Contre l’expulsion d’une ferme de maraîchers bio

Contre l’expulsion d’une ferme de maraîchers bio

Notre amie Edith Rappoport nous a transmis cette pétition que nous relayons aussitôt. Le théâtre militant a déjà souvent traité des ennuis des agriculteurs et maraîchers, quand ils refusent de se soumettre au pouvoir et donc souvent aux exigences des multinationales.
Ici, nous sommes dans l’urgence et le concret… Et pas dans l’apaisement. Oui, il y a la loi par laquelle on a a voulu mieux cadrer les zones agricoles, ce qui implique l’interdiction d’habiter n’importe où. Mais peut-il y avoir des exceptions à la loi et un habitat, dit léger, peut-il légalement exister, que ce soit  à Maché ou ailleurs, ce qui ferait alors faire jurisprudence?
Le député de la circonscription Philippe Latombe, sollicité par le couple, a  annoncé le 21 septembre qu’il soutenait le maire, puisqu’il ne fait « qu’appliquer le plan local d’urbanisme intercommunal et habitat, PLUi-H, mis en place en 2021. Ce couple souhaite militer en faveur de l’habitat léger, c’est son droit le plus strict. En revanche, il est du devoir du maire de leur demander de respecter la réglementation existante, notamment en matière d’assainissement, et du leur, de s’y conformer, d’autant que le PLUi-H actuel, qui remplace le PLU précédent, est le fruit d’un travail de cinq années, réalisé en concertation avec les habitants et les différentes parties prenantes ».

 

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Selon Le Courrier vendéen, Frédéric Rager, le maire de Maché dit qu’il est là pour faire respecter la loi. L’équité de traitement est dans mon ADN. Adrien Cano est maraîcher bio et je ne critique pas son activité, c’est très bien, mais il n’a pas le droit de transgresser les règles, d’autant qu’il est au courant de sa situation depuis quatre ans. La pression foncière est forte mais il est possible de trouver des solutions pour se loger. Il a eu des propositions d’accompagnement qu’il a refusées. » (…) « Impossible de régulariser sa situation. Les règles sont en place, elles sont les mêmes pour tous.»
L
e nouveau Ministre de l’Agriculture ne semble  pas avoir émis d’avis.  Insoluble? Sans doute pas… Comparaison n’est pas raison mais à Saint-Paul des Landes, Édouard Philippe, premier Ministre, a abandonné le projet d’agrandissement d’aéroport et les 1.600 hectares de terres agricoles ont été rendus à leurs propriétaires.
A vous de juger…

Ph. du V.

Adrien Cano a lancé cette pétition adressée à Communauté de Communes Vie et Boulogne

A Maché (Vendée), Adrien et Marine Cano ont trouvé le terrain de leur rêve pour concrétiser leur projet de maraîchage bio. Un projet aujourd’hui fortement menacé. En 2018, nous nous sommes installés, avec un accord oral du maire de l’époque, sur notre terrain dans un bâtiment agricole fermé, à l’abri des aléas météo et des regards. Après un grand nettoyage des lieux, nous avons installé deux mobil home pour nous et nos deux enfants d’un et trois ans. Depuis, nous avons minutieusement préparé notre projet agricole.
En attendant que la terre, précédemment cultivée de manière conventionnelle, puisse passer en bio (délai légal: trois ans), Adrien a enchainé formations (BPREA et stages stages préparatoires à la Chambre d’agriculture, préparations administratives, études de marché, achat de matériel, aménagement d’un local de vente à la ferme…Depuis ces trois ans, nous constatons une amélioration constante de la biodiversité sur le terrain, auparavant en monoculture. Hérissons, vers de terre, insectes, oiseaux et batraciens dans la mare que nous avons creusé pour notre phyto-épuration. Aujourd’hui en 2022, le projet vient d’être lancé. Adrien s’est installé comme chef d’exploitation le 10 janvier  et a obtenu des aides européennes DJA et un prêt bancaire. Les ventes à la ferme ont démarré cet été et rapidement la ferme a trouvé sa clientèle. Un engagement est rapidement trouvé avec trois magasins Biocoop à proximité, pour une livraison hebdomadaire, ce qui conforte les revenus de la ferme.

