La Reine des Neiges , l’ histoire oubliée d’après Hans Christian Andersen, adaptation de Honanna Boyé et Elisabeth Ventura, mise en scène de Johanna Boyé, (à partir de sept ans) 

La Reine des Neiges, l’histoire oubliée, d’après Hans-Christian Andersen, adaptation de Jonanna Boyé et Elisabeth Ventura, mise en scène de Johanna Boyé (à partir de sept ans) 

Cette adaptation pour le théâtre du conte initiatique publié en 1844 n’a pas heureusement pas grand-chose à voir avec la douzaine de films surtout américains dont le dernier sorti il y a neuf ans. Ici, on en revient au texte original du grand écrivain danois. Gerda et Kay sont des enfants inséparables. Mais blessé aux yeux par deux cristaux d’un miroir brisé, lui devient colérique et disparaît enlevé par la mystérieuse Reine des neiges. Comme dans nombre de contes initiatiques, Gerda va alors parcourir le monde pour retrouver son compagnon de jeu qu’elle aime tant mais elle devra affronter bien des épreuves et des dangers. Elle finira par retrouver Kay dans le mythique Palais des glaces de la reine des Neiges, très loin vers le Grand Nord. Et il seront alors prêts tous les deux à entrer dans le monde de l’adolescence…

© Ch.Raynaud de Lage

© Ch.Raynaud de Lage

Johanna Boyé veut créer un univers féerique, avec illusions et magie, à partir du conte d’Andersen. Tout est là : forêts, brigands, neige qui tombe doucement, animaux doués de parole, trolls malicieux, Magicienne, Princesse Lunettes, la Sorcière du Crépuscule… Bref, des femmes puissantes et capables de transmettre leur savoir, et des animaux comme le Renne ou une Corneille très noire… Il y a pour incarner des personnages réels ou surnaturels, les acteurs de toute génération du Français et capables de s’investir dans plusieurs rôles successifs, voire de chanter. Comme Jérôme Pouly, remarquable dans le Grand Troll, Monsieur Loran, la Corneille, le Renne, ou Suliane Brahim, la Reine des neiges, le petit troll, la Princesse Lunettes en alternance avec Elisa Erka), Adrien Simion (Kay ). Mention spéciale à Léa Lopez, excellente Gerda et à Danièle Lebrun en bonne grand-mère racontant l’histoire mais aussi en petit Troll. Et Julie Cavanna en magicienne et petite brigande.. 

Johanna Boyé a conçu sa mise en scène comme un livre d’images, à partir d’une scénographie avec multiples changements de lieux. Les personnages merveilleux ou fantastiques apparaissant au fil du récit  et la neige tombe tout à coup, comme des aurores boréales (très réussies)…
Oui, mais voilà la dramaturgie aux couleurs féministes et écologiques -comme souvent en ce moment- et la mise en scène ne sont pas vraiment en phase avec le conte original du conte…
Et malgré de belles images, toute cette machinerie même excellemment réalisée, avec changements permanents de décor, ne sert pas l’univers magique d’Andersen que Johanna Boyé voudrait recréer. Nous aurions aimé plus de simplicité pour traduire ce conte en termes scéniques et cette suite de courts moments finit par devenir longuette.
A relire le conte d’Andersen, le compte n’y est pas tout à fait et manque sans doute ici un véritable onirisme et une poésie du merveilleux que le grand écrivain danois savait comme personne glisser dans ses contes… Et avoir muni les acteurs de micros H.F. ce qui uniformise les voix et n’est sans doute pas la meilleure idée du siècle…
Ecrire une adaptation d’un conte ou d’un roman, puis la mettre en scène, reste un exercice périlleux, même si leurs autrices se référent aux excellents livres que sont
La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim ou aux Sorcières de Mona Chollet. Cette Reine des neiges est un travail honnête mais décevant et le public semblait partagé… Léna Bréban qui avait créé l’an passé sur cette même scène un Sans Famille d’après Hector Malot, s’en était mieux tirée.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 8 janvier, Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, 21 rue du Vieux-Colombier, Paris (VI ème). T. :  01 44 58 15 15.


