La Mer de Poséidon en caddie de Vhan Olsen Dombo, mise en scène d’Audrey Bertrand, par le collectif la Bande à Léon

 

La Mer de Poséidon en caddie de Vhan Olsen Dombo, mise en scène d’Audrey Bertrand, par le collectif la Bande à Léon

 En mer, deux pêcheurs sont à la peine: «Nous n’avons encore rien pêché de la nuit, rien de comestible. Que des petits poissons. Dans ces eaux calmes et douces, je pêche déjà le désespoir de minuit. L’angoisse des pêches au visage grillé de sueurs froides. » Livreront-ils à temps le poisson au Super M ? L’orage menace. L’histoire se poursuit au supermarché: les clients attendent l’ouverture, se bousculent, s’engueulent tandis qu’à l’intérieur, le patron mobilise ses troupes et chante, crooner soutenu par le chœur des vendeurs et vendeuses, dans le registre de la comédie musicale: « Que flottent nos promotions en banderoles! /Nous sommes le temple de la vie.»

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© Gaëtan Trovato

Mais rien ne va plus : aucun poisson sur les étals et les pêcheurs sont portés disparus ! Les clients arpentent les rayons et les employés s’affolent. Le patron, lui, essaye de faire diversion avec un show musical. Les poissons rouges achetés à la morgue pour approvisionner le magasin vont contaminer les humains qui se transforment en monstres… Dans cette apocalypse, le pêcheur revient et dénonce les dommages causés par un capitalisme prédateur et la surconsommation…

 Dans ce paradis de l’abondance devenu enfer, Robin Betchen, Sylvain Lablée, Marine Maluenda, Noé Pflieger et Antoine Quintard jouent alternativement vendeurs et clients avec dextérité, dans un ballet constant et rythmé par des projections vidéos omniprésentes sur tous les éléments du décor. En voix off, les témoignages de clients ou vendeurs et un extrait de Regarde les Lumières,mon amour d’Annie Ernaux : « Les super et hypermarchés ne sont pas réductibles à la “corvée des courses. Ils suscitent des pensées, fixent en souvenirs des sensations et des émotions…. »

«  Quoi de mieux, dit Audrey Bertrand, qu’Auchan, Carrefour, Lidl, Leclerc, Casino et tous leurs concurrents pour nous raconter des histoires qui nous poussent à réfléchir sur notre condition et nos choix. ». La Bande à Léon avec son projet L’hypermarché de la super-violence, a mené « des enquêtes quantitatives et questionnaires, au centre-ville de Brétigny et à la Croix-Blanche (Essonne) . Les témoignages, anecdotes, révoltes se sont fait nombreux et immédiats. » 

Le dramaturge congolais, auteur, slameur, performeur et acteur, a trouvé les mots pour en faire un délire poétique «par le ventre et la langue », comme il dit. Et, de ce carrefour des paradoxes, « grand rendez-vous humain, comme spectacle », selon Annie Ernaux, il fait un réjouissant capharnaüm. La Mer de Poséidon en caddie se situe entre théâtre documentaire, fiction fantastique et œuvre poétique.

La mise en scène a utilisé au mieux un espace scénique exigu mais, après la belle séquence des pêcheurs, trop d’éléments parasitent le spectacle et elle aurait pu nous épargner de nombreux témoignages et une saturation d’images projetées à tout va. L’enthousiasme et l’invention de la jeune équipe, la qualité du jeu, la beauté du texte sont un peu gâchés par un excès d’explicite. Le message serait mieux passé sans ce trop plein que l’écriture de Vhan Olsen Dombo a du mal à transcender. Mais ce travail peut évoluer et trouver sa juste mesure, entre réalisme et fantasmagorie.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 26 novembre, Les Déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs, Paris (Ier). T. 01 42 36 00 50.

 

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