Soirée Luc Ferrari pour les quarante ans de La Muse en circuit

Soirée Luc Ferrari pour les quarante ans de La Muse en circuit

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© Christophe Raynaud de Lage

« 2.022 marque autant les quarante ans de La Muse en circuit, que les trente ans de son installation à Alfortville», écrit Wilfried Wendling, directeur de cette association de musiciens, fondée par Luc Ferrari (1929-2005). Cette soirée est consacrée à ce trublion de la musique contemporaine qui a fédéré des auteurs vivants hors-normes et dépassant les cadres souvent austères d’un art réputé élitiste.

Luc Ferrari était un joyeux drille à l’humour caustique mais aussi un chercheur qui, sous une légèreté apparente, a osé mélanger les genres et mis au goût du jour les paysages sonores, le ‘‘field recording’’, la musique minimaliste, la ‘‘new discipline’’ ou les musiques conceptuelles. «Il a inscrit profondément dans nos racines, la sève du libertinage artistique et du dévergondage musical » selon Wilfried Wendling. Une démarche essentielle pour les interprètes. En a en 2006, La Muse en circuit a été labellisée : Centre National de Création. Ses studios sont maintenant de véritables laboratoires.

Le public a été convié à y partager l’esprit festif du compositeur tout terrain, avec deux concerts et des jeux d’interactions sociales intuitives inspirés par les happenings de Luc Ferrari.  Dans Société VI liberté, liberté chérie, les musiciens du groupe déambule parmi les spectateurs avec des pancartes aux questions provocatrices sur le capitalisme ou la sexualité… Ensuite, nous avons écouté deux concerts.

 A la Recherche du rythme perdu

Cette pièce de trente minutes, écrite à partir d’une bande magnétique et d’une partition minimaliste laisse une grande liberté à Benjamin Soistier, aux percussions et Franco Venturini, au piano. «Il y a ici, disait le compositeur, l’utilisation de la même bande magnétique que dans Musique Socialiste-programme commun pour clavecin et bande, réalisée en 1972, année de la signature du Programme commun de la gauche.»

Mais, ici la partition est destinée à des musiciens de jazz, à qui il appartient d’improviser sur la musique enregistrée.  C’est  pour l’auteur, une réflexion sur l’écriture:  «Musique Socialiste était destiné à des interprètes venus de la musique classique. Dans A la recherche du Rythme Perdu, je voudrais m’adresser à des musiciens de jazz. Ce qui veut dire que les notes sont ici des indications d’ambiance, plus que des signes à reproduire instrumentalement. C’est pourquoi, cette partition comporte moins de notes et surtout des notes qui ne sont pas obligatoirement à jouer, mais plus d’indications de parcours général. »C’est dire à quel point le pianiste et le percussionniste ont  dû improviser, en passant du free jazz aux sonorités du rock and roll, ou de petites touches plus contemporaines.  Et d’une séance à l’autre, ce n’est pas la même musique que l’on a entendue, mais le même plaisir partagé entre les artistes et l’assistance.

 Monologos

Cette pièce d’un quart d’heure, composée à l’origine pour une chanteuse soliste s’accompagnant d’un tambour de basque peut être aussi chantée par plusieurs. Ici, la flûtiste Shao-Wei Chou, la violoncelliste Louise Leverd et la violoniste Winnie Huang se se sont lancées  dans des improvisations vocales a cappella en s’accompagnant de tambourins. Une performance étonnante avec des vocalises samplées et rediffusées.

 J’ai tort, j’ai tort, j’ai mon très grand tort

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© Mireille Davidovici


Selon Luc Ferrari : « Un chœur ou des acteurs arrivent, par un effet de surprise, à convier le peuple à une grande fête sonore et joyeuse dont chaque individu est une composante.» Pour clore la soirée, les musiciens nous ont entraînés dans une performance interactive entre eux et les spectateursn dont chacun est invité, selon le s fiches distribuées à l’entrée, à taper du pied, faire des bruits avec sa langue, sa bouche, à rire ou à claquer des doigts ou des mains… Une joyeuse pagaille dans l’esprit des années soixante. Soit une amusante cacophonie, sans plus…Mais la fête continuera le mois prochain… Avec le plaisir d’en savoir plus sur ce compositeur prolifique et inventif qui a marqué plusieurs générations d’interprètes et sorti la musique contemporaine de son ghetto…

 Mireille Davidovici

Concert entendu le 9 septembre, à La Muse en Circuit, 6-18 rue Marcelin Berthelot, Alfortville (Val-de-Marne) T. : 01 43 78 80 80.

 Le 1er octobre, Nuit blanche!, concerts et performances de Luc Ferrari, POC ! sur le Parvis des Arts, Alfortville. 

Le 28 octobre, Une autre écoute possible, documentaire sur Luc Ferrari de Jérôme Florenville.

 

 

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