Scarbo chorégraphie de Ioannis Mandafounis et Manon Parent

 

Scarbo chorégraphie de Ioannis Mandafounis et Manon Parent

Scarbo 3

@Jean Baptiste Bucau

« Créer des pièces totalement improvisées mais qui ont l’air écrites », telle est la méthode de ce chorégraphe basé principalement en Suisse et récemment nommé à la tête de la Dresden-Frankfurt Dance Company (l’ancienne Forsythe Company). Avec Manon Parent, il a trouvé l’interprète idéale pour cette approche. En musicienne accomplie -elle est aussi violoniste- avec une danse fluide et libre, elle explore un large répertoire de mouvements amples. «  Sa manière d’interpréter les notes mais surtout les silences est un travail qu’elle est capable d’accomplir à un très haut niveau et en pleine conscience, dit Ioannis Mandafounis. Cet échange constant entre écoute active et mouvements en opposition avec la musique est perceptible : ils prennent parfois le dessus sur la musique et à d’autre moment, le corps est mené par la musique. »

La danseuse entre en scène comme chez elle, par une petite porte latérale, et investit rapidement le plateau,  courant, bondissant, jusqu’à bout souffle. Elle s’arrête parfois pour regarder le public, souriante, ou se réfugie dans les coins sombres, un rien énigmatique… La tension monte dans sa gestuelle, les mouvements se cassent, elle s’effondre puis se reprend, comme traversée par une sourde douleur, sur les notes heurtées et nerveuses du Scarbo de Maurice Ravel, inspiré au compositeur par le nain diabolique du Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand. Une musique syncopée, claudicante que Manon Parent vit à fond, avec une énergie rageuse .

Puis elle s’arrête en pleine action, prend la tangente, pour de sonores ablutions et va s’asseoir, face public, non pour se reposer mais pour livrer un souvenir qui la hante. Enfin, elle s’en prend violemment au tapis de danse et aux chaises vides alignées en fond de scène, avant de retourner à sa danse, sur un tout autre registre musical et lexical. Elle termine sur un chant nostalgique: l’une des Ariettes oubliées de Claude Debussy composée sur un poème de Paul Verlaine, L’Ombre des arbres. … « Combien, ô voyageur, ce paysage blême/Te mira blême toi-même,/ Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées, /Tes espérances noyées. »

Avec ce solo intense, à la fois libre et écrit, Manon Parent donne à sa narration dansée toutes les nuances d’une émotion à fleur de peau, en grande proximité avec le public sur lequel elle prend appui. Un beau moment à découvrir parmi la programmation foisonnante du festival Faits d’Hiver

Mireille Davidovici

Du 1er au 4 février Théâtre de la Ville Epace Cardin ,1 avenue Gabriel, Pari s(VIII ème)  T. : 01 42 74 22 77

Le 5 juin, Festival TanzArt Ostwest, Stadttheater, Giessen (Allemagne) ; le 25 juilletKalamata Dance Festival, Kalamata (Grèce)

Faits d’Hiver du 16 janvier au 18 février. T. : 01 71 60 67 93.

 

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