Cabaret de John Williams Van Druten, d’après le roman de Christopher Isherwood, musique de John Kander et paroles de Fred Ebbe, mise en scène de Robert Carsen

Cabaret de John Williams Van Druten, d’après le roman de Christopher Isherwood, musique de John Kander et paroles de Fred Ebbe, mise en scène de Robert Carsen, direction musicale de Bob Broad (en anglais surtitré)

Cette pièce mythique est tirée d’une histoire vraie : Christopher Isherwood rêve d’être écrivain et en 1929, quitte Londres pour Berlin où il vivra librement son homosexualité. Il fréquente les cabarets et y rencontre Jean Ross, une jeune chanteuse avec qui il a un lien profond mais platonique. Il assistera à la montée du nazisme en Allemagne, fil rouge de son roman Goodbye to Berlin paru en 1939 avec comme personnages principaux, Clifford Bradshaw et Sally Bowles…. Et il quittera l’Allemagne en 1933 quand Hitler arrive au pouvoir. Il raconte ses quatre années passées à Berlin dans ce roman qui sera adapté au théâtre en 1951, sous le titre I Am a Camera par John Williams Van Druten, puis quinze ans plus tard, John Kander et Fred Ebb en firent une comédie musicale 

© J.Benhamou

© J.Benhamou

Le metteur en scène canadien Robert Carsen se souvient du film Cabaret (1972) que Bob Fosse tira de la comédie musicale qu’il avait créée à Broadway avec Liza Minnelli. Mais aussi de la belle réalisation de Jérôme Savary avec l’inoubliable Ute Lemper (Sally Bowles). A l’initiative de Jean-Luc Choplin, directeur du Lido2Paris, Robert Carsen fait revivre cette œuvre et son fameux Kit Kat Klub dans les anciens murs du Lido. La salle n’a pas subi de grandes transformations: le plateau s’avance toujours au milieu du public et les changements de décor se font grâce à l’historique monte-charges. Le fond de scène représente les loges des artistes du Kit Kat Klub et des alcôves, à jardin et cour, accueillent l’orchestre.

Cette comédie musicale  est ici jouée dans la version originale avec tous ses standards dont Willkommen chanté en anglais, en français et en allemand, The Money song, Cabaret, etc. Comme souvent dans les productions anglo-saxonnes, tous les artistes chantent et dansent parfaitement. Emcee, le maître de cérémonie joué par le grand et mince Michel Dussarat chez Jérôme Savary, l’est ici par un imposant Sam Buttery, acteur non genré qui a une présence et une voix exceptionnelles. Oliver Dench (Clifford Bradshaw) et Lizzy Connolly (Sally Bowles) sont justes mais moins présents que Sally Ann Triplett et Gary Milner  bouleversants qui jouent l’autre couple dont l’histoire d’amour est contrariée par la montée du nazisme: Herr Schultz, un commerçant juif dont le mariage avec Fraulein Schneider, la logeuse de Clifford Bradshaw, est interdit par les nazis. Robert Carsen insiste particulièrement sur l’orientation politique de l’œuvre et dénonce la montée actuelle des extrémismes dans le monde. Les images de la fin sur Willkommen sont glaçantes, avec Hitler puis Joseph Staline, Fidel Castro, Kim Jong-ung… et des manifestations de l’extrême-droite en France. Certains spectateurs qui n’ont pas applaudi, se sont peut-être reconnus dans les images projetées! Une œuvre d’une brûlante actualité à découvrir.

 Jean Couturier

Jusqu’au 3 février, Lido2Paris, 116 avenue des Champs-Elysées, Paris (VIII ème) T. : 01 53 33 45 50.

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...