Pénélope, chorégraphie de Jean Claude Gallotta

Pénélope chorégraphie de Jean Claude Gallotta

 Après le mémorable Ulysse, repris cette saison, le chorégraphe délaisse son héros pour suivre son épouse, partie elle aussi à l’aventure, loin des prétendants et de son tapisserie jamais achevée. Un Homère revu par une Pénélope d’aujourd’hui, avec cinq danseuses, face à cinq partenaires masculins. «En passant d’Ulysse à Pénélope, dit Jean-Claude Gallotta, on change de couleur, du blanc au noir, peut-être plus conforme à l’univers de Pénélope recluse dans son palais et à des temps moins «espérants» qu’Ulysse à sa création en 1981. »

8RsCf-bQLes ingénieux costumes noirs de Chiraz Sedouga se composent et se décomposent au fil de ce ballet, une épopée articulée en quatre parties. A l’acte I, les prétendants se font éconduire par des Pénélope évasives. A l’acte II : Les Guerrières, elles passeront fièrement à l’offensive en rangs serrés, avec une danse résolue. Au grand dam des hommes qui, inversant les rôles à l’acte III ( Les Indociles) les entreprennent avec des solos séducteurs. Enfin, à l’acte IV (Les Réconciliés), les dix interprètes sont à armes égales. Costumes et figures dansées scellent une équivalence unisexe, sans renoncement à la sensualité …

 On retrouve ici, la pure énergie des élans et échanges charnels de Jean-Claude Gallotta, son insolence juvénile. Seule la danse exprime les étapes de l’épopée « pénélopienne», et les transgressions de genre, avec des musiques signées Noémi Boutin, Antoine Strippoli et Sophie Martel, particulières à chaque séquence. Grinçantes ou harmonieuses, c’est selon. Et les mouvements convergent ou divergent, entre symétrie et dissymétrie. Les styles se brouillent, les pas de deux se muent en trios ou quatuors, pour se fondre en quelques scènes chorales.

 Un texte explicatif (trop) ponctue cette épopée au féminin-masculin: «C’était quand même une histoire d’amour (…) Danser une histoire d’amour qui n’en finit pas (…) Bien que d’autres questions soient venues, celles du temps présent…» En hommage à la danse, projetées entre les actes, les images d’un pas de deux apaisé dans un grand studio désert, avec Béatrice Warrand, interprète de Jean-Claude Gallotta depuis les années 1990 et le danseur centenaire George Macbriar. Doubles âgés, mais toujours en mouvement, de ces Ulysse et  Pénélope. 

Ici, la danse est au rendez-vous, vitale pour le chorégraphe: «Il m’est de plus en plus nécessaire de faire valoir toutes les énergies que les interprètes m’apportent. Ils m’aident à montrer que la vie s’obstine.» Axelle André, Naïs Arlaud, Alice Botelho, Ibrahim Guétissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger sont à la hauteur de ses exigences, au service d’un art joyeux si nécessaire en ces temps moroses.

«Le pouvoir, écrit Gilles Deleuze, exige des corps tristes, parce qu’il peut les dominer.» Jean-Claude Gallotta acquiesce: «La danse est une expression libre du corps qu’aucun pouvoir ne peut contrôler. C’est un art spontanément rebelle. Il faut le tenir à l’œil. » Ne manquez pas cette heure et quart de plaisir, chaleureusement saluée par le public

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 22 janvier, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin-Roosevelt, Paris Vlllème. T. : 01 44 95 98 21.

10 février, Théâtre de Caen (Calvados) ; 22 février, Théâtre d’Esch-sur-Alzette (Luxembourg) ; 16 mars, Scène nationale de Dieppe (Seine-Maritime) ; 21 et 22 mars, MC2, Grenoble (Isère ); et les 16 et 17 mai, Scène nationale du Havre (Seine Maritime).

