Jamais plus, (Quand la jeunesse allemande se soulève, hommage à la Rose blanche), texte et mise en scène de Geoffrey Lopez

Jamais plus, (Quand la jeunesse allemande se soulève, hommage à la Rose blanche), texte et mise en scène de Geoffrey Lopez

 

Comme l’indique le sous-titre, ce monologue, interprété par Antoine Fichaux, raconte le destin tragique d’étudiants allemands entrés clandestinement en résistance contre le régime nazi. Leur organisation, La Rose blanche, fondée au printemps 1942 à Münich par Hans Scholl et Alexander Schmorell, refuse la dictature du III ème Reich et la guerre. Ils impriment des tracts qu’ils distribuent dans

© Léo Paget

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plusieurs villes pour réveiller les consciences et alerter des crimes commis par les nazis : «Depuis la mainmise sur la Pologne, trois cent mille Juifs de ce pays ont été abattus comme des bêtes. C’est là, le crime le plus abominable perpétré contre la dignité humaine, et aucun autre dans l’Histoire ne saurait lui être comparé.» Ces étudiants seront presque tous arrêtés et, après des procès-éclairs, assassinés en 1943,

 Geoffrey Lopez, pour raconter cette histoire peu connue, introduit un personnage fictif, Franz Weissenrabe, condamné à mort dont on va suivre l’itinéraire jusqu’à la prison de Münich. Le jeune homme, la veille de son exécution, écrit à sa mère pour lui dire sa fierté d’avoir rompu avec les jeunesses hitlériennes et être entré en résistance. Il explique comment il a été séduit, enfant, par la nazisme, puis ce qui l’a amené à rejoindre un groupe d’étudiants antifascistes dont Hans et Sophie Scholl. Il relate leurs actions, le contenu des tracts qu’ils ont distribués aux quatre coins du pays, puis leur arrestation et le procès que présida Roland Freisler, juriste soumis au III ème Reich, venu spécialement de Berlin.

L’auteur,  dont c’est la troisième pièce, s’appuie sur des documents historiques et nous fait revivre, une heure durant, la brève existence de Franz. Antoine Fichaux incarne tout d’abord un adolescent convaincu de sauver l’Allemagne en suivant Hitler, son dieu. L’acteur se glisse dans la peau d’un garçon facilement endoctriné par ses professeurs et qui ira jusqu’à dénoncer son père… La prise de conscience est brutale et voilà le jeune homme luttant pour un autre idéal.

On le voit partir à contrecœur sur le front de l’Est et, quand il revient de Stalingrad, encore plus convaincu de la légitimité de ses actions. L’acteur se coule dans son personnage et, jusqu’au bout, grâce à l’écriture quasi-documentaire de Geoffrey Lopez, nous pouvons croire que ce Franz Weissenrabe fait partie de l’Histoire allemande, au même titre que Hans et Sophie Scholl, ses modèles. L’auteur lui prête les propos de Hans Scholl, adressés à ses geôliers: « Dans quelque temps, c’est vous qui serez à notre place. »

Nous assistons avec lui au procès et à la condamnation des membres de la Rose blanche pour «haute trahison et connivence avec l’ennemi, incitation à la haute trahison, atteinte à l’effort de défense». La mise en scène, très sobre, est fondée sur le texte et le jeu de l’acteur: Avec quelques accessoires, et un jeux de lumières, elle convoque les fantômes de ces résistants trop vite oubliés de ce côté-ci du Rhin. Un témoignage émouvant à la mémoire de ceux qui ont payé de leur vie, le courage de dire: non!

Au total,  seize membres du réseau furent exécutés ou déportés. Il faut entendre leur message : « Prouvez par l’action que vous pensez autrement ! Déchirez le manteau d’indifférence dont vous avez recouvert votre cœur! Décidez-vous avant qu’il ne soit trop tard.» Une parole universelle qui résonne dans cette petite salle, ouverte depuis 2007 dans le  grenier du Théâtre des Variétés.

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 26 mars, du jeudi au dimanche, Petit Théâtre de Variétés, 7 boulevard Montmartre, Paris (II ème). T. : 01 42 33 09

 

 

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