Le Manteau, d’après Nicolas Gogol, traduction d’Eric Prigent, conception et réalisation de Serge Poncelet et Guy Segalen

©x

©x

Le Manteau, d’après Nicolas Gogol, traduction d’Eric Prigent, conception et réalisation de Serge Poncelet et Guy Segalen

Le génie de l’humour mélancolique, c’est lui. Et Dostoïevski ne s’y était pas trompé, qui a vu ses abîmes. Pour les enfants d’aujourd’hui, Gogol, par suite de cascades sémantiques et phonétiques, est devenu synonyme de simple d’esprit. S’il l’est, simple, c’est par sa compassion envers ceux que le Christ évoque dans les Béatitudes et envers Akaki, le gratte-papier.


Dans un ministère quelconque à Saint-Pétersbourg (qui n’avait encore ni perdu ni retrouvé son nom), travaille un humble copiste très scrupuleux, très assidu et très pauvre. Son manteau, une «vieille robe de chambre», rapiécé, terni et craqué aux coutures, lui attirait quolibets, moqueries et vilains tours de ses collègues, jusqu’au jour où … En se privant de pain,  Akaki s’offre à grand peine un manteau neuf qui fait tourner la tête de tout le ministère mais dans l’autre sens cette fois.Pour lui, c’est une histoire d’amour, sentimentale, physique, vitale. Oui mais… Ce jour-là, le jour de la tragédie, sera celui de sa passion, aux deux sens du terme.

Akaki Akakiévitch Bachmathkine sort le soir avec son manteau bien aimé, se retrouve comme un hibou dans une soirée mondaine où… on le lui volera.Et il s’usera en vaines démarches pour obtenir justice.

Pourquoi raconter cette histoire qu’on peut lire partout ? Parce qu’elle est irrésistible : la plus simple et la plus tragique. Et les auteurs du spectacle n’y ont pas résisté. Dans une scénographie minimale et pertinente : une toile, peinte par Anne-Marie Petit, évoquant la Neva et ses quais façon Marc Chagall, un bureau d’écolier mobile à surprises et quelques cintres, cela suffit… Serge Poncelet se lance, à cœur joie et en acrobate d’une maîtrise parfaite, dans les espoirs et désespoirs d’Akaki, comme dans les personnages du tailleur ou des collègues persifleurs.
C’est un théâtre du corps, nourri du mime et du jeu de clown, dans l’outrance, l’énergie et la précision. (on passera sur quelques excès de voix).
Un théâtre physique, hors des modes, beau, non pas « comme l’antique » mais fondé sur une vraie tradition, celle qu’Ariane Mnouchkine revendique dans son film Molière, et ses spectacles, entre autres : L’Île d’or, actuellement au Théâtre du Soleil. Une soirée pas ordinaire, forte et touchante avec , au centre, moteur de la performance, la voix de Nicolas Gogol…

Christine Friedel

Jusqu’au 18 décembre, Théâtre de l’Opprimé, 78-80 rue du Charolais, Paris (XIIème), Réservations : theatreyunque@wanadoo.fr

 

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...