Adieu Georges Banu

Adieu Georges Banu

 

© J. Couturier

© J. Couturier

Venu de Roumanie en 73,  professeur à la Sorbonne-Nouvelle-Paris III, et critique de théâtre, il était le codirecteur de la revue Alternatives théâtrales et dirigeait aussi la collection Le Temps du théâtre chez Actes-Sud. Georges Banu était parmi les critiques, un de ceux qui auront le mieux connu la formidable éclosion théâtrale des années soixante-dix en France et en Europe et qui ont témoigné avec rigueur des changements radicaux qui se sont produits dans la compréhension des textes, la mise en scène, l’interprétation, l’espace de jeu…

Il a écrit nombre de livres, dont Le Rouge et or sur l’architecture et la conception du théâtre à l’italienne. Mais aussi un essai sur Peter Brook : De Timon d’Athènes à Hamlet et Avec Brecht ? Mais aussi Yannis Kokhos, le scénographe et le héron. Georges Banu avait créé en 90, avec Michelle Kokosowski, l’Académie expérimentale des théâtres qui perdura jusqu’en 2001.

On peut écouter en podcast sur artcena sa dernière rencontre à un apéro-livre à le 5 décembre dernier. 


Philippe du Vignal

 

Lundi 30 janvier aura lieu une messe et une rencontre à l’église orthodoxe roumaine des Saints-Archanges, 9 bis rue Jean de Beauvais, Paris ( V ème)


Archive pour 23 janvier, 2023

Shiver et All I Need chorégraphies d’Édouard Hue

Shiver et All I Need , chorégraphies d’Édouard Hue

 

Quelle manie partout de mettre des titres en anglais, des noms et prénoms américains ! de parler novlangue sans même prendre la peine de sous-titrer les dialogues! Comme ici avec ces pièces par la Beaver Dam Company (sic!) Un ensemble étranger ? Mais non et fondé par Édouard Hue en 2014. Nous associons le « barrage de castors » en question,au mouvement d’auto-construction coopérative qui s’illustra sur le modèle des cottages sociaux des années vingt avec un travail collectif qui permit aux ouvriers, après 1945, d’acquérir un logement, avant que n’apparaissent les premiers grands ensembles.

 

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La notion de collectif est un topique du travail d’Édouard Hue. Comme la deuxième pièce de la soirée, All I Need (2021), interprétée par neuf intermittents du spectacle (la parité étant donc presque respectée): Esther Bachs, Alfredo Gottardi, Eli Hooker, Jaewon Jung, Tilouna Morel, Rafaël Sauzet, Angélique Spiliopoulos, Yurié Tsugawa, Mauricio Zuñiga. Ils illustrent la différence, non par leur provenance géographique ou sociale mais, concrètement et visuellement, par leur physique, qui va du grand, au gringalet, et du rebondi, au très mince. La chorégraphie étant signée du seul Edouard Hue, on ne sait à quel point ses interprètes ont proposé des mouvements. Ce partage des tâches semble plus claire dans Shiver (2019), dansé par l’auteur et par Yurié Tsugawa, sa partenaire de jeu depuis 2018, qu’elle a assisté créativement dans Forward, un solo

Shiver nous a plus touché qu’All I Need cette pièce du groupe nous a semblé plus prévisible dans son opposition ordre-chaos ou si l’on préfère : apollinien-dionysiaque, tempéré-orgiaque, qui fait penser aux ballets de Maurice Béjart à la fin des années dont Messe pour le temps présent (1968), à des pièces de la même époque comme celles du Living Theatre de Judith Malina et Julian Beck ou de l’Open Theater de Joe Chaikin. Ou encore aux créations actuelles d’une Lia Rodrigues qui fond théâtre et danse. La structure de Shiver est plus limpide et plus nuancée. Et les deux danseurs ici n’en font qu’un. La bande originale de Jonathan Soucasse qui les soutient, est entraînante et efficace. Les états de corps vont du frénétique, au rasséréné, en passant, bien entendu par l’informel, un trait spécifique de la gestuelle d’Édouard Hue…

 Nicolas Villodre

Jusqu’au 28 janvier, La Scala, 13 boulevard de Strasbourg,Paris (X ème). T. : 01 40 03 44 30. 

