Strip, au risque d’aimer ça, texte, mise en scène de Julie Benegmos et Marion Coutarel
Strip, au risque d’aimer ça, texte, mise en scène de Julie Benegmos et Marion Coutarel
Ces jeunes actrices restituent parole et points de vues de celles qui ont été un temps strip-teaseuses. Julie en ayant fait l’expérience personnelle au Théâtre Chochotte. «Une façon, dit-elle, de faire découvrir une réalité sous un angle de vue qu’il est impossible de vivre dans la réalité de nos vies quotidiennes. (…) Un club de striptease est un lieu qui génère de nombreux fantasmes. Mais on ne se doute pas que c’est en premier lieu, un monde où hommes et femmes se découvrent et se rencontrent.»
Déjà à la fin du XIXème siècle, aux Folies-Bergère, les danseuses ôtaient doucement leur costume pour créer un certain érotisme et dans la revue Pourvu qu’on rigole en 1890, au cabaret Divan Japonais dirigé par l’auteur et critique de théâtre Edouard-Fournier, a sans doute eu lieu le premier strip-tease…
Encore très en vogue à Paris dans les années cinquante, malgré les foudres de l’église catholique, il reste à l’état de survivance et ne fait plus tellement recette à l’heure où n’importe qui peut voir des images porno sur son smartphone. Restent quelques clubs où le strip-tease est le plus souvent associé à de petites chorégraphies érotiques sur un pôle-danse où une jeune femme en « body » s’enroule autour d’une barre verticale en faisant de remarquables acrobaties. Un exercice très physique qui, au XIIème siècle, était déjà pratiqué… par des moines en Inde.
Nous sommes invités à descendre sur la scène par un escalier de service où il y a des petites lampes dans les angles diffusant une lumière douce, de légers tulles de couleur un peu partout, un tableau ancien représentant une femme nue. En bas, un beau piano à queue sans pianiste diffuse une musique douce…
Julie Benegmos et Marion Coutarel nous invitent à nous asseoir sur les banquettes de la salle, ou sur quelques rangées de chaises disposées côté jardin sur le plateau que semblent préférer les plus jeunes des spectateurs. Côté cour, quelques chaises devant des «miroirs» encadré d’ampoules comme dans les loges d’acteurs, qui feront office d’écran, et un mât de pôle-danse placé sur un tapis rond…
Les actrices vont en trois étapes immersives (sic) , proposer au public d’entrer peu à peu dans la peau des strip-teaseuses en mêlant fiction, récit autobiographique et courts témoignages de cinq jeunes ou moins jeunes femmes ayant un temps travaillé dans ce milieu particulier que nous verrons en vidéo.
A la fin, on proposera aussi au public de s’asseoir sur les banquettes de la salle et se coiffer d’un casque pour se mettre dans le corps et la tête de ces professionnelles. Julie Benegmos et Marion Coutarel ont une très bonne diction et une gestuelle impeccables pour nous parler strip-tease.
Mais bien entendu, il n’y en aura aucun véritable numéro, sauf quand l’une d’elles juste éclairée par quelques bougies ôtera soutien-gorge et slip noirs. Et, à l’extrême fin, le public aura droit à un court moment de pôle-danse. Un spectacle à la scénographie très soignée d’Aneymone Wilhelm, intelligemment éclairé par Maurice Fouilhé. Mais, petit, ou plutôt gros problème, la dramaturgie et le texte n’ont rien de convaincant. Les témoignages vidéo, même pas très bien dits, sont eux plus vivants. Bref, nous sommes restés un peu sur notre faim…
Philippe du Vignal
Jusqu’au 3 décembre, Théâtre 13 Seine, 30 rue du Chevaleret, Paris (XIIIème). T. : 01 45 88 62 22.