Après la Fin, de Denis Kelly, mise en scène Philippe Baronnet

Après la Fin, de Denis Kelly, mise en scène Philippe Baronnet

 

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Il a l’air malin, le garçon, avec son abri anti atomique. Les autres, au pub, en rigolent. Jusqu’au jour où… Louise, la fille convoitée mais qui n’a d’yeux que pour un certain Francis, se retrouve, évanouie, dans le dit abri. Dehors, là-haut, un attentat à la valise nucléaire. Dieu merci, le garçon a des provisions, enfin pour quinze jours, et pour une seule personne. Commence une nuit sans contours définis, et la mémoire du dehors revient, et les prisonniers (volontaires ?) se déchirent, s’apaisent, jouent tels des enfants. Ils s’emparent tour à tour du pouvoir, avec pour seules armes, la nourriture et un couteau. Mais le plus grand pouvoir, c’est celui de la fille : dire non. On ne force pas l’amour.

Le théâtre de Dennis Kelly (Occupe-toi du bébé, Orphelins, Débris…), violent, précis, efficace, littéralement « au rasoir ». Après la fin a la même réalisme social, riche de métaphores possibles : et si ce faux couple était une image de l’Occident, enfermé dans ses propres peurs et ses doutes, et cet abri l’image de la fermeture des frontières où certains voient –pour le pire- leur salut ? Philippe Baronnet,  jeune metteur en scène, a monté la pièce à la demande de Colomba Giovanni, qui joue le rôle de la fille à qui elle donne une force et des contradictions superbes. Elle est en avance sur le garçon, plus mûre, plus lucide –et si, en haut, la vie avait repris ? Clément Ohlmann montre lui avec une simplicité presque naïve la roublardise, les faiblesses et les révoltes de son personnage, avec ses capacités de nuisance. Cette naïveté fait le charme et la justesse de l’interprétation et de la mise en scène : ce premier degré  et ces apparentes maladresses rendent savoureux l’humour parfois très noir de l’auteur, y compris dans les pires menaces entre les protagonistes. Humour qui n’enlève rien au suspense ni à la violence de la situation.

Le batteur Lucas Jacquart a été invité à compléter l’équipe : en douceur ou en force, il rythme ce huis clos, et montre, avec le déplacement à vue des objets, tables, chaises, le passage du temps. Pourtant il ne convainc pas tout à fait… Sans doute est-il dirigé par le metteur en scène soit de la justesse avant tout, au prix d’un excès de modestie. On aimerait bien parfois un excès tout court, peut-être avec un jeu sur les durées et les silences tirés jusqu’à l’insupportable : la pièce est de taille à les supporter.

La compagnie Kyrnea de Colomba Giovanni nous offre un bon spectacle, prenant, et qui donne à penser. Philippe Baronnet l’a conçu pour qu’il puisse sortir des théâtres, se jouer dans une cour, une salle de classe… Il le voudrait immersif. Un mot à la mode, vide, mais cette mise en scène est bien plus intéressante. C’est un théâtre à portée de main, dont le public jeune peut s’emparer. Les histoire d’amour, domination, angoisse, et du « comment nourrir la planète », c’est pour tous les publics…

Christine Friedel

Théâtre de Belleville, Paris ( XI ème), jusqu’au 27 septembre. T. : 01 48 06 72 34.

 

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