 

 

 

3 S de Sidi Larbi Cherkaoui

Trois S de Sidi Larbi Cherkaoui

 Un spectacle sans fumigènes! Mais avec vidéos à l’arrière-plan, quatre-vingt dix minutes durant et faisant office de décor. Malgré la dimension réduite de l’écran -plus modeste que celui naguère utilisé par un Peter Sellars- la luminance du projecteur à la Cité de la musique est telle que le regard est happé par l’image, comme l’est, par les phares d’une auto, un lapin, animal cette année mis à l’honneur par les Chinois. Mais les surtitres en français par un appareil d’une autre génération sont juste perceptibles.

 

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Ceci dit, le montage à base de séquences-vidéo empruntées à des documents d’archives en noir et blanc comme en couleurs et de faire croire  qu’elles ont été filmées par un des protagonistes. Un montage  inaugurant une  série de trois variations sobrement intitulés 3 S (2020) et signées Sabine Groenewegen, très réussies, proche de l’expérimental. Un courant ou une tradition avant-gardiste dans le cinéma en Belgique et aux Pays-Bas depuis les années vingt, avec Charles Dekeukeleire, Henri Storck et Joris Ivens, et u’on peut retrouver dans certains films de danse comme ceux d’Eric Pauwels, Wolfgang Kolb, Pascal Baes ou Thierry De Mey…

 Passons aux choses sérieuses. Autrement dit au spectacle «vivant». Il se réfère ici de bout en bout à la mort, comme celui d’Hofesh Shechter, Light : Bach Dances, récemment programmé à la Philarmonie à Paris.
Le premier solo traite du suicide au pays du soleil levant, un thème là-bas récurrent, ne serait-ce qu’avec la mauvaise habitude du  hara-kiri , élargi au suicide collectif représenté par l’accident nucléaire de Fukushima qui inspira à la chorégraphe Eiko Otake une performance filmée A Body in Tokyo and in Fukushima (2021). Le deuxième consacré à la guérilla en Colombie, aborde aussi d’autres thèmes, comme celle des migrants reconduits dans leur pays par une compagnie d’aviation privée américaine, la guerre en Syrie: moderne avec lunettes 3D, ciblages numériques : un danger de tous les instants avec un ennemi invisible et, pour finir, le sacrifice d’un combattant-bombe humaine. Le troisième continent évoqué est l’Australie où des Aborigènes ont été privés de leur terre, déplacés en raison de la recherche de gaz de schiste et le monologue d’une jeune poétesse se sentant impuissante qui décida d’en finir avec la vie.

Trois genres musicaux accompagnent ce programme, avec sans interruption des variations chorégraphiques -aucune parole sur les chants, faisant sans doute référence aux thèmes cités, qui ont en commun la mort consentie et la solitude, le mot solo étant pris par Sidi Larbi Cherkaoui au pied de cette lettre S . Les danses sont soutenues, fusionnées par une « musique du monde » jouée par des artistes placées côté jardin avec des airs grégoriens restitués à la harpe, des chants en italien, écrits et joués par Patrizia Bovi, et au piano, au shamizen, au taiko et à la voix, Tsubasa Hori, des incantations a cappella de Ghalia Benali et des plages sonores à l’harmonium indien.