Mais voilà, la Mairie lance des procédures contre notre habitat sur place, jugé illégal au vue du PLUIH local. Nos mobil home sont raccordés à l’eau potable et à l’électricité, ne se voient pas de l’extérieur (ils sont à l’intérieur d’un bâtiment et donc pas exposés à la route), l’assainissement est géré par une phytoépuration de nos eaux grises (l’eau en sortie est de bonne qualité, analyses disponibles dans les mises à jour) et nos toilettes sont sèches. Nos produits d’entretien sont écologiques, et nos dépenses en énergie, limitées. Nous pourrions être un exemple de la fameuse sobriété énergétique prônée par nos élus et avons d’excellents rapports avec nos voisins qui nous soutiennent dans notre projet et notre souhait de vivre sur place. Cet habitat sur place est garant de la réussite de ce projet professionnel: surveillance du matériel et installations, vente sur place, équilibre financier de notre ferme naissante, (ici tout était à faire, les lieux étaient auparavant destinés à l’élevage intensif de poulets) il a fallu du temps, de l’argent et du travail pour convertir le lieu  en ferme maraîchère.

En parallèle, ce mode d’habitat écologique et réversible correspond à nos valeurs personnelles, nous ne voulons pas participer un peu plus à l’artificialisation des sols en construisant une maison, ni dépendre d’aides au logement en bénéficiant d’un logement social, ni contribuer un peu plus à la pression foncière sur le territoire. Aujourd’hui, 45 % des 448.500 agriculteurs sont éligibles à prendre leur retraite sous dix ans, la profession peine à se renouveler, la pression sur le logement atteint des sommets et nous sommes alertés sur l’urgence climatique. Nous ne comprenons donc pas pourquoi cette installation pose problème.  Ce projet d’habitat sur place ne répond pas seulement à nos envie de mode de vie sobre et écologique, mais à une vraie problématique sociétale.

Depuis le mois d’août, nous savons désormais que la situation est régularisable et nous avons plusieurs possibilités. 1) Apposer un pastillage STECAL sur la parcelle, ce qui autoriserait  » l’implantation de résidence démontable à usage d’habitation permanente  » selon le PLUIH de la communauté de communes Vie et Boulogne. La décision doit être validée par le conseil municipal. 2) Instruire et faire valider un dossier de déclaration préalable de travaux pour la création d’un logement de fonction sur la ferme. 

Mais M. Rager, maire de la commune de Maché, n’entend pas résoudre la situation par la voie du dialogue et ne nous a jamais proposé ces solutions, pourtant prévues dans les textes de loi nationaux et intercommunaux. Le 8 août dernier, il nous a mis en demeure sous astreinte de quitter les lieux et nous avons trois mois à compter de cette date pour évacuer les mobil-homes et détruire le système d’assainissement qu’il juge polluant, sans avoir demandé d’analyses. A partir du 8 novembre prochain, nous serons redevables si rien n’est fait, d’une astreinte quotidienne de 50 € par jour, si nous ne donnons pas suite à ses demandes de quitter les lieux. Soit 1.500€ par mois!

Nous mettre en demeure de trouver un autre logement, en plein été et sous trois mois, est mission impossible, surtout quand on considère l’ensemble de la situation. Nous avons deux enfants, deux chiens, des poules et des revenus mensuels de 400 à 750 € par mois, pour un volume horaire de 40 à 70 heures par semaine.  Il est totalement impossible pour nous d’envisager de quitter notre ferme pour vivre ailleurs, cela engendrerait des dépenses insurmontables et nous ferait vivre au crochet des aides sociales, ce que nous souhaitons éviter depuis le début. 