 


Archive pour 4 décembre, 2022

Pomona d’Alistair McDowall, traduction de Thomas Moshopoulos, mise en scène de Sigurdur F3 et de Thomas Moshopoulos

Pomona d’Alistair McDowall, traduction de Thomas Moshopoulos, mise en scène de Sigurdur F3 et de Thomas Moshopoulos

 Cet auteur  de trente-cinq ans né en en milieu rural au Nord-Est de l’Angleterre, y a grandi et n’est donc pas allé souvent au théâtre. Mais une professeure de théâtre lui a fait découvrir des  pièces de Samuel Beckett, Harold Pinter, Sarah Kane… qu’il a dévorés avec passion et qui l’ont beaucoup influencé. Révélé en 2010 avec Plain Jane au Royal Exchange de Manchester, il collabore avec des théâtres prestigieux londoniens comme le Royal Court, le Paines Plough et le National Theatre Studio.  Brilliant adventures remporte en 2011 le Bruntwood Prize Judges’ Award et l’année suivante le Royal Court Young Writers’Festival. En 2013, Talk show est créée au Royal Court et Captain Amazing au Live Theatre de Newcastle.

©Patroklos Skafidas

©Patroklos Skafidas

Pomona connaît un beau succès en 2014 à l’Orange Tree Theatre à Londres et sera ensuite jouée au National Theatre. Autour de Pomona, sur une île désaffectée au centre de Manchester, tous les personnages se déterminent dans un espace-temps à l’écart du réel. Ollie va à la recherche de sa sœur disparue qui a le même prénom qu’elle. Zeppo, un magnat de l’immobilier vers lequel Keaton oriente Ollie, lui suggère d’aller chercher sa sœur à Pomona tout en lui déconseillant le voyage. Sans doute Fay qui se prostitue dans un bordel à Pomona a-t-elle l’intuition de la disparition d’Ollie et prend la fuite, avec l’ordinateur de Gale, une des cadres de Pomona. Elle découvre alors avec terreur que la direction de l’île connait les groupes sanguins de tous les travailleurs sexuels.
Gale tente alors de la faire assassiner par les vigiles de Pomona qui fonctionnent comme un duo de clowns. avec Charlie,l’Auguste naïf et pacifique et Moe, le clown blanc, qui confesse ses tendances hyper-violentes à Fay. Quand ils mettent la main sur elle, Moe décide de la laisser vivre. Cette grâce accordée à la victime signe la mort de Charlie. Pour échapper aux foudres de Gale qui ne pardonnerait pas cette clémence, Moe et Charlie se blessent et se frappent pour faire croire que des agresseurs leur ont enlevé Fay. Mais Charlie perdra la vie dans cette simulation.

Alistair McDowall suggère que les activités criminelles à Pomona se poursuivront comme avant. Dans une sorte d’infirmerie qui évoque les camps de la mort, Ollie, dont on ne sait si elle est la même ou une autre, nous sert de guide pour aveugles… Des exploiteurs de chair humaine obligent les femmes à faire des bébés qui seront ensuite vendus sur des marchés occultes et on prélèvera leurs organes à des fins mercantiles !
Ce que nous verrons qu’à peine mais qui est facile à imaginer… Des crimes n’existant peut-être qu’à l’échelle d’un vaste jeu de rôles et où Charlie ,la seule victime de cette histoire, joue avec la plus grande criminelle supposée de la pièce, Keaton qui dicte ses ordres à Gale se jetant comme un fleuve dans la mer des fantasmes du spectateur.

Flash-back ou fable linéaire, réalité ou cauchemar, espace ludique inter-actif, Pomona est tout cela à la fois, puisqu’elle ne réfère qu’à elle-même. Elle nous donne un vertige analogue à celui des grandes fresques déconstruites de David Lynch. Ce spectacle est issu d’une collaboration entre Sigurdur F3, un artiste conceptuel islandais et membre actif de la culture Role Playing Game, et du metteur en scène grec Thomas Moshopoulos. Ils sont arrivés à créer une sorte de thriller, tout en nous plongeant dans une dystopie entre réel et virtuel où dominent le cauchemar et la cruauté.
Nous croyons participer à un jeu vidéo et tout ici augmente notre adrénaline et engendre la peur ou le dégoût. Le metteur en scène souligne l’artificiel et le décalage entre fiction et répétition. Avec lumières intenses et musique tonitruante.  Les acteurs en  costumes excentriques interprètent les personnages et d’autres diront ensuite les didascalies comme : «Pause. » Il/elle reprend haleine » ou «Il/elle fait un geste». Sur le plateau, de nombreuses cuvettes de w.c. à usage multiple et,  au centre,  un praticable où on joue aux dès et où ont lieu les moments cruciaux de l’intrigue. Mais cette histoire d’horreur urbaine, bien interprétée et  se consume vite, malgré un suspense réel. Alistair McDowall veut nous impressionner -et il y réussit- mais sa dramaturgie reste superficielle. Dommage…

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre Porta, 59 avenue Mesogeiwn, Athènes, T. : 00302107711333

https://www.youtube.com/watch?v=0BeTya_QHWM

 

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...