Viens Poupoule, spectacle musical avec la complicité artistique de Christophe Mirambeau

Viens Poupoule, spectacle musical avec la complicité artistique de Christophe Mirambeau

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Cela se passe dans un ancien petit cinéma ouvert en 33 puis fermé en 85 et récemment reconverti en salle au beau rideau et aux fauteuils rouges… Le seul dans le XVI ème arrondissement de Paris avec; bien sûr, Chaillot, et le théâtre du Ranelagh. Dans un second temps, il y aura aussi des projections de films d’Art et Essai, ce qui ne serait pas un luxe  dans ce quartier où il n’y a plus guère de cinémas…
Viens Poupoule, un titre emblématique d’une époque et celui d’une chanson qui clôt cette promenade dans un trésor de la langue française souvent méprisé parce qu’appartenant au  café-concert, comme le rappelle ici un texte lu ici et extrait des Plaisirs et les jours de…Marcel Proust. Curieusement très sensible à la chanson populaire et
à ces lieux bruyants et enfumés où chantaient ( sans micro!) et donc avec une diction raffinée!), des interprètes comme Paulus, Mistinguett, Félix Mayol qui créa cViens Poupoule, paroles et musique d’Adolf Spahn, en 1902 à La Scala, un caf conc situé boulevard Sébastopol à Paris, au même endroit que le salle actuelle… 

Cet ensemble de chansons et de textes courts sont interprétés par Anny Duperey, la grande actrice de théâtre, d’une rare élégance et à l’impeccable diction. Nous avons  si souvent vue au théâtre chez, excusez du peu: Jorge Lavelli, Dario Fo, Jean-Louis Barrault, Jean Mercure… Et aussi au cinéma, dans entre autres, Un Eléphant ça trompe énormément (1976). Et aussi écrivaine avec, entre autres, Le Voile noir, une belle autobiographie, illustrée de photos  prises par son père Lucien Legras, disparu avec sa mère, asphyxiés tous deux par un chauffe-eau à gaz défectueux, quand elle avait huit ans!  Elle maîtrise à la perfection la conduite de cet ensemble avec son complice Charlène Duval, un personnage de théâtre et music-hall, créé par Jean-Philippe Maran il y a quelque trente ans. Avec un goût évident pour le travesti et la chanson populaire française de 1920 à 70 qu’il interprète avec gourmandise.

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Se succèdent ainsi et entre autres, La Biaiseuse de Léo Lelièvre, musique de Paul Marinier (1912), un classique des chansons à double sens:«Je suis biaiseuse/Je suis biaiseuse chez Paquin/Je travaille hors du magasin/J’emport’ de l’ouvrage quand il faut,/Je biaise en voiture, en auto/Une fois même j’ai biaisé dans l’métro/Ah ! quelle ardeur !/Ah ! quel entrain !/Mais l’docteur qu’est v’nu l’autr’ matin/M’a ordonné des tas d’sirops/M’a dit qu’il fallait prendr’ du r’pos/Il a trouvé que j’biaisais trop. » Et la célèbre mais grinçante chanson racontant A Saint-Lazare, paroles et musique d’Aristide Bruant qu’il créée en 1887 et où il dit le malheur des prostituées atteintes de maladies vénériennes et mises à la prison de Saint-Lazare. Elle n’a cessé d’être chantée et enregistrée, d’abord par son auteur en 1905, Eugénie Buffet en 33, Germaine Montero, vingt ans plus tard ensuite par Lina Margy en 66, Véronique Sanson en 89, etc. « C’est de la prison que j’t'écris/Mon pauvr’ Polyte/Hier je n’sais pas c’qui m’a pris/À la visite/C’est des maladies qui s’voient pas/Quand ça s’déclare/N’empêche qu’aujourd’hui j’suis dans l’tas/ À Saint-Lazare. »

Il y a aussi la célébrissime chanson Un Fiacre allait trottinant (1888) de Xanrof, compositeur et dramaturge (1867-1953) que chanta si bien Yvette Guilbert. Et celle de Mistinguett, C’est mon homme«Mais je l’aime, c’est idiot, I’m'fout des coups/I’m'prend mes sous, Je suis à bout/Mais malgré tout/Que voulez-vous/Je l’ai tell’ment dans la peau/Qu’j'en d’viens marteau, Dès qu’il s’approch’ c’est fini/Je suis à lui. Mais  Anny Duperey cite cette chanson mais refuse de l’interpréter et rappelle que le compteur à féminicides en France indique: 104 pour la seule année 2022 !
Et une chanson qui sera  chantée par Barbara:
Les Amis de Monsieur, paroles et musique d’Harry Fragson, avec un refrain légèrement différent à chaque fois mais explicite : « Ah, monsieur », répond la petite bonne, « c’que vous m’dites n’a rien qui m’étonne »/ »J’comprends qu’vous soyez ébahi, tous les amis d’monsieur m’l'ont déjà dit. »
Ou : « Ah, monsieur », répond la petite bonne, « c’que vous m’dites n’a rien qui m’étonne »/ »Que j’m'y prends mieux qu’madame, pardi, tous les amis d’monsieur m’l'ont déjà dit. »