De plus, ce jugement, totalement arbitraire, est le fruit des seuls préjugés de monsieur le maire. Nous ne polluons pas, nous gagnons notre vie grâce à notre travail, et justifions de la nécessité de notre présence quotidienne sur place. Notre mode de vie « léger » correspond tout à fait aux chartes GEE, objectifs ZAN horizon 2050: économies d’eau et carburant, sobriété énergétique, et autres belles promesses présidentielles.  Les mots c’est bien, les actes c’est mieux ! Nous souhaitons que la loi évolue pour faciliter l’habitat léger pour les agriculteurs, tant qu’il respecte la nature et les voisins. Une charte ou des contrôles des installations seraient facile à mettre en place pour éviter la zizanie tant redoutée de nos élus. En France, on sait très bien déclarer, réglementer et taxer ! Nous sommes pour ! Un changement s’impose : il n’est pas normal qu’on ait le droit de  détruire la biodiversité avec une agriculture intensive, polluante, consommatrice d’énergie fossile et pesticides. De détruire le lien social, en privilégiant une agriculture aux circuits de vente longs et ne profitant pas à la population locale, avec des emplois pénibles et mal payés. D’aggraver encore la diminution du nombre d’agriculteurs, en ne favorisant pas les nouvelles installations, car trop compliqué administrativement et trop risquée financièrement… De rendre malheureux les agriculteurs et leur famille qui s’installent dans le cadre légal d’aujourd’hui et qui croulent sous les charges.

Et qu’en outre, on interdise aux nouveaux agriculteurs, souvent non issus du milieu agricole, de s’installer sur leur terre pour vivre décemment, heureux et proche de la nature. Nous souhaitons aussi informer les autorités nationales que l’habitat est une problématique majeure en France, qu’en pleine période de crise énergétique, sociale et au vu du risque de rupture d’approvisionnement des denrées alimentaires, il serait bon de se saisir du problème : l’habitat léger est une des solutions pour l’avenir !

78. 418 personnes ont déjà signé la pétition. Prochain objectif : 150 000 signatures ! Quand elle aura atteint ce chiffre, cette pétition deviendra l’une des plus signées sur Change.org !

Signez cette pétition sur Change.org Merci

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Archive pour 8 novembre, 2022

Fuck me, dramaturgie et mise en scène de Marina Otero

Fuck me, dramaturgie et mise en scène de Marina Otero

Il y a des années, le critique de théâtre et enseignant Michel Corvin dirigeait, à l’Université de Censier à Paris, un colloque sur le vrai et le vraisemblable au théâtre. Le spectacle de cette interprète et performeuse, metteure en scène et autrice argentine, illustre très bien cette ambivalence: «Bien que mes pièces soient fondées sur ma biographie, écrit-elle, il n’y a jamais de pacte de vérité avec le public. Je pars toujours d’un événement ou d’un élément qui me touche mais je ne sais jamais comment cela va se formaliser, ni vers où ma recherche va me mener. Et qu’est-ce que la réalité?»

© Diego Astarita

© Diego Astarita


Ses performances demandaient un engagement physique extrême, ce qui a fini par mettre en péril son intégrité corporelle. Des chutes à répétition ont fragilisé sa colonne vertébrale et provoqué une hernie discale invalidante qui, après un alitement d’un an, il a fallu qu’elle subisse une intervention de décompression rachidienne.
Elle nous conte son histoire avec photos et vidéos personnelles. Et une diminution de mobilité l’oblige à commenter ses performances passées au bord de plateau et à faire revivre sa danse par cinq interprètes exceptionnels qui vont reprendre ses pas dans des chorégraphies hyper-sexualisées, mêlant nu et violence faite au corps.

La musique entraînante du compositeur espagnol Julián Rodríguez Rona les emporte dans une folle équipée, à la fois jubilatoire mais aussi cruelle et dérangeante. En parallèle, Marina Otero nous parle de sa douleur physique: «Tu sens ton corps devenir un désert et, dans ce corps, il n’y a plus de désir. Je ne vais jamais me calmer, c’est juste mon corps qui ne suit pas.» Cette douleur, exhibée et clamée, provoque une empathie du public avec celle qui a décidé de ne pas être mère: «Mon œuvre est la seule chose que je vais laisser dans ce monde. » A la différence d’Angelica Liddell -citée dans le spectacle- chez qui la création théâtrale provocatrice est un moyen pour dénoncer les injustices de notre société, Marina Otero ne met à nu que sa propre souffrance. Celle du corps d’une interprète en danse classique ou contemporaine, souvent caché au profit de l’acte artistique. Une réalité qui peut déranger, si l’on cherche un sens politique à toute création. Ce récit autocentré, entre réalité et fiction potentielle, est à découvrir jusqu’au salut final … en particulier pour la prestation de danseurs totalement hors-cadre.

