: du jazz exigeant, aux musiques les plus inattendues pour un « big band », en passant par le punk « Ready-Made »… «Le Théâtre nous a offert ce terrain, dit Sylvain Cartigny. Au gré des arrivées, départs, retours, et au fil de ces dix années de créations et collaborations multiples, nous avons constitué un « nous », avec une bonne vingtaine d’interprètes ; un saxophoniste imprimeur, un tubiste arrivé là à quatorze ans, une graphiste violoniste, une circassienne joueuse de banjo, un ingénieur tromboniste, etc…. Recrutés par une annonce: «Demandons volontaires pour odyssée hasardeuse; petits salaires, froid mordant, longs mois d’obscurité totale, improbable retour en bonne santé, honneur et reconnaissance, si succès… ».

 L’Orchestre de spectacle de Montreuil a ainsi accompagné le Nouveau Théâtre de Montreuil, dirigé par Matthieu Bauer. Nous avions apprécié leur collaboration dans le spectacle L’Œil et l’oreille (hommage à Federico Fellini et à Nino Rota (Voir Théâtre du blog) et Femme Capital. Il s’agit aujourd’hui d’un projet présenté en Seine-Saint-Denis: mettre en scène les hymnes nationaux qui ont retenti sur les podiums des Jeux Olympiques, célébrant la victoire des athlètes et des équipes sportives. Commande a été passée à des compositeurs *, leur proposant de revisiter ces mélodies à travers des arrangements originaux. Il est agréable de découvrir certains, souvent surprenants;  plus intéressant encore d’en (re)découvrir d’autres dans une partition quasi-sérielle. Matthieu Bauer et la comédienne Eleonore Auzou-Connes ont écrit un texte qui place chaque hymne dans le contexte de la remise d’une médaille, parfois inattendue, comme celle de l’équipe tchèque de hockey sur glace. Nous apprenons que chaque équipe de rugby a choisi une plante ou une fleur comme emblème. On nous parle aussi de pays qui ont conservé leur hymne, alors que leur nom a disparu, comme la Perse.. Certains hymnes sont surprenants : petite valse, tango, rebetiko ou chansonnette. Et que dire de cette Marseillaise dodécaphonique ? Pour le bis, la comédienne-autrice anime un quizz qui révèle notre ignorance de la musique des pays qui nous entourent. 

 C’est donc un répertoire insolite mais cohérent que nous propose l’Orchestre de Spectacle de Montreuil. Doublé d’une amusante leçon d’histoire et de géopolitique et de questionnements sur les identités nationales au fil des siècles. L’équipe souhaiterait faire entendre ce répertoire au stade de France pour l’inauguration des Jeux Olympiques en 2024 mais, à défaut, restera le souvenir d’une aventure qui se joue aujourd’hui avec le public.

Jean Louis Verdier

 Le 4 octobre Théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier Paris ( XIV ème) T. 01 45 45 49 77

Le 10 septembre à 17 h, Parc des Guiland, Montreuil (Seine-Saint-Denis) ; 16 septembre péniche Urban Boat (concert navigation + concert à quai Ile Saint-Denis ; 17 septembre : 18 h et 21 h 30 déambulation le long du canal et concert à quai : Friche Kodak, Sevran (Seine-Saint-Denis)

* Au répertoire de l’Orchestre de spectacle de Montreuil :    Kdé Domov Mùj, République Tchèque, par Etienne Charry (Cofondateur du groupe « Oui Oui » avec Michel Gondry) ; Rotas Cadenas, Argentine, par Andrea Marsili; Milli Tharanan, Afghanistan, par Tatiana Mladenovitch alias Franky Gogo;  Kdé Domov Mùj, République Tchèque, par Etienne Charry; Danse de l’aigle, Grèce, par Hélène Bréchant ; La Marseillaise, France, par Bertrand Burgala; SALAMeSHAH, Perse, par Seb Martel ; Kinder Hymne, Allemagne, par Eisler, Brecht; Flowers of Scotland, Ecosse, par Cyril Attef ; Le Pays des Hommes-intègres, Burkina Fasso ; Mais d’où vient ce qui vient à l’esprit ?, Tibet.

 

 


Archive pour 6 septembre, 2022

Robin Deville: une vie de magicien

Robin Deville: une vie de magicien…

Histoire banale mais véridique : la fameuse boîte de magie offerte pour mon anniversaire de sept ans et mes grands-parents maternels m’ont offert ma première boîte de magie. Une Marvin’s Magic, avec un chapeau haut de forme à double fond et une marionnette de lapin qu’on pouvait animer depuis l’extérieur du chapeau. Il y avait aussi t un set de petits gobelets, un tour avec un cube gigogne qui m’avait époustouflé la première fois que je l’ai vu et quelques cartes truquées.