Et encore une petite trouvaille de rimes et d’allitérations, Partie carrée entre les Boudin et les Bouton d’Yvette Guilbert : « De sorte que madame Bouton/Faisait avec monsieur Boudin/Juste ce que madame Boudin/Faisait avec monsieur Bouton/Un beau matin monsieur Boudin/Dit: J’vais être père, mon vieux Bouton!/Ah! C’est épatant répond Bouton/J’vais l’être aussi, mon vieux Boudin!// C’est ainsi que madame Bouton/Mit au monde un petit Boudin!/C’est ainsi que madame BoudinMit au monde un petit Bouton! Voilà!»Et Je suis pocharde de la même Yvette Guilbert :J’dis des bêtises/Ah mais j’suis grise!Mais quoi, ça me r’garde/Qu’est-ce c’que vous voulez que je vous dise?Je suis grise. »

Des chansons qui donnent envie d’y aller voir de plus près, et que se partagent ou chantent en solo, ces interprètes accompagnés par Arzhel Rouxel, un jeune pianiste. C’est à la fois intelligent, plein de finesse  et drôle. Le petit bémol de service: ce Viens Poupoule serait encore été meilleur si le texte et surtout les chansons n’étaient pas sonorisés! Sans doute pour faire un équilibre avec l’accompagnement au piano à queue mais la balance n’est pas bonne… Dans une salle comme celle-ci, un piano droit non amplifié aurait largement suffi et cette sonorisation qui uniformise la voix est rarement un  cadeau.
Cela dit, Viens Poupoule est un vrai régal et en une heure dix, cette messe en l’honneur du caf conc est dite et mériterait d’être reprise ici et ailleurs qu’à Paris (XVI ème). Et à un prix spécial pour les jeunes, absents comme dans les autres théâtres de cette soirée…


Philippe du Vignal

Le spectacle a été joué pour onze représentations exceptionnelles du 12 au 31 décembre, au Théâtre de Passy, 95 rue de Passy, Paris (XVI ème). T. : 01 82 28 56 40.


Archive pour 1 janvier, 2023

Perfetti sconosciuti (Parfaits inconnus) de Paolo Genoveze, traduction d’Eléonore Meléti, mise en scène de Petros Lagoutis et Giorgos Pyrpassopoulos

Le premier article de l’année 2023 et le 7.902 ème du Théâtre du Blog. Bonne année théâtrale à Nektarios-Georgios Konstantinidis, notre correspondant grec et merci pour leur fidélité à tous nos lecteurs en Grèce mais aussi  à l’étranger et en France…

Ph. du V.

Perfetti sconosciuti (Parfaits inconnus) de Paolo Genoveze, traduction d’Eléonore Meléti, mise en scène de Petros Lagoutis et Giorgos Pyrpassopoulos

©Katerina Misixroni

©Katerina Misixroni

Le film, une comédie dramatique du réalisateur et scénariste italien ( 2016) a fait l’objet de dix-huit «remakes» en Espagne, Chine, Japon, Allemagne, Turquie, etc. et en Grèce sous le titre Teloioi xenoi de Thodoris Atheridis (2016) et peu après  Le Jeu du Français Fred Cavayé. À l’occasion d’une éclipse de lune à Rome qu’ils vont observer depuis la terrasse de leur appartement, Eva et Rocco reçoivent à dîner leurs amis de toujours: Bianca et Cosimo, Carlotta et Lele, et Peppe qui lui, a divorcé et qui va leur présenter son amie. Mais il arrive seul, au prétexte qu’elle est souffrante.

À l’apéritif, on évoque un couple d’amis qui s’est récemment séparé à la suite d’une tromperie découverte grâce à un texto. Ils voient que les portables sont devenus autant de «boîtes noires » et se demandent alors combien de couples se sépareraient si chacun avait accès à celui de l’autre. Eva propose, malgré la gêne perceptible de certains de ses amis, de jouer au jeu de la vérité, le temps de la soirée: chacun posera son téléphone sur la table et toute conversation, message ou appel reçu sera lu et/ou écouté par tous. Le jeu commence innocemment et le côté festif et amical est un temps préservé, puis malentendus et imprévus vont tout bouleverser. L’intimité de ces personnages est révélée, malgré eux ou avouée avec soulagement et surgissent alors des secrets bien enfouis… Jusqu’au désastre final où couples et amitiés seront détruits.

Petros Lagoutis et Giorgos Pyrpassopoulos soulignent dans leur mise en scène, l’addiction actuelle au portable avec envoie de textos, photos ou messages. Le décor et les costumes, de belles lumières et un rythme soutenu aident à créer le comique et ces fameux acteurs grecs jouent brillamment ce spectacle, à la fois brillant, amer et cynique. Le public rit mais est aussi ému… et parfois dégoûté. Une comédie pour les familles mais qui nous fait aussi réfléchir sur la complexité des relations humaines et la fidélité conjugale!

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre Athina, 10 rue Derigni, Athènes. T. : 0030210 8237330

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