Jean Couturier

Jusqu’au 11 novembre, Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris ( XVIII ème). T. : 01 42 74 22 77.

 

Le Tiers Temps, d’après le roman de Maylis Besserie, adaptation de l’autrice, Guy Lenoir et Bernard Blancan, mise en scène de Guy Lenoir

Le Tiers Temps, d’après le roman de Maylis Besserie, adaptation de l’autrice, Guy Lenoir et Bernard Blancan, mise en scène de Guy Lenoir

Guy Lenoir avait joué Vladimir dans En attendant Godot en 1977 et Bernard Blancan, lui aussi, à ses débuts, a monté et joué Beckett. Cette collaboration aboutit à un authentique texte théâtral qui donne une force et un éclat parfaits à un autre texte, dont son auteure dit que «son entreprise n’est pas biographique et qu’elle a consisté à faire  du célèbre auteur, à partir de fait réels et imaginaires, un personnage face à sa fin, semblable à ceux qui peuplent son œuvre.»

Les trois complices sont allés dans un E.P.H.A.D.-village bordelais et Karina Ketz a réalisé une superbe bande-son qui rappelle à la fois la réalité d’un lieu pour vieillards et la fiction d’un dramaturge célèbre qui a passé sa vie à reculer, avec un sens de la dérision …beckettien. Avec une fin de partie, où comme le lui fait dire Mayliss Besserie où « conformément aux règles de la physique, il est probable qu’à force de ralentir, je m’arrête. Que j’en finisse avec les mots, ou eux avec moi.» Et comme Samuel Beckett le disait à son biographe James Knowlson peu de temps avant sa mort: «Lui qui se regardait comme un autre fatigué de son corps, ses jambes étaient fatiguées de le porter, et lui d’être porté.»

© Guy Labadens

© Guy Labadens

Il y a ici le travail de toute une équipe: Bernard Blancan (acteur), Guy Lenoir (interprète silencieux et metteur en scène), Caroline Corbal (art numérique), Karina Ketz (son), Barbara Schroeder (arts plastiques), Jeanne Lavaud (chant), Zola Ntondo (piano), Éric Blosse (scénographie et lumières), Tom Rojouan (régie). Et la fin de vie de Beckett devient, sur le plateau, celle d’un homme, fût-il célèbre, qui se voit partir avec un sens de l’humour et de la mise à distance.
Et Bernard Blancan maîtrise à merveille la force de l’autodérision. Pour nous rappeler que c’est bien de Beckett qu’il s’agit, il a su trouver la coiffure,  le regard et la démarche de l’auteur de
Soubresauts (Stirrings still), dernier courte nouvelle publiée .Intégralement publiée dans le quotidien britannique The Guardian du 3 mars 1989. puis en français en 89 et  Beckett ayant lui-même assuré la traduction. Mais ici la voix est bien celle de l’acteur, et non de celui qu’il incarne avec distance. Samuel Beckett parlait en effet un impeccable français mais avec un terrible accent… irlandais !

Scénographie et voix off de ce Tiers temps sont la toile de fond du texte: une chambre avec canapé-fauteuil-lit derrière un voile de tulle gris, dirait Clov dans Fin de Partie mais aussi exercice de kinésithérapie quand nous entendons les comptes-rendus médicaux (réalisation sonore à partir du réel de Karina Ketz). Samuel Beckett s’était soumis non sans grâce aux dires du personnel, à des exercices douloureux. Ce que Bernard Blancan nous fait partager avec subtilité mais sans cacher l’effort que cela demande.
Il y a des fleurs séchées ramassées dans les cimetières et dispersées sur le plateau avec tout l’art du réalisme poétique de Barbara Schröder… Là encore, le réel surgit avec des échappées symboliques sans ostentation et tout en nuances. Scénographie, lumières, musique et chant sont comme autant de personnages accompagnant le monologue Sam/Bernard Campan. A moins ce que ne soit l’inverse….

