Contemporary Dance 2.0 ,chorégraphie d’Hofesh Shechter

Contemporary Dance 2.0 ,chorégraphie d’Hofesh Shechter

«Quelle danse définit notre époque?», se demande le chorégraphe qui entend explorer les pratiques des danseurs en boîte de nuit : «Le clubbing  permet aux jeunes de se connecter à leur corps, de lâcher prise et de communiquer avec les autres par la danse.» Avec huit jeunes artistes de la Shechter dance company, il revisite cette pièce survitaminée, créée en 2019 avec le Göteborgsoperans Danskompani, en Suède.

SHECHTER-CD-2.0©ToddMacDonald-14

© Todd MacDonald

Quand le plateau s’illumine brutalement, le public est saisi par les corps en action, déjà poussés à l’extrême de leurs capacités physiques. Les quatre hommes et quatre femmes se fondent en un magma mouvant, solidaire, d’où un ou deux s’échappent brièvement. Ils se livrent à une succession de sauts, mouvements de tête et bras, à bout de souffle, sur les impulsions d’une boîte à rythme impitoyable. Pas loin de la transe qui porte le corps au-delà de lui-même. Parfois quelques reptations et disparitions dans le clair-obscur, leur permettent de reprendre haleine. Hofesh Shechter compose ses propres musiques: ici, une pulsation répétitive et heurtée, façon DJ et le chorégraphe, comme à son habitude, monte le son, à la limite pour les oreilles sensibles…

Le titre des cinq parties, séparées d’un noir sec, est annoncé sur des pancartes. Dans Pop, une séquence très animée, les danseurs sortent de la pénombre en plusieurs formations et souvent en deux groupes. Dans  With Feelings  (Avec émotions) les attitudes sont moins raides, les gestes s’arrondissent et la pénombre avale les corps pour les recracher. Dans Mother  (Mère), le groupe s’agite sans répit avec des insultes en anglais -réminiscences de Political Mother une pièce à succès ? que filmera Cédric Klapisch dans En Corps (voir Le Théâtre du blog). La quatrième partie, Contemporary Dance est plus ample: il y a du rituel dans ce recueillement momentané mais le cérémonial va se muer en une effervescence proche d’une transe où les danseurs sont comme électrifiés par la musique: le mouvement est poussé à son incandescence.  The End  clôt la pièce sur My way chanté par Frank Sinatra -adapté de Comme d’habitude une chanson de Claude François- La danse se calme alors et prend des allures de chœur façon music-hall.

D’une grande endurance, les interprètes se mettent au service de cette danse à l’état pur. Pour le chorégraphe, «C’est aussi une façon de briser l’espace sacré de la scène et une culture officielle qui se retranche souvent derrière sa propre sophistication.»  Avec ces pratiques festives d’aujourd’hui, Hofesh Shechter entend remonter aux racines primitives de la danse. Mais, en digne héritier de la Batsheva Dance Company où il fit ses débuts en Israël, il reste fidèle à son style fondé sur une puissante rythmique. 

Installé maintenant à Londres, il crée aussi des pièces pour de grandes compagnies comme récemment le Ballet de l’Opéra de Paris ( voir Le Théâtre du Blog). Nous le retrouverons avec sa troupe, programmé conjointement par le Théâtre de la Ville et la Philharmonie de Paris. Très « tendance», les créations d’Hofesh Shechter attirent les jeunes qui se reconnaissent dans cette grammaire incandescente où il porte le son et le mouvement à l’extrême. Même si certains n’adhèrent pas à cette esthétique, il faut se réjouir de voir un nouveau public découvrir avec enthousiasme une danse contemporaine généreuse et très construite, avec des interprètes exceptionnels.

Mireille Davidovici

Jusqu’au 5 janvier, Théâtre de la Ville-Les Abbesses, 31 rue de Abbesses, Paris (XVIII ème).

Du 6 au 8 janvier, Light Bach dances, Philharmonie de Paris, 221 avenue Jean Jaurès, Paris (XIX ème). T. 01 42 74 22 77.

 

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