Ce disposiif, guère inédit! peut être sujet à caution: le public est lassé de ces flots d’images effaçant mots et choses mais la chorégraphie est admirable. Le premier solo s’appuie sur l’art de la pantomime. L’excellent Kazutomi Tsuki Kozuki illustre au mieux les saynètes qui lui sont dictées par le livret ou les séquences filmiques. Il sort de l’écran comme jadis, dans un contexte burlesque, Buster Keaton dans Sherlock Junior (1924). Son double à l’écran errant dans un Fukushima désert, le contraint à faire une démonstration de moonwalk ou rétro-glissade popularisé par Michael Jackson.rappelant la marche sur place de mimes comme Etienne Decroux, Jean-LouisBarrault, Marcel Marceau et Fernand Raynaud ou Michael Jackson…

 Jean-Michel Sinisterra Munoz fait plutôt dans les arts martiaux, avec remarquables acrobaties, enchaînements inattendus et réelles prises de risque. L’ophélienne Nicola Leahey termine la pièce en beauté avec une suite de mouvements sinueux, un continuum gestuel des plus fluides, un lyrisme accordé aux paysages édéniques avant leur industrialisation à tout cran. On pensera ici aux rapports danse-image du ballet militant, pour ne pas dire agit’prop, comme Baobabs (2021) de Josette Baïz, «documenté» par les images de Luc Riolon, un pionnier française de la vidéo-danse. Sidi Larbi Cherkaoui a de la suite dans les idées chorégraphiques, les trouvailles gestuelles et le sens du spectacle en terminant la soirée par cette magnifique prestation.

 Nicolas Villodre

Jusqu’au 24 janvier,  Cité de la Musique, 221 avenue Jean Jaurès, Paris ( XIX ème).

Heï Maï Li et ses ciseaux d’argent, de et par Béatrice Vincent et Sophie Piégelin

Heï Maï Li et ses ciseaux d’argent, de et par Béatrice Vincent et Sophie Piégelin

Conçu pour les enfants de trois à six ans, ce spectacle d’ombres et papiers découpés s’inspire d’une fable chinoise. Sur un écran, se dessine un petit village. Nous sommes, au pied du mont Long Chan, dit la conteuse (Béatrice Vincent) jouant des instruments de musique miniature.

©F. Harscouet

©F. Harscouet

Au sommet de la montagne, un dragon de glace veille sur les habitants et les protège des dangers. Avec quelques notes frappées sur un petit carillon, la conteuse évoque une campagne paisible et fait apparaître Heï MaÏ Li (Sophie Piégeli ) en ombre chinoise derrière l’écran rétro-éclairé. Avec ses ciseaux qui ne la quittent jamais, cette artiste crée de belles images pour les enfants de son village. Mais sa renommée parvient jusqu’à la cour de l’Empereur : on y raconte qu’elle peut tout faire avec ses ciseaux. Alors, il l’emprisonne  dans la plus haute tour du palais et lui ordonne de fabriquer des diamants. Heureusement, le dragon de glace veille au grain et tout est bien qui finit bien… sous des flocons de neige étoilés… en papier bien sûr.

Au fil du récit, derrière l’écran blanc, la manipulatrice aura plié et découpé avec habileté des feuilles de papier… créant grenouilles, libellules, fleurs, étoiles… Une demi-heure d’enchantement pour les petits spectateurs qui, à l’issue de la représentation, viennent sur le plateau découvrir les artifices de la mise en scène…Une jolie introduction au théâtre, sans prétention.

La compagnie du Chameau fait partie de celles, méconnues, qui offrent à des publics éloignés du théâtre des formes légères surtout pour les enfants, dans les écoles, bibliothèques, maisons de quartier, chapiteaux… Avec un répertoire de contes musicaux, le Chameau roule sa bosse depuis quinze ans et donne en moyenne soixante-dix représentations par an, en Île-de-France, Corse, Suisse, et jusqu’au Liban et en Nouvelle-Calédonie…

Mireille Davidovici

Jusqu’au 19 mars, Le Funambule-Montmartre, 53 rue des Saules Paris (XVIII ème). T. : 01 42 23 88 83.

Du 23 au 25 mars, Théâtre de Sartrouville (Yvelines).

 Le 26 avril, L’Astral, Montgeron (Essonne).

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