Et, superbe trouvaille, un personnage silencieux : Guy Lenoir, en costume de velours noir avec casquette ouvrière, tout à la fois maître de cérémonie et régisseur arrosant un gazon et des fleurs artificiels, ou maniant le rideau de tulle et rythmant ainsi le déroulé du texte. C’est du théâtre et cela aide à trouver une forte complicité entre le public et le vieux dramaturge. Une image frappante par sa justesse théâtrale et sa puissante symbolique: Samuel Beckett a été alcoolique au dernier degré, c’est une réalité biographique. Mais, guéri définitivement de cette addiction, il s’est obligé, et cela jusqu’à la fin de sa vie, à boire tous les soirs un verre de whisky irlandais, bien sûr. Et, quand Bernard Blancan tient une authentique bouteille de Jameson, dont le nom en rouge apporte une note de couleur, ici, fiction et réalité se retrouvent: nous sommes bien au théâtre…

Il faut absolument que Le Tiers Temps puisse être aussi vu ailleurs qu’à Bordeaux où il a été joué une dizaine de fois. Mise en scène, texte et interprétation rendent bien la monnaie.. de la pièce, au roman de Maylis Besserie qui connut un beau succès.

 Philippe Rouyer

 Spectacle vu au Théâtre des Beaux-Arts, 2 rue des Beaux-Arts, Bordeaux (Gironde).

 

 

Mr Z ou Thierry Baudrillart

Mr Z ou Thierry Baudrillart

«Mon premier déclic remonte à l’âge de huit ans, dit-il, quand un de mes oncles a réalisé un tour de cartes, lors d’un repas de famille. J’avais deux livres de magie à la maison et j’essayais de m’initier avec beaucoup de difficultés. Je m’endormais en voulant faire rêver les gens et posséder le pouvoir de les rendre heureux grâce à la magie. Un rêve qui s’est enfoui pendant longtemps, avant de ressurgir des dizaines d’années plus tard.

En 2008, il franchit le premier pas, au mariage de sa sœur où il mêle théâtre et magie pendant vingt minutes, avec un personnage proche d’Antonio Banderas dans Desperado et il reçut une belle ovation. Ensuite il commença à apprendre avec un ami magicien. La même année, ses voisins lui ont demandé de faire un close-up et il a acheté ses deux premiers DVD : FP, l’arme absolue de J. B. Chevalier et Au Cœur de la magie de Sylain Mirouf. En même temps, il s’inscrit au cercle de magie de Bretagne pour faire évoluer son travail.
Les conférences et
master class lui ont permis aussi d’apprendre mieux et plus vite. En 2016, Roger Chabin, président du Mental Art Magie, l’a encouragé à se présenter au Festival international des stars de la magie et du cirque et d’avoir sur son travail, l’avis de mentalistes expérimentés.

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« Mais il y a, dit Mr. Z , des choses pour arriver à progresser. J’ai fait cinq ans de cours de théâtre, ce qui fait travailler diction, déplacements et jeu. J’ai pu ainsi construire mon personnage et remercie tous ceux qui ont cru en moi. Franck, mon ami magicien, a su trouver les bons mots à mes débuts et est toujours présent, chaque fois que j’ai besoin d’un conseil. J’ai aussi rencontré Pierre-Yves, le propriétaire du magasin Abracadabreizh qui est devenu aussi un ami. Arnaud Leray, un metteur en scène extraordinaire et . Gérard Souchet, à mes débuts pour le close-up après le spectacle du Festival international de magie et pour les rencontres avec les artistes…Et récemment, l’OEDM et Antoine Salembier ont su être à l’écoute pour améliorer notre numéro. »

