Common ground[s] • Le Sacre du printemps musique d’Igor Stravinsky, chorégraphie de Pina Bausch, Germaine Acogny et Malou Airaudo
Common ground[s] • Le Sacre du printemps musique d’Igor Stravinsky, chorégraphie de Pina Bausch, Germaine Acogny et Malou Airaudo
En 2013, le Théâtre des Champs-Elysées fêtait son centenaire et, en même temps, celui de l’œuvre de Stravinsky, créée le 29 mai 1913. A cette occasion, le Tanztheater de Wuppertal offrit la version du Sacre du Printemps devenue mythique chorégraphiée par Pina Bausch en 75. Entrée depuis au répertoire de l’Opéra de Paris en 1997. Un choc pour tout amoureux de la danse…
Cette re-création par Germaine Acogny et Malou Airaudo pour l’Ecole des Sables au Sénégal était très attendue. Conçue pour la saison Africa 2020, elle avait a été reportée à cause de l’épidémie de covid. Germaine Acogny, fondatrice avec Maurice Béjart et directrice de Mudra Afrique (1977-1982) a créé avec son mari en 1998 l’Ecole des Sables. C’est à la fois une école d’enseignement théorique et pratique, un laboratoire de recherches mais aussi un lieu de rencontres, d’échanges, conférences, et résidences artistiques. Malou Airaudo, née en 1948, commença à danser à huit ans, à l’Opéra de Marseille.
À 17 ans, elle entre au Ballet Russe de Monte-Carlo où elle devient soliste auprès de Léonide Massine. Au début des années 1970, elle s’installe à New York pour travailler avec Paul Sanasardo et Manuel Alum. Elle y rencontra Pina Bausch. Entrée au Tanztheater de Wuppertal en 1973, elle devint une interprète majeure de la chorégraphe. Avec Germaine Acogny, qu’elle appellera « sa sœur », elle accompagne cette réalisation avec plus de trente danseurs africains.
Igor Stravinski avait écrit la musique de ce ballet chorégraphié par Vaslav Nijinski, sur un argument de Nicolas Roerich qui avait aussi créé les costumes et décors.
Pour lui, en 1912, la partition «donne la sensation d’un contact direct avec la terre. Malgré l’absence totale d’approche ethnographique, elle est imprégnée de la ferveur des temps préhistoriques ».
Remarque prémonitoire : cette danse tellurique imaginée par Pina Bausch renoue ici avec l’Afrique, terre d’origine de l’humanité.
Common ground[s] Le Sacre du printemps affiche complet… L’émotion nous envahit devant la ferveur, l’énergie et l’engagement physique des jeunes danseurs pour la recréation de cette œuvre que le public a applaudi debout. Un grand moment pour le nouvel Espace Chapiteaux de la Villette, inauguré à cette occasion et qui peut accueillir plus de mille spectateurs.
Dans le livret accompagnant le DVD du Sacre du Printemps, l’ancienne danseuse Jo Ann Andicot écrit, à propos du rôle de l’Élue : «Il fallait que je fasse des mouvements d’une bien plus grande amplitude (…). Dépasser ma propre limite. Oublier les pas et la danse. N’écouter que la musique -ne faire qu’un avec Stravinski et le combat contre la mort .» Pina Bausch lui avait dit : « Tu dois mourir, et pas jouer La Mort du Cygne. »
Jean Couturier
Programmation hors les murs du Théâtre de la Ville à Paris, jusqu’au 30 septembre, à l’Espace-Chapiteaux de la Villette, 215 avenue Jean Jaurès, Paris (XIX ème).