 


Archive pour 15 janvier, 2023

Pénélope, chorégraphie de Jean Claude Gallotta

Pénélope chorégraphie de Jean Claude Gallotta

 Après le mémorable Ulysse, repris cette saison, le chorégraphe délaisse son héros pour suivre son épouse, partie elle aussi à l’aventure, loin des prétendants et de son tapisserie jamais achevée. Un Homère revu par une Pénélope d’aujourd’hui, avec cinq danseuses, face à cinq partenaires masculins. «En passant d’Ulysse à Pénélope, dit Jean-Claude Gallotta, on change de couleur, du blanc au noir, peut-être plus conforme à l’univers de Pénélope recluse dans son palais et à des temps moins «espérants» qu’Ulysse à sa création en 1981. »

8RsCf-bQLes ingénieux costumes noirs de Chiraz Sedouga se composent et se décomposent au fil de ce ballet, une épopée articulée en quatre parties. A l’acte I, les prétendants se font éconduire par des Pénélope évasives. A l’acte II : Les Guerrières, elles passeront fièrement à l’offensive en rangs serrés, avec une danse résolue. Au grand dam des hommes qui, inversant les rôles à l’acte III ( Les Indociles) les entreprennent avec des solos séducteurs. Enfin, à l’acte IV (Les Réconciliés), les dix interprètes sont à armes égales. Costumes et figures dansées scellent une équivalence unisexe, sans renoncement à la sensualité …

 On retrouve ici, la pure énergie des élans et échanges charnels de Jean-Claude Gallotta, son insolence juvénile. Seule la danse exprime les étapes de l’épopée « pénélopienne», et les transgressions de genre, avec des musiques signées Noémi Boutin, Antoine Strippoli et Sophie Martel, particulières à chaque séquence. Grinçantes ou harmonieuses, c’est selon. Et les mouvements convergent ou divergent, entre symétrie et dissymétrie. Les styles se brouillent, les pas de deux se muent en trios ou quatuors, pour se fondre en quelques scènes chorales.

 Un texte explicatif (trop) ponctue cette épopée au féminin-masculin: «C’était quand même une histoire d’amour (…) Danser une histoire d’amour qui n’en finit pas (…) Bien que d’autres questions soient venues, celles du temps présent…» En hommage à la danse, projetées entre les actes, les images d’un pas de deux apaisé dans un grand studio désert, avec Béatrice Warrand, interprète de Jean-Claude Gallotta depuis les années 1990 et le danseur centenaire George Macbriar. Doubles âgés, mais toujours en mouvement, de ces Ulysse et  Pénélope. 

Ici, la danse est au rendez-vous, vitale pour le chorégraphe: «Il m’est de plus en plus nécessaire de faire valoir toutes les énergies que les interprètes m’apportent. Ils m’aident à montrer que la vie s’obstine.» Axelle André, Naïs Arlaud, Alice Botelho, Ibrahim Guétissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger sont à la hauteur de ses exigences, au service d’un art joyeux si nécessaire en ces temps moroses.

«Le pouvoir, écrit Gilles Deleuze, exige des corps tristes, parce qu’il peut les dominer.» Jean-Claude Gallotta acquiesce: «La danse est une expression libre du corps qu’aucun pouvoir ne peut contrôler. C’est un art spontanément rebelle. Il faut le tenir à l’œil. » Ne manquez pas cette heure et quart de plaisir, chaleureusement saluée par le public

 Mireille Davidovici

 Jusqu’au 22 janvier, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin-Roosevelt, Paris Vlllème. T. : 01 44 95 98 21.

10 février, Théâtre de Caen (Calvados) ; 22 février, Théâtre d’Esch-sur-Alzette (Luxembourg) ; 16 mars, Scène nationale de Dieppe (Seine-Maritime) ; 21 et 22 mars, MC2, Grenoble (Isère ); et les 16 et 17 mai, Scène nationale du Havre (Seine Maritime).

 

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