Il possède un atelier de stockage, un autre pour le bricolage et une salle de répétition ; pour les gros spectacles, il a des résidences de plusieurs jours avec ses techniciens dans des salles adaptées. « J’ai maintenant, dit-il, de bonnes compétences en mise en scène, écriture et jeu. Mais aussi en commerce, création, décoration et costumes. C’est indispensable. » Mr.Z a été beaucoup impressionné par le spectacle d’Arturo Brachetti et par le Festival international Vive La Magie à Rennes, ce qui lui a permis d’aller plus loin pour devenir professionnel. « Mikaël Szanyiel, Voronin, Hugues Protat et le duo Scott & Muriel en magie comique, tous excellents dans leur domaine, sont de véritables exemples pour moi. Les spectacles des mentalistes Derren Brown et Victor Vincent m’ont fait comprendre à quel point il fallait travailler dur… J’apprécie beaucoup aussi la magie comique qui a donné naissance à notre Illusionnaute, où je suis sur scène avec Mzelle Pomme.
J’aime bien intégrer des grandes illusions dans nos spectacles de magie théâtralisée. Mentalisme et magie ésotérique, comme les séances de médium à l’époque de la reine Victoria, ont la part belle dans notre univers: nous avons pu ainsi remporter des concours et être sélectionnés au championnat de France FFAP 2022 à Poitiers dans la catégorie : « mentaliste », avec notre
Esprit de Cayce. »

Mr. Z a été impressionné par Close-up, les vrais secrets de la magie (livre et DVD) de David Stone. Et le travail d’Eric Leblon et d’Etienne Pradier ont été pour lui une grande source d’inspiration et de connaissance à ses débuts en close-up et ils le sont toujours. Et pour ses créations, il reste beaucoup influencé par l’univers de Jules Verne, les films de Tim Burton et la folie de ses personnages. Et il a dévoré le livre Théâtre spirite d’Eugène Burger et écoute aussi beaucoup de musiques dont certaines lui ouvrent un chemin à prendre pour un numéro. Il aime aussi créer un personnage à partir des personnes qu’il rencontre au quotidien et en exagérer un ou plusieurs traits de caractère. Et Bernardo (Gene Sheldon) dans Zorro a été une bonne source d’inspiration à ses débuts.

 Il conseille aux jeunes d’intégrer un club ou un groupe de magie, ce qui leur permet d’avancer plus vite. Il faut aussi, dit-il, prendre des cours avec un professionnel. Et après travailler dur les routines, seul, puis en public. « Il faut aussi dit-il, bien réfléchir aux achats car aux débuts, nous sommes souvent boulimiques en matériel… qui finit par rester dans les tiroirs. Et il faut aller écouter conférences, participer à des ateliers  et aller à des festivals. Et, si on a l’esprit de compétition, monter un numéro et le présenter à des concours qui, en France, sont d’un très bon niveau : les particuliers  comme les entreprises veulent de plus en plus avoir avoir des spectacles de qualité. Et il y a une belle effervescence autour de la magie et du mentalisme.  Depuis la fin du confinement, le travail ne manque pas…
Posséder une culture littéraire, musicale et filmique, est selon lui, très important pour développer son imaginaire et plonger son personnage en immersion totale. Aller aussi à des concerts permet aussi de voir les dernières technologies en lumière. 
La pratique de la magie occupe donc la plus grande partie de la vie de Mr.Z mais il fait aussi du VTT et de la course à pied qui sont pour lui, de bons moyens d’entretenir son corps et son esprit. Il part quelques heures en pleine nature pour se ressourcer et aime bien planifier deux randonnées de quelques jours à pied dans l’année, en totale autonomie. Et il aime toujours jouer au basket-ball, voir des matchs de haut niveau et adore le cinéma, une grande source pour lui d’inspiration…

Sébastien Bazou

Interview réalisé le 6 novembre.

