Le Pied de Rimbaud d’Arthur Rimbaud, adaptation et mise en scène de Laurent Fréchuret (à partir de quatorze ans)
Le Pied de Rimbaud d’Arthur Rimbaud, adaptation et mise en scène de Laurent Fréchuret (à partir de quatorze ans)
«Nous voilà, ici et maintenant dit le metteur en scène ; à nouveau surpris par la force de frappe, par la charge d’éveil déposée par Rimbaud voilà cent-cinquante ans. Ces écrits sont plus que jamais un programme révolutionnaire plein de vitamines, l’acte de foi, la déclaration d’intention d’un jeune homme visionnaire ouvrant une fenêtre sur la modernité. Laurent Fréchuret a conçu et mis en scène ici un montage d’écrits autour du thème de la naissance d’une conscience et d’une aventure. Le tout jeune Arthur Rimbaud, séminariste, est affolé par le désir qu’il a pour une jeune servante d’auberge : Thimothina Labinette et il sent que battre en lui un « cœur sous une soutane titre de court texte souvent adapté au théâtre. Mais il y a aussi Les Lettres du voyant, une lettre personnelle où il proclame : « Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, – et le suprême Savant ! – Car il arrive à l’inconnu !
Et Maxime Dambrin dit aussi: Au Cabaret vert. Ce cabaret était en fait une auberge populaire à Charleroi en Belgique où il s’arrête en 1870 -il a seize ans et va fuguer à pied et en train, pendant une centaine de kms en huit jours seulement dans les Ardennes avec des chaussures usées.Mais un grand moment de bonheur simple et une liberté retrouvée pour ce jeune fugueur. La serveuse est charmante et assez provocante avec de gros seins. Et il savoure avec sensualité ce jambon blanc à l’ail qu’elle lui sert avec des tranches de pain, du beurre et une choppe de bière bien mousseuse. Bref, un petit bonheur à l’état pur… Arthur Rimbaud est enfin libéré de ce Charleville provincial dont il a horreur, et de sa mère plaquée par son mari, et très autoritaire envers ses quatre enfants. Et Maxime Dambrin dit aussi L’Eternité, un court mais très beau poème de jeunesse: » Elle est retrouvée./Quoi ? – L’Eternité./ C’est la mer allée/Avec le soleil… »Et y a aussi bien sûr et entre autres l’immortelle Saison en enfer et Les Poètes de sept ans.
Le tout porté par ce jeune acteur avec une diction des plus ciselées et une sensibilité poétique qui témoignent d’un travail sérieux sur le texte. Il offre aux célèbres vers une belle dimension orale dans un écrin fermé par un rideau de fils noirs et une trentaine de bougies derrière lesquels par moments improvise avec légèreté une harpiste. (…) Ils ont été chaleureusement applaudis. Une bonne occasion de redécouvrir le tout jeune et déjà visionnaire Arthur Rimbaud… Mais attention, le spectacle se joue uniquement le samedi…
Philippe du Vignal
Spectacle vu le 14 janvier au Studio Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, Paris (XVII ème). T. : 01 42 93 13 04.
Merci monsieur du Vignal pour votre critique. Par contre, si je bouge sans cesse, ce n’est pas le trac, mais mon handicap. J’ai les pieds déformés par une neuropathie CMT.