© Béatrice Bascou

© Béatrice Bascou

J’ai joué avec pendant très longtemps. J’ai ensuite eu la boîte de magie Patrick Sébastien, avec entre autres, la fameuse boîte à miroir, qui m’a suivi dans mes premiers spectacles pendant de nombreuses années ! Petit, je faisais des démonstrations surtout en famille, pour les fêtes de fin d’année. En 2011, j’étais en cinquième et j’ai fait mon premier vrai spectacle pour l’arbre de Noël des enfants du personnel dans mon collège. Je n’avais rien demandé en retour, et le directeur de l’établissement m’avait offert une carte-cadeau en remerciement: mon premier cachet ! 

 Plusieurs rencontres ont été déterminantes. Tout d’abord, avec Bernard Bilis en 2012. J’avais reçu pour le Noël précédent son coffret réalisé chez OID Magic, exclusivement dédié à la magie des cartes.Voulant en apprendre plus, j’ai pris contact avec lui sur Facebook. Nous avons commencé à discuter, je lui envoyais des vidéos de tours et il me corrigeait les défauts.
Nous nous sommes rencontrés l’été suivant en région parisienne et il m’a pris sous son aile. Il m’a appris à apprendre correctement, c’est ce qui est le plus difficile. C’est un peu mon tonton magique aujourd’hui et je lui suis très reconnaissant de tout ce qu’il a fait pour moi. J’ai ensuite eu la chance de rencontrer beaucoup de magiciens que j’admire.Et une autre rencontre déterminante, ce serait Stéphane Gomez. Nous nous sommes connus par le biais du très site DicoMagie. Et le feeling est tout de suite passé. j’ai monté avec lui mon premier numéro de concours et q j’ai intégré l’Équipe de France de close-up FFAP. Je lui dois beaucoup. Enfin, travailler pour des concours (FFAP, FISM) a complètement changé ma manière de voir et de concevoir la magie. Cela oblige à repousser les limites du possible et nous force à chercher et à développer de nouvelles idées. C’est très stimulant ! 

Je suis à l’aise sur scène comme en close-up. J’ai pris plusieurs années de cours de théâtre quand j’étais petit, cela m’a beaucoup aidé à m’affirmer et à m’exprimer. Et cela se ressent dans ma manière de faire de la magie. Même si la scène m’attire, je préfère la proximité avec le public offerte par le close-up. Je touche un peu à tout dans ce domaine, avec tout de même une préférence pour la cartomagie. Donnez-moi un jeu de cartes, et je peux tenir deux heures ! En vidéo, j’ai été hypnotisé par la poésie de Renée Lavand, bluffé par Helder Guimarães, émerveillé par Miracles de Derren Brown, ému devant In and Off itself du génial Derek Del Gaudio… Et je suis en admiration devant les spectacles de Yann Frisch, j’ai été emporté par SOLO d’Arturo Brachetti et été abasourdi devant plusieurs performances FISM… impossible de choisir ! 

 Comme dit plus haut, je suis très close-up, et magie de salon. J’aime les effets simples et puissants. J’aime également beaucoup tout le courant de la « magie nouvelle » et les beaux spectacles/numéros qui en découlent. Mes influences artistiques peuvent venir d’un peu partout…. Un spectacle (magique ou non), un numéro de cirque, un film, une musique… Il faut apprendre à apprendre. Ne pas aller trop vite, solliciter les avis d’autres magiciens, lire, et écouter les conseils des maîtres.
Beaucoup de jeunes qui débutent aujourd’hui veulent tout, tout de suite ! De nouveaux tours, de nouvelles techniques, alors qu’ils ne prennent pas le temps de vraiment comprendre et maîtriser les tours qu’ils ont déjà « appris ». Ne pas non plus hésiter à sortir un peu des sentiers battus, à se faire confiance et à développer sa propre magie plutôt que de copier celle des autres. 

Quant à la magie actuelle, j’ai  l’impression que ces dernières années compliquées ont permis à beaucoup d’artistes de repousser leurs limites. Cela s’est ressenti cet été à Québec pour la FISM : les concours étaient de très haut niveau, avec de très beaux numéros innovants.Sans ces années de « pause », je ne sais pas si tous ces artistes auraient eu le temps de travailler sur ces nouveautés. Dans l’ensemble, j’ai le sentiment que la magie évolue bien et qu’elle est de mieux en mieux médiatisée (Got Talent, Fool Us…).  Et je vois toute l’importance de la culture dans l’approche de la magie. Que l’on en soit conscient ou non, la c’est un art mêlant  l’artistique, la psychologie, les relations humaines, l’écriture… Plus on est cultivé, plus les sources d’inspirations sont nombreuses et plus on trouvera facilement des solutions à nos problèmes techniques pour réaliser un effet. 

La magie est essentielle pour moi et cela ne laisse pas beaucoup de temps pour faire d’autres choses. Mais j’aime lire (polars, thrillers), j’aime me poser devant un bon film ou une bonne série… En revanche, je ne suis pas très sportif…

 Sébastien Bazou

 Interview réalisée le 25 août .

https://robindevillemagicien.com/

 

 

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