Le Village de cirque
Le Village de cirque
Dix-huitième édition de ce festival organisé par la Coopérative de Rue et de Cirque. Aux portes du Bois de Vincennes, sur la pelouse de Reuilly, trois chapiteaux accueillent sur trois semaines des créations reflétant les multiples facettes du cirque contemporain. Certains spectacles sont aussi joués en plein air mais M.E.M.M d’Alice Barraud et Raphaëlle de Pressigny, au Théâtre de la Cité internationale.
Juste une Femme, texte et jeu et de Cécile Yvinec, mise en scène de Sophia Perez
Cette femme, c’est Aissetou. Venue de Côte d’Ivoire et arrivée à Nice après un voyage périlleux de trois ans, elle s’est confiée à Cécile Yvinec. A partir de ses propos enregistrés et des réactions de la jeune circassienne, Sophia Perez a conçu une mise en scène mêlant acrobaties, danse et texte. La voix d’Aissetou, les bruits de la ville, les pas qui résonnent sur l’asphalte, quelques cris de mouettes… La bande-son entre en dialogue avec les circonvolutions de Cécile Yvinec sur une échelle horizontale fixée sur deux montants verticaux. Une sorte de passerelle pour figurer ce voyage. Elle s’y accroche et se glisse entre les barreaux. Parfois, avec ses mots à elle, elle revient sur sa rencontre avec cette femme intrépide qui a osé affronter les siens pour faire un mariage d’amour. Puis elle a quitté son pays, traversé le désert, connu l’esclavage en Libye et, sur un bateau de fortune, a failli mourir en Méditerranée, avant d’être recueillie et prise en charge à Naples.
Cette histoire, la circassienne nous la fait partager et revivre, par les mots mêmes d’Aissetou en direct, et grâce à la relation qu’elle a tissée avec elle : « A travers ce travail, nous voulons, par le prisme du sensible, souligner la singularité́ de chaque récit de migration, humaniser celles et ceux qu’on nous présente trop souvent comme une masse désincarnée et uniforme. »
La compagnie Cabas créée en 2005 par Sophia Perez et implantée à Montreuil, a réalisé cette pièce avec le soutien de la Coopérative de Rue et de Cirque. Ce solo documentaire témoigne avec émotion, pour toutes celles et ceux qui nous arrivent après avoir vécu l’enfer et il donne à ce récit une voix singulière. Mais le texte empiète quelquefois sur la performance de Cécile Yvinec. Mais le spectacle devrait trouver la juste mesure entre parole et mouvements et prendre son envol.
Bestiaire, mise en scène de Jeanne Mordoj
Hichem Chérif entre sur un ring dont les cordages figurent les barreaux d’une cage et délimitent l’aire de jeu.Cet acrobate hors-pair va se percher sur une sellette et tel un échassier se tenir sur une patte et dodeliner de la nuque. Il se muera bientôt en gentil toutou, remuant du croupion, jouant avec les enfants assis au premier rang sur les quatre côtés de la piste.
Ils lui renvoient une balle pour qu’il la rapporte en haletant… Mais le chien peut devenir enragé et d’un bond, le molosse terrorise certains des enfants rieurs… Le singe qu’exhibe Hichem Chérif, est tout aussi convaincant : facétieux, il se saisit des effets des spectateurs et fait beaucoup de bêtises, pour la plus grande joie des plus jeunes.
Sans masque ni costume, l’acrobate trouve les postures emblématiques de chaque animal. Il n’imite pas mais vit les quadrupèdes, oiseaux et primates qu’il incarne. Exhibé derrière ses barreaux, il nous fait partager sa bonhomie mais aussi sa colère d’être une bête de cirque.
Créatrice et interprète, Jeanne Mordoj invente ici, avec Hichem Chérif , une forme d’art forain. Le village de cirque accueille aussi Bal Cousumain, un autre spectacle de sa compagnie, destiné au jeune public à partir de trois ans.
Mireille Davidovici
Spectacles vus le 11 septembre au Village de cirque, Pelouse de Reuilly, Paris (XII ème) . T. : 01 46 22 33 71. Jusqu’au 25 septembre.
Bestiaire: les 24 et 25 septembre, CirkoBalkana Festival, Belgrade (Serbie). Les 30 septembre et 1er octobre, Cirq’Ônflex, Dijon (Côte d’or).
Les 22 et 23 octobre, Abbaye de Noirlac, Bruère-Allichamps (Cher).
Du 13 au 16 décembre, Le Sirque, Nexon (Haute-Vienne).
Cousumain : le 17 septembre à 16 h et le 18 septembre à 11 h, Pelouse de Reuilly, Paris (XII ème).