Walser show, d’après l’œuvre de Robert Walser, conception et mise en scène d’Olga Grumberg

 Walser show, d’après l’œuvre de Robert Walser, conception et mise en scène d’Olga Grumberg

© Luco Leleu

© Ludo Leleu

Cela ressemble à un spectacle pour enfants au «Cabaret de la montagne» entre sapins et ours, avec, au loin, l’image d’un paysage de lac. De fait, c’est un spectacle pour un enfant, celui que chacun porte au fond de soi tout au long de sa vie. L’Étang, premier et court texte de Walser, le seul écrit en dialecte et non en allemand, en cadeau à sa sœur, n’était pas destiné à la publication.
Fritz, un garçon mal aimé, laisse sa veste au bord de l’eau et sa casquette y flotter pour que se famille s’inquiète enfin de lui. Et il réussit son coup, sans que le malaise soit totalement dissipé, juste décalé,. L’amour retrouvé de sa mère ayant un goût de fraude : «On ne dira rien, cela restera entre nous ».Nous comprenons ce que Franz Kafka doit à Robert Walser: le poids définitif des terreurs enfantines et une culpabilité indécise, nées de la famille mais surtout de la crainte d’un père fouettard, secondé par une mère effrayée et soumise.

Olga Grumberg a tricoté L’Étang avec Félix, une nouvelle tardive trouvée avec d’autres textes brefs dans les « microgrammes » ou « écritures minuscules» de Robert Walser, sorte de code secret protecteur, jeu de vieil enfant.  Elle est entrée dans son esprit, avec des scènes courtes, très simples, quotidiennes et chargées d’émotions entières, immenses. Le puzzle s’installe crescendo et forme un paysage d’une vraie poésie. Il est rare de voir un spectacle «modeste» monter à ce degré-là. Cela tient aussi à la scénographie simple de Marie Brosse, éclairé par Jean-Yves Courcoux, parfaitement accordé à l’écriture proche de la naïveté apparente et de la cruauté d’un conte de fée. Et aux acteurs sans chichis : Renaud Danner, Julie Pouillon, Jean-Pierre Petit et Arthur Verret aussi musiciens, et d’Olga Grumberg elle-même, comédienne et metteuse en scène. Une position risquée… Ce qui lui donne sur scène un imperceptible tremblement très « walserien ». La sympathie entre l’auteur et elle, ne fait aucun doute.

Nous regrettons un peu le choix du titre : Walser show, pour un théâtre qui trouve son charme dans la simplicité et une intensité qui refuse justement l’éclat d’un show. Ici le cabaret n’est pas un grand spectacle brillant mais une succession de petits numéros. Mais on n’est plus du tout au cabaret. Et ces courtes scènes souvent inachevées, en suspens, sont des «récits, bribes, silences, incarnations de personnages et d’histoires dit Olga Grumberg, et cette aventure nous pousse, nous acteurs, à nous promener dans le langage avec, je l’espère, une part de la liberté si chère à Walser. » Cela donne, au fil de la représentation,  une gravité et un chemin poétique qui vont beaucoup plus loin que le simple divertissement.

Christine Friedel

Spectacle vu au Lavoir Moderne Parisien, Paris (XVIII ème) le 4 novembre.

Comédie de Picardie, Amiens (Somme), du 23 au 25 novembre. T. : 03 22 22 20 20.

L’Étang et Petite Prose de Robert Walser sont publiés aux éditions Zoé.
Petits Essais, Les Enfants Tanner, Le Commis, La Promenade, sont édités chez Gallimard.


Archive pour 18 novembre, 2022

 Walser show, d’après l’œuvre de Robert Walser, conception et mise en scène d’Olga Grumberg

 Walser show, d’après l’œuvre de Robert Walser, conception et mise en scène d’Olga Grumberg

© Luco Leleu

© Ludo Leleu

Cela ressemble à un spectacle pour enfants au «Cabaret de la montagne» entre sapins et ours, avec, au loin, l’image d’un paysage de lac. De fait, c’est un spectacle pour un enfant, celui que chacun porte au fond de soi tout au long de sa vie. L’Étang, premier et court texte de Walser, le seul écrit en dialecte et non en allemand, en cadeau à sa sœur, n’était pas destiné à la publication.
Fritz, un garçon mal aimé, laisse sa veste au bord de l’eau et sa casquette y flotter pour que se famille s’inquiète enfin de lui. Et il réussit son coup, sans que le malaise soit totalement dissipé, juste décalé,. L’amour retrouvé de sa mère ayant un goût de fraude : «On ne dira rien, cela restera entre nous ».Nous comprenons ce que Franz Kafka doit à Robert Walser: le poids définitif des terreurs enfantines et une culpabilité indécise, nées de la famille mais surtout de la crainte d’un père fouettard, secondé par une mère effrayée et soumise.

Olga Grumberg a tricoté L’Étang avec Félix, une nouvelle tardive trouvée avec d’autres textes brefs dans les « microgrammes » ou « écritures minuscules» de Robert Walser, sorte de code secret protecteur, jeu de vieil enfant.  Elle est entrée dans son esprit, avec des scènes courtes, très simples, quotidiennes et chargées d’émotions entières, immenses. Le puzzle s’installe crescendo et forme un paysage d’une vraie poésie. Il est rare de voir un spectacle «modeste» monter à ce degré-là. Cela tient aussi à la scénographie simple de Marie Brosse, éclairé par Jean-Yves Courcoux, parfaitement accordé à l’écriture proche de la naïveté apparente et de la cruauté d’un conte de fée. Et aux acteurs sans chichis : Renaud Danner, Julie Pouillon, Jean-Pierre Petit et Arthur Verret aussi musiciens, et d’Olga Grumberg elle-même, comédienne et metteuse en scène. Une position risquée… Ce qui lui donne sur scène un imperceptible tremblement très « walserien ». La sympathie entre l’auteur et elle, ne fait aucun doute.

Nous regrettons un peu le choix du titre : Walser show, pour un théâtre qui trouve son charme dans la simplicité et une intensité qui refuse justement l’éclat d’un show. Ici le cabaret n’est pas un grand spectacle brillant mais une succession de petits numéros. Mais on n’est plus du tout au cabaret. Et ces courtes scènes souvent inachevées, en suspens, sont des «récits, bribes, silences, incarnations de personnages et d’histoires dit Olga Grumberg, et cette aventure nous pousse, nous acteurs, à nous promener dans le langage avec, je l’espère, une part de la liberté si chère à Walser. » Cela donne, au fil de la représentation,  une gravité et un chemin poétique qui vont beaucoup plus loin que le simple divertissement.

Christine Friedel

Spectacle vu au Lavoir Moderne Parisien, Paris (XVIII ème) le 4 novembre.

Comédie de Picardie, Amiens (Somme), du 23 au 25 novembre. T. : 03 22 22 20 20.

L’Étang et Petite Prose de Robert Walser sont publiés aux éditions Zoé.
Petits Essais, Les Enfants Tanner, Le Commis, La Promenade, sont édités chez Gallimard.

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