La Cascade ouvre un espace d’entraînement
La Cascade ouvre un espace d’entraînement
Le festival d’Alba-la-Romaine, confié par le département de l’Ardèche aux clowns Les Nouveaux Nez venait d’ouvrir avec Les Colporteurs, La Cascade, Pôle national des Arts du Cirque, à Bourg-Saint-Andéol. Cette petite ville de sept mille habitants a un des rares sites consacrés à Mithra, culte populaire dans la sphère gallo-romaine, importé d’Iran et chassé par le christianisme. Une grande sculpture gravée dans la roche, entre deux résurgences d’une rivière souterraine, représente ce dieu tellurique, sacrifiant un taureau pour la renouveau de la Nature, sous l’égide du soleil et de la lune. Sous ses auspices, de jeunes circassiens, venus en nombre utiliser un nouvel espace d’entraînement, apportent un sang nouveau.
Le cirque a élu domicile en 2009 dans un ancien couvent, devenu le pensionnat de garçons Saint-Joseph, fermé neuf ans plus tôt. Avec assez d’espace pour accueillir bureaux et cinquante compagnies en résidence par an.Et une salle de spectacles de cent quatre-vingt places pour sorties de résidence et créations. Enfant du pays, Alain Reynaud a entrainé ses amis clowns, les Nouveaux Nez, réunis à la sortie du Centre national des Arts du Cirque (C.N.A.C.) en 1991 en Ardèche. Ils se sont implantés dans la menuiserie paternelle, contre l’avis de beaucoup de professionnels. « « Ce lieu est un ovni dans le paysage (…) dit Alain Reynaud. Je rêvais d’une maison ouverte, carrefour des arts autour du clown. ».
Depuis, malgré les sceptiques, La Cascade mène des actions sur tout le territoire avec notamment les festivals d’Alba-la-Romaine et des Préalables voir (Le Théâtre du Blog) , des actions culturelles dans les écoles et les E.P.H.A.D. et une formation de clown. Mais en même temps, elle diffuse hors les murs ses propres créations et celle des résidents.
Aujourd’hui, on inaugure un équipement construit dans la chapelle désaffectée du collège. Avec un volume et et une hauteur sous plafond permettant l’installation d’agrès, et une luminosité propices à l’entraînement. Les jeunes artistes, encore en formation ou frais émoulus d’écoles de cirque, se sont donné le mot et une quinzaine d’entre eux, sont venus après un chantier qui a duré deux ans. Xavier, porteur, issu de la trente-troisième promotion du C.N.A.C., Valentino, acrobate, de l’école Fratellini… Léna, voltigeuse main-à-main, s’oriente aussi vers la danse et le chant. Manu, en deuxième année du C.N.A.C. profite de ses vacances pour s’entraîner ici à l’accro-danse.
Bastien, venu de l’école de cirque de Bordeaux construit un solo sur un mât chinois de 3 m, en travaillant sur la proximité avec le sol : « Il n’y a pas beaucoup d’endroit où on peut planter un mât. »Mara qui sort de Cadarts, une école de cirque à Rotterdam, est spécialiste de corde lisse et a rejoint le collectif T.B.T.F. (Too Busy to Funk) : vingt artistes installés autour de la Cascade.
«Trente ans de route ont défilé, une histoire humaine et artistique, dit Alain Reynaud, autour du personnage du clown, un lien à la transmission et au quotidien de l’artiste, au territoire et à ses habitants, inspirateurs de toute cette ouverture. » L’équipe de la Cascade voit plus loin et suscite des rencontres en abritant une chorale, une enseignement de dessin et d’autres ateliers citoyens. Un maillage culturel autour d’un projet artistique exemplaire dans cette France périphérique.
Mireille Davidovici
Le 28 octobre, La Cascade, 9 avenue Marc Pradelle, Bourg-Saint-Andéol (Ardèche). L’espace d‘entraînement est ouvert du lundi au vendredi.