Site de Mr Z. : https://mr-z-illusion.fr/

 

 

Nerium Park de Josep Maria Miró, traduction de Laurent Gallardo, mise en scène de Véronique Bellegarde

Nerium Park de Josep Maria Miró, traduction de Laurent Gallardo, mise en scène de Véronique Bellegarde

 

© Philippe Delacroix

© Philippe Delacroix

Olivier et Marta s’installent dans une résidence moderne, avec jardin et piscine, comme en rêvent nombre de citadins fatigués par la promiscuité des centres-villes. Situation des plus banales : ils déballent leurs cartons et leur mobilier… Mais le doute s’insinue en Marta : ont-ils fait le bon choix ? Un doute qui n’en finira pas de grandir à mesure que le temps passe: personne d’autre ne vient habiter là. L’angoisse la saisit dans cet environnement désert et hanté par des présences fantomatiques, dont un certain Serge, qu’Olivier, brutalement licencié de son emploi, prétend fréquenter…

Pendant que son mari déprime à la maison, Marta,  directrice des relations humaines dans une entreprise, mène un plan de licenciement. Au fil des saisons, l’écart va se creuser entre ce chômeur et cette cadre dynamique. Marta, enceinte, finit par craquer et leur rêve de  confort douillet d’un monde lisse où le travail coule de source et où, heureux, ils auront de beaux enfants, a tourné court…

La scénographie de Véronique Bellegarde évoque la précarité de leur situation: meubles impersonnels en polyester et cartons empilés en guise de dressing. Les scènes s’égrènent de mois en mois et les costumes suivent le cours des saisons. Filmées par une caméra de surveillance ou vues de la fenêtre ( ?), apparaissent sur un écran des paysages qui se transforment, de l’automne où le couple aménage, à l’été suivant, avec piscine en contrebas, toujours déserte.

 Dans cet espace baigné en permanence dans les images, Julie Pilod et Éric Berger incarnent sobrement ce couple qui se délite, et ils distillent avec bonheur les courtes répliques d’une prose froide et quotidienne.  Josep Maria Miró joue avec les codes théâtraux et entre drame et comédie, glisse une touche d’angoisse dans cette vie banale. Le mystère reste entier quant à l’existence de Serge : ce personnage fantomatique est-il de chair et d’os ou un double fictif sur lequel Olivier projette son propre sort ? Sous couvert d’un drame social, nait un climat inquiétant où tout, jusqu’à la végétation, devient hostile. Ce que traduit la création sonore de Philippe Thibault: il introduit dans le huis-clos de l’appartement, une quatrième dimension rappelant les bandes-son des films de David Lynch. Un travail subtil, un peu occulté par l’omniprésence des images-vidéo…

Mais Véronique Bellegarde a rondement mené sa mise en scène et ses acteurs sont toujours sur le qui-vive. Grande découvreuse de textes contemporains francophones ou étrangers en traduction, dans le cadre de La Mousson d’été (voir Le Théâtre du Blog), elle a réussi à dénicher bien des pépites. On voit ici avec cette pièce tout l’intérêt qu’il y a à monter les auteurs actuels, décrypteurs de notre présent.

Josep Maria Miró n’est pas un inconnu et Didier Ruiz, le premier, a créé Fumer en 2016. La même année, Bruno Tuchszer a mis en scène Le Principe d’Archimède*. Nerium Park doit son titre au nom de ces lauriers-roses qui, dans le Sud, bordent les jardins de banlieue. Les feuilles de ces arbustes sont toxiques, et cela souligne ici le caractère délétère de ces lotissements construits en périphérie des centres-villes. En Espagne surtout, ils sont restés vides suite à la crise immobilière. Symboles d’une spéculation financière qui détruit des individus, au travail comme dans la sphère privée. Sans en avoir l’air, cette pièce ouvre des questions sociétales profondes…

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 4 novembre au Théâtre Berthelot, 5 rue Marcelin Berthelot, Montreuil (Seine-Saint-Denis) T. :01 71 89 26 70.

Les 17 et 18 novembre, Espace Bernard-Marie Koltès, Metz (Moselle).

Le Principe d’Archimède, traduction de Laurent Gallardo, est publié au éditions Théâtrales

 http://www.josepmariamiro